Autre citation de Wendell Berry : «Que nous et nos politiciens le sachions ou non, la nature est partie prenante à tous nos accords et décisions, et elle a plus de voix, une mémoire plus longue et un sens plus aigu de la justice que nous.» ~ Wendell Berry
À pratiquer en période de confinement. Le jeu des erreurs permet d’exercer son sens de l'observation. On doit comparer, scruter et détecter les différences ou erreurs (parfois subtiles) entre deux portraits d’une situation dont l’un a été modifié.
Jeu 1
La face cachée d’Énergie Saguenay
Viviane de Tilly / Le Devoir Idées / 26.02.2021
Le projet Énergie Saguenay, c’est la liquéfaction et l’exportation de gaz naturel produit par fracturation hydraulique en Alberta. Son entrée en service est prévue pour 2027. La demande d’énergie colossale de ce projet en ferait un grand client industriel d’Hydro-Québec Distribution (HQD), dont la consommation annuelle (environ 5 TWh) équivaudrait à celle de près de 250 000 familles.
Or, HQD nous annonçait récemment l’épuisement prochain du bloc d’électricité patrimoniale. Pour satisfaire aux besoins des Québécois, le distributeur devra donc recourir à des appels d’offres, et l’électricité qu’il se procurera par ce biais sera beaucoup plus onéreuse. Les 5 TWh additionnels que demanderait le projet Énergie Saguenay, et que HQD devrait acquérir à fort prix, entraîneraient dès 2027 un impact important sur les coûts d’approvisionnement. [...]
Ce n’est pas sans raison que le projet Énergie Saguenay est ardemment décrié par de nombreux économistes, mais aussi par les groupes environnementaux, qui le qualifient de désastreux. Les émissions liées à l’exploitation, au traitement et au transport du gaz jusqu’au Saguenay équivaudraient à environ 8 millions de tonnes de GES par année (soit l’équivalent des émissions moyennes de près de 3 millions de voitures). Selon certains experts, c’est jusqu’à 51 millions de tonnes de GES que produirait chaque année l’ensemble des activités liées au projet Énergie Saguenay. [...]
International Gas Union, qui représente plus de 95 % de l’industrie mondiale du gaz naturel, indiquait en avril dernier que le projet risquait fort de ne jamais se concrétiser.
Le gouvernement, pour sa part, ne semble toujours pas y avoir renoncé.
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/595939/la-face-cachee-d-energie-saguenay
Jeu 2
Gazoduc Énergir
Le
gouvernement Legault a décidé de financer la construction d’un nouveau tronçon
de gazoduc de l’entreprise Énergir, une mesure qui s’inscrirait dans une
perspective de « transition énergétique ». Des experts consultés par Le Devoir
critiquent toutefois ce financement public, qui servira à alimenter un parc industriel
avec du gaz naturel exploité principalement par fracturation. ... Le
gouvernement caquiste et Énergir insistent aussi sur le fait qu’une part
croissante du gaz naturel qui circulera dans le réseau québécois sera du gaz
«renouvelable». Le cabinet du ministre Jonatan Julien réitère d’ailleurs la
volonté de «verdir le gaz naturel québécois».
Photo : fracturation hydraulique – c’est évident que c’est propre!
«Énergir ne cesse de nous ressortir que le gaz naturel est écologique. C’est faux. C’est une énergie de faible substitution qui remet à plus tard les nécessaires et incontournables changements», déclare M. François Delorme, économiste, en rappelant les répercussions environnementales de l’industrie gazière. L’exploitation par fracturation émet par exemple d’importantes quantités de méthane, un gaz à effet de serre qui peut être au moins 30 fois plus puissant que le CO2. Cette exploitation peut aussi nécessiter jusqu’à 10 millions de litres d’eau pour chaque forage.
Alexandre Shields / Le Devoir, 3 mars 2021
Scène de crime environnemental
En 2018, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement recommandait l’abandon de tous les projets de fracturation hydraulique au pays. Ces médecins se basaient sur des études publiées depuis 2013, études associant dans 84 % des cas la nocivité des produits utilisés ou dégagés par cette méthode d’exploration d’hydrocarbures à un impact négatif pour la santé. Plus de 1000 produits sont utilisés pour la fracturation hydraulique et 90 % de ces produits ont une toxicité humaine.
Commentaire perso : C’est évident que c’est nous qui allons payer la facture de toutes les conneries industrielles. Ce n’est certainement pas le ministre de l’environnement Benoit Charrette qui mettra des bâtons dans les roues de l’exploitation des énergies fossiles que le paternel de la famille CAQ encourage, même s’ils contribueront à gravement accélérer notre propre extinction. Il n’y a pas un seul ministre ou élu caquiste qui s’inquiète sincèrement de l’environnement puisqu’ils souffrent tous de glaucome environnemental. Qui plus est, M. Charrette sera occupé à lutter contre le racisme systémique (un adjectif banni du dictionnaire caquiste par M. Legault), et dit compter sur le soutien des sous-ministres et des fonctionnaires pour passer à l’action. On continue de nous prendre pour des valises. Génial!
Jeu 3
Benoit Charette hérite de la Lutte contre le racisme
Marie-Michèle Sioui / Le Devoir 25.02.2021
«Ce n’est pas parce que quelqu’un est parmi le groupe qui est victime que nécessairement, la personne est mieux placée pour lutter», a fait valoir M. Legault pour justifier son choix de ministre. «On s’adresse entre autres aux personnes qui font partie des Québécois qu’on appelle blancs, ou “de souche”, pour qu’eux autres – s’il y en a une minorité qu’on doit faire changer d’idée – [puissent] poser des actions.» [...]
En entrevue au Devoir, Benoit Charette a réfuté les informations voulant que ses collègues Lionel Carmant et Nadine Girault aient d’abord été approchés pour occuper les fonctions qui lui ont été dévolues. Or, diverses sources sûres ont confirmé au Devoir que les deux ministres – qui faisaient partie du Groupe d’action contre le racisme (GACR), contrairement à M. Charette – ont refusé le mandat, après réflexion, en raison de leur emploi du temps chargé. [...]
À ses côtés, le premier ministre a dit s’attendre à «une bonne réponse» de la part des communautés culturelles au sujet de cette annonce. «J’ai l’impression que si j’avais nommé quelqu’un qui est membre des minorités, on aurait dit : “Ben on le sait bien, il l’a nommée parce qu’il est membre d’une minorité”, a-t-il affirmé. Pourtant, c’est tous les Québécois qui doivent lutter contre le racisme. Donc je pense que ce qui était le plus important, c’était de trouver une personne qui a le dossier à cœur et qui est habituée à agir.»
Or, là n’est pas la plus grande force de Benoit Charette, s’est inquiétée la cheffe libérale Dominique Anglade. «L’engagement et la capacité d’agir, ce n’est pas ce qu’il a démontré par le passé. C’est une chose d’être sensible aux enjeux, c’en est une autre de montrer qu’on est capables d’agir et ce n’est certainement pas ce qu’on a vu en matière environnementale», a-t-elle affirmé au Devoir. Pour elle, la nomination de M. Charette n’est ni plus ni moins qu’un geste de distraction de la part du gouvernement.
«Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.» ~ Friedrich Schiller
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