C’était beau de voir ça. Notre système de justice est inadéquat et comporte des failles immenses. Pensons à Gilbert Rozon et Éric Salvail qui ont été acquittés, faute de preuve hors de tout doute raisonnable! Les avocats criminalistes sont les chacals du cirque juridique. Même quand ils savent que leur client est coupable, leur seul but sera de lui éviter la condamnation. En matière d’agressions sexuelles, pour ce faire, ils tentent de miner la crédibilité des victimes et de les déstabiliser en évoquant des stéréotypes méprisants, comme l’avait fait le juge Robin Camp.
Pourquoi les victimes (majoritairement des femmes) ne dénoncent-elles pas? Souvent par crainte qu’on ne les croit pas, car la plupart du temps c’est parole contre parole. Et l’indécrottable présomption d’innocence du présumé coupable fait en sorte que parfois ce sont les victimes d’agressions qui doivent prouver leur innocence! – elles pourraient avoir provoqué ou incité le viol ou l’agression (attitude, vêtements, etc.). Le monde à l’envers.
Wikipédia : Les stéréotypes sur le viol sont des idées reçues concernant l'agression sexuelle et le viol. Ils ont souvent pour conséquence d'excuser les agresseurs, de créer de l'hostilité envers les victimes, et d'affecter les décisions prises en tribunal. Les stéréotypes sur le viol ont une influence significative sur l'avis des jurés, des détectives, des juges, des criminels et des victimes. Ils poussent à blâmer la victime, lui faire honte ou remettre en cause son témoignage. Un mythe répandu est que ce que la victime porte peut mener à une agression sexuelle, ou que le viol est la faute de la victime si elle porte des vêtements peu couvrants. De même, on estime souvent que la victime est responsable de son agression si elle est sous l'emprise de l'alcool ou de drogues au moment de l'agression. En général, une victime de viol serait perçue comme responsable de son agression si elle s’était rendue seule dans la maison ou dans la voiture de son agresseur. https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9r%C3%A9otypes_sur_le_viol
Et si l’agresseur est connu du public et a du pouvoir, comme Nicolas Hulot par exmple, alors qui croira qu’un prédateur se cache derrière la face d’angelot (1)? Que faire de la solidarité masculine socioculturelle ou politique genre boys club? Les obstacles sont quasi insurmontables. Et le mensonge est maître.
«Tout vice a pour serviteur le mensonge. Le mensonge souligne et aggrave le tort qu'il espérait cacher.» ~ Eugène Marbeau (Remarques et Pensées)
Je recommande vivement ce documentaire. Peu importe s’il comporte des inexactitudes, ça ne change rien au fond du problème et ça ne peut aucunement empirer la mauvaise opinion que nous avons déjà de notre système de justice bancal.
LA PARFAITE VICTIME (documentaire)
Pourquoi les victimes d'agression sexuelle dénoncent-elles sur les réseaux sociaux? Une enquête cinématographique dans l’espoir d’un examen de conscience collectif.
Diffusé sur : https://ici.tou.tv/la-parfaite-victime/S01E01?lectureauto=1
Radio-Canada [a présenté] présentera La parfaite victime malgré les critiques d’avocats
Annabelle Caillou / Le Devoir 7 décembre 2021
Le milieu judiciaire est revenu à la charge lundi contre La parfaite victime. Des associations d’avocats et d’avocates de la défense ont demandé à Radio-Canada de retirer le documentaire de sa programmation mardi soir, l’accusant de véhiculer des faussetés et une «vision trompeuse de la justice». Leur requête a toutefois été rejetée par le diffuseur public.
«On peut à bon droit critiquer le fait que certains propos tenus dans le film ne soient pas rigoureusement conformes à la réalité. On peut être en désaccord avec le message ou le ton du film. Mais cela ne saurait en aucun cas constituer un motif suffisant pour empêcher sa diffusion », a indiqué le porte-parole de la société d’État, Marc Pichette, dans un courriel envoyé au Devoir lundi.
Dans une lettre adressée à la haute direction de Radio-Canada et transmise à l’ombudsman du diffuseur public plus tôt dans la journée, les présidents de quatre associations d’avocats et d’avocates de la défense – notamment de Montréal-Laval-Longueuil, de Québec et de l’Outaouais – ont fait part de leurs inquiétudes au sujet de la diffusion grand public du documentaire.
Selon eux, La parfaite victime contient plusieurs faussetés et contrevient ainsi aux «normes et pratiques journalistiques» de Radio-Canada. Le diffuseur devrait «éviter d’exposer le grand public à cette vision trompeuse de la justice et d’infliger aux victimes une souffrance injustifiée en plus de potentiellement les décourager de porter plainte».
Expression de craintes
Réalisé par les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault, ce documentaire lève le voile sur les obstacles que rencontrent les victimes d’agressions sexuelles lorsqu’elles décident de porter plainte. En plus de donner la parole aux victimes, les journalistes interrogent des avocats criminalistes, des procureurs de la Couronne et des juges pour expliquer au mieux le fonctionnement du système judiciaire en la matière.
Déjà lors de sa sortie en salle cet été, plusieurs voix du milieu judiciaire s’étaient élevées pour dénoncer des inexactitudes du film et exprimer des craintes sur les effets négatifs qu’il pourrait avoir sur les victimes.
Un argumentaire repris par les quatre associations d’avocats. Dans leur lettre, ils démontrent par exemple qu’une «simple recherche sur Internet» permet de contredire l’affirmation de l’avocat de la défense Patrick Davis – interrogé à la caméra –, qui assure n’avoir «perdu aucune cause d’agression sexuelle». «Nous avons pu recenser quatre décisions publiées dans lesquelles des accusations d’agressions sexuelles ont été retenues malgré les représentations contraires de Me Davis […] En laissant faussement croire que des avocats peuvent faire acquitter tous leurs clients, on vient valider ce sentiment d’impuissance et, ultimement, on contribue à décourager le recours à la justice pour toute victime d’agression sexuelle», écrivent-ils.
Ils leur reprochent également d’avoir diffusé les commentaires de Claude F. Archambault, «un ancien avocat radié du barreau depuis plus de dix ans pour de multiples infractions reliées à la malhonnêteté», assurant que les «pratiques d’intimidation» contre les victimes décrites par «ce triste personnage» n’ont plus lieu d’être aujourd’hui et sont d’ailleurs «interdites».
Faire «changer les choses»
«Si sa démonstration n’est pas sans faille, ce film controversé fournit l’occasion d’une discussion qui s’impose dans notre société», souligne de son côté Radio-Canada pour justifier sa diffusion.
Ouvertes à la critique, les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault regrettent de voir qu’on «essaie d’empêcher les gens de regarder le documentaire». Elles soutiennent qu’il ne décourage pas les victimes de porter plainte, au contraire. «On a eu énormément de témoignages de personnes qui avaient entendu les critiques et qui sont allées voir le film, et elles disaient : « moi, je suis en attente d’un procès ou je songeais à porter plainte […] et je me sens désormais mieux outillée pour ce qui m’attend», indique Monic Néron.
Les journalistes se justifient également d’avoir interrogé Claude F. Archambault, indiquant avoir souhaité bénéficier de sa «liberté de parole» puisqu’il n’est plus avocat. Il est d’ailleurs souvent sollicité par les médias sans que cela fasse de vague, soulignent-elles.
Quant aux faussetés en lien avec Me Davis, la journaliste assure qu’il «s’est assis devant la caméra en toute bonne foi» et qu’il «avait une explication pour chacune des causes» qu’il n’avait pas gagnées. «Une était davantage de la maltraitance qu’une agression sexuelle, donc il ne la comptait pas», donne-t-elle comme exemple.
«Visiblement, notre documentaire dérange, et c’est correct. C’est ce que ça prend parfois pour faire changer les choses», conclut-elle.
Le DPCP préoccupé par la diffusion de La parfaite victime
Annabelle Caillou / Le Devoir
Après les avocats de la défense, c’est au tour du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de faire valoir ses inquiétudes sur la diffusion du documentaire La parfaite victime sur ICI Télé mardi soir. Il demande que des correctifs ou une mise en garde soient apportés. Une demande rejetée par Radio-Canada.
«Le DPCP est préoccupé que certaines inexactitudes qui s’y retrouvent renforcent le préjugé selon lequel il est difficile pour une victime d’obtenir justice et que l’exercice conduise à décourager davantage les victimes de porter plainte», peut-on lire dans une lettre envoyée par le DPCP à la haute direction de Radio-Canada, dont Le Devoir a obtenu copie.
Le DPCP donne en exemple le taux d’autorisation des dossiers de violences sexuelles transmis par le Service de police de la Ville de Montréal qui s’élèverait à 18 % selon le documentaire. «La procureure en chef adjointe responsable de l’équipe des violences sexuelles à Montréal, Me Rachelle Pitre, a procédé elle-même au recensement manuel de tous les dossiers et confirme qu’il s’agit plutôt de 7 dossiers sur 10, soit 70 %», précise-t-on.
Contactées par Le Devoir, les réalisatrices Émilie Perreault et Monic Néron ont renvoyé le quotidien à un message publié sur les réseaux sociaux en juillet dans lequel elles détaillaient leurs démarches pour en arriver à cette statistique controversée.
Au début du processus de recherche en 2019, expliquent-elles, le DPCP leur avait indiqué qu’aucune donnée sur le sujet n’existait. Un an plus tard, ayant finalement obtenu par demandes d’accès à l’information les dernières statistiques disponibles, elles ont de nouveau rencontré le DPCP. «Si des chiffres différents devaient exister, il était primordial que nous puissions y avoir accès. Si la compréhension que nous avions de ces données n’était pas juste ou suffisamment précise, il appartenait au DPCP de le préciser. Il n’en fut rien. Silence radio», indiquent-elles dans leur message, précisant qu’il aura fallu attendre le lendemain de la première médiatique du film pour que des données soient rendues publiques.
D’autres critiques
Lundi, quatre associations d’avocats et avocates de la défense du Québec ont aussi transmis à Radio-Canada et son ombudsman leurs inquiétudes sur la diffusion de La parfaite victime, demandant carrément son retrait de la programmation. Le documentaire contient plusieurs autres faussetés, ont-ils fait valoir.
«Si sa démonstration n’est pas sans faille, ce film controversé fournit l’occasion d’une discussion qui s’impose dans notre société», avait indiqué dans la foulée Radio-Canada, refusant de retirer le documentaire de sa programmation.
La société d’état a également refusé mardi d’apporter des correctifs ou une mise en garde – tel que demandé par le DPCP – lors de la diffusion du documentaire mardi soir.
(1) On n’a pas encore réussi à démolir le mur sur lequel les victimes butent constamment. Depuis les premières accusations de viol portées contre lui, Hulot n’a cessé de se déclarer innocent et il prétend être la victime d’un lynchage. Il méprise les femmes qui l’ont dénoncé et ose même faire de l’humour : «Un beau garçon comme moi, vous croyez que j’ai besoin de violer?»
En droit français, la prescription est un principe général de droit qui désigne la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n'est plus recevable.
Photo : Agence France Presse
Envoyé Spécial / Nicolas Hulot : des femmes accusent
Saison 2021 – «Envoyé spécial» a recueilli le témoignage de plusieurs femmes qui accusent Nicolas Hulot d'agressions sexuelles. Les faits que certaines d'entre elles décrivent, dans ce numéro diffusé jeudi 25 novembre 2021, sont aujourd'hui prescrits, mais elles ont décidé de prendre la parole pour se libérer». Une enquête [étalée sur quatre ans] de la journaliste Virginie Vilar.
https://www.tv5unis.ca/videos/envoye-special-500011703/saisons/2021/episodes/79
Ce que racontent les six nouvelles femmes qui accusent Nicolas Hulot d’agressions sexuelles
BFM TV 26 novembre 2021
Caresses ou baisers par surprise, tentative de fellation forcée... Dans un épisode d’«Envoyé spécial» puis par courrier, six femmes ont témoigné contre Nicolas Hulot pour des faits – prescrits – qui auraient eu lieu entre 1989 et 2008.
Une enquête ouverte sur les allégations de viols contre Nicolas Hulot
Guillaume Daudin, Eleonore Dermy / Agence France Presse
Le Devoir, 27 novembre 2021
La justice française a ouvert vendredi une enquête préliminaire après la diffusion d’un reportage télévisé retentissant dans lequel plusieurs femmes accusent l’ex-animateur et ancien ministre Nicolas Hulot de viols et d’agressions sexuelles, qu’il nie farouchement.
Au moins six femmes, dont l’une mineure au moment des faits, mettent en cause Nicolas Hulot. Dans un reportage de 62 minutes diffusé jeudi soir dans l’émission d’enquêtes Envoyé spécial, à la chaîne publique France2, trois d’entre elles ont témoigné, deux à visage découvert.
Sylvia y dit avoir été agressée sexuellement en 1989, à 16 ans, par Nicolas Hulot, dans la voiture de ce dernier, après avoir été invitée à assister à une émission qu’il animait alors à Paris à la radio publique.
Cécile raconte de son côté avoir repoussé en 1998, dans un taxi à Moscou, les assauts de l’ex-animateur de la célèbre émission sur l’environnement Ushuaïa, qui lui «touche les seins, l’entrejambe», alors qu’elle était âgée de 23 ans.
La procureure de Paris a annoncé l’ouverture de cette enquête sans qu’une plainte ait été déposée.
Elle suit là une habitude prise par le parquet de Paris depuis quelques années dès qu’une victime mineure est évoquée, ce qui est le cas dans ce dossier, pour notamment vérifier s’il n’en existe pas d’autres.
Les enquêtes, confiées à la brigade de protection des mineurs, viseront à «déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise», a précisé la procureure.
«Lynchage»
Une troisième femme, qui dit avoir travaillé avec lui en 2001, raconte qu’il l’a embrassée «à pleine bouche» par surprise, après une réunion de travail.
L’enquête télévisée comprend en outre le témoignage de la militante écologiste Claire Nouvian et revient sur la plainte pour viol déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président français François Mitterrand (1981-1995), dont la révélation avait fait grand bruit début 2018 avant d’être classée sans suite.
Au parquet de Paris, l’un des procureurs statutairement chargés de superviser cette nouvelle enquête est celui qui avait classé l’enquête de 2008.
Deux autres femmes, l’ancienne animatrice de télévision Maureen Dor et une ex-employée de la chaîne privée TF1, ont en outre transmis à l’émission Envoyé spécial des témoignages écrits sur des faits dont elles accusent Nicolas Hulot.
La veille de la diffusion du reportage, l’ancien ministre de la Transition écologique (2017-2018) du président Emmanuel Macron avait nié formellement ces accusations d’agressions sexuelles et annoncé quitter «définitivement» la vie publique pour protéger ses proches et sa fondation des retombées d’un «lynchage».
L’avocat Alain Jakubowicz, qui défend l’ancien animateur avec Jacqueline Laffont, a salué l’ouverture d’une enquête. «Je préfère évidemment ce cadre de l’enquête, des instances de police et de justice inscrites dans un cadre de droit, que le procès fait sur des chaînes de télévision avec la condamnation à la clé», a-t-il déclaré. «Le problème évidemment, c’est que cette enquête […], on en connaît déjà l’issue sur le plan juridique, c’est qu’il y a une prescription.»
En France, depuis une loi récente, le délai de prescription pour un viol est de 20 ans, et de 30 ans pour les viols ayant été commis sur des mineurs à compter de la majorité de la victime.
«Ce que j’ai vu hier, ce sont des témoignages poignants, voire glaçants pour certains, et qui nous rappellent la nécessité que la justice puisse faire son travail», a déclaré le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal.
Une position qui tranche avec celle de nombreux membres du gouvernement en 2018, lorsqu’avait été dévoilée la plainte pour viol de Pascale Mitterrand.
Selon le porte-parole, à l’époque, « il y a eu un soutien à l’État de droit, à la présomption d’innocence ». « Aujourd’hui, a jugé M. Attal, il y a des témoignages supplémentaires qui s’ajoutent, qui n’étaient pas connus à l’époque. »
Bravo! La réponse est différente de celle de 2008 et 2018, alors que la fratrie politique avait pris partie pour Hulot.
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