Nos petits gestes d’autoprotection sont certes
valables, mais insuffisants. À chaque fois qu’on ouvre un appareil (téléphone,
tablette, portable, etc.) on est à risque.
Puisque les technologies se renouvellent
sans cesse, on peut en déduire qu’il est de plus en plus facile de pirater nos
données. Le cybercrime est un business extrêmement lucratif, et les pirates
peuvent se servir à volonté au bar ouvert Wifi. En quelques minutes, le pirate
peut s’emparer de vos données et savoir où vous êtes né, quels collèges vous
avez fréquentés, connaître vos hobbies, tous vos «amis», vos problèmes
relationnels, tout ce que vous avez googlé, etc., même si votre système de protection
est bétonné.
L’usurpation d’identité a des
conséquences désastreuses, et c’est un enfer dont il semble quasiment
impossible de s’extirper
Dans ces deux
émissions françaises, des victimes d’usurpation d’identité racontent leurs
expériences. L’avocat invité recommande de ne jamais laisser des fichiers de
données personnelles dans un appareil numérique, mais plutôt de les conserver
sur une clé USB. Après avoir consulté des documents extraits de la clé, il faut
supprimer les fichiers temporaires de l’ordi. Et puis, il ne faut pas jeter des
documents imprimés à la poubelle mais plutôt les déchiqueter ou les brûler. Le
plus choquant dans tout ça, c’est que ce sont les victimes qui sont considérées
coupables jusqu’à preuve du contraire, et qui doivent prouver leur identité,
non pas les usurpateurs! Selon l’avocat ce sont les établissements bancaires
qui sont coupables parce qu’ils ont accordé des crédits sans faire de
vérification adéquate sur les demandeurs. L’ère des transactions numériques
rend paresseux et inconscient...
Usurpation d’identité : comment
récupérer sa vie?
Ma vie volée
Ça commence
aujourd’hui, 2018
[Quatorze ans
après son vol d’identité, un des invités a toujours des démêlées avec les
institutions bancaires et/ou civiles!]
Usurpation d’identité : comment
mettre fin au cauchemar?
Mille et une
vies, 2017
Dalila, Loïc
et Sylvain sont des victimes d’usurpation d’identité. Ils se sont battus pour
retrouver leurs vies et nous racontent leur combat pour prouver la vérité. [L’un
des invités a même songé au suicide car il ne voyait pas d’issue.]
Témoignages similaires
au Québec
Le cauchemar du vol d’identité
Karim
Benessaieh / La Presse+ 22 juin 2019
En raison de
la fuite massive de données personnelles chez Desjardins, 2,9 millions de
membres redoutent un vol d’identité. Voici l’histoire de deux victimes d’une
telle fraude ainsi que des conseils pour vous protéger.
«Ma vie a été chamboulée»
Ils font
partie des 2,9 millions de membres Desjardins dont les renseignements ont été
dérobés et ont connu, à six mois d’intervalle, un cauchemar semblable : ils se
sont fait voler leur identité.
Marie-Josée Suzor, de Shawinigan, et David
Gagnon, de Saint-Lambert, ne peuvent établir en toute certitude un lien direct
entre la fuite de données chez Desjardins et ce qui leur est arrivé. Les deux
ont cependant reçu depuis jeudi la fameuse lettre de l’institution financière
les informant que « certains de [leurs] renseignements personnels sont
concernés » par la fuite et y ont trouvé une explication à leurs malheurs.
«Ma vie a été chamboulée, dit Mme Suzor,
commissaire industrielle à la Ville de Shawinigan. Je n’ai plus de vie.»
Tout a commencé pour elle il y a deux
semaines. Lors d’un congrès à Québec, elle s’est aperçue que son cellulaire et
ses cartes de paiement ne fonctionnaient plus.
En appelant son fournisseur mobile, Rogers,
le mystère s’épaissit : elle n’a plus de compte à cet endroit, car son numéro
de cellulaire depuis plus de 10 ans a été transféré à Bell. Pas moyen de payer
sa note d’hôtel ou de restaurant, sa carte de crédit est refusée. On soupçonne
un vol d’identité et on lui conseille de porter plainte à la police de Québec.
Une autre surprise l’attend : «La dame qui
prend ma déposition me dit que j’habite à Anjou, raconte au téléphone la
résidante de Shawinigan. Là, je ne comprends plus rien.»
Rapidement, les événements déboulent : sa
sœur reçoit par texto des demandes d’argent au nom de Marie-Josée Suzor, elle
apprend qu’un VTT a été acheté en son nom et que Desjardins a bloqué toutes ses
cartes de paiement, par mesure de précaution et sans l’en aviser : «J’aurais
aimé qu’ils m’avertissent, qu’ils me donnent un petit indice en me disant que
je n’étais pas la seule dans cette situation.»
Un appel chez Equifax et Mme Suzor est
consternée : le ou les fraudeurs ont obtenu trois cartes de crédit à son nom et
ont dépensé à qui-mieux-mieux.
Une BMW à son nom
David Gagnon,
un mixeur pigiste de Saint-Lambert, se débat dans un cauchemar semblable depuis
novembre dernier. Selon ce qui a été rapporté jeudi, c’est à cette époque que
Desjardins a détecté une première transaction suspecte.
M. Gagnon a reçu deux certificats
d’assurance pour deux véhicules de luxe achetés en son nom à Calgary, une Land
Rover et une BMW. Il accède à son dossier de crédit chez Equifax et est
stupéfait : des demandes de crédit auprès de la BMO et de la Banque Scotia et
une dizaine de transactions « complémentaires », puis un prêt de 15 000 $
auprès d’un obscur prêteur en ligne lui démontrent qu’on a usurpé son identité.
Il pousse son enquête plus loin et découvre
que le fraudeur s’est présenté aux deux concessionnaires à Calgary avec des
fausses cartes comportant ses numéros de permis de conduire et d’assurance
sociale. [...]
Commence alors le cauchemar administratif
visant à régulariser la situation.
Après des
péripéties et des renvois interminables, la question du prêt accordé par BMW
Financial n’est toujours pas réglée auprès d’Equifax, alors que TransUnion a
pris acte. M. Gagnon est toujours considéré comme en défaut de paiement pour
deux mois consécutifs, ce qui a ruiné sa cote de crédit.
Il a
récemment voulu changer de fournisseur de services de télécommunications et
opter pour Vidéotron. Lui qui avait une cote impeccable avant cette mésaventure
a dû verser un acompte équivalant à trois mois de service. Il craint que le
scénario se répète pour le renouvellement de son hypothèque, qui arrive à
échéance bientôt.
«La police dit que c’est simple, mais c’est
faux, on est laissé à nous-mêmes, dénonce M. Gagnon. Il faut pédaler, j’ai dû
passer 20 ou 30 heures là-dedans, je fais des démarches dans le vide!»
Comment se protéger?
[...] Miser sur la discrétion – Évidemment,
il est difficile de se protéger quand votre institution financière, à qui vous
avez confié des données confidentielles, est elle-même victime d’une fraude. En
dehors de cette éventualité, il est conseillé de ne pas donner accès aux
données les plus recherchées par les fraudeurs, soit la date de naissance, le
numéro d’assurance sociale, l’adresse intégrale, les numéros de compte et de
passeport. Comment ? « Les poubelles sont une mine d’or pour les voleurs
d’identité, précise dans un premier temps la Gendarmerie royale du Canada
(GRC). Assurez-vous de déchiqueter vos documents personnels ou financiers avant
de les jeter à la poubelle. » On recommande par ailleurs de ne garder sur soi
que les documents dont on a besoin régulièrement, ce qui exclut la carte
d’assurance sociale et le passeport, afin de limiter les conséquences d’un vol
ou d’une perte de son portefeuille, par exemple.
Attention
à l’hameçonnage – Une des méthodes les plus efficaces pour récolter des
données confidentielles consiste à se faire passer pour des institutions
financières ou des services auxquels vous êtes abonné en imitant leurs
courriels. La GRC a également relevé certains cas où une telle fraude était
effectuée par téléphone. Dans tous les cas, les recommandations sont les mêmes
: les entreprises légitimes ne vous demanderont jamais au téléphone ou par
courriel des informations confidentielles comme votre mot de passe ou votre
numéro d’assurance sociale. Dans les courriels, ne cliquez pas sur les pièces
jointes provenant d’expéditeurs douteux ni sur les liens. «Fiez-vous à votre
instinct, résume le Centre antifraude du Canada. Si un courriel semble frauduleux,
il l’est probablement.»
Attention
à la boîte aux lettres – Même en 2019, une bonne partie de l’organisation
des fraudeurs repose sur le bon vieux courrier à domicile. Votre boîte aux
lettres est particulièrement attirante pour y voler des documents, et changer
ou utiliser votre adresse est souvent l’un des premiers gestes que font les fraudeurs.
Première précaution : «Lorsque vous changez d’adresse, assurez-vous d’avertir
le bureau de poste local et toutes les institutions financières concernées»,
précise la GRC. TransUnion recommande en outre d’« installer une boîte aux
lettres avec verrou à votre résidence afin de réduire le vol de courrier ».
Prévenir Postes Canada est également conseillé si vous craignez de voir votre
courrier détourné par un fraudeur.
Article
intégral :
Maxime Bégin, de Québec, a partagé son
histoire de vol d'identité
En Beauce, 10 juillet 2019
Il a raconté son
histoire sur sa page Facebook le 4 juillet 2019
Tout a
commencé le mercredi 12 juin 2019, à mon retour du travail, quand j’ai eu la
surprise de trouver un mystérieux état de compte de la Master Card Walmart dans
ma boîte aux lettres. La surprise était d’autant plus saisissante que je
n’avais reçu aucun courrier à la maison depuis des mois (je reviendrai sur
cette situation plus bas) et que je n’avais aucune carte de crédit de cette
chaîne de magasins.
Je me suis empressé de contacter le service
à la clientèle de la banque en question où l’on m’a appris qu’une carte avait
été émise en mon nom en février 2019 et qu’un solde de plus de 3000$ y était
inscrit. Suite à une longue discussion et à de nombreuses vérifications de
sécurité, j’ai fini par prouver qu’il s’agissait d’une fraude et on m’a rassuré
en m’expliquant que je n’aurais pas à régler la note. Ouf! Le téléphoniste,
après m’avoir accidentellement révélé le faux numéro de téléphone associé au
compte, a terminé l’appel en me conseillant d’aviser la police de ma situation
et de m’adresser à Equifax et Trans Union pour faire retirer cette carte de mon
dossier de crédit.
C’est à ce moment que le cauchemar a
réellement commencé. J’ai contacté les deux agences de crédit pour réaliser
qu’une autre carte, celle-ci de la Banque Canadian Tire, avait aussi été émise
en mon nom et avait aussi un solde de plus de 3000 $ en souffrance, et que
plusieurs autres demandes de crédit et de téléphones cellulaires avaient été
faites, entre autres chez Amex, à la Banque TD et chez Fido. Résultat : je
devais maintenant près de 7000 $ et ma cote de crédit autrefois enviable avait
chuté drastiquement pour se retrouver dans le 10 % le plus bas au Canada.
Partout on avait donné le même numéro de téléphone et la même adresse courriel
frauduleuse, partout on avait utilisé mon nom, mon numéro d’assurance sociale,
ma date de naissance et mon adresse pour faire les demandes. Comment se
pouvait-il que quelqu’un ait accès à toutes ces informations confidentielles et
surtout, comment se faisait-il que je n’avais encore jamais reçu de relevé de
compte pour toutes ces cartes de crédit?
Sous les conseils de la téléphoniste de
Trans Union, j’ai décidé de contacter Postes Canada pour les aviser de la
situation. On m’a alors appris que mon courrier avait été réacheminé, à ma
demande, à une autre adresse (qu’on a refusé de me divulguer), de février 2019
à juin 2019 et que c’était pour cette raison que je n’avais rien reçu pendant
des mois. J’étais stupéfait. Je n’avais jamais fait cette demande. [...] Comment
se pouvait-il que quelqu’un ait réussi à faire virer notre courrier à une autre
adresse sans présenter de papier d’identité avec photo et comment se pouvait-il
que personne n’ait remarqué que notre courrier était transféré lors de nos
multiples appels en mars?
Je me suis mis au travail. J’ai porté
plainte à la police d’Ottawa qui m’a répondu, en gros, qu’elle s’occuperait de
mon dossier si elle avait le temps. J’ai porté plainte à la GRC. J’ai appelé
chacune des institutions financières figurant à mon dossier de crédit suite à
la fraude pour demander que les transactions soient retirées de mon dossier de
crédit. Je me suis plaint à Postes Canada. J’ai communiqué avec Services Canada
pour savoir quoi faire pour la fuite de mon NAS.
Et j’ai finalement contacté Desjardins,
parce que j’y ai des comptes et des cartes de crédit depuis plus de 40 ans et
pour m’assurer que rien de douteux n’y figurait. On m’a dit qu’on prenait ma
situation en note, de ne pas m’inquiéter et d’appeler la police et les agences
de crédit. [...] Puis j’ai ouvert la télévision et appris la fuite de
renseignements personnels qui affectait Desjardins, son ampleur, les
conséquences qu’elle pourrait avoir et les actions que promettaient de prendre
ses dirigeants pour aider leurs clients. Et j’ai finalement compris ce qui
s’était probablement passé. [...]
Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher
d’angoisser sur le possible passeport émis à mon nom, sur la dizaine de textos
et d’appels d’hameçonnage que je reçois maintenant chaque jour, sur ce courrier
de 5 mois que je n’ai pas reçu et que je ne recevrai jamais, sur les problèmes
que j’aurai désormais chaque fois que j’ai besoin de crédit ou d’utiliser mon
NAS et sur le fait qu’un criminel possède mon adresse et mes informations
personnelles et pourrait débarquer chez moi n’importe quand. Je trouve la
situation très sérieuse et je considère que toutes les victimes de la fuite
méritent une certaine compensation et beaucoup plus d’aide que ce qui m’a été
offert jusqu’à présent, tant chez Desjardins que chez Postes Canada.
Article
intégral :
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