4 septembre 2020

Trump se méfie du vote postal

Pourquoi? 

Réponse :

Caricature : Serge Chapleau / La Presse 18.08.2020

États-Unis : cinq questions sur le vote par correspondance

Aux États-Unis, l'enjeu du vote postal est au coeur de l’actualité. Plusieurs États veulent le rendre plus facilement disponible pour éviter aux électeurs de devoir se présenter aux urnes lors de l’élection présidentielle de novembre dans un contexte de pandémie. Or, le président Trump soulève constamment des doutes sur l’intégrité du processus.
   Depuis des mois, le camp républicain affirme que le scrutin postal entraînera un risque de fraude massive. Si l’on permet le vote postal généralisé, ce sera «l’élection la plus corrompue de l’histoire de notre pays», a déclaré notamment le président en juin dernier.

Pourquoi le président Trump est-il si hostile au vote par correspondance?

Selon ses opposants, l’argument de la fraude n’est qu’une excuse. En fait, les républicains souhaitent que le taux de participation soit le plus bas possible, pensant que cela leur sera profitable.
   «Soyons clairs : ce n’est basé sur aucune preuve de fraude. Il s'agit plutôt d'une tentative de Trump et des républicains de dissuader les électeurs de se rendre aux urnes, car ils croient que cela contribuera à les faire élire.» (Graham Dodds, professeur au Département de science politique de l’Université Concordia)

Article intégral :

Et pourquoi le monde entier se méfie-t-il de Trump?

Je suis en train de lire Too Much and Never Enough / How my family created the world’s most dangerous man, par Mary L. Trump, PhD, nièce de Donald Trump.

[Trop et jamais assez / Comment ma famille a créé l'homme le plus dangereux du monde] 

Coup dur pour l’ego surdimensionné de Donald Trump qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter. Robert, son frère cadet décédé le 15 août dernier, avait essayé sans succès de stopper la vente du livre de Mary Trump. Et pour cause. D’abord parce que l’ouvrage témoignage de l’atmosphère «toxique» dans lequel les enfants de Fred Trump ont évolué, et ensuite parce que Donald Trump est décrit comme une personnalité narcissique et un menteur pathologique.
   On se souvient qu’un groupe de psychiatres américains avait espéré rendre public un bilan de santé mentale de Donald Trump basé sur ses gestes et ses décisions connues du public. Mais leur code de déontologie les en empêchait parce qu’ils n’avaient pas rencontré et évalué le «client» en personne. Mary L. Trump connaît le «patient» car ayant vécu dans la Maison elle était aux première loges. Sans porter de diagnostic officiel, elle est en mesure d’analyser les comportements psychologiques de la famille et du président. (La psychologue clinicienne a enseigné à l’université dans les domaines du traumatisme, de la psychopathologie et de la psychologie du développement.)
   Sans détenir de diplôme en psychologie, il était facile de voir à quel point Donald Trump est immature et dysfonctionnel – en ce qui me concerne j’ai trouvé dès le départ qu’il avait des caractéristiques de psychopathe. Ce livre confirme les impressions négatives que beaucoup de monde éprouve à son égard. Notons qu’il n’est pas le seul psychopathe à gérer une grande nation, ils sont nombreux en ces jours sombres... et comme ils se reconnaissent entre eux, habituellement ils n’aiment pas leurs miroirs.

Je mets le livre à l'envers sur ma table de chevet le soir pour éviter de voir ce sourire de faux-jeton en me réveillant le matin!

Ces quelques paragraphes du début illustrent bien l’ambiance corrosive instillée par le père; la première partie s’intitule d’ailleurs The Cruelty is The Point [La cruauté est le but].

(Traduction avec DeepL.com)  

P. 13 (Prologue) :  

Le fait est que les pathologies de Donald sont si complexes et ses comportements si souvent inexplicables qu'un diagnostic précis et complet nécessiterait une batterie complète de tests psychologiques et neuropsychologiques auxquels il ne se soumettra jamais. À ce stade, nous ne pouvons pas évaluer son fonctionnement au quotidien car il est, dans l'aile ouest, essentiellement institutionnalisé. Donald a été institutionnalisé pendant la plus grande partie de sa vie d'adulte, il n'y a donc aucun moyen de savoir comment il s'épanouirait, ou même survivrait, seul dans le monde réel.

P. 43/45 (The First Son) :

Fred Sr [père] a également détruit Donald, mais pas en l'étouffant comme il l'a fait avec Freddy [Fred Jr]; il a plutôt court-circuité la capacité de Donald de développer et de vivre tout le spectre des émotions humaines. En limitant l'accès de Donald à ses propres sentiments et en rendant plusieurs d'entre eux inacceptables, Fred a perverti la perception du monde de son fils et a endommagé sa capacité à y vivre. [...] Aucun de ses parents n'avait interagi avec lui d'une manière qui l'aidait à donner un sens à son monde, ce qui a contribué à son incapacité de s'entendre avec les autres, un tampon constant entre ses frères, ses sœurs et lui. Cela a également rendu sa lecture des repères sociaux extrêmement difficile, voire impossible, pour lui – un problème qu'il rencontre encore aujourd'hui. [...] Les règles de la Maison, du moins celles qui s'appliquaient aux garçons – être dur à tout prix, mentir est correct, admettre ses torts ou s'excuser est une faiblesse – se sont heurtées aux règles qu'il a rencontrées à l'école. Les convictions fondamentales de Fred sur la façon dont le monde fonctionne – dans la vie, il ne peut y avoir qu'un seul gagnant et tous les autres sont des perdants (une idée qui empêchait essentiellement la capacité de partager) et la gentillesse est une faiblesse – étaient claires. [...]
   L'arrogance croissante de Donald, en partie une défense contre son sentiment d'abandon et un antidote à son manque d'estime de soi, a servi de couverture à son insécurité grandissante.  [...] La vie à la Maison rendait tous les enfants mal à l'aise avec les émotions, d'une manière ou d'une autre – soit en les exprimant, soit en y étant confrontés. C'était probablement pire pour les garçons, pour lesquels la gamme acceptable des sentiments humains était extrêmement étroite. (Je n'ai jamais vu aucun homme de ma famille pleurer ou exprimer de l'affection autrement que par la poignée de main qui ouvrait et concluait toute rencontre). Se rapprocher d’autres enfants ou figures d'autorité a pu être ressenti comme une dangereuse trahison de son père. Néanmoins, les manifestations de confiance de Donald, sa conviction que les règles de la société ne s'appliquaient pas à lui, et l’étalage exagéré de sa propre valeur ont attiré certaines personnes vers lui. Une large minorité de gens confondent encore son arrogance avec force, sa fausse bravoure avec accomplissement, et son intérêt superficiel pour eux avec charisme.

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Un ouvrage que j’ai hâte de lire...  

«L’effet Trump» : l’extra-terrestre de la Maison-Blanche

Au début de la crise de la COVID-19, le jeune fils de Charles-Philippe David dit au politologue montréalais : «Trump est comme un extraterrestre qui vit dans un univers parallèle.» Cela suggère à David l’idée d’un livre, L’effet Trump, sur la redéfinition de la politique étrangère américaine par un virus enfin personnifié! L’auteur analysera par étapes en un brillant crescendo les décisions éclair d’un président de plus en plus seul.
   Il insiste avec justesse sur la solitude de Trump et de l’Amérique, depuis l’arrivée au pouvoir en 2017 de l’homme imprévisible, rompu à «la diplomatie du tweet». [...]
   Obsédé par son intérêt personnel au point de le confondre avec celui de l’Amérique, Trump suscite la résistance... [...]

Cote du critique Michel Lapierre : ★★★★
Le Devoir / 26.08.2020

L’effet Trump. Quel impact sur la politique étrangère des États-Unis?
Charles-Philippe David, PUM, Montréal, 2020, 168 pages


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Citation du jour :

«La peur et la propagande sont un mélange fatal pour la vérité.»

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