Jeudi 6 août
20202
Après les explosions de Beyrouth, un «séisme
politique» au Liban?
Le pays du
Cèdre ne pourra se redresser sans un changement politique profond, affirment
les analystes.
Rania Massoud
ICI
Radio-Canada Info
Comment le
Liban se remettra-t-il de la double explosion meurtrière survenue mardi dans le
port de Beyrouth? Trois experts de la région analysent l’impact qu’aura cette
tragédie sur le pays, qui vit l’une des plus grandes crises sociopolitiques et
économiques de son histoire.
«Il ne nous manquait plus que cela». Telle
est la phrase qui revient sur toutes les lèvres au Liban après la double
explosion qui a fait plus de 135 morts, 5000 blessés et 300 000 sans-abris,
ainsi que des dégâts matériels considérables.
Un lourd bilan auquel doivent faire face les
hôpitaux du pays, qui sont déjà saturés en raison de l'épidémie de COVID-19.
Gangrené par des décennies de corruption et
de clientélisme, ce petit pays, niché entre la Syrie et Israël au bord de la
mer méditerranéenne, vit actuellement l’une des crises les plus profondes de
son histoire, sur fond d’inflation grimpante et de dévaluation inédite de sa
monnaie.
Suite :
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Mercredi 5 août 2020Les défis socioéconomiques et confessionnels jumelés à la pandémie ont fragilisé le peuple libanais. Hier, les explosions à Beyrouth ont fait de nombreuses victimes et détruit une partie du centre ville. Ce pays est vulnérable; malheureusement une proie idéale pour les prédateurs proches et lointains...Il va de soi que nous compatissons aux souffrances des Libanais qui furent si souvent malmenés.
«La seule
vraie misère ici-bas c’est de ne pas avoir de pays. Toutes les guerres sont
faites pour voler celui qu’on n’a pas ou garder celui qu’on a.»
~ Félix
Leclerc
«Il y a si peu de choses que vous pouvez faire depuis
l’étranger. Et le pays a traversé beaucoup d’épreuves. C’est la dernière chose
dont les gens avaient besoin en ce moment, surtout avec la crise économique, le
sommet de pauvreté, l’effondrement de la devise, la COVID. Ils ont besoin
d’argent, ils ont besoin de fonds, ils ont besoin d’aide. Ils ont besoin de
soutien – soutien moral,
soutien financier. Nous essayons de faire tout cela en
même temps.»
~ Ahmad
Araji, président du Club libanais d’Ottawa
«La possible négligence des responsables de
l'entreposage de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium dans le port de Beyrouth est
au coeur de l'enquête sur l’explosion meurtrière qui a ravagé une partie de la
ville mardi. Selon les premières informations disponibles, cette grande
quantité de matière hautement explosive était entreposée dans le port. Le
nitrate d'ammonium est principalement employé comme engrais pour un usage
agricole, mais peut aussi entrer dans la composition de certains explosifs à
usage civil. Mélangé au TNT
(trinitrotoluène) ou à la pentrite, il est utilisé dans le bâtiment, les mines
et les carrières. La Russie est de loin le premier pays
producteur, avec près de 10 millions de tonnes en 2017, soit 45 % de
la production mondiale, selon la FAO.»
Les industriels refusent de tenir compte du
principe de cause / effet pourtant simpliste : plus on fabrique, entrepose et
transporte des matières dangereuses et toxiques, plus les fuites, les déversements
et les explosions se multiplient. Au moins, si on se limitait à l’essentiel – ce
qui, par exemple, exclurait les engins pyrotechniques extrêmement dangereux et polluants.
Feux d’artifice pour célébrer l’année 2019 au
centre ville de Beyrouth.
Le pays qui
en a marre
Fabrice de Pierrebourg
«Le Liban est le pays qui reçoit le plus de
réfugiés par habitant au monde. Un défi incroyable pour cet État au bord du
naufrage économique, aux prises avec un vent de révolte contre l’incompétence
de ses dirigeants.
À la
mi-octobre 2019, la capitale Beyrouth était squattée par des dizaines de
milliers de protestataires. Les Libanais rêvent à voix haute d’un nouveau Liban
nettoyé de la corruption de ses élites, expurgé du système politique confessionnel
– système qui régit ce pays où
18 communautés religieuses sont reconnues officiellement et inscrites sur les
cartes d’identité des citoyens. Depuis 1926, les postes clés du pouvoir sont
partagés comme les parts d’un gâteau entre chrétiens (présidence), musulmans
sunnites (premier ministre) et musulmans chiites (présidence du Parlement). Les
protestataires rêvent d’un Liban débarrassé de l’emprise des politiciens
carriéristes et des ex-seigneurs de guerre. Un pays où l’électricité et l’eau
ne seraient plus rationnées, où la spéculation immobilière qui massacre leur
patrimoine serait endiguée et où l’environnement deviendrait une priorité.»
Reportage
intégral :
Au fil du
temps...
Victor Hugo
Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure
Je sors pâle et vainqueur,
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m'entre dans le cœur;
Maintenant que je puis, assis au bord des ondes,
Ému par ce superbe et tranquille horizon,
Examiner en moi les vérités profondes
Et regarder les fleurs qui sont sur le gazon;
Maintenant qu'attendri par ces divins spectacles,
Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté,
Voyant ma petitesse et voyant vos miracles,
Je reprends ma raison devant l'immensité;
Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
Ouvre le firmament;
Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement.
Extrait des Contemplations
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