25 juin 2021

Rejetez la foi et embrassez la raison!

Les révélations au sujet de Kamloops venaient à peine de nous jeter par terre, qu’on apprenait l’existence de 751 sépultures non identifiées sur le site de l’ancien pensionnat autochtone de Marieval en Saskatchewan. Un pensionnat géré par des missionnaires oblats de l’Église catholique, a indiqué le chef autochtone Cadmus Delorme. Néanmoins, ce sont les Sœurs de Saint-Joseph, arrivées de Saint-Hyacinthe, qui ont administré le quotidien des élèves autochtones de 1901 à 1979, selon des archives du diocèse de Regina.

Les preuves physiques des tentatives de génocide sortent enfin au grand jour. «Il fallait tuer l’Indien dans l’enfant», clamait-on. Et John A. McDonald souhaitait littéralement les rayer de la carte. En 1883 il autorisa donc la création du système de pensionnats indiens. Les pensionnats avaient pour mission de retirer les enfants indiens à leurs parents afin  de les soustraire à leur culture : «Les enfants indiens devraient être retirés le plus possible de l’influence de leurs parents, et la seule manière d’y arriver est de les placer dans des écoles industrielles où ils vont acquérir les habitudes et les pratiques des Blancs.» (J. A. McDonald) En 1892, le fédéral signa un accord officiel avec l’Église catholique, lui confiant la gestion des pensionnats. En 1920 le surintendant général adjoint des Affaires indiennes, Duncan Campbell Scott, rendit les pensionnats obligatoires pour les enfants de 7 à 16 ans; les récalcitrants étaient emmenés de force et les parents emprisonnés.

Les connivences entre État et religion ont toujours des répercussions abjectes et injustes. On le savait que l’Église catholique était pas belle, mais là, j’espère que les fervents catholiques vont se réveiller et cesser d’enrichir cet immonde réservoir de d’hypocrites qui prêchent l’amour et la pauvreté, mais qui refuse d’admettre ses responsabilités et de s’excuser parce que ça va lui coûter trop cher; pourtant les coffres de l’État du Vatican débordent (1). Les protestants, les anglicans et les évangélistes ne sont pas mieux.

 
 
Photo : entre 1962 et 1971, dans le cadre de la politique d’assimilation et d’un programme d’adoptions forcées appelé Sixties Scoop, ce sont des milliers d’enfants indiens qui ont été enlevés à leurs familles. On évalue officiellement le nombre d’enfants à 20 000.

«Le délire de la suprématie chrétienne et occidentale, de l’élimination des hérétiques, n’est pas nouveau chez les catholiques. Et le caractère durable de cette philosophie ressemble à un véritable credo, un véritable objectif.

    Entre 1890 et 1996, ce sont de 50 à 100 000 enfants qui sont morts dans ces endroits lugubres. [...] Et puis, il y a eu la politique de stérilisation. Des centres de stérilisation ont existé, dans lesquels les jeunes gens étaient drogués et stérilisés, surtout s’ils n’étaient pas chrétiens. Mais tous les registres concernant ces stérilisations ont été détruits à partir de 1995, quand l’enquête de l’État a démarré. Les garçons étaient parfois mis devant des rayons X intensifs afin d’être rendus stériles, ou bien on leur faisait boire des poisons. Royce White Calf, un ancien Lakhota qui a été juge au Tribunal concernant ces pensionnats en juin 1998 à Vancouver, estime qu’entre un tiers et la moitié de toutes les femmes aborigènes du Canada Ouest et de l’Alaska ont été stérilisées par des méthodes intrusives physiques ou chimiques autour de 1980. [...] Quand les bébés, souvent le fruit de viols par les pasteurs et compagnie, naissaient, on les tuait.

    En avril 2008, Kevin Annett a distribué aux médias du monde entier une liste de 28 charniers contenant les restes des enfants qui sont morts dans ces pensionnats indiens. De fait, les enfants à avoir vu le personnel des pensionnats enterrer des camarades, ou à avoir vu des cadavres, sont nombreux. Un des hommes de dieu qui a frappé à mort et enterré un gamin inuit battu à mort finissait toujours ses sermons du dimanche par souviens-toi : le seul bon indien est un indien mort 

On a souvent dit que ces allégations étaient exagérées. Eh bien là on commence à comprendre qu’il ne s’agit aucunement de fabulations. Si vous voulez avoir une idée claire de l’ampleur du génocide délibéré, lisez ce dossier extrêmement bien documenté :

https://www.siwel.info/le-canada-demande-pardon-aux-peuples-autochtones-lindescriptible-histoire-des-pensionnats-indiens_7337.html

«Qu’y a-t-il de mal à susciter une aversion intense contre la religion si les activités de cette religion sont tellement scandaleuses, irrationnelles ou à l’encontre des droits de l'homme qu'elles méritent d'être intensément détestées?» ~ Rowan Atkinson

Mes pensées de plus sincère de dégoût aux églises chrétiennes et je leur souhaite la damnation éternelle (telle qu’elles la conçoivent)!

https://www.siwel.info/le-canada-demande-pardon-aux-peuples-autochtones-lindescriptible-histoire-des-pensionnats-indiens_7337.html


Photo : Bibliothèque et Archives Canada. Pensionnat de Brandon, Manitoba 1946

Que sont devenus les enfants arrachés à leur famille?

Par Marcelline Boivin-Coocoo *

[Extraits]

J’avais fait ma première communion cet été-là. Quelques jours avant le départ, mes parents me mirent au courant. Cette fois-ci, j’allais faire partie du voyage moi aussi. Cela m’inquiétait un peu, car j’allais vers l’inconnu et je ne savais pas ce qui m’attendait. Cela m’excitait aussi car je me sentais assez grande pour partir avec ma sœur et mon frère. Mes parents préparaient notre départ. Un terrible silence commençait à s’installer dans l’atmosphère de la maison. On me faisait beaucoup de recommandations. Mes parents m’avaient acheté du linge et des articles de toilette ainsi qu’une petite valise. J’étais très fière de toute cette attention. []

    Une fois rendu à Amos, le train s’est arrêté et on s’est préparés à débarquer. Un gros camion avec une boîte en arrière est venu se placer devant la porte du train et on nous a poussés comme des animaux, sans que l’on ait le temps de mettre le pied à terre. C’est dans ce camion que nous nous sommes dirigés vers le pensionnat situé douze milles plus loin. Rendus là, ç’a été le tri, les garçons d’un bord et les filles de l’autre. Je regardais mon frère s’en aller avec les autres garçons et moi je tenais la main de ma sœur et on s’en allait du côté des filles. On nous a amenés dans une autre grande salle et on s’est assises sur des bancs tout autour de la grande salle et là on s’est toutes mises à pleurer. Les religieuses s’occupaient de nous, elles nous parlaient des règlements, nous donnaient des numéros pour nos casiers et notre linge qui étaient identifiés avec ces mêmes numéros qu’on devait porter durant toute l’année. Je ne me souviens pas quelle heure il était quand on est arrivées. Encore là, on nous a séparées : les petites, les moyennes et les grandes.

    Ensuite ce fut la cérémonie de l’épouillage. Très dégradant. Il y avait des tables devant nous, des bassines d’eau et aussi un peigne fin en fer et des produits contre les poux. Les religieuses et quelques filles qui travaillaient là se mirent à nous peigner la tête avec le peigne fin en fer, pour voir si on avait des poux. Elles n’y allaient de main morte. Ça faisait très mal sur le cuir chevelu. Elles nous mettaient aussi je ne sais quel produit sur la tête, contre les poux je suppose. Ensuite, c’était la coupe des cheveux. Elles ne nous demandaient  même pas si on voulait se faire couper les cheveux. On voyait nos cheveux tomber par terre. Je sais que moi, j’ai pleuré lors de cette cérémonie.

    Ensuite, on nous a amenés vers les douches pour le nettoyage corporel. C’était une petite salle avec plusieurs douches communes, même pas de rideaux pour s’isoler, c’était vraiment écœurant. Elles nous brossaient tout le corps avec une petite brosse semblable à celle qu’on prend pour les ongles. Je suppose qu’elles essayaient d’enlever notre bronzage pour qu’on soit plus blanches. Ensuite, on nous a désigné notre dortoir et notre lit. À chaque endroit, il y avait une série de règlements qui allaient avec. Je ne me souviens pas si on nous avait donné quelque chose à manger depuis notre arrivée. Voilà, c’est l’accueil auquel j’ai eu droit quand je suis arrivée la première fois au pensionnat.

    Le premier soir, une fois que l’on a été couchées chacune dans son lit, une personne a commencé à pleurer, puis une autre, et une autre : pour finir tout le monde pleurait dans le dortoir. C’était comme ça chaque année. Nous étions trois à notre arrivée : mon frère était du côté des garçons, ma sœur était chez les grandes et moi chez les petites. Nous étions tous séparés. Même nos parents étaient loin.

   La vie dans le pensionnat n’était pas facile, la discipline était très sévère. Il fallait obéir au doigt et à l’œil. J’ai subi toutes sortes de violences : verbale, physique et psychologique. J’ai été rabaissée, ridiculisée, contrôlée, battue et même harcelée sexuellement par un prêtre dans le confessionnal. Il nous faisait entrer là où le prêtre s’assied habituellement pour confesser et il nous tripotait les fesses, le salaud. J’ai été brisée dans tout mon être : physiquement, mentalement, affectivement et spirituellement. Depuis que je suis sortie du pensionnat, je ne pratique plus ma religion. Il fallait aller à la messe tous les jours, se confesser chaque semaine et prier à peu près trois fois par jour.

    La nourriture qu’on mangeait était infecte. Une fois, j’ai été témoin d’une chose qui m’a révoltée au plus haut point, mais je ne pouvais rien faire car j’étais trop petite. J’ai vu une petite fille qui ne voulait pas manger ce qu’il y avait dans son assiette. Je ne sais pas si elle était malade ou si elle n’aimait pas ça, elle pleurait et ne voulait pas manger. Une religieuse la forçait à manger. Soudain, la petite fille a vomi dans son assiette et la religieuse a continué, en lui faisant manger son vomi. Écœurant. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs du temps que j’ai passé dans ce pensionnat, mais ceux qui me reviennent m’ont marquée pour le reste de ma vie. Le jour où on nous a dit qu’on ne reviendrait plus dans ce pensionnat, on a toutes lancé un grand cri tellement on était contentes.

    L’autre pensionnat que j’ai connu était moins pire que le premier, en tout cas j’étais en mesure de me défendre. La discipline était aussi sévère, la nourriture aussi infecte, encore beaucoup de prières, mais au moins je n’y ai pas subi d’abus sexuels, car j’aurais été capable de me défendre. Je sais qu’il y en a eu là aussi. C’étaient toujours les plus jeunes qui étaient ciblés. J’ai vécu dix ans dans deux pensionnats. [D’abord le pensionnat d'Amos en opération de 1955 à 1973, puis le pensionnat de Pointe- Bleue en opération de 1960 à 1973.] 

* Née à Wemotaci (Mauricie) en 1950, Marcelline Boivin-Coocoo est aujourd’hui conseillère pédagogique dans sa communauté. [] Plusieurs de ses textes qui ont circulé surtout chez les Atikamekw, concernent les abus dans les pensionnats et les autres sources de problèmes sociaux présents à Wemotaci. []

Source :

Littérature amérindienne du Québec; Écrits de langue française, rassemblés et présentés par Maurizio Gatti; Société d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009

La vie dans un pensionnat :

http://www.racontemoilhistoire.com/2017/05/pensionnats-autochtones/

Citation du jour :

 «Si l'on examine les généalogies de nombreuses "vieilles familles", on découvre des épisodes de trafic d'esclaves, de contrebande d'alcool, de trafic d'armes, de commerce de l'opium, de revendications territoriales falsifiées, d'acquisition violente de droits sur l'eau et les minéraux, d'extermination de peuples indigènes, de vente de marchandises de mauvaise qualité et dangereuses, d'utilisation de fonds publics pour des spéculations privées, d'opérations frauduleuses sur des obligations et des bons d'État, et de paiements pour des faveurs politiques. On trouve des fortunes bâties sur le travail d'esclaves, le travail sous contrat, le travail en prison, le travail des immigrants, le travail des femmes, le travail des enfants et le travail des briseurs de grève, le tout soutenu par la force meurtrière des voyous armés et de la milice. Le 'vieil argent' n'est souvent guère plus que de l'argent sale blanchi par plusieurs générations de possession.

    Le principe directeur des élites dirigeantes était – et est toujours : «Quand le changement menace de régner, alors les règles sont changées».   

    L'objectif d'une bonne société est de structurer les relations et les institutions sociales de manière à ce que les impulsions coopératives et généreuses soient récompensées, tandis que les impulsions antisociales sont découragées. Le problème du capitalisme, c'est qu'il récompense au mieux la pire partie de nous-mêmes : les pulsions impitoyables, compétitives, complices, opportunistes et cupides, en accordant peu de récompenses pour l'honnêteté, la compassion, le fair-play, l'amour de la justice et le souci de ceux qui sont dans le besoin. ~ Michael Parenti  

http://www.michaelparenti.org/quotes.html

Michael Parenti (né en 1933 à New York) est historien, politologue et critique culturel américain. Il a enseigné dans des universités américaines et étrangères. Ses écrits ont été traduits dans de nombreuses langues.

(1) «Certains hommes vénèrent le rang, d'autres les héros, d'autres le pouvoir, d'autres encore Dieu, et sur ces idéaux ils se querellent et ne peuvent s'unir – mais ils vénèrent tous l'argent.» ~ Mark Twain, Notebook

    Depuis le 13 mars 2013, le Pape François est le nouveau chef de file de l’Église catholique. Celui qu’on surnomme le «Pape des Pauvres» a notamment déclaré le 16 octobre dernier (2015) qu’il fallait que «l’humanité renonce à idolâtrer l’argent». Pourtant, l’État de la Cité du Vatican, nation du Saint-Siège, peut se targuer d’être l’un des pays les plus riches au monde alors qu’il ne compte en 2015 que 921 habitants!

    Il est difficile de connaître avec précision les avoirs d’une entité religieuse chargée de venir au soutien des pauvres et des nécessiteux, mais qui affiche un train de vie qui peut sembler aux antipodes des valeurs qu’elle déclare défendre.

    Le principal poste de recettes reste le don des fidèles. Près de 368 millions de dollars chaque année. Ramené aux presque 2,5 milliards de fidèles, cela reste malgré tout peu : moins de 15 centimes de dollars par chrétien et par année. Il faut ajouter à cela 213 millions de recettes commerciales (souvenirs, timbres) et 130 millions de recettes provenant des seules entrées des Musées des Vatican. Enfin, 35 millions proviennent des dons récoltés dans les diocèses et envoyés au Vatican.

    Mais le Vatican, ce n’est pas qu’une grande boutique de produits dérivés et de musées somptueux. C’est aussi un très grand propriétaire immobilier et financier. Ainsi, 182 millions proviennent de loyers et produits financiers quand 75 millions sont des dividendes versés directement par la banque du Vatican, l’Institut pour les œuvres de religion. Car la banque du Saint-Siège est une institution puissante.

Article intégral :

https://www.exemplaire.com.ulaval.ca/dossiers/eledoss/les-richesses-cachees-du-vatican/

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