~ Charlotte
Joko Beck
Le commentaire récent d’un lecteur (article) à propos de mon introduction (publiée en avril 2010), m’a donné envie d’en reproduire un
extrait.
- Parce que c’était avant le PB Oil Spill, avant Fukushima,
et avant plusieurs autres catastrophes qui se sont additionnées au gros lot.
- Parce que notre superficialité continue de nous cacher la
forêt.
- Parce que, quand on suit les méandres de l’équipe du SEDNA,
l’on se rend bien compte que personne ne bouge le petit doigt.
- Et qu’il faudrait peut-être en tenir compte au vote.
J’ai publié de nombreux articles sur ce blog. Ils reflètent
ma perception du moment, et celle-ci a parfois changé par rapport à certains
enjeux. Par contre, cette introduction reste valide pour moi – et de plus en
plus d’ailleurs.
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Où en sommes-nous?
Soyez rassurés, ce blog ne sera pas sombre d’un bout à
l’autre en dépit de la gravité du bilan de santé d’une planète qu’on pourrait
croire en phase terminale. Nous sommes encore les propriétaires de notre tête,
que je sache, et nous pouvons donc choisir ce que nous mettons dedans. D’ici la
fin de cette civilisation en déclin, continuons d’utiliser notre créativité et
cultivons l’humour; les arts et l’humour sont d’excellents antidépresseurs,
beaucoup plus efficaces que le Prozac.
Néanmoins, il faut reconnaitre que regarder une biosphère en
dérive s’écrouler sous notre nez est passablement lugubre. En résumé, le mépris
et l’irrespect du vivant (humains, animaux, nature) ont atteint un paroxysme.
La violence, la corruption et le déni culminent. Les hommes se sautent à la
gorge les uns et les autres au moindre prétexte. Les vieux systèmes patriarcaux
échafaudés sur le mensonge agonisent. Les tyrans politiques, financiers,
religieux et scientifiques pullulent, de même que les petits dictateurs de
l’entourage individuel – boulot, famille, etc. À l’heure actuelle, il y a des
barbaries plus graves et qui tuent plus de monde que toutes les pandémies de
grippe réunies; pourtant, aucun vaccin en vue… Sur l’échiquier du pouvoir,
l’ultime bataille pour dominer la terre se joue entre quatre principales
nations. Qui l’emportera : Dumpling, Pita, Bagel ou Burger? Par ailleurs, il va
sans dire que les bizarreries climatiques, la surpopulation et la disparition
rapide d’innombrables espèces et écosystèmes multiplient les problèmes; cela
ressemble étrangement à un suicide collectif… inconscient.
Déjà dans les années 60, certains biologistes et
scientifiques sonnaient l’alarme. Je pense notamment à Rachel Carson dont le
livre Silent Spring prédisait que
l'empoisonnement graduel et irréversible des écosystèmes rendrait la terre
impropre à toute vie - merci aux hydrocarbures chlorés et organophosphorés! Son
livre publié en 1962 aura 50 ans en 2012; étrange coïncidence, non? N'écoutant
rien, nous avons continué de foncer dans le mur, la pédale de l’accélérateur
collée au plancher. Avec le pétrole combiné au nucléaire, nous fonçons
désormais vers l’extinction à la vitesse de la lumière. Et bien sûr, avant d’y
aboutir, nous aurons détruit et siphonné la terre jusqu’au dernier centimètre
carré. Aussitôt que des prospecteurs découvrent des mines et des gisements
inexploités, tout le monde applaudit parce que cela signifie qu’on peut
continuer, au moins pour un temps, à vivre de la même manière toujours sans se
soucier des conséquences. Y a-t-il encore des humains assez naïfs pour croire
que notre mode de vie barbare et archaïque (malgré toute la technologie, rien
n’a changé sauf le décor) se poursuivra indéfiniment? À quoi sert une
intelligence prétendument supérieure qui ne sert qu’à nous exterminer tous
autant que nous sommes? Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas la
sagesse qui nous tuera, et nous n'avons pas besoin d'une boule de cristal ni
d'un calendrier Maya pour prédire un futur déjà présent...
Peut-on récupérer l’irrécupérable, décrotter
l’indécrottable? La terre choisira-t-elle de balancer dans le cosmos les
parasites qui l’ont outrageusement violée et dévastée? Est-elle écœurée des
bains de sang et des massacres, lasse d’héberger des visiteurs qui ne songent
qu’à l’exploiter et à perpétuer la guerre au nom du profit? Hum… un vrai
suspense de série noire.
Parfois je me dis que nous ne méritons pas de vivre sur
cette planète, et que si nous disparaissions massivement pour plusieurs
centaines d’années, davantage si nécessaire, la terre pourrait bénéficier d’un extreme makeover. De grâce cependant,
épargnons-lui l’Arche de Noé.
Et puis, selon une perspective élargie, toute cette folie
déambulatoire ne serait-elle pas le signe qu’il est temps de passer à autre
chose? Il n’y a pas de changement sans destruction de l'ancien, tel que
l'insinue Jane Roberts à la fin de cet article.
Terminons ce bref tour d’horizon avec quelques textes choc,
différents mais d’égale perspicacité. Je suis loin d’être convaincue que la
peur de l’extinction suffira pour que l’humanité se mette au boulot comme le
suggèrent Krishnamurti et Fred Varga. Une fois que nous serons tous égaux dans
la dèche, à moitié ensevelis sous des boues de pétrole et des déchets
nucléaires, pratiquerons-nous la coopération désintéressée? J’en doute. Comme
dans Soylent Green ou The Road, la compétition et la prédation
resteront la commune mesure.
Pour lire les extraits d’auteurs – visitez l’onglet «Introduction»
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