Les camionneurs m’agacent. En particulier les brutes qui polluent les villes au bruit des klaxons tonitruants et au diésel délétère. On voit à quel point certains abrutis méprisent les gens qu’ils perturbent. Ils ne tiennent aucun compte des droits individuels et collectifs. De quelle libârté s’agit-il?
Photo : france.rt
La chef par intérim du parti conservateur du Canada m’agace aussi. Une fanatique plus à droite que la droite, et plutôt rétrograde semble-t-il. Anti avortement, anti contrôle des armes à feu, homophobe, et j’en passe. Pas étonnant de la voir porter une casquette MAGA. Méfions-nous des admirateurs de QAnon et Donald Trump (1).
Photo : Bergen / MAGA
Dommage que le leader de l'opposition officielle (PCC) Gérard Deltell ait quitté son poste, c’est peut-être le seul conservateur qui ne prend pas l'ouverture d'esprit pour une fracture du crâne!
Caricature : Graeme MacKay / 03.02.2022Candice Bergen feint un changement de ton à l’ombre de ses déclarations récentes
Marie Vastel à Ottawa / Le Devoir 4 février 2022
La toute nouvelle cheffe intérimaire du Parti conservateur du Canada, Candice Bergen, a voulu présenter un visage plus conciliant au lendemain de son élection. Mais son appui public au convoi de camionneurs qui occupe le centre-ville d’Ottawa et celui de membres de son caucus ont rapidement rattrapé les conservateurs.
Le ton était calme, les propos posés, pour la première période de questions de la cheffe Bergen. La successeure par intérim d’Erin O’Toole – lequel a été destitué par son caucus mercredi – a reproché au premier ministre Justin Trudeau de ne pas avoir de plan de sortie de crise pour convaincre les manifestants de quitter Ottawa. «Nous parlons d’une impasse sur la colline du Parlement. Nous devons avoir des solutions. Il faut qu’il y ait une main tendue : où est-elle?» a répété Candice Bergen sans jamais hausser le ton.
En début de semaine, toutefois, le discours était tout autre. Mme Bergen a publié sur Twitter des clichés la mettant en scène aux côtés de camionneurs et de manifestants de sa province. «Ils méritent d’être entendus et ils méritent d’être respectés», écrivait la députée manitobaine.
Plusieurs conservateurs ont eux aussi appuyé le convoi, et ce, malgré quelques drapeaux aux croix gammées et une occupation qui s’étire. Certains élus estiment que les manifestants ont livré leur message et qu’ils devraient maintenant partir, mais ils ne s’offusquent pas que Mme Bergen leur ait offert un soutien si enthousiaste.
Le ton de Mme Bergen contrastait mercredi avec ses propos tenus aux Communes lundi. Elle avait alors appelé le premier ministre à rencontrer les manifestants, affirmé que tous condamnent «les gestes de haine et de destruction commis dans toute manifestation» et cité comme exemples «le déboulonnement de la statue de sir John A. [Macdonald]» ou encore «des drapeaux du Hezbollah ou des drapeaux nazis».
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a qualifié cette comparaison de «ridicule» et de «complètement obscène».
La nouvelle cheffe intérimaire se serait opposée lundi à ce que le Parti conservateur invite les manifestants à plier bagage, selon un courriel adressé à ses collègues et dont le Globe and Mail a obtenu copie. Cette possibilité aurait de nouveau été discutée jeudi, mais aucune décision n’aurait été prise, selon les informations du Devoir.
Mme Bergen n’est pas la seule à s’être attiré les critiques. Trois élus conservateurs et l’unique sénatrice du parti en Saskatchewan se sont aussi fait prendre en photo avec un camionneur près du parlement mercredi soir. Le maire d’Ottawa, Jim Watson, les a aussitôt accusés sur Twitter de «faire l’éloge de cette activité illégale» qui soumet les résidents du centre-ville au harcèlement de manifestants et au bruit de klaxons incessant depuis maintenant une semaine.
L’une des députés, Rosemarie Falk, a rétorqué qu’elle «rejette la thèse que des élus ne doivent pas rencontrer, par exemple, des Saskatchewanais qui ont traversé le pays pour être ici afin de porter leur message qu’ils veulent pouvoir travailler».
Bref, Candice Bergen ouvre largement la voie au candidat d’extrême droite Pierre Poilievre, qui a lui aussi fermement appuyé le «convoi de la liberté» qui paralyse la capitale fédérale. Un populiste libertarien? Les anciens du clan Harper se réjouissent de sa candidature. Il sera intéressant de surveiller les chevaux dans leur course au leadership.
ICI Radio-Canada nouvelle : Le député Pierre Poilievre a annoncé qu’il se lance dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada. Il en a fait l’annonce dans une vidéo diffusée sur Twitter samedi.
M. Poilievre, qui est député de la circonscription ontarienne de Carleton depuis 2015, espère ainsi succéder à Erin O’Toole, qui a été démis de ses fonctions mercredi.
Il a été remplacé par Candice Bergen, qui occupe la fonction de cheffe intérimaire de l’opposition officielle à Ottawa.
Il souhaite «faire du Canada le pays le plus libre au monde», ajoutant que les citoyens devraient avoir «la liberté d’élever [leurs] enfants avec [leurs] propres valeurs», et de faire leurs «propres choix en matière de santé et de vaccination».
Le candidat à la chefferie conservatrice estime que «ceux qui ont le pouvoir, les gouvernements, les médias contrôlés par l’État, les groupes d’intérêts, les grosses corporations, vont se battre pour le garder».
S’il est élu, M. Poilievre dit vouloir faire du Canada «un pays où le gouvernement est le serviteur, et où les citoyens sont les maîtres».
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860087/parti-conservateur-leadership-pierre-poilievre
Photo : Pierre Poilievre
Poilievre s’est démarqué en 2020 en publiant une pétition à saveur complotiste contre Justin Trudeau. Interprétant à sa guise une déclaration du premier ministre il en profité pour afficher sa profonde aversion envers lui et son gouverment.
Une théorie du complot s’infiltre dans les rangs des conservateurs
Boris Proulx à Ottawa / Le Devoir 21 novembre 2020
La crainte d’une prise de pouvoir imposée par une «grande réinitialisation» de l’économie après la COVID-19, menée par nul autre que Justin Trudeau, sort des coins sombres du Web pour se tailler une place au sein du Parti conservateur du Canada.
«Les Canadiens doivent se défendre contre les élites mondiales qui se nourrissent des peurs et du désespoir des gens dans le but d’imposer leur prise de pouvoir» : telle est l’invitation lancée par le député conservateur d’Ottawa Pierre Poilievre à une pétition visant à «arrêter la grande réinitialisation».
En moins de 72 heures d’existence, la pétition hébergée sur le site Web de M. Poilievre comptait 80 000 noms.
L’indignation tire son origine de propos tenus par Justin Trudeau lors d’un discours à l’ONU, récemment réapparu sur les réseaux sociaux et dans les médias d’extrême droite en ligne. Le premier ministre parle de «l’occasion d’une réinitialisation» (reset), une expression qui rappelle le titre d’un sommet du Forum économique mondial, prévu en janvier, sur une reprise économique plus juste, durable et résiliente après la pandémie. En début de semaine, le seul parti à s’être scandalisé de ce discours était le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier.
Le chef de l’opposition à Ottawa, Erin O’Toole, n’a pas endossé la pétition du député Poilievre. Questionné à ce sujet, son bureau réfère à une vidéo mise en ligne mercredi dans laquelle le chef conservateur commente lui aussi les propos de M. Trudeau.
«Justin Trudeau et les libéraux veulent utiliser la pandémie pour faire une expérimentation massive et risquée afin de refaire l’économie. Ce n’est pas le moment de «réimaginer» l’économie […] une fois que la pandémie sera derrière nous, nous devrons rebâtir le plus rapidement possible.»
Selon le politologue spécialiste du mouvement conservateur, Frédéric Boily, Erin O’Toole «est encore en train de chercher ses repères» sur la question de la mondialisation.
«Depuis longtemps, on accorde un pouvoir démesuré à ces organisations [comme le Forum économique mondial], analyse le professeur à l’Université de l’Alberta. Autrefois, l’idée que les grands de ce monde se réunissaient pour tout décider, c’était plutôt du côté de la gauche ou de l’extrême gauche, mais on voit maintenant un transfert vers la droite ou l’extrême droite.»
Théorie du complot?
Pour le premier ministre Justin Trudeau, ces critiques de la «réinitialisation» représentent des théories de la conspiration.
«À travers le monde, des gens cherchent des raisons et des solutions qui, des fois, sont des théories du complot. Si des députés conservateurs veulent se concentrer sur des théories de conspiration et du complot, ils peuvent évidemment. Nous allons nous concentrer sur les Canadiens.»
M. Trudeau a précisé sa pensée sur la réinitialisation. Il indique qu’on doit «s’ajuster pour mieux aider tout le monde» et «s’améliorer en tant que pays» durant la pandémie, par exemple sur le thème des changements climatiques. «Oui, c’est un moment pour réfléchir à comment bâtir un monde encore meilleur que celui dont on a hérité de nos parents. C’est toujours ce que je fais.»
Le député de Carleton, Pierre Poilievre, n’a pas retourné les appels du Devoir. Dans un échange de tweets avec une journaliste parlementaire, il nie propager de fausses informations. Avec en guise de preuves des propos hors contexte du premier ministre et des publications du Forum économique mondial, M. Poilievre conclut que Justin Trudeau instrumentalise la pandémie pour «imposer son programme idéologique risqué» et «menacer le mode de vie des gens.»
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(1) À la suite de l’élection de Donald Trump en 2016 je trouvais hallucinant qu’un pays de cette envergure se ridiculise au point de laisser la responsabilité de la destinée de sa population à un ignoble goujat, menteur, macho notoire et belliqueux qui gérait la nation à coups de tweets haineux, racistes et injurieux et d’âneries dignes du préscolaire... À mon avis ce type aurait dû être interné dans un asile psychiatrique.
Mais pourquoi les Républicains avaient-ils présenté ce lugubre bouffon comme candidat à la présidence? Ils ne le connaissaient pas du tout? «Des agressions sexuelles? Pas à notre connaissance... nous n’avons reçu aucune plainte à ce propos», disaient-ils. «De la fraude fiscale? Voyons! Nous n’en savions rien! Ne nous demandez pas où est passé l’argent, nous n’en avons aucune idée!»
Il y avait de quoi douter du QI des représentants républicains. Quant aux électeurs qui ont réélu Trump en 2020 parce qu’ils n’avaient rien compris, un seul commentaire : «le cerveau est comme un forfait Internet, c’pas tout l’monde qui a la haute vitesse illimitée!»
Trump a sans doute souffert d’une sinistrose aiguë après sa défaite. Cet état d’esprit favorise les ruminations. Dans son cas, c’était la certitude d’un complot contre lui – il croyait que les résultats avaient été truqués.
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Est-ce- possible!
Les trumpistes de Québec et d’Ottawa
Loïc Tassé / Journal de Montréal
Les trumpistes sont ceux qui croient que les gouvernements, les médias et les élites de toutes sortes masquent la vérité et manipulent la population. Ils croient aussi que leurs positions libertariennes minoritaires sont majoritaires.
Sur cette base, ils s’estiment justifiés de mener des révolutions violentes pour faire triompher leurs idées.
Aussi quelques centaines de personnes assiègent-elles Ottawa avec la prétention de renverser les décisions de politiques sanitaires d’un gouvernement légitimement élu.
La même pseudo-logique anime les contestataires qui se sont massés à Québec.
Trump a d’ailleurs reconnu la paternité de ces mouvements en qualifiant Justin Trudeau de «fou d’extrême gauche». Trudeau a bien des défauts, mais il n’est ni fou ni d’extrême gauche.
-- Article très instructif, sachant que les Canadiens tout comme les Américains pourraient se faire prendre au jeu :
https://www.journaldemontreal.com/2022/02/07/les-trumpistes-de-quebec-et-dottawa
Poilievre s'approprie ce genre de discours mot pour mot :
Les théories complotistes reposent toutes sur les mêmes scénarios et les mêmes schémas : elles sont latentes, mais prennent de l’ampleur en période de crise ou à l’occasion d’un événement dramatique; elles sont propagées par des marginaux ou des intellectuels déclassés; elles postulent l’existence de forces occultes qui se sont développées au sein de l’élite et qui fomentent une ou des conspirations ayant pour objet le contrôle des esprits ou la dictature; et elles appellent à la résistance contre ces puissances maléfiques qui menacent l’enchantement du monde.
De plus, à l’instar des gnostiques du IVe siècle, qui se percevaient comme une minorité ayant perçu l’étincelle divine, les complotistes croient faire partie d’une élite éclairée, quoique méprisée, qui a déchiffré le réel au-delà des apparences et possède ainsi une connaissance qui les rend plus sagaces que la majorité.
La pensée complotiste a pour fonction, au moyen de l’invention d’une machination qui n’existe que dans l’imaginaire, d’organiser un contre-complot visant à mobiliser les masses dans le but de détruire les forces conspiratrices et de rétablir l’enchantement, perturbé ou menaçant de l’être par ces «maîtres du monde sans scrupule».
En ce sens, il ne devrait surprendre personne que la plupart des complotistes militent dans des mouvements ou des partis marginaux qui prônent des «révolutions» visant à sauver ou à rétablir un ordre enchanté qui n’a jamais existé. Forme d’esprit critique dévoyé, la pensée conspirationniste est «une sublimation du religieux sous une forme sécularisée».
Les Américains doivent se tenir prêts, insiste QAnon, pour la riposte de Donald Trump [en 2024], une «tempête» imminente qui, à coups d’arrestations, fera tomber la machination et rendra le pouvoir au peuple.
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PRINCIPE DE BASE
«La conciliation entre les convictions personnelles, morales ou religieuses et la politique est aussi vieille que le monde. Mais, depuis un demi-siècle au moins, un principe s’est imposé : les politiciens ne doivent pas gouverner en fonction de leurs croyances morales ou religieuses, si sincères peuvent-elles être, mais en fonction de l’intérêt de tous les citoyens.
Les lois ne changeront pas, mais un député pourrait forcer le Parlement à tenir un débat sur un projet de loi restreignant l’accès à l’avortement ou donnant une nouvelle définition de ce qu’est un fœtus. Le seul fait de tenir un tel débat serait considéré comme une grande victoire pro-vie.» (Michel C. Auger, Radio-Canada)
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Comme des animaux blessés, ils
deviennent de jour en jour plus désespérés et dangereux
Le mouvement évangélique
[J’ignore le nom de l’auteur de l’article]
Les stratèges de l’Ouest comptent sur les fermiers et les pro-pétrole, des croyants et militants passionnés qui fournissent de loin le plus gros des troupes. Les croyances religieuses des conservateurs chrétiens structurent très largement leur pensée politique.
Dépassant largement les prises de position concrètes que l’on peut imaginer contre l’avortement ou en faveur d’écoles confessionnelles, la Christian Worldview est au cœur d’un ensemble d’attitudes politiques centrées sur la responsabilité individuelle, qui les pousse à tenir des propos hostiles à l’action gouvernementale et à faire confiance au libre-échange comme régulateur. Les chrétiens doivent s’opposer résolument à l’humanisme laïc (secular humanism) qui prédomine dans les sociétés modernes pluralistes. Le chrétien évangéliste, se définissant comme «nouveau chrétien» (born-again) (Stephen Harper en est un), cherche à mettre ses actions en conformité avec sa doctrine. En prônant une baisse de l’aide de l’État envers les particuliers, il pense que les individus laissés seuls, pourront mieux se réaliser. Il souhaite les voir quitter un état de dépendance entretenu par des aides bien intentionnées mais aux effets pervers. Le conservateur Brad Trost est radical dans sa critique de l’État providence, et ne craint pas d’affirmer que la pauvreté est la juste récompense divine du péché de la paresse.
Bien que statistiquement peu nombreux, les adeptes de la mouvance évangélique au Canada n’en représentent pas moins un poids politique certain, car ils comptent sur des personnes plus convaincues et mobilisées par rapport au reste de la population. «Ils sont en croisade!», lance André Gagné, professeur titulaire au Département d’études théologiques à l’Université Concordia.
Pour arriver à ses fins, la droite religieuse au Canada constitue des lobbys politico-religieux assez puissants pour attirer l’attention des députés et des ministres. C’est à cette adresse que loge par exemple l’organisme RightNow et son agenda pro-vie. «Nous sommes un groupe de stratèges passionnés qui comprend la nécessité de campagnes politiques efficaces qui donnent des résultats. Nous sommes inclusifs, nous sommes diversifiés et nous sommes ici pour gagner», peut-on lire sur son site Web.
Une autre coalition de mouvements chrétiens, TheCry, est également très active. Fondée par Faytene Grasseschi, figure très connue dans le monde évangélique, elle organise des 24 heures de prières à Ottawa afin que le Canada puisse être dirigé par des ministres et des députés dévoués à Dieu.
TheCry n’est pas le seul mouvement à prier et à militer pour l’avènement d’un gouvernement chrétien à Ottawa. Créée en 2005, la National House of Prayer a constitué au fil des ans un vaste réseau de croyants partout au Canada. La National House of Prayer assistait à la période de questions et, du haut de la tribune réservée au public, priait pour les députés et les ministres.
Le professeur André Gagné s’intéresse également à la coalition qui se fait appeler The West Coast Christian Accord qui s’est formée en 2018. Composée de pasteurs évangéliques de partout au Canada, elle leur propose de signer une «déclaration de foi concernant l’autorité des Écritures sur l’identité de genre et la sexualité humaine».
«Ma première réaction serait de penser que les chrétiens de droite motivés par leurs croyances sont trop minoritaires au sein de la société canadienne pour avoir une influence forte dans d'autres régions du Canada», croit pour sa part Andrew Ives. Il soutient toutefois qu’il est «incontestable» que les chrétiens évangéliques cherchent à convertir d'autres [individus] et qu’il s’agit là d’un «élément fondamental de leur foi». «C'est sûr que certains chrétiens évangéliques voudraient infiltrer des partis politiques et que, par affinité, ils viseraient le Parti conservateur et le Parti populaire du Canada, affirme-t-il. On peut noter qu'un mouvement de chrétiens antiavortement était actif au sein du Parti libéral dans les années 1990. Il est incontestable que les chrétiens évangéliques œuvrent pour transformer la société»
Le documentariste Jon Kalina, réalisateur du documentaire de 2014 intitulé La droite religieuse au Canada, souligne dans une entrevue accordée à Présence que ces mouvements chrétiens sont comme des lobbys. «Ils ne sont pas disparus il y a cinq ans, dit-il. Ils existent, tout comme d’autres lobbys au Canada. Nous pouvons discuter de leur véritable influence, mais une chose est certaine c’est qu’il y a bel et bien un lobby religieux au Canada.»
Même si sous le régime de Justin Trudeau la droite religieuse n’a pas beaucoup d’influence, Jon Kalina croit qu’il faut se demander quel accès au gouvernement elle aura sous d’autres premiers ministres. Il rappelle la présence dans plusieurs pays de ces mouvements qui se sentent obligés d’influencer les gouvernements en place. «Pour eux c’est une question de moralité, de vérité.»
Le documentariste ne croit pas cependant que la droite religieuse canadienne possède autant de pouvoir que celle des États-Unis. «Pourtant, elle a une influence. Pour des raisons liées à l’histoire du Canada, on n’a pas tendance à parler de cette réalité parce que cela ne fait pas très canadien de discuter de l’influence de la religion sur les affaires du pays. Toutefois c’est important d’en parler, surtout si ces groupes de pression ont de l’influence sur les politiques internationales et nationales.»
M. Gagné soutient aussi que la droite chrétienne favorise une perspective biblique et met en avant «des politiques ancrées dans la perspective que la bible est plus valable que la science». Le mariage de personnes de même sexe, l’avortement, les identités de genre, les droits LGBTQ+ et la liberté religieuse sont au cœur des inquiétudes de cette droite, explique-t-il.
Les groupes de la droite chrétienne ont pris de l’ampleur dans le paysage politique de certains pays, souligne-t-il. Aux États-Unis, 80 % des évangélistes blancs ont voté pour Donald Trump. Parallèlement, au Brésil, 70 % des évangélistes du pays ont voté pour Jair Bolsonaro. M. Gagné constate que certains groupes de la droite chrétienne aux États-Unis ont milité pour faire avancer des lois inspirées du nationalisme chrétien par l’intermédiaire du projet Blitz. Ainsi, depuis 2017, des motions du projet Blitz forcent des écoles publiques à afficher sur leurs murs la devise «In God we Trust».
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«À part le NPD, qui a appris à aimer les victoires morales, il n’y a pas de parti qui aime perdre. Depuis un demi-siècle, presque tous les chefs qui ont perdu une élection ont aussi perdu leur poste peu après. Mais au Parti conservateur, la défaite s’accompagne presque toujours d’un coup de volant vers la droite. Et celui qui va suivre le congédiement d’Erin O’Toole risque d’être plus prononcé que de coutume.» (Michel C. Auger / La Presse 3 février 2022)
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