8 mars 2021

Comment dire...

À voir absolument sur ICI TOU.TV ou autres : V.F. de Woman - Cinquante pays, deux mille femmes et tout autant d’histoires prenantes. Vivez ce portrait vibrant de la condition féminine à travers la planète, qui révèle au grand jour les injustices que subissent les femmes partout dans le monde mais qui souligne aussi la force de celles-ci.

https://ici.tou.tv/femmes

Si la richesse était le résultat inévitable du travail et de l'entreprise, chaque femme en Afrique serait millionnaire.

En ce qui me concerne, je ne sais plus comment aborder la Journée internationale des droits des femmes; à chaque fois on répète les mêmes choses. Et plus les années passent plus les crimes augmentent. L’autre jour j’ai regardé l’épisode «Victimes de crimes sexuels» de la série Victimes, leur vie a basculé (TV5). D’entrée de jeu le présentateur disait : «Selon l’Observatoire national de la délinquance il y aurait 75 000 personnes victimes de viol chaque année en France. Parmi elles, 24 000 seulement osent porter plainte auprès des services de police.» C’est beaucoup mais comparativement à certains pays, c’est peu. Tout est relatif. Tant que la culture patriarcale et/ou machiste prévaudra nous ne verrons guère d’amélioration.

Nous n’avons aucune raison de nous féliciter : cinq féminicides en moins d’un mois au Québec. «Cinq femmes assassinées dans un contexte de violence conjugale. Pourtant, il y a des études internationales, il y a des spécialistes qui étudient la question depuis 60 ans!» déclarait Manon Monastesse, la directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. La Fédération doit refuser annuellement au moins 10 000 demandes de femmes violentées à la recherche d’un refuge temporaire dans l’immédiat. Le confinement a eu un autre effet pervers : la violence familiale est en hausse.

   Le Québec a de nouveau été secoué par un drame conjugal lundi soir. Un homme violent aurait assassiné son ex-conjointe et la mère de celle-ci à coups de hache, à Sainte-Sophie, avant de tenter de se suicider avec sa voiture. De son côté, le premier-ministre François Legault a fait une déclaration qui est tout à son honneur : «J’ai le goût de parler aux hommes, d’homme à homme: il n’y a rien de masculin, il n’y a rien de viril à être violent avec une femme. Au contraire, je trouve ça lâche, a-t-il déclaré mercredi, visiblement ému. Ça n’a pas de bon sens, qu’en 2021, on vive comme des barbares. On est dans une société civilisée, et toutes les femmes et tous nos enfants ont droit à un milieu sécuritaire.»

Domestic violence is still fashionable. Amnesty International campaign.

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Dans le texte suivant, le conférencier disait : «...une fois que nous aurons inclus toutes les personnes – incluant les filles et les femmes – comme partie intégrante de cette éthique...» S’il n’y avait pas de problème, il serait inutile de mentionner ou d’insister sur notre inclusion... 

Personne n’est libre, tant que tous ne sont pas libres

«Au Canada, les jeunes femmes et les jeunes filles d'origine autochtone sont contraintes de se prostituer dans la rue en nombre bien plus important que les femmes blanches», me disait Summer Rain Bentham, une femme de la nation Squamish qui a vécu et travaillé dans les rues du quartier pauvre Downtown Eastside à Vancouver et qui s'est courageusement levée de son siège dans la salle de conférence pour me rejoindre sur le podium en signe de solidarité après la conférence. «Nos vies sont jugées moins précieuses parce que le monde occidental a décidé que nous ne valons rien. Ces points de vue racistes créent une hiérarchie basée sur la race, même au sein de la prostitution féminine elle-même. Cela signifie que certaines femmes sont enfermées dans des clubs de strip-tease ou des ‘agences’ – parfois elles sont éduquées, et dans certains cas elles peuvent même croire qu'elles ont une autre option que la prostitution. Cette hiérarchie raciste laisse les femmes autochtones au bas de l'échelle, en l'occurrence dans la prostitution de survie, sans aucun choix, subissant un niveau de violence difficile à comprendre ou à appréhender. Une violence qui ne la quittera jamais et qui est perpétuée par les hommes non seulement parce que nous sommes des femmes, mais aussi parce que nous sommes des femmes autochtones. Ce sont les privilèges, le pouvoir et les droits des hommes dans le monde qui maintiennent les femmes dans la prostitution. Ce sont les hommes qui profitent du fait que les femmes autochtones continuent d'être au bas de l'échelle. La prostitution n'est pas ce que la plupart des femmes qui ont déjà été prostituées ou des femmes qui n'ont jamais été confrontées à la prostitution choisiraient de faire. La prostitution n'est pas ce que nous voulons pour une femme ou une fille.»

   Nous sommes appelés à construire un monde où tous les gens ont la possibilité de choisir la sécurité, la sûreté et le bien-être plutôt que des emplois qui les laissent traumatisés, malades, mutilés et même détruits. Je ne vois pas l'intérêt de ce combat si ce n'est pas notre objectif. (...)

   L'effondrement sera mondial. Il n'y a pas de nouvelles terres à piller, pas de nouveaux peuples à exploiter. La technologie, qui a effacé les contraintes du temps et de l'espace, a transformé notre village planétaire en un piège mortel mondial. Le sort de l'île de Pâques sera écrit en toutes lettres sur la vaste étendue de la planète Terre.

   L'éthique propagée par les élites capitalistes et impérialistes, le culte du soi, le bannissement de l'empathie, la croyance que la violence peut être utilisée pour rendre le monde conforme, exigent la destruction du partage communautaire et la destruction du sacré. Cette éthique corrompue, si elle n'est pas brisée, signifiera la fin non seulement de la société humaine mais aussi de l'espèce humaine. Les élites qui orchestrent ce pillage, comme les élites qui ont pillé des parties du globe dans le passé, croient probablement qu'elles peuvent échapper à leur propre destructivité. Ils pensent que leur richesse, leurs privilèges et leurs communautés protégées les sauveront. Ou peut-être qu'ils ne pensent pas du tout à l'avenir. Mais la marche vers la mort qu'ils ont entamée, la contamination incessante de l'air, du sol et de l'eau, l'effondrement physique des communautés et l'épuisement éventuel du charbon et des combustibles fossiles eux-mêmes ne les épargneront pas, ni leurs familles, même s'ils peuvent tenir un peu plus longtemps que nous dans leurs enclaves privilégiées. Ils succomberont eux aussi à l'empoisonnement des éléments naturels, aux bouleversements climatiques et aux conditions météorologiques effrayantes provoqués par le réchauffement de la planète, à la propagation de nouveaux virus mortels, aux émeutes de la faim et aux énormes migrations qui ont commencé alors que les personnes désespérées fuyaient les poches de terre inondées ou frappées par la sécheresse. 

   Les structures prédatrices du capitalisme, de l'impérialisme et du colonialisme devront être détruites. La Terre, et les formes de vie qui l'habitent, devront être vénérées et protégées. Cela signifie qu'il faut inculquer une vision très différente de la société humaine. Cela signifie reconstruire un monde où la domination et l'exploitation incessante sont des fautes et où l'empathie, en particulier envers les faibles et les vulnérables, y compris notre planète, est considérée comme la plus haute vertu. Cela signifie retrouver la capacité d'émerveillement et de respect pour les sources qui entretiennent la vie. Une fois que nous aurons défendu cette éthique de la vie, une fois que nous aurons inclus toutes les personnes – incluant les filles et les femmes – comme partie intégrante de cette éthique, nous pourrons construire un mouvement de résistance qui pourra défier les forces corporatives qui, si nous les laissons au pouvoir, nous anéantiront tous. 

Chris Hedges (Passage tiré de la conférence No One Is Free Until All Are Free donnée à Vancouver le 29 mars 2015)  

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«Je me demande comment les élites se sentiront lorsque le monde s'effondrera autour d’eux et qu’ils réaliseront qu'ils ne peuvent pas acheter une autre Terre.» ~ Steven Christensen, architecte

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