4 avril 2014

Lutte politique pré-préhistorique

 Photo : Michael Shainblum, cinéaste/photographe

Campagne «Québecgate» :  
- On dirait des diables qui se débattent dans l’eau bénite – analogie que les Québécois de plus de 50 ans comprendront J  
- Que d’arrogance, de dureté, de déni, de psychologie dysfonctionnelle (consultez le DSM-5).
- Sagesse et conscience quasi inexistantes.
- Seul Québec solidaire n'est pas entré dans ce jeu de désespérés visant le pouvoir à tout prix.

Nos institutions fonctionnent de façon préhistorique. Ainsi avons-nous des systèmes de sécurité nationale qui s’adonnent allègrement à la tuerie, des ministères de la santé qui ont à peu près tout recommandé comme régime alimentaire (sauf l’huile à moteur polyinsaturée – mais ça s’en vient), et des systèmes politiques qui tentent de nous persuader que la Vie est une nuisance pour l’économie. Nos gouvernements, nos entreprises et notre société commettent des atrocités ahurissantes au nom du gain financier. Continuer de raser des écosystèmes entiers pour en extraire des carburants fossiles en est un exemple.
       Même si certains actes sont considérés comme illégaux par nos lois, la fraude devient un problème seulement quand les escrocs se font pincer. Autrement, ce ne sont que pures transactions d’affaires, des astuces, concoctées pas des cerveaux dits «brillants» – le mot «brillant» étant associé à une intelligence douée pour l’escroquerie et la corruption. Nous aurions intérêt à corriger notre définition de l’intelligence… Le modèle humain de pensée rationnelle, qui passe pour de la santé mentale, fait frémir d’horreur.
       Le répugnant mouvement de va-et-vient (vécu dans toutes les civilisations humaines) dépend du fait que les idéologies, les systèmes politiques et les structures sociales sont toujours érigées sur la peur et le déni. C’est l’unique raison de l’effondrement des civilisations. L’histoire ne se répète pas, elle trébuche sur ce problème que nous refusons de résoudre. De sorte que l’esclavage humain se perpétue d’une civilisation à l’autre, assurant l’ultime effondrement de chacune d’entre elles.

Bref, si vous votez lundi, n’oubliez pas cette citation-repère :
CE QUE QU’ILS FONT PARLE PLUS FORT QUE CE QU’ILS DISENT.  
(Albert Schweitzer)

Hier, je lisais dans Ecobuddhism un article où l’on a demandé à Joanna Macy* ce qu’elle pensait de la Sixième extinction.

[Quelques extraits]  

Joanna Macy : C'est en train d’arriver. Une combinaison de beaucoup de choses annonce l’effondrement. Par où commencer pour éliminer le plastique des océans qui couvre des zones de la taille des pays? Quels sont les effets des téléphones cellulaires et des micro-ondes sur nos rythmes biologiques? Qu’y a-t-il exactement dans nos aliments? Comment devons-nous composer avec les cultures génétiquement modifiées? Nous sommes extrêmement dépendants de tout cela, à tous les niveaux. Par quoi commencer pour freiner la machine?
       Le premier niveau de crise porte sur les capacités de la terre. Plusieurs civilisations avant le nôtre, à commencer par la Mésopotamie, en sont arrivées à ne plus suffirent à leurs besoins parce qu'elles avaient épuisé leurs ressources naturelles. La capacité de la terre de nous supporter est le sujet dont les gens parlent le plus. C'est en lien direct avec la crise climatique. Comment allons-nous cultiver la nourriture dont nous avons besoin étant donné les variations extrêmes de température? Comment allons-nous gérer les catastrophes naturelles et les famines qui résulteront de ce climat chaotique?
       Le deuxième niveau de crise, très grave, porte sur les conséquences qui s'étendront bien au-delà de l'effondrement de cette civilisation. Nous sommes en train de créer un manque de possibilités pour les générations et les civilisations futures car nous utilisons les ressources minières et pétrolières sans réfléchir. Lorsque cette civilisation s'effondrera, les possibilités futures seront largement de type Âge de pierre.
       Le troisième niveau de crise porte sur l'énorme augmentation des extinctions – le tissu même de la vie est déchiqueté. Cette perte de biodiversité est si extrême que nous pouvons entrevoir l’extinction des formes de vie complexes. Il faut plusieurs systèmes très différenciés et intégrés pour produire des formes de vie suffisamment complexes pour accueillir la conscience.
       Le quatrième niveau de crise porterait sur la destruction de tout ce qui est plus complexe que les formes de vie anaérobique en raison de la perte de production d'oxygène dans les océans et sur les terres.
       De toute façon je prends toutes ces crises au sérieux, et je n’entends pas les contester. En même temps, je consacre ma vie et mon souffle à ouvrir nos esprits, à changer notre coeur-esprit. (...)

Il faut dire la vérité à propos de ce qui nous attend. Je pense que c’est difficile de faire quelque chose tout seul, ce travail exige que nous nous regroupions. Il doit se faire en groupes de sorte que nous puissions nous écouter et nous entendre les uns avec les autres. Ce faisant, nous éliminons l'isolement auquel on nous a conditionnés au cours des siècles derniers, en particulier dans notre société de consommation hyper-individualiste. Les gens peuvent sortir de l'isolement quand ils prennent conscience de leur interdépendance avec tout.
       Oui, l’avenir semble lugubre. Mais vous êtes encore vivants aujourd'hui. Vous êtes vivant en ce moment, ainsi que tous les autres. La vérité fait partie du travail, et elle déverrouille le coeur. Et l’on découvre un réel sentiment d'expérience et d'aventure. C'est comme si un clairon nous invitait à une grande aventure. Dans toutes les grandes aventures, il arrive un moment où la petite bande de héros se sent totalement dépassée et démoralisée, comme Frodo dans le Seigneur des Anneaux ou Pilgrim dans Pilgrim’s Progress. Vous apprenez à dire «C'est vraiment lugubre. Que c’est sombre!»   
       Nos petits cerveaux pensent qu'il n’y a plus rien à faire. Mais le simple fait de le constater peut revitaliser. Et puis nous savons que nous ne pouvons pas voir l’ensemble étant donné que nous ne sommes qu’une petite partie d'un immense ensemble interdépendant – une cellule dans un organisme plus vaste. Alors, ne prenons pas nos perceptions pour des vérités ultimes. Ma vision du monde a été intimement tissée d’enseignement bouddhique et de science contemporaine, qui s’imbriquent étonnamment bien.
       «Les êtres humains sont innombrables; je promets de les libérer tous.» Ce sera peut être le dernier souffle de vie sur terre, mais quel grand souffle, si nous réalisons que nous nous sommes aimés les uns les autres. Si vous vivez pleinement dans la réalité du moment, vous ne pourrez pas dire : «Oh, je ne veux pas vivre cette expérience parce qu'elle ne durera pas éternellement!» Ce moment vous appartient. Il est vra, maintenant. Nous pouvons avoir raison de nous inquiéter de ce qu’il y a au bout du chemin, mais nous ne sommes pas obligés de nous accrocher à ce que nous aurons à subir éventuellement.

Ecobuddhism : Si nous continuons de la même façon, les océans s’acidifieront et augmenteront le réchauffement climatique, une extinction massive se produira et un nouveau cycle géologique émergera. Quelques climatologues considèrent que nous sommes peut-être déjà engagés dans un mouvement irréversible. (…) Nous avons affaire à une «psychopathie corporative» dotée d’un immense pouvoir provenant des carburants fossiles – devenu le business le plus rentable de toute l'histoire humaine. Et, même si nous savons que cela peut être potentiellement fatal pour notre espèce, nous ne voulons pas le savoir. Les médias américains sont minutieusement contrôlés par les grandes entreprises ou les revenus publicitaires.

Joanna Macy : Les médias ont réduit la population à un état de stupidité déplorable. Je ne regarde même pas la télévision. Je suppose que je devrais, ne serait-ce que pour voir ce qui se passe dans mon propre pays. C'est une terrible dégénérescence, une nausée culturelle. Même la radio payée par les auditeurs, qui fournit un peu d'oxygène, est prise d’assaut. (...)

À travers mon enseignement et mon travail expérimental, je constate que j’aide les gens à faire la paix avec l’incertitude, et à l’utiliser pour se revitaliser. Car la vie n’offre jamais de garantie, à aucun moment. Peut-être que ce besoin de tout savoir, ce besoin de certitude, de contrôle, d’être toujours optimiste, souriant, sociable est plus ancré chez le citoyen américain. Mais ce moule culturel a un énorme pouvoir : celui de nous engourdir, de nous rendre apathiques. Le but central de ma vie et de mon travail est de faire la paix avec notre désespoir, de faire la paix avec notre souffrance vis-à-vis du monde; et conséquemment de dignifier et de respecter ce monde. C’est très libérateur.

Source : http://www.ecobuddhism.org/wisdom/interviews/jmacy

* Joanna Macy (née en 1929) est éco-philosophe, et experte en bouddhisme et en théorie générale des systèmes. Très impliquée dans les mouvements pour la paix, la justice et l'écologie, elle met ses connaissances au service d'un activisme pour le changement personnel et social depuis 40 ans. Elle a publié 10 livres explorant ces thèmes. Elle donne des conférences et des ateliers à travers le monde (Amériques, Asie, Europe, Australie). Elle vit à Berkeley, en Californie. www.joannamacy.net 

À lire :
Écopsychologie pratique et rituels pour la Terre
Retrouver le lien vivant avec la nature
Auteurs : Joanna Macy, Molly Young Brown, Sandrine Priou
Traducteur : Marc Zischka
Résumé :
Beaucoup d'humains portent une souffrance profonde face aux graves atteintes faites à la nature et à notre Terre Mère. Or, dans l'impuissance où nous sommes souvent, cette affliction, qu'elle soit consciente ou non, génère souvent de la culpabilité ou du déni, et donc de la fermeture d'esprit. Les auteurs apportent ici de vraies réponses à ce défi! Puisant dans le bouddhisme et l'approche systémique, elles proposent un positionnement et des exercices puissants; c'est un vrai message d'espoir, dans plusieurs directions : une contribution majeure pour se reconnecter et se réconcilier avec la Terre Gaïa en découvrant son identité écologique. Comment faire face à l'apathie, à l'impuissance, comment passer du mental au ressenti, pour prendre une part active à la guérison de notre monde dans l'interdépendance. Retrouver notre pouvoir au service de la Vie, par un travail de groupe sur des valeurs telles que la gratitude, la souffrance, le désespoir, notre relation au temps. Retrouver le courage, l'implication et la solidarité nécessaires pour changer nos vies et entrer en action pour prendre soin de la planète. Opérer un changement de cap, par un engagement volontariste pour la Vie; poser des actions de résistance.

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