Parfois on gagne, parfois on APPREND. (Aphorisme)
Et parfois on refuse d’apprendre…
L’industrie chimique a amélioré notre qualité de vie en certains domaines, bien sûr. Mais, au total, elle a causé (et cause) plus de dégâts que la nature elle-même peut en créer, en fait, elle aggrave les catastrophes naturelles.
Prenons les armes chimiques : « Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion extraordinaire mercredi après-midi sur l'usage présumé d'armes chimiques en Syrie, à la suite d'allégations de l'opposition syrienne selon lesquelles une attaque au gaz neurotoxique ait fait des centaines de morts en banlieue de Damas, une information démentie par le régime syrien. » (Source : Grands titres, Radio Canada)
Prenons le pétrole : Régurgitation de liquide noir à proximité d’un ancien puits de forage, colmaté depuis 40 ans aux îles de la Madeleine, plage Sandy Hook. « Le pétrole se conserve durant des décennies sous le sable. C’est peut-être la SOQUEM qui, en cherchant du sel en 1973, est tombée sur du pétrole et ne l’a pas dit, c’est peut-être un déversement lors du forage ou même des résidus de la Irving Whale. Tout est possible. il ne fait aucun doute qu’il s’agit de pétrole.» (Émilien Pelletier, professeur à l’Université du Québec à Rimouski membre de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie marine)
Prenons le nucléaire : C'est la première fois depuis la catastrophe à la centrale de Fukushima-Daiichi, la plus grave de l'histoire du nucléaire civil après celle de Tchernobyl en 1986, que l'autorité de sûreté nucléaire nippone diffuse une alerte Ines. Tepco, la société qui gère la centrale, a annoncé mardi que l'eau qui continue de s'échapper du réservoir est contaminée à un point tel qu'une personne se tenant à 50 centimètres recevrait en une heure une radiation cinq fois supérieure au niveau annuel maximal toléré au Japon pour les employés du secteur nucléaire. » (Source : Grands titres, Radio Canada)
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La semaine dernière à la biblio, j’ai choisi Haïku du XXe siècle, Le poème court japonais d’aujourd’hui par Corinne Atlan et Zéno Bianu (Éd. Poésie/Gallimard, 2007). L’anthologie regroupe des poètes ayant connu la fracture de Hiroshima ou nés après 1945.
«Les haïjin* présentés ici ont vécu ce siècle dans leur chair. Ils ont été blessés au front, ils ont connu la prison, la maladie, les deuils, les grands tremblements de terre. Ils témoignent aussi bien de l’extrême pauvreté qui caractérise l’immédiat après-guerre que de la reconstruction des villes et de l’expansion industrielle qui a suivi; ils nous parlent aussi bien d’un Japon sensuel et joyeux qui perdure, avec ses fêtes populaires, ses femmes en kimonos et ses ex-voto naïfs déposés à l’entrée des sanctuaires, que d’un Japon plus sombre où sévissent pollution, chômage, et où s’effondrent les valeurs traditionnelles. »
* Ce terme différencie les « auteurs de haïku » des « poètes » classiques ou contemporains, appelés shijins. Le XXe siècle a vu s’épanouir le haïku sans mot-saison (muki-haïku) et le haïku de forme libre abandonnant le découpage classique en 5/7/5 syllabes.
Extraits de l’avant-propos
Autant et peut-être plus encore qu’un poème, le haïku est un mode de vie, un style d’être, une approche sensuelle du monde. Il est – et c’est sans doute ce qui fait encore toute sa force aujourd’hui – une initiation à la vie poétique, à une perception autre des êtres et des choses. Cette vie plus vaste que la vie, cette « vraie vie », si chère à Rimbaud, les meilleurs haïkus semblent nous en donner la clé – à la fois clé de sol et clé des champs. Comme s’ils ouvraient une brèche dans la réalité pour en prélever la part la plus juste. Comme s’ils étaient le lieu d’une exceptionnelle synergie entre rigueur formelle et densité émotionnelle. (…)
Le haïku, poème condensé s’il en est, joue d’une sidérante indistinction entre « parole ordinaire » et « parole poétique ». Tout communique – tout communie. Les petits et les grands chaos du monde entrent dans l’écriture et l’imprègnent sans réserve. De sorte que tout haïku réussi nous apparaît comme un tremplin de méditation – traduisant au mieux ces moments où, saisis d’une évidence bouleversante, nous remarquons une fêlure sur le verre de la réalité. (…)
…Bashô nous invite à écrire un haïku « comme on abat un grand arbre, comme on désarme un adversaire, comme on fend une pastèque, comme on engloutit une poire ».
« Dans les vrais poèmes on ne trouve aucune autre unité que celle du fond de l’âme. (…) La poésie = le fond de l’âme révélé. » (Bernard Noël, À vif enfin la nuit)
L’illimité n’est jamais ailleurs que sous nos pieds – voilà ce que semble nous dire le haïku contemporain, proche, plus que jamais, de la fameuse injonction rimbaldienne : « fixer des vertiges ». Loin, bien loin de la culture de masse centrée sur le kitsch et le quantifiable (…). Extraordinaire persistance à travers les siècles d’un genre littéraire capable d’éveiller en nous une conscience de la vie comme miracle. De réanimer notre puissance d’intuition.
Sélection
Difficile de mourir
difficile de vivre –
lumière de fin d’été
~ Mitsuhashi Takajo
Juste avant le grand tremblement de terre
tout le monde
a rêvé
~ Sugiura Keisuke
Hiroshima –
j’ouvre enfin la bouche
pour manger un œuf
~ Saitô Sanki
Près de la gare
j’ai trinqué
avec cete époque aveuglante
~ Hoshinaga Fumio
La gare
pierre tombale des hommes –
tout s’embrume
~ Hoshinaga Fumio
Demain viendra toujours –
je songe à la marée basse
sans aller la voir
~ Yamaguchi Hatsujo
Ce jour-là
le ciel brûle –
une marche traverse
l’Arc de la Mort
~ Takayanagi Shigenobu
Pas le moindre coin d’ombre –
je marche
en ce quinze août
~ Sugawa Yôko
Nattes en paille de riz –
au dos de son tee-shirt
« PEACE »
~ Fuyuno Niji
Le ventilateur –
il tourne seulement
pour les vivants
~ Mayuzumi Shû
Pendu
dans une toile d’araignée –
le ciel de l’après-guerre
~ Suzuki Shin ’ichi
Mon père et ma mère ne sont plus –
la porte de derrière s’ouvre
sur la montagne aux arbres morts
~ Iida Ryûta
Pendant un moment
on ne la voyait plus –
la terre de mon pays détruit
~ Watanabe Hakusen
Faudra-t-il
traverser les nébuleuses
pour trouver un jardin de pierres?
~ Kimura Toshio
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