«Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous»,
entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous
avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos
fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les
mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous
sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui
clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert,
acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la
banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer
le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome,
enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on
s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer,
tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis
lumineuses que de biner des pommes de terre.» (Extrait de «Nous y sommes!»)
«On
est intelligents, donc on est des animaux extrêmement dangereux. On vit sur une
ligne très tendue. On est dangereux. On est dangereux pour les autres, et pour
les animaux. D’ailleurs la preuve, c’est que les espèces animales
disparaissent. Malgré tout ce que les
gens disent, à long terme y’a pas de place pour les animaux sur terre avec
nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a
de la place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous
détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, humanise tout. Mais
aussi, il s’en prend à lui-même. Sa haine ne s’arrête pas à l’ours qu’il tue
pour vendre sa rate pour 54 piasses. Sa haine va envers lui-même. Et l’histoire
de l’humanité, sans être de mauvaise humeur là... c’est une histoire de
meurtres, c’est une histoire de guerres, c’est une histoire d’extermination et
c’est une histoire de racisme.» ~ Serge Bouchard, anthropologue, animateur et
écrivain (Entretien à La vie d’artiste,
1999)
«En cannibalisant la nature, nous sommes en train de détruire le fruit
de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il ne restera bientôt
plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement besoin du vivant
pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse), sa
présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité.
Mutiler la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de
l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin
privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle,
ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison
d’être.» ~ Pierre Desjardins, philosophe (Peut-on
vivre sans raison d’être?, La Presse+, 06.12.2015)
À
moins d’être totalement déconnecté de ses émotions, l’ambiance apocalyptique actuelle,
peut miner le moral. Si nous pouvions individuellement cultiver un minimum
d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir
impulsivement; si nous pratiquions le sage principe qui recommande d’éviter le
plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les
animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, de
conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde
deviendrait plus hospitalier.
«En
Occident, on a toujours tué au nom de Dieu et de la Patrie et il en est partout
ainsi. La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes
cultures sont balayées et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de
destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de
l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier.
La paix est un état d’esprit indissolublement lié à l’amour.
Nous n’avons pas été créés pour un but plus
grandiose que celui des fourmis ou des mouches qui volent autour de nous, ou
des moustiques qui nous sucent le sang. Nous ne sommes pas plus significatifs
ou importants que n’importe quoi d’autre sur cette planète. La nature n’utilise
pas de modèles quelconques. Elle ne cherche qu’à perfectionner les espèces.
Elle essaie de créer des espèces
parfaites et non pas des êtres
parfaits. Vos superbes idées religieuses, la paix, le bonheur suprême, la
béatitude ou autres, n’intéressent pas l’organisme humain. Son seul intérêt est
la survie. Ce que la société nous a proposé comme but à atteindre est l’ennemi
de cet organisme vivant. Ce n'est pas une bonne idée de bien s'adapter à une
société profondément malade. Chacune de nos inventions, chacune de nos
découvertes, nous pousse vers l’annihilation totale de l’espèce humaine. Je
peux paraître très cynique, mais le cynique est en fait un réaliste. Le cynisme
vous aidera à poser un regard lucide sur la façon dont les choses se passent
dans le monde. L’instinct biologique est très puissant; et c’est probablement
la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera
l’humanité.» ~ Krishnamurti
À
mon avis, si la tendance se maintient, l’espèce humaine devrait atteindre rapidement
son but ultime : faire table rase du vivant.
Collage
satirique : Joe Webb http://www.joewebbart.com/
La Canada sur la voie de l’échec
climatique
Alexandre
Shields / Le Devoir, 4 janvier 2020
«[Mettre
en place le train de mesures nécessaires] dans le contexte d’une population qui
achète des quantités records de camions légers, s’étale sur les terres
agricoles pour y mettre des piscines hors terre individuelles et désire prendre
des vols pour Cancún régulièrement est très délicat, voire impossible.» ~
Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de
l’énergie à HEC Montréal
Une société de la Couronne albertaine
s’achète un pipeline en Colombie-Britannique – La nation Wet'suwet'en s'oppose toujours au projet
ICI Alberta,
27 décembre 2019
TC Energy,
anciennement TransCanada, a annoncé jeudi s’être départie de la majorité de ses
parts dans le projet Coastal GasLink, un gazoduc actuellement en construction
dans le nord de la Colombie-Britannique. Une société d’État albertaine s’en est
portée en partie acquéreuse.
Deux entités ont mis la main sur 65 % des
parts du projet Coastal GasLink : le fonds d'investissement américain Kohlberg
Kravis Roberts & Co. (KKR) et la Société de gestion de l'investissement de
l'Alberta (AIMCo).
AIMCo est une société d'État qui administre
les régimes de retraite des Albertains qui travaillent dans le secteur public.
Un
gazoduc imposé par une injonction – La
construction du gazoduc Coastal GasLink est évaluée à plus de 6 milliards de
dollars. Il reliera Kitimat, dans le nord de la côte britanno-colombienne, à
Dawson Creek, une région riche en gaz naturel aux portes de l'Alberta.
D'une longueur de 670 km, l'infrastructure
de transport est en construction depuis le début de 2019. Elle traverse le
territoire ancestral de la nation Wet'suwet'en qui, opposée au projet, a tenté
de bloquer l'accès au site plus tôt cette année.
Une fois terminé, Coastal GazLink devrait
faciliter l'exportation de près de 700 000 litres de gaz naturel par jour.
Diable,
les Australiens sont en train de devenir des réfugiés climatiques!
Les incendies en Australie menacent
une biodiversité unique au monde
Alexandre
Shields / Le Devoir 8 janvier 2020
En plus des
pertes de vies humaines et des maisons détruites, les feux qui ravagent des régions entières de l’Australie ont déjà tué
des centaines de millions d’animaux sur cette île-continent. Cette
hécatombe pour la biodiversité est d’autant plus inquiétante que le pays compte
énormément d’espèces endémiques, dont plusieurs étaient déjà menacées de
disparition.
Photo : Dana Mitchell, Kangaroo Island Wildlife Park via Associated Press. Un koala souffrant de brûlures a été secouru au début du mois par des agents de conservation de la faune. Dans certaines régions, le petit marsupial risque d’ailleurs d’être complètement éradiqué. Il vaudrait mieux accorder une mort dans la dignité aux animaux brûlés au troisième degré... les rescaper est plutôt cruel.
Les feux qui
frappent plusieurs régions de l’immense territoire australien depuis septembre
auraient tué plus de 500 millions
d’animaux, selon un premier bilan «conservateur» publié le 3 janvier par
des chercheurs de l’Université de Sydney, qui ont alors pris soin de souligner
que le décompte final serait sans aucun doute «considérablement plus élevé».
Au moment où les incendies continuent leur
progression, après avoir déjà consumé plus de 80 000 km2 (185 fois la
superficie de Montréal), une nouvelle évaluation réalisée par des scientifiques
de l’Université de Sydney et le Fonds mondial pour la nature (WWF) avançait
d’ailleurs mardi le chiffre d’un milliard d’animaux.
Le koala n’est par ailleurs qu’une des très
nombreuses espèces qu’on ne retrouve qu’en Australie. En fait, c’est le cas de
plus de 80 % des mammifères du pays,
mais aussi de 90 % des reptiles et
des amphibiens, ainsi que 45 % des oiseaux.
Les feux risquent donc d’entraîner des
pertes majeures pour la biodiversité mondiale, selon Marco Festa-Bianchet,
professeur titulaire à la faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke.
Le chercheur, qui étudie les kangourous gris
en Australie depuis 12 ans, juge d’ailleurs que les répercussions sur les
espèces australiennes se feront ressentir très longtemps après la fin des
incendies.
«Il ne faut pas seulement calculer le nombre
d’animaux morts, mais aussi les habitats
qui ont été détruits. Pour les animaux herbivores, ça veut dire
qu’ils n’auront rien à manger. Mais aussi, les prédateurs introduits comme
le chat et le renard vont détruire les abris des animaux, donc les survivants
aux feux seront davantage victimes de la prédation. Et les effets négatifs
seront très importants au cours des prochaines années.»
Autre signe de l’ampleur du désastre en
cours, les services météorologiques chilien et argentin ont annoncé lundi que
les fumées des incendies australiens avaient été repérées dans le ciel de ces
deux pays, distants de plus de 12 000 km de l’Australie.
Sécheresse en Australie: 10 000
dromadaires sauvages seront abattus
Holly
Robertson / Agence France-Presse 8 janvier 2020
(Sydney) Des tireurs d'élite vont abattre depuis des
hélicoptères 10 000 dromadaires sauvages en Australie, en raison de la
menace que constituent pour les populations ces animaux qui, du fait de la
sécheresse, s’approchent de plus en plus des localités de l’intérieur du pays
pour y trouver de l’eau.
Des responsables locaux de l’État
d’Australie-Méridionale affirment que des troupeaux «extrêmement importants»,
en quête d’eau et de nourriture, menacent les réserves de ces villages, en plus
de provoquer des dégâts et de constituer un danger pour les automobilistes.
L’immense île-continent a vécu en 2019 son
année la plus chaude et sèche, ce qui a non seulement entraîné de dramatiques
incendies de forêt qui font toujours rage dans certaines régions, mais aussi
des pénuries d’eau dans nombre de localités.
L’Australie brûle dans l’indifférence
de ses journaux
Stéphane
Baillargeon / Le Devoir 7 janvier 2020
Collage
satirique : Joe Webb
Jeudi
dernier, alors que les grands médias de la planète consacraient leurs
manchettes aux incendies catastrophiques ravageant l’Australie, The Australian,
quotidien jugé le plus influent du pays, accordait sa première page à une
chasse au trésor et à une histoire de contrôle des boissons alcooliques dans
les communautés aborigènes. Cherchez l’erreur...
La veille de Noël, The
Australian a par exemple dénigré comme « alarmistes » les
critiques d’un ex-pompier en chef du pays jugeant sévèrement l’impréparation du
pays pour faire face aux transformations du climat, réclamant la fermeture des
centrales au charbon. L’Australie est le plus grand producteur mondial de
houille.
La veille du jour de l’An, le même journal a publié une «nouvelle»
présentée comme «exclusive» niant encore une fois l’importance des
bouleversements climatiques.
Rien ne change – L’Australie
est dominée depuis des décennies par des gouvernements et des médias
climatosceptiques. Le pays offre un cas d’espèce sur l’alliance des sphères
politique et médiatique pour fabriquer un consensus autour de cette position
idéologique.
La catastrophe en cours ne fait
qu’accentuer le paradoxe faisant que la population australienne subit les pires
incendies de son histoire, plus violents et plus précoces que d’ordinaire en
raison d’une sécheresse persistante, pendant que les élites se fourvoient dans
le négationnisme climatique.
Le premier ministre libéral
Scott Morrison, climatosceptique notoire, a répété ces dernières semaines qu’il
en faisait déjà suffisamment contre les réchauffements du climat et que sa
politique environnementale ne pouvait pas être tenue responsable des incendies.
Là encore, rien ne change. Les
gouvernements conservateurs de Canberra restent à la solde des industries des
énergies fossiles depuis des décennies. L’auteur Richard Flanagan, dans un
texte publié le 3 janvier dans The New York Times, a écrit que son pays était
en train de commettre un «suicide climatique» et que ses dirigeants semblaient
«déterminés à l’envoyer à sa perte».
~~~
Quand on meurt par le feu
À
chaque fois que des incendies font rage, je suis infiniment bouleversée et
peinée pour les victimes qui perdent des êtres chers et se retrouvent sans
toit, les mains vides. Le pire c’est que la plupart du temps, ces incendies
sont dus à la négligence humaine – au Québec, en 2012, l’humain était responsable
de 80 % des incendies de forêt.
Mais, je suis aussi profondément peinée
quand je songe à tous les animaux qui périssent dans ces incendies. Je ne peux
imaginer pire supplice que de brûler vif tandis qu’on est encore conscient. Je
ne veux pas être sadique, mais je pense qu’il est important de comprendre ce
qui se passe dans le corps d’un être vivant consumé par le feu – humain ou animal. On croit à tort que le sang s’assèche d’un
coup à cause de l’extrême chaleur; or, dépendant de l’intensité du brasier, les
fluides sanguins peuvent se répandre à flots en sifflant dans les flammes,
notamment par les yeux. C’est sans doute l’une des morts les plus terrifiantes,
atroces. Ce que la science en dit : Si le brasier est énorme et très dense, on
peut mourir empoisonné au monoxyde de carbone avant que les flammes ne
carbonisent le corps – ce qui est une bénédiction puisqu’on ne sentira plus
rien. Cependant, si le brasier est de moindre intensité, si les flammes
carbonisent le corps graduellement, alors on peut mourir d'hypovolémie (le
corps se vide de ses fluides, notamment du plasma sanguin cherchant à «traiter»
les brûlures), ou bien d'une «décomposition thermique» durant laquelle la
chaleur provoque la rupture des molécules.
Élyane Rejony sur les oubliés des
catastrophes (2012)
[...] Je
pense beaucoup à ces gens morts, poursuivis par les flammes, sans issue. Je
pense à ces gens qui ont vu brûler leur maison. À ceux qui ont eu très peur,
qui s'en sont sortis, qui ont abandonné leur véhicule pour fuir. La douleur
humaine se partage «naturellement», surtout lorsqu'elle est servie en spectacle
sur un plateau au moment de l'apéritif.
Je crois que l'empathie réelle ne doit pas
se contenter de notre anthropocentrisme culturel. Mes pensées empathiques se
tournent aussi vers les êtres les plus humbles, les plus oubliés. Les animaux
souffrent autant que nous en brûlant. Je pense à leur détresse et à leur
douleur : comme nous ils ont peur, ils essaient de fuir mais parfois ils sont
attachés ou enfermés. Et ils ont mal, et ils hurlent, comme les humains qui se
consument.
On nous parlera peut-être, en passant, des
milliers de «bêtes» qui rapportent de l'argent (et encore), et je comprends
bien l'intérêt légitime des hommes.
Dans notre monde où la sensiblerie est bien
plus vilipendée que le cynisme ou la cruauté, il ne me paraîtrait pas superflu
d'évoquer, en passant, le fait que de nombreux êtres vivants sont morts dans
les incendies. Juste pour rappeler que les êtres humains ne sont pas les seuls
êtres vivants de la planète. Mais que vaut un être vivant s'il n'est pas un
humain? Rien du tout. Notre société se moque déjà de la vie humaine, alors
pensez, les animaux…
On nous répète en boucle que la prise de
conscience écologique avance, que l'humain comprend enfin l'importance du reste
de la nature en dehors de lui. L'environnement, les biotopes, la faune, la
flore... Tu parles!
Mon avis de poète paraîtra peut-être étrange
à ceux qui oublient que les animaux ont un cerveau, un système nerveux, et
qu'ils souffrent, qu'ils ont peur, comme nous. Dans le regard éperdu d'un chien
ou d'un chat recueilli, on peut lire la reconnaissance et l'affection, que l'on
ne voit d'ailleurs pas briller dans les yeux de tous les humains. Alors?
Les poètes
sont là pour faire penser à ce qui s'oublie facilement. Je n'aime ni le
racisme, ni le sexisme, ni l'espécisme.
J'ai écrit,
il y a des années, ce petit texte, pour ne pas oublier les détails «inutiles».
Flammes
Dans le grand
incendie des collines, dévoreur de sève et de sang,
Sous les
hurlements sauvages du feu
personne
n'entend
crépiter les
souris, les musaraignes au fin minois,
brûler
vivants les petits lézards, les orvets et les salamandres,
les biches,
les marcassins, les blaireaux, les furets,
s'étouffer
les oisillons au nid,
craquer les
tortues calcinées, les fourmis consumées,
les
coccinelles carbonisées,
Suffoquer les
petits lapins épouvantés dans leur abri,
personne
n'entend
Milliers de
victimes minuscules,
vivantes,
muettes
Humbles vies
palpitantes d'espoir
comme nous,
effacées du
monde sans ménagement
effacées de
la vie
et du monde
vivant
sans empathie
oubliées des
journalistes et des bilans
niées
effacées
ignorées des
braves gens.
Braves gens.
D'après les
premières enquêtes, le feu serait parti d'un mégot... Un mégot. Un humain
serait donc responsable du désastre. Mais il a droit, lui, par sa seule nature
d'humain, à l'empathie humaine. Pourtant les animaux, que nous méprisons
officiellement, puisqu'ils n'ont juridiquement que le statut d'objet, ne jettent
jamais de mégot.
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