17 février 2022

La colline parlementaire n’est pas un parking pour poids-lourds

Que faire des mastodontes stationnés à Ottawa? Réponse des décideurs : «La plupart de nos problèmes n’ont pas de solution, ou bien les solutions sont pires que les problèmes eux-mêmes.» (Ashleigh Brilliant)  

«Une foule, c'est quoi? c'est rien, des pécores inoffensives si on leur cause yeux dans les yeux. Mais mis ensemble, presque collés les uns sur les autres, dans l'odeur des corps, de la transpiration, des haleines, la contemplation des visages, à l'affût du moindre mot, juste ou pas, ça devient de la dynamite, une machine infernale, une soupière à vapeur prête à péter à la gueule si jamais on la touche.» (Philippe Claudel / Les âmes grises, Stock, 2003)

L’usage de la Loi sur les mesures d’urgence doit être avalisé par la Chambre des Communes et le Sénat. Le débat débute aujourd’hui (17.02.2021) :  

Même si le débat s'annonce long et houleux, l'issue du vote ne fait aucun doute aux Communes. Contrairement au Parti conservateur et au Bloc québécois, le Nouveau Parti démocratique a déjà annoncé qu'il votera avec le gouvernement pour la délégation de pouvoirs supplémentaires aux forces de l'ordre.

     Cependant, rien n'est joué à la Chambre haute, où les sénateurs disposent généralement d'une plus grande indépendance que leurs collègues députés.

     D'ailleurs, plusieurs d'entre eux, comme Julie Miville-Dechêne et Clément Gignac, ont partagé leurs réserves avec Radio-Canada mercredi. «C'est de voir si on ne va pas prendre un canon pour tuer une mouche», a lancé pour sa part le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu. [...]

     En faisant le point sur les divers fronts, [los du point de presse de mercredi] le ministre Mendicino a rappelé que 13 personnes avaient été arrêtées en début de semaine à Coutts, en Alberta, dont 4 sont maintenant accusées de complot pour assassinat de policier.

     Il a aussi rappelé la saisie d’armes à feu, de munitions, de gilets pare-balles, de chargeurs à haute capacité et d'une machette appartenant aux manifestants albertains.

     «La saisie des munitions et les arrestations évoquent le caractère criminel sous-jacent des occupations», a-t-il estimé. "Loin des médias sociaux et des caméras de télévision, il y avait une réelle criminalité sous-jacente. Le danger était concret.»

     Le ministre a ajouté que les manifestations avaient des liens avec une organisation d’extrême droite dont les leaders, basés à Ottawa, souhaitent imposer leurs propres valeurs au détriment de la démocratie. «C’est un groupe organisé, agile, expérimenté, qui est animé par une idéologie extrémiste», a-t-il mentionné.

     Cela étant dit, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) agira de façon «responsable et proportionnelle» pour mettre fin de manière pacifique aux barrages, a-t-il assuré.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1862718/blocages-convois-cammionneurs-motion-parlement

Caricature : Serge Chapleau «Les enfants des blocages» / La Presse 17.02.2022

Il y aurait une centaine d’enfants qui vivent dans les camions, car les manifestants les utilisent comme protection contre les opérations de démantèlement policières. Odieux! À l'image du niveau d’inconscience de ces abrutis! 

Aux dernières nouvelles, Tamara Lich, une licheuse de fonds hors du commun, est prête à jouer les martyrs, c’est-à-dire à être emprisonnée pour la cause. On va pleurer... Dans une vidéo du 16 février, la main sur le cœur, elle remercie les camionneurs en pleurant de gratitude. Ils vont sûrement la canoniser, la prenant pour un instrument de «la main de Dieu».

Évidemment la plupart des conservateurs soutiennent les camionneurs – ouvertement ou à la dérobée.  

«Convoi de la liberté» : le bordel se poursuit à Ottawa comme si de rien n’était / Des enfants sont utilisés comme des boucliers

Journal de Montréal 12 février 2022

Les citoyens de la capitale n’en peuvent plus de l’occupation des camionneurs et du bruit persistant

     Pendant que les autorités sortaient l’artillerie lourde afin de tenter de chasser les manifestants du pont Ambassador, à Windsor, samedi, la fête a continué de plus belle sous l’œil impassible des policiers dans les rues d’Ottawa paralysées par les poids lourds.

     Une ambiance de carnaval d’hiver régnait au centre-ville parmi les camions immobilisés, alors que des milliers de personnes étaient venues se joindre au mouvement de contestation des mesures sanitaires qui dure depuis maintenant 16 jours. 

     Bien à leur aise, des protestataires du Québec se prélassaient même dans un spa gonflable avec une vue imprenable sur le parlement canadien. L’importante foule rendait difficiles les déplacements à pied sur la rue Wellington.

     Et, comme les fins de semaine précédentes, les enfants étaient nombreux aux côtés de leurs parents.

     En soirée, des feux d’artifice ont éclaté dans le ciel pendant que de la musique jouait à tue-tête. Malgré une injonction, les klaxons se faisaient entendre bruyamment.

Pour l’image

«Surtout le week-end, les organisateurs essaient de projeter une image qu’ils ne sont pas dangereux», rappelle Charles Bordeleau, ex-chef du Service de police d’Ottawa.

     Cette atmosphère surréelle contrastait avec celle qu’il y avait aux alentours du pont Ambassador, à Windsor, où les camionneurs entravent la circulation depuis lundi.

     Après une injonction accordée la veille pour expulser les manifestants, un grand déploiement de policiers a commencé à les repousser au petit matin.

     «C’est là qu’on voit que l’économie est plus importante que la qualité de vie des citoyens», lance une résidente d’Ottawa qui a refusé de se nommer par crainte pour sa sécurité.

Exaspérés

Des centaines d’Ottaviens exaspérés, voire apeurés par la présence du convoi, ont organisé une marche samedi après-midi pour exprimer leur ras-le-bol. Ils n’ont pas voulu s’approcher du centre-ville, de peur que ça dégénère.

     «Il y a des groupes radicaux qui contrôlent l’organisation. Et ils violent les lois sans conséquence, lance Natalia, qui n’a voulu donner que son prénom. C’est inacceptable.»

     Pour sa part, Ling ne se sent plus en sécurité dans son propre quartier : «Je cours pour aller faire l’épicerie. Quand je porte un masque, des gens me crient : “Enlève ça!”» déplore-t-elle.

Des enfants sont utilisés comme boucliers 

La présence d’une centaine d’enfants qui vivent au cœur du convoi pour la liberté est une stratégie délibérée qui a pour but de compliquer le démantèlement de l’occupation d’Ottawa, selon des experts.

     «Amener des enfants, c’est purement stratégique pour soigner leur image et adoucir la situation. Et ça complique les options d’opérations policières», explique André Gélinas, policier retraité de la Ville de Montréal.

    Plus tôt cette semaine, le Service de police d’Ottawa estimait qu’environ 25 % des camionneurs ont des enfants à bord, pour un total d’environ une centaine. La Société de l’aide à l’enfance d’Ottawa a d’ailleurs reçu plusieurs signalements.

Week-ends familiaux

Samedi après-midi, des jeux gonflables avaient été prévus pour eux. Une tente munie de chaufferettes a été montée pour les réchauffer, où l’on distribuait aussi des livres à colorier.

     Un peu plus loin, une clown gardait un œil sur une dizaine d’entre eux qui s’amusaient dans des modules en plastique à quelques mètres des poids lourds.

     En plus de s’en servir pour polir leur image, ceux qui paralysent Ottawa depuis 16 jours utilisent les enfants comme boucliers humains, estime André Gélinas.

     Leur simple présence empêche les policiers d’utiliser la force pour démanteler l’occupation, explique le sergent-détective en précisant qu’il s’agit d’une stratégie bien connue.

Complexe d’intervenir

«Utiliser la force, des gaz dispersants ou des grenades assourdissantes en leur présence devient bien plus complexe. Les conséquences peuvent être bien plus sérieuses pour leur santé notamment», explique-t-il.

     «C’est une tactique utilisée et ça démontre jusqu’où [les camionneurs] sont prêts à aller pour frustrer et déranger notre communauté», renchérit Charles Bordeleau, ex-chef du Service de police d’Ottawa. 

     Plusieurs citoyens d’Ottawa présents à une contre-manifestation y voyaient une stratégie totalement inacceptable.

https://www.journaldemontreal.com/2022/02/12/convoi-de-la-liberte-une-journee-comme-les-autres-malgre-le-decret-a-ottawa

Des journalistes et chroniqueurs doutaient de la provenance étrangère de financement pour le «Convoi de la liberté».

La majorité des dons du «convoi de la liberté» viennent de l’étranger

Anne-Marie Provost et Sandrine Vieira / Le Devoir 15 février 2022

L’identité des milliers de personnes ayant fait un don au mouvement du «Convoi de la liberté», qui proteste contre la vaccination obligatoire et les mesures sanitaires au Canada, a fait l’objet d’une fuite. Une compilation effectuée par Le Devoir montre que la majorité des donateurs proviennent de l’extérieur du pays.

     Plus de 8 millions de dollars US, soit plus de 10 millions en dollars canadiens, avaient été récoltés sur la plateforme de sociofinancement chrétienne GiveSendGo. Le groupe Distributed Denial of Secrets (DDoS) a divulgué la liste des donateurs, dimanche en soirée. L’imposant fichier réunit les noms des 92 844 donateurs, leur adresse courriel, leur pays, leur code postal, le montant du don ainsi que la date.

Selon une analyse des données réalisée par Le Devoir, la majorité des dons proviennent des États-Unis, pour un total de 51 600. En comparaison, un peu plus de 36 000 dons viennent du Canada. Notons qu’il est impossible de vérifier l’exactitude des informations contenues dans le fichier piraté.

     Les donateurs canadiens ont toutefois été plus généreux : leurs dons totalisent 4 311 287 $US, contre 3 626 224 $US en provenance des États-Unis. Le don le plus généreux des États-Unis se chiffre à 90 000 $US.

     Le donateur canadien le plus généreux a quant à lui fait un don de 75 000 $US. Brad Howland, président de Easy-Kleen Pressure Systems au Nouveau-Brunswick, a confirmé avoir octroyé ce montant dans une déclaration à différents médias.

Suite :

https://www.ledevoir.com/societe/674535/convoi-des-camionneurs-la-majorite-des-donateurs-sont-de-l-etranger

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