26 avril 2014

Suicide ÉCO-nomique?

Photo : Street Art Banksy – Shop till you drop

La chute est inévitable si nous suivons le guide d’accélération économique actuel…Hé, on veut juste être des humains, pas des machines-à-sous. Possible ça?   

Alternative :
Jour de la Terre : une économie pour les gens et la planète
Par Helena Norberg-Hodge

Photo : Lilly Rothrock / cc / Flickr

Beaucoup de choses ont changé depuis le premier Jour de la Terre en 1970. Nos crises écologiques ont été mises en évidence, et il est également devenu clair que nous devons non seulement sauver la terre mais aussi les gens des griffes d'une économie devenue aberrante. De plus en plus de gens partout sur la planète reconnaissent que cette économie doit subir de toute urgence des changements fondamentaux si nous voulons résoudre nos problèmes les plus pressants – écologiques, socioéconomiques et même spirituels. Au lieu d'essayer de s'attaquer à une interminable liste de problèmes distincts, des changements stratégiques dans la politique économique nous mettraient sur une voie qui serait bénéfique à la fois pour les gens et la planète.

Au cours des dernières décennies, la mondialisation, ou la poursuite de la déréglementation du commerce et des finances, a créé un monde dominé par de gigantesques banques et sociétés. Étant donné que presque tous les gouvernements ont acquiescé à leurs demandes, nous sommes maintenant confrontés non seulement au réchauffement climatique, à l’extinction des espèces et à une hausse spectaculaire de la pollution, mais également à l'instabilité financière, au chômage endémique, à l’accroissement des conflits, à des épidémies de maladies, et à la dépression.

Nous devons aller exactement en sens contraire – loin de la mondialisation économique et plutôt vers le local. Cela ne veut pas dire éliminer tout commerce ou adopter une attitude isolationniste. Cela signifie simplement raccourcir les distances entre les consommateurs et les producteurs le plus possible.

C'est une caractéristique inhérente de l'économie mondiale que d’augmenter sans cesse les distances, avec des intermédiaires de plus en plus nombreux qui se positionnent entre les consommateurs et leurs besoins. Un exemple évident est le kilométrage alimentaire global – avec l’accroissement des émissions de carbone, des faillites agricoles, de l’utilisation de pesticides, des OGM et autres dommages agro-technologiques, de l’érosion des sols, ainsi que des profits des géants agroalimentaires. En revanche, lorsque les systèmes agroalimentaires sont locaux, les émissions de CO2 sont réduites, les agriculteurs obtiennent de meilleurs prix pour leurs produits, la production devient de plus en plus respectueuse de l'environnement, les économies et les communautés locales sont renforcées, et à la fin, les consommateurs obtiennent des aliments plus frais et plus sains.

L’approvisionnement local est l’aspect le plus efficace et le plus concret qui émerge du mouvement de localisation qui supporte les mêmes principes dans les autres aspects de l'économie. Partout dans le monde des initiatives sont en cours pour localiser les techniques de construction, la santé publique, la production d'énergie, le transport, l'éducation, le système bancaire, et plus. Pour que ce mouvement populaire se propage il faut un changement politique fondamental aux niveaux national et international, et c’est urgent. Comment, par exemple, de petits agriculteurs et propriétaires de boutiques locaux peuvent-ils prospérer si les gouvernements continuent d’encourager le «libre-échange» et de subventionner des sociétés multinationales?  Comment de petits projets d'énergie renouvelable peuvent-ils concurrencer avec des subventions massives octroyées à d’énormes barrages, à la production de combustibles fossiles et aux centrales nucléaires? Comment la démocratie participative peut-elle se renforcer si les sociétés sont autorisées à déterminer les politiques gouvernementales et à manipuler l'opinion publique? 

Dans les médias grand public on a tendance à blâmer la cupidité humaine innée pour nos problèmes. En fait, les marqueteurs dépensent des milliards de dollars pour cibler les enfants dès l'âge de deux ans, avec comme but de semer l'insécurité et la conviction que les possessions matérielles leur assureront l'amour et l’appréciation auxquels ils aspirent. De cette façon, le besoin fondamental humain d'amour se transforme en cupidité insatiable. Des messages similaires bombardent maintenant des populations entières de l'hémisphère Sud, minant diverses traditions culturelles, et entraînant des milliards de gens supplémentaires dans cette culture de consommation insoutenable et psychologiquement dommageable. Il en résulte un épuisement des ressources encore plus rapide, une aggravation de la pollution et une intensification de la concurrence et des conflits.

Reconnaitre que le problème fondamental vient des choix politiques plutôt que de la tendance innée à la cupidité est profondément réhabilitant (empowering) – et même davantage lorsqu'on reconnaît que les changements politiques nécessaires pour faire face aux changements climatiques, aux inégalités de richesse et à la détérioration sociale, sont les mêmes que ceux qui accroîtront notre sentiment de bienêtre et notre bonheur.

Le mouvement en faveur de l’approvisionnement local commence à combler les fossés entre les groupes qui travaillent à créer un monde meilleur : militants environnementaux, propriétaires de petites entreprises, dirigeants communautaires, promoteurs de justice sociale, agriculteurs, militants en faveur des droits des travailleurs, groupes religieux et spirituels. En une seule génération, une passionnante coalition est en train d'émerger : une coalition qui offre un réel espoir de renouveau, vaste et durable.


Helena Norberg-Hodge a fondé et dirige Local Futures (société internationale pour l'écologie et la culture). Pionnière du mouvement «nouvelle économie», elle promeut depuis plus de trente ans l’économie personnelle, sociale et écologique du bienêtre. Elle a produit et coréalisé le documentaire primé Economics of Happiness (L'économie du bonheur) et est l'auteur de Ancient Futures: Learning from Ladakh. Elle a reçu le prix Right Livelihood Award pour son travail novateur dans Ladakh, et en 2012 le Goi Peace Prize pour sa contribution à «la revitalisation de la diversité culturelle et biologique, et le renforcement des communautés et des économies locales à travers le monde». (Site : http://www.localfutures.org/ )

Source : https://www.commondreams.org/view/2014/04/22-1 

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