J’ai eu l’occasion de parler à des médecins
enferrés dans des croyances religieuses ou des soi-disant principes éthiques
pro-vie. La mort taboue. Ça me rappelait cette fable...
Tableau : Jean-François Millet (1814-1859);
La Mort et le Bûcheron, 1859
La Mort et
le Bûcheron
Jean de La Fontaine
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde?
Point de pain quelquefois et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort; elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire.
«C'est, dit-il, afin de m'aider
À recharger ce bois; tu ne tarderas guère.»
Le trépas vient tout guérir;
Mais ne bougeons d'où nous sommes
:
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Source : http://www.lafontaine.net/index.php
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