15 janvier 2020

Dans la mire de 2020

Il faut redoubler d’effort, on peut faire mieux pour gagner cette Grande guerre contre la Nature. Car oui, on remportera la victoire, grâce à l’ingéniosité et l’intelligence exceptionnelles de l’espèce humaine, en particulier le modèle pétro sapiens. Mais il faut agir avant que Mère Nature ferme les robinets (pétrole, gaz, uranium, air, eau...) si l’on veut continuer à vivre de la même façon – tel que le décrivait si bien l’écrivaine Fred Vargas en 2008 :
   «Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous», entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.» (Extrait de «Nous y sommes!»)

«On est intelligents, donc on est des animaux extrêmement dangereux. On vit sur une ligne très tendue. On est dangereux. On est dangereux pour les autres, et pour les animaux. D’ailleurs la preuve, c’est que les espèces animales disparaissent. Malgré tout ce que les gens disent, à long terme y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a de la place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, humanise tout. Mais aussi, il s’en prend à lui-même. Sa haine ne s’arrête pas à l’ours qu’il tue pour vendre sa rate pour 54 piasses. Sa haine va envers lui-même. Et l’histoire de l’humanité, sans être de mauvaise humeur là... c’est une histoire de meurtres, c’est une histoire de guerres, c’est une histoire d’extermination et c’est une histoire de racisme.» ~ Serge Bouchard, anthropologue, animateur et écrivain (Entretien à La vie d’artiste, 1999)

«En cannibalisant la nature, nous sommes en train de détruire le fruit de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il ne restera bientôt plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement besoin du vivant pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse), sa présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité. Mutiler la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle, ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison d’être.» ~ Pierre Desjardins, philosophe (Peut-on vivre sans raison d’être?, La Presse+, 06.12.2015)

À moins d’être totalement déconnecté de ses émotions, l’ambiance apocalyptique actuelle, peut miner le moral. Si nous pouvions individuellement cultiver un minimum d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir impulsivement; si nous pratiquions le sage principe qui recommande d’éviter le plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, de conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde deviendrait plus hospitalier.

«En Occident, on a toujours tué au nom de Dieu et de la Patrie et il en est partout ainsi. La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit indissolublement lié à l’amour.
   Nous n’avons pas été créés pour un but plus grandiose que celui des fourmis ou des mouches qui volent autour de nous, ou des moustiques qui nous sucent le sang. Nous ne sommes pas plus significatifs ou importants que n’importe quoi d’autre sur cette planète. La nature n’utilise pas de modèles quelconques. Elle ne cherche qu’à perfectionner les espèces. Elle essaie de créer des espèces parfaites et non pas des êtres parfaits. Vos superbes idées religieuses, la paix, le bonheur suprême, la béatitude ou autres, n’intéressent pas l’organisme humain. Son seul intérêt est la survie. Ce que la société nous a proposé comme but à atteindre est l’ennemi de cet organisme vivant. Ce n'est pas une bonne idée de bien s'adapter à une société profondément malade. Chacune de nos inventions, chacune de nos découvertes, nous pousse vers l’annihilation totale de l’espèce humaine. Je peux paraître très cynique, mais le cynique est en fait un réaliste. Le cynisme vous aidera à poser un regard lucide sur la façon dont les choses se passent dans le monde. L’instinct biologique est très puissant; et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.» ~ Krishnamurti  

À mon avis, si la tendance se maintient, l’espèce humaine devrait atteindre rapidement son but ultime : faire table rase du vivant.

Collage satirique : Joe Webb http://www.joewebbart.com/

La Canada sur la voie de l’échec climatique
Alexandre Shields / Le Devoir, 4 janvier 2020

«[Mettre en place le train de mesures nécessaires] dans le contexte d’une population qui achète des quantités records de camions légers, s’étale sur les terres agricoles pour y mettre des piscines hors terre individuelles et désire prendre des vols pour Cancún régulièrement est très délicat, voire impossible.» ~ Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal 

Une société de la Couronne albertaine s’achète un pipeline en Colombie-Britannique – La nation Wet'suwet'en s'oppose toujours au projet
ICI Alberta, 27 décembre 2019

TC Energy, anciennement TransCanada, a annoncé jeudi s’être départie de la majorité de ses parts dans le projet Coastal GasLink, un gazoduc actuellement en construction dans le nord de la Colombie-Britannique. Une société d’État albertaine s’en est portée en partie acquéreuse.
   Deux entités ont mis la main sur 65 % des parts du projet Coastal GasLink : le fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis Roberts & Co. (KKR) et la Société de gestion de l'investissement de l'Alberta (AIMCo).
   AIMCo est une société d'État qui administre les régimes de retraite des Albertains qui travaillent dans le secteur public.
   Un gazoduc imposé par une injonction La construction du gazoduc Coastal GasLink est évaluée à plus de 6 milliards de dollars. Il reliera Kitimat, dans le nord de la côte britanno-colombienne, à Dawson Creek, une région riche en gaz naturel aux portes de l'Alberta.
   D'une longueur de 670 km, l'infrastructure de transport est en construction depuis le début de 2019. Elle traverse le territoire ancestral de la nation Wet'suwet'en qui, opposée au projet, a tenté de bloquer l'accès au site plus tôt cette année.
   Une fois terminé, Coastal GazLink devrait faciliter l'exportation de près de 700 000 litres de gaz naturel par jour.

Diable, les Australiens sont en train de devenir des réfugiés climatiques!  

Les incendies en Australie menacent une biodiversité unique au monde
Alexandre Shields / Le Devoir 8 janvier 2020

En plus des pertes de vies humaines et des maisons détruites, les feux qui ravagent des régions entières de l’Australie ont déjà tué des centaines de millions d’animaux sur cette île-continent. Cette hécatombe pour la biodiversité est d’autant plus inquiétante que le pays compte énormément d’espèces endémiques, dont plusieurs étaient déjà menacées de disparition.

 
Photo : Dana Mitchell, Kangaroo Island Wildlife Park via Associated Press. Un koala souffrant de brûlures a été secouru au début du mois par des agents de conservation de la faune. Dans certaines régions, le petit marsupial risque d’ailleurs d’être complètement éradiqué. Il vaudrait mieux accorder une mort dans la dignité aux animaux brûlés au troisième degré... les rescaper est plutôt cruel.

Les feux qui frappent plusieurs régions de l’immense territoire australien depuis septembre auraient tué plus de 500 millions d’animaux, selon un premier bilan «conservateur» publié le 3 janvier par des chercheurs de l’Université de Sydney, qui ont alors pris soin de souligner que le décompte final serait sans aucun doute «considérablement plus élevé».
   Au moment où les incendies continuent leur progression, après avoir déjà consumé plus de 80 000 km2 (185 fois la superficie de Montréal), une nouvelle évaluation réalisée par des scientifiques de l’Université de Sydney et le Fonds mondial pour la nature (WWF) avançait d’ailleurs mardi le chiffre d’un milliard d’animaux.
   Le koala n’est par ailleurs qu’une des très nombreuses espèces qu’on ne retrouve qu’en Australie. En fait, c’est le cas de plus de 80 % des mammifères du pays, mais aussi de 90 % des reptiles et des amphibiens, ainsi que 45 % des oiseaux.
   Les feux risquent donc d’entraîner des pertes majeures pour la biodiversité mondiale, selon Marco Festa-Bianchet, professeur titulaire à la faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke.
   Le chercheur, qui étudie les kangourous gris en Australie depuis 12 ans, juge d’ailleurs que les répercussions sur les espèces australiennes se feront ressentir très longtemps après la fin des incendies.
   «Il ne faut pas seulement calculer le nombre d’animaux morts, mais aussi les habitats qui ont été détruits. Pour les animaux herbivores, ça veut dire qu’ils n’auront rien à manger. Mais aussi, les prédateurs introduits comme le chat et le renard vont détruire les abris des animaux, donc les survivants aux feux seront davantage victimes de la prédation. Et les effets négatifs seront très importants au cours des prochaines années.»
   Autre signe de l’ampleur du désastre en cours, les services météorologiques chilien et argentin ont annoncé lundi que les fumées des incendies australiens avaient été repérées dans le ciel de ces deux pays, distants de plus de 12 000 km de l’Australie.

Sécheresse en Australie: 10 000 dromadaires sauvages seront abattus
Holly Robertson / Agence France-Presse 8 janvier 2020

(Sydney) Des tireurs d'élite vont abattre depuis des hélicoptères 10 000 dromadaires sauvages en Australie, en raison de la menace que constituent pour les populations ces animaux qui, du fait de la sécheresse, s’approchent de plus en plus des localités de l’intérieur du pays pour y trouver de l’eau.
   Des responsables locaux de l’État d’Australie-Méridionale affirment que des troupeaux «extrêmement importants», en quête d’eau et de nourriture, menacent les réserves de ces villages, en plus de provoquer des dégâts et de constituer un danger pour les automobilistes.
   L’immense île-continent a vécu en 2019 son année la plus chaude et sèche, ce qui a non seulement entraîné de dramatiques incendies de forêt qui font toujours rage dans certaines régions, mais aussi des pénuries d’eau dans nombre de localités.

L’Australie brûle dans l’indifférence de ses journaux
Stéphane Baillargeon / Le Devoir 7 janvier 2020

Collage satirique : Joe Webb

Jeudi dernier, alors que les grands médias de la planète consacraient leurs manchettes aux incendies catastrophiques ravageant l’Australie, The Australian, quotidien jugé le plus influent du pays, accordait sa première page à une chasse au trésor et à une histoire de contrôle des boissons alcooliques dans les communautés aborigènes. Cherchez l’erreur...  
   La veille de Noël, The Australian a par exemple dénigré comme « alarmistes » les critiques d’un ex-pompier en chef du pays jugeant sévèrement l’impréparation du pays pour faire face aux transformations du climat, réclamant la fermeture des centrales au charbon. L’Australie est le plus grand producteur mondial de houille.
La veille du jour de l’An, le même journal a publié une «nouvelle» présentée comme «exclusive» niant encore une fois l’importance des bouleversements climatiques.
   Rien ne change L’Australie est dominée depuis des décennies par des gouvernements et des médias climatosceptiques. Le pays offre un cas d’espèce sur l’alliance des sphères politique et médiatique pour fabriquer un consensus autour de cette position idéologique.
   La catastrophe en cours ne fait qu’accentuer le paradoxe faisant que la population australienne subit les pires incendies de son histoire, plus violents et plus précoces que d’ordinaire en raison d’une sécheresse persistante, pendant que les élites se fourvoient dans le négationnisme climatique.
   Le premier ministre libéral Scott Morrison, climatosceptique notoire, a répété ces dernières semaines qu’il en faisait déjà suffisamment contre les réchauffements du climat et que sa politique environnementale ne pouvait pas être tenue responsable des incendies.
   Là encore, rien ne change. Les gouvernements conservateurs de Canberra restent à la solde des industries des énergies fossiles depuis des décennies. L’auteur Richard Flanagan, dans un texte publié le 3 janvier dans The New York Times, a écrit que son pays était en train de commettre un «suicide climatique» et que ses dirigeants semblaient «déterminés à l’envoyer à sa perte».

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Quand on meurt par le feu

À chaque fois que des incendies font rage, je suis infiniment bouleversée et peinée pour les victimes qui perdent des êtres chers et se retrouvent sans toit, les mains vides. Le pire c’est que la plupart du temps, ces incendies sont dus à la négligence humaine – au Québec, en 2012, l’humain était responsable de 80 % des incendies de forêt.
   Mais, je suis aussi profondément peinée quand je songe à tous les animaux qui périssent dans ces incendies. Je ne peux imaginer pire supplice que de brûler vif tandis qu’on est encore conscient. Je ne veux pas être sadique, mais je pense qu’il est important de comprendre ce qui se passe dans le corps d’un être vivant  consumé par le feu – humain ou animal.  On croit à tort que le sang s’assèche d’un coup à cause de l’extrême chaleur; or, dépendant de l’intensité du brasier, les fluides sanguins peuvent se répandre à flots en sifflant dans les flammes, notamment par les yeux. C’est sans doute l’une des morts les plus terrifiantes, atroces. Ce que la science en dit : Si le brasier est énorme et très dense, on peut mourir empoisonné au monoxyde de carbone avant que les flammes ne carbonisent le corps – ce qui est une bénédiction puisqu’on ne sentira plus rien. Cependant, si le brasier est de moindre intensité, si les flammes carbonisent le corps graduellement, alors on peut mourir d'hypovolémie (le corps se vide de ses fluides, notamment du plasma sanguin cherchant à «traiter» les brûlures), ou bien d'une «décomposition thermique» durant laquelle la chaleur provoque la rupture des molécules.

Élyane Rejony sur les oubliés des catastrophes (2012)

[...] Je pense beaucoup à ces gens morts, poursuivis par les flammes, sans issue. Je pense à ces gens qui ont vu brûler leur maison. À ceux qui ont eu très peur, qui s'en sont sortis, qui ont abandonné leur véhicule pour fuir. La douleur humaine se partage «naturellement», surtout lorsqu'elle est servie en spectacle sur un plateau au moment de l'apéritif.
   Je crois que l'empathie réelle ne doit pas se contenter de notre anthropocentrisme culturel. Mes pensées empathiques se tournent aussi vers les êtres les plus humbles, les plus oubliés. Les animaux souffrent autant que nous en brûlant. Je pense à leur détresse et à leur douleur : comme nous ils ont peur, ils essaient de fuir mais parfois ils sont attachés ou enfermés. Et ils ont mal, et ils hurlent, comme les humains qui se consument.
   On nous parlera peut-être, en passant, des milliers de «bêtes» qui rapportent de l'argent (et encore), et je comprends bien l'intérêt légitime des hommes.
   Dans notre monde où la sensiblerie est bien plus vilipendée que le cynisme ou la cruauté, il ne me paraîtrait pas superflu d'évoquer, en passant, le fait que de nombreux êtres vivants sont morts dans les incendies. Juste pour rappeler que les êtres humains ne sont pas les seuls êtres vivants de la planète. Mais que vaut un être vivant s'il n'est pas un humain? Rien du tout. Notre société se moque déjà de la vie humaine, alors pensez, les animaux…
   On nous répète en boucle que la prise de conscience écologique avance, que l'humain comprend enfin l'importance du reste de la nature en dehors de lui. L'environnement, les biotopes, la faune, la flore... Tu parles!
   Mon avis de poète paraîtra peut-être étrange à ceux qui oublient que les animaux ont un cerveau, un système nerveux, et qu'ils souffrent, qu'ils ont peur, comme nous. Dans le regard éperdu d'un chien ou d'un chat recueilli, on peut lire la reconnaissance et l'affection, que l'on ne voit d'ailleurs pas briller dans les yeux de tous les humains. Alors?
Les poètes sont là pour faire penser à ce qui s'oublie facilement. Je n'aime ni le racisme, ni le sexisme, ni l'espécisme.

J'ai écrit, il y a des années, ce petit texte, pour ne pas oublier les détails «inutiles».

Flammes

Dans le grand incendie des collines, dévoreur de sève et de sang,
Sous les hurlements sauvages du feu
personne n'entend
crépiter les souris, les musaraignes au fin minois,
brûler vivants les petits lézards, les orvets et les salamandres,
les biches, les marcassins, les blaireaux, les furets,
s'étouffer les oisillons au nid,
craquer les tortues calcinées, les fourmis consumées,
les coccinelles carbonisées,
Suffoquer les petits lapins épouvantés dans leur abri,
personne n'entend
Milliers de victimes minuscules,
vivantes, muettes
Humbles vies palpitantes d'espoir
comme nous,
effacées du monde sans ménagement
effacées de la vie
et du monde vivant
sans empathie
oubliées des journalistes et des bilans
niées
effacées
ignorées des braves gens.
Braves gens.

D'après les premières enquêtes, le feu serait parti d'un mégot... Un mégot. Un humain serait donc responsable du désastre. Mais il a droit, lui, par sa seule nature d'humain, à l'empathie humaine. Pourtant les animaux, que nous méprisons officiellement, puisqu'ils n'ont juridiquement que le statut d'objet, ne jettent jamais de mégot.

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