Si vous ne réalisez pas encore ce que signifie «profilage», le documentaire Erasing David vous y aidera. Même si vous n’avez rien à cacher, avez-vous quand même des raisons de craindre la surveillance intrusive? Que signifie «respect de la vie privée» pour vous? Où se situe votre seuil de tolérance? Êtes-vous apathique, indifférent? Où doit commencer et cesser la surveillance étatique et/ou mercantile?
Après avoir vu le film (lien à la fin du message) vous songerez peut-être à aller vivre dans une cabane au fond des bois. En fait, c’est totalement futile car les satellites et les drones vous traqueront ou que vous soyez. Vraiment débile.
Exemples
1. Les partis politiques récoltent des données sur vous
Le journaliste Alec Castonguay dans un article du magazine L’Actualité explique comment les partis politiques se servent d'informations sur la vie privée des électeurs pour adapter leur message politique et maximiser leurs chances de remporter des élections.
«On utilise les sondages, les sources ouvertes comme les dons aux partis politiques, la base de données d'Élections Canada, Statistiques Canada et le recensement pour faire des profilages très précis des différentes circonscriptions, même rue par rue, maison par maison. Quand on est capable d'avoir cette masse d'infos, de la digérer – c'est la nouveauté, parce qu'avant, on n'était pas capable, tandis que maintenant, on a des technologies pour le faire –, on sait assez précisément ce que chacune des maisons voudrait avoir comme message.» (Émission Médium large, ICI Radio-Canada Première, 14.08.2015)
Le journaliste en a raconté de bonnes. Il rappelait d’abord qu’à chaque fois qu’un individu répond à un sondage, signe une pétition, remplit un coupon rabais, utilise une carte de fidélité ou sa passe de métro, etc., il transmet des renseignements personnels, voire ses allées et venues, fort utiles aux gouvernements et/ou commerçants. Par exemple, si vous avez signé une pétition en faveur du mariage gay (ce qui ne veut pas dire que vous l’êtes) on pourra supposer que des homosexuels habitent chez vous. Bon ça, on devrait le savoir. Comme on le voit, ça peut aller très loin... Mais le plus étonnant, c’est que les bénévoles des partis politiques sont formés pour espionner sur le terrain : ils interrogent des voisins, notent s’il y a des jouets dans la cour (signe qu’il y a des enfants), si la voiture porte un autocollant particulier (Greenpeace = négatif, NASCAR = positif), fouillent les bacs de recyclage...
2. Des bracelets à puce qui révolutionnent la culture
L’entreprise montréalaise Connect & Go a conçu des bracelets à puce utilisés dans des événements d'envergure tels les festivals Osheaga et Île Sonic.
«La base, c'est le contrôle d'accès. [...] On réduit la fraude. On réussit aussi, du fait qu'on contrôle les accès de manière électronique, à savoir combien il y a de gens sur le site. Combien y a-t-il de femmes? Combien y a-t-il d'hommes? Quel est leur groupe d'âge? D'où sont-ils? [...] On est capable d'aller chercher beaucoup d'information», explique Dominic Gagnon, cofondateur de Connect & Go, qui croit que cette technologie pourra aussi permettre aux promoteurs de concevoir de meilleurs programmes d'événements. «On va savoir ce qu'ils [les membres du public] consomment, ce qu'ils boivent, ce qu'ils font. On va être capable de faire de l'intelligence marketing pour mieux cibler.» (Émission Médium large, ICI Radio-Canada Première, 14.08.2015)
Aux États-Unis on utilise maintenant des drones pour surveiller les foules, qu’il s’agisse de manifestations, de spectacles ou autres.
Le promoteur vantait les micro-puces sous-cutanées offertes en vente libre, que les acheteurs peuvent s’injecter eux-mêmes.
On continue de préparer les gens à devenir du bétail passif «marqué/micro-pucé», par la force des choses. Les micro-puces sous-cutanées (que les gens trouvent «cool» et pratiques) représentent une perte totale de la vie privée et de la liberté, la perte du droit de penser par soi-même et de choisir. Plus encore que les téléphones intelligents puisqu’elles restent dans le corps. Ainsi le porteur est réceptif à toutes sortes de fréquences satellitaires nocives, jour et nuit.
Un jour ou l’autre, les diverses monnaies internationales, l’argent-papier et les cartes de débit/crédit disparaîtront comme par magie. Il sera impossible d’acheter ou de vendre quoi que ce soit sans cette micro-puce sous-cutanée, même pas une miche de pain. Et, quiconque voudra sortir du rang sera mis au pas sinon refoulé dans des parcs à humains comme dans le film Fortress de Stuart Gordon (1992).
Saurons-nous dire : «Non merci»?
Erasing David
Dans cette veine : un documentaire révélateur sur la surveillance intrusive. Notez que cela se passe en 2009, donc avant les révélations d’Edward Snowden. Depuis, la surveillance n’a cessé d’escalader.
Synopsis : Le réalisateur David Bond vit en Grande-Bretagne, l’un des États où la surveillance est parmi les plus invasives. Lorsqu’il reçoit une lettre indiquant que sa fille et lui comptent parmi les 25 millions de Britanniques dont les données ont été perdues par le gouvernement lors d’une violation massive de leur banque informatique, il décide d’enquêter sur les conséquences possibles de cette perte dans une société de surveillance omniprésente. Pour faire un test, David embauche deux détectives privés pour le traquer. En effet, il choisit de «disparaître» pendant 30 jours pour voir s'il peut éviter d'être capturé en dépit des vastes pistes générées par les bases de données.
Erasing David, Ashley Jones, David Bond, Melinda McDougall; 2009
https://thoughtmaybe.com/erasing-david/
Un excellent suspense. Au départ les deux détectives n’avaient que son nom écrit sur un bout de papier, transmis par un intermédiaire anonyme. Ils devaient d’abord trouver le bon David Bond parmi plusieurs sur Internet... À la fin, voyant tout ce que les deux détectives avaient cumulé sur lui et les membres de sa famille, le cinéaste était complètement dévasté et révulsé d’être l’objet d’une telle invasion dans sa vie privée.
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