29 janvier 2020

Damné vol d’identité!

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Comment protéger nos données sensibles, si les institutions bancaires ou gouvernementales ne sont même pas capables de le faire? Tel fut le cas de Desjardins dont un employé serait responsable de la fuite.
   Nos petits gestes d’autoprotection sont certes valables, mais insuffisants. À chaque fois qu’on ouvre un appareil (téléphone, tablette, portable, etc.) on est à risque.
   Puisque les technologies se renouvellent sans cesse, on peut en déduire qu’il est de plus en plus facile de pirater nos données. Le cybercrime est un business extrêmement lucratif, et les pirates peuvent se servir à volonté au bar ouvert Wifi. En quelques minutes, le pirate peut s’emparer de vos données et savoir où vous êtes né, quels collèges vous avez fréquentés, connaître vos hobbies, tous vos «amis», vos problèmes relationnels, tout ce que vous avez googlé, etc., même si votre système de protection est bétonné.


L’usurpation d’identité a des conséquences désastreuses, et c’est un enfer dont il semble quasiment impossible de s’extirper

Dans ces deux émissions françaises, des victimes d’usurpation d’identité racontent leurs expériences. L’avocat invité recommande de ne jamais laisser des fichiers de données personnelles dans un appareil numérique, mais plutôt de les conserver sur une clé USB. Après avoir consulté des documents extraits de la clé, il faut supprimer les fichiers temporaires de l’ordi. Et puis, il ne faut pas jeter des documents imprimés à la poubelle mais plutôt les déchiqueter ou les brûler. Le plus choquant dans tout ça, c’est que ce sont les victimes qui sont considérées coupables jusqu’à preuve du contraire, et qui doivent prouver leur identité, non pas les usurpateurs! Selon l’avocat ce sont les établissements bancaires qui sont coupables parce qu’ils ont accordé des crédits sans faire de vérification adéquate sur les demandeurs. L’ère des transactions numériques rend paresseux et inconscient...

Usurpation d’identité : comment récupérer sa vie?
Ma vie volée
Ça commence aujourd’hui, 2018

[Quatorze ans après son vol d’identité, un des invités a toujours des démêlées avec les institutions bancaires et/ou civiles!]


Usurpation d’identité : comment mettre fin au cauchemar?
Mille et une vies, 2017

Dalila, Loïc et Sylvain sont des victimes d’usurpation d’identité. Ils se sont battus pour retrouver leurs vies et nous racontent leur combat pour prouver la vérité. [L’un des invités a même songé au suicide car il ne voyait pas d’issue.]


Témoignages similaires au Québec 

Le cauchemar du vol d’identité
Karim Benessaieh / La Presse+ 22 juin 2019

En raison de la fuite massive de données personnelles chez Desjardins, 2,9 millions de membres redoutent un vol d’identité. Voici l’histoire de deux victimes d’une telle fraude ainsi que des conseils pour vous protéger.

«Ma vie a été chamboulée»
Ils font partie des 2,9 millions de membres Desjardins dont les renseignements ont été dérobés et ont connu, à six mois d’intervalle, un cauchemar semblable : ils se sont fait voler leur identité.
   Marie-Josée Suzor, de Shawinigan, et David Gagnon, de Saint-Lambert, ne peuvent établir en toute certitude un lien direct entre la fuite de données chez Desjardins et ce qui leur est arrivé. Les deux ont cependant reçu depuis jeudi la fameuse lettre de l’institution financière les informant que « certains de [leurs] renseignements personnels sont concernés » par la fuite et y ont trouvé une explication à leurs malheurs.
   «Ma vie a été chamboulée, dit Mme Suzor, commissaire industrielle à la Ville de Shawinigan. Je n’ai plus de vie.»
   Tout a commencé pour elle il y a deux semaines. Lors d’un congrès à Québec, elle s’est aperçue que son cellulaire et ses cartes de paiement ne fonctionnaient plus.
   En appelant son fournisseur mobile, Rogers, le mystère s’épaissit : elle n’a plus de compte à cet endroit, car son numéro de cellulaire depuis plus de 10 ans a été transféré à Bell. Pas moyen de payer sa note d’hôtel ou de restaurant, sa carte de crédit est refusée. On soupçonne un vol d’identité et on lui conseille de porter plainte à la police de Québec.
   Une autre surprise l’attend : «La dame qui prend ma déposition me dit que j’habite à Anjou, raconte au téléphone la résidante de Shawinigan. Là, je ne comprends plus rien.»
   Rapidement, les événements déboulent : sa sœur reçoit par texto des demandes d’argent au nom de Marie-Josée Suzor, elle apprend qu’un VTT a été acheté en son nom et que Desjardins a bloqué toutes ses cartes de paiement, par mesure de précaution et sans l’en aviser : «J’aurais aimé qu’ils m’avertissent, qu’ils me donnent un petit indice en me disant que je n’étais pas la seule dans cette situation.»
   Un appel chez Equifax et Mme Suzor est consternée : le ou les fraudeurs ont obtenu trois cartes de crédit à son nom et ont dépensé à qui-mieux-mieux.

Une BMW à son nom
David Gagnon, un mixeur pigiste de Saint-Lambert, se débat dans un cauchemar semblable depuis novembre dernier. Selon ce qui a été rapporté jeudi, c’est à cette époque que Desjardins a détecté une première transaction suspecte.
   M. Gagnon a reçu deux certificats d’assurance pour deux véhicules de luxe achetés en son nom à Calgary, une Land Rover et une BMW. Il accède à son dossier de crédit chez Equifax et est stupéfait : des demandes de crédit auprès de la BMO et de la Banque Scotia et une dizaine de transactions « complémentaires », puis un prêt de 15 000 $ auprès d’un obscur prêteur en ligne lui démontrent qu’on a usurpé son identité.
   Il pousse son enquête plus loin et découvre que le fraudeur s’est présenté aux deux concessionnaires à Calgary avec des fausses cartes comportant ses numéros de permis de conduire et d’assurance sociale. [...]
   Commence alors le cauchemar administratif visant à régulariser la situation.
Après des péripéties et des renvois interminables, la question du prêt accordé par BMW Financial n’est toujours pas réglée auprès d’Equifax, alors que TransUnion a pris acte. M. Gagnon est toujours considéré comme en défaut de paiement pour deux mois consécutifs, ce qui a ruiné sa cote de crédit.
   Il a récemment voulu changer de fournisseur de services de télécommunications et opter pour Vidéotron. Lui qui avait une cote impeccable avant cette mésaventure a dû verser un acompte équivalant à trois mois de service. Il craint que le scénario se répète pour le renouvellement de son hypothèque, qui arrive à échéance bientôt.
   «La police dit que c’est simple, mais c’est faux, on est laissé à nous-mêmes, dénonce M. Gagnon. Il faut pédaler, j’ai dû passer 20 ou 30 heures là-dedans, je fais des démarches dans le vide!»

Comment se protéger?

[...] Miser sur la discrétion – Évidemment, il est difficile de se protéger quand votre institution financière, à qui vous avez confié des données confidentielles, est elle-même victime d’une fraude. En dehors de cette éventualité, il est conseillé de ne pas donner accès aux données les plus recherchées par les fraudeurs, soit la date de naissance, le numéro d’assurance sociale, l’adresse intégrale, les numéros de compte et de passeport. Comment ? « Les poubelles sont une mine d’or pour les voleurs d’identité, précise dans un premier temps la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Assurez-vous de déchiqueter vos documents personnels ou financiers avant de les jeter à la poubelle. » On recommande par ailleurs de ne garder sur soi que les documents dont on a besoin régulièrement, ce qui exclut la carte d’assurance sociale et le passeport, afin de limiter les conséquences d’un vol ou d’une perte de son portefeuille, par exemple.
   Attention à l’hameçonnage – Une des méthodes les plus efficaces pour récolter des données confidentielles consiste à se faire passer pour des institutions financières ou des services auxquels vous êtes abonné en imitant leurs courriels. La GRC a également relevé certains cas où une telle fraude était effectuée par téléphone. Dans tous les cas, les recommandations sont les mêmes : les entreprises légitimes ne vous demanderont jamais au téléphone ou par courriel des informations confidentielles comme votre mot de passe ou votre numéro d’assurance sociale. Dans les courriels, ne cliquez pas sur les pièces jointes provenant d’expéditeurs douteux ni sur les liens. «Fiez-vous à votre instinct, résume le Centre antifraude du Canada. Si un courriel semble frauduleux, il l’est probablement.»
   Attention à la boîte aux lettres – Même en 2019, une bonne partie de l’organisation des fraudeurs repose sur le bon vieux courrier à domicile. Votre boîte aux lettres est particulièrement attirante pour y voler des documents, et changer ou utiliser votre adresse est souvent l’un des premiers gestes que font les fraudeurs. Première précaution : «Lorsque vous changez d’adresse, assurez-vous d’avertir le bureau de poste local et toutes les institutions financières concernées», précise la GRC. TransUnion recommande en outre d’« installer une boîte aux lettres avec verrou à votre résidence afin de réduire le vol de courrier ». Prévenir Postes Canada est également conseillé si vous craignez de voir votre courrier détourné par un fraudeur.

Article intégral :

Maxime Bégin, de Québec, a partagé son histoire de vol d'identité
En Beauce, 10 juillet 2019

Il a raconté son histoire sur sa page Facebook le 4 juillet 2019

Tout a commencé le mercredi 12 juin 2019, à mon retour du travail, quand j’ai eu la surprise de trouver un mystérieux état de compte de la Master Card Walmart dans ma boîte aux lettres. La surprise était d’autant plus saisissante que je n’avais reçu aucun courrier à la maison depuis des mois (je reviendrai sur cette situation plus bas) et que je n’avais aucune carte de crédit de cette chaîne de magasins.
   Je me suis empressé de contacter le service à la clientèle de la banque en question où l’on m’a appris qu’une carte avait été émise en mon nom en février 2019 et qu’un solde de plus de 3000$ y était inscrit. Suite à une longue discussion et à de nombreuses vérifications de sécurité, j’ai fini par prouver qu’il s’agissait d’une fraude et on m’a rassuré en m’expliquant que je n’aurais pas à régler la note. Ouf! Le téléphoniste, après m’avoir accidentellement révélé le faux numéro de téléphone associé au compte, a terminé l’appel en me conseillant d’aviser la police de ma situation et de m’adresser à Equifax et Trans Union pour faire retirer cette carte de mon dossier de crédit.
   C’est à ce moment que le cauchemar a réellement commencé. J’ai contacté les deux agences de crédit pour réaliser qu’une autre carte, celle-ci de la Banque Canadian Tire, avait aussi été émise en mon nom et avait aussi un solde de plus de 3000 $ en souffrance, et que plusieurs autres demandes de crédit et de téléphones cellulaires avaient été faites, entre autres chez Amex, à la Banque TD et chez Fido. Résultat : je devais maintenant près de 7000 $ et ma cote de crédit autrefois enviable avait chuté drastiquement pour se retrouver dans le 10 % le plus bas au Canada. Partout on avait donné le même numéro de téléphone et la même adresse courriel frauduleuse, partout on avait utilisé mon nom, mon numéro d’assurance sociale, ma date de naissance et mon adresse pour faire les demandes. Comment se pouvait-il que quelqu’un ait accès à toutes ces informations confidentielles et surtout, comment se faisait-il que je n’avais encore jamais reçu de relevé de compte pour toutes ces cartes de crédit?
   Sous les conseils de la téléphoniste de Trans Union, j’ai décidé de contacter Postes Canada pour les aviser de la situation. On m’a alors appris que mon courrier avait été réacheminé, à ma demande, à une autre adresse (qu’on a refusé de me divulguer), de février 2019 à juin 2019 et que c’était pour cette raison que je n’avais rien reçu pendant des mois. J’étais stupéfait. Je n’avais jamais fait cette demande. [...] Comment se pouvait-il que quelqu’un ait réussi à faire virer notre courrier à une autre adresse sans présenter de papier d’identité avec photo et comment se pouvait-il que personne n’ait remarqué que notre courrier était transféré lors de nos multiples appels en mars?
   Je me suis mis au travail. J’ai porté plainte à la police d’Ottawa qui m’a répondu, en gros, qu’elle s’occuperait de mon dossier si elle avait le temps. J’ai porté plainte à la GRC. J’ai appelé chacune des institutions financières figurant à mon dossier de crédit suite à la fraude pour demander que les transactions soient retirées de mon dossier de crédit. Je me suis plaint à Postes Canada. J’ai communiqué avec Services Canada pour savoir quoi faire pour la fuite de mon NAS.
   Et j’ai finalement contacté Desjardins, parce que j’y ai des comptes et des cartes de crédit depuis plus de 40 ans et pour m’assurer que rien de douteux n’y figurait. On m’a dit qu’on prenait ma situation en note, de ne pas m’inquiéter et d’appeler la police et les agences de crédit. [...] Puis j’ai ouvert la télévision et appris la fuite de renseignements personnels qui affectait Desjardins, son ampleur, les conséquences qu’elle pourrait avoir et les actions que promettaient de prendre ses dirigeants pour aider leurs clients. Et j’ai finalement compris ce qui s’était probablement passé. [...]
   Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’angoisser sur le possible passeport émis à mon nom, sur la dizaine de textos et d’appels d’hameçonnage que je reçois maintenant chaque jour, sur ce courrier de 5 mois que je n’ai pas reçu et que je ne recevrai jamais, sur les problèmes que j’aurai désormais chaque fois que j’ai besoin de crédit ou d’utiliser mon NAS et sur le fait qu’un criminel possède mon adresse et mes informations personnelles et pourrait débarquer chez moi n’importe quand. Je trouve la situation très sérieuse et je considère que toutes les victimes de la fuite méritent une certaine compensation et beaucoup plus d’aide que ce qui m’a été offert jusqu’à présent, tant chez Desjardins que chez Postes Canada.

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