Les Québécois
ont élu un gouvernement constitué de businessmen, de spéculateurs et de
comptables. La CAQ (anciennement ADQ) a toujours défendu des politiques de
centre droit : réduction de la taille de l'État, ménage des finances publiques,
abolition de certaines institutions, grande ouverture au secteur privé,
création d’une économie de propriétaires, etc. Bref, une économie capitaliste
néolibérale à la Thatcher/Reagan ou Mulroney/Institut Fraser : le développement
économique passe par la privatisation et le démantèlement des services publics.
Quant à la protection de l’environnement, la CAQ continue d’ouvrir les portes à
l’exploitation forestière, minière, gazière et pétrolière à la grandeur de la
province quitte à réduire la taille des ères protégées s’il le fallait. Aucuns
scrupules. Pas étonnant que le ministre Fitzgibbon se prépare à vendre nos données médicales à des géants
pharmaceutiques pour combler l’insatiable appétit d’argent de ce gouvernement.
Les infrastructures de la relance
économique / Dans
l’œil de Michel Désautels (Tout un matin, ICI Première / 24 08.2020) :
«... Il faut
aller dans le sens du bien commun, arrêter de se soumettre aux seuls intérêts
des promoteurs privés, parce que leurs intérêts, ils sont privés, on le sait,
et ne pas aligner les investissements sur la carte électorale, ne pas faire de gerrymandering économique. Il faut
arrêter de dépenser l’argent de cette manière-là et plutôt penser aux besoins
réels de la population d’aujourd’hui et celle de demain.»
Projet de loi 61
«Le
prédécesseur de Mme LeBel au Conseil du trésor, Christian Dubé (1), s’était
attiré les foudres des partis d’opposition en juin en déposant ce projet de loi
omnibus à dix jours de la fin des travaux de l’Assemblée nationale pour la
relâche estivale.
Le gouvernement Legault plaidait alors
l’urgence de l’adopter pour relancer l’économie québécoise durement touchée par
la pandémie. Le projet de loi 61 lui aurait donné des pouvoirs exceptionnels
durant deux ans, notamment celui d’étendre l’état d’urgence sanitaire jusqu’à
ce qu’il décide d’y mettre fin. Il aurait également permis au gouvernement de
contourner les lois environnementales et de déroger à la Loi sur les contrats
des organismes publics pour conclure des contrats de gré à gré et d’échapper à
la règle du plus bas soumissionnaire.
Le projet de loi aurait, entre autres,
accéléré les consultations populaires en amont de l’évaluation du Bureau
d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et allégé la procédure
d’expropriation.» ~ Mylène Crête (Le Devoir 20.08.2020)
«La vision de
la relance économique du Québec, le projet de loi 61, a été enrobée dans des
mesures profondément antidémocratiques et nuisibles à la protection de
l’environnement, ce qui lui vaut les tirs groupés de l’opposition à l’Assemblée
nationale. On verra bien quelle nouvelle mouture le gouvernement Legault
prépare pour la rentrée.» ~ Émilie Nicolas (Le Devoir 20.08.2020)
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La vente de
nos données médicales : la RAMQ est le «sésame» de la caverne d’Ali Baba
pharmaceutique...
La boîte de Pandore des données médicales / Delphine Jung 24.08.20 :
Ces données médicales
serviront-elles le bien commun, ou à gonfler les profits de ces grandes
entreprises?
Dans le milieu de la cybersécurité et de la
protection des données personnelles, beaucoup de questions ont été posées,
notamment sur les intentions des géants pharmaceutiques.
"[Grâce à ces données], vont-ils opter
pour le développement du traitement le plus payant ou le plus utile à la
population?", se demande Dominic Cliche, conseiller en éthique et membre
de la Commission de l’éthique en science et en technologie. Il rappelle qu'il
est compliqué d’oublier que les Pfizer et Sanofi de ce monde ont un but précis
: faire des bénéfices.
"Est-on en train de monnayer les
renseignements personnels des individus pour éviter de dépenser de l’argent
dans des crédits d’impôt? A-t-on toujours besoin d'appâter cette
industrie?", s'interroge encore M. Cliche.
RAMQ : vos données déjà partagées
La Régie de
l’assurance maladie du Québec partage déjà des données sur la santé des
Québécois, comme l’a proposé le ministre Pierre Fitzgibbon, afin de fournir «de
précieuses informations» au réseau de la santé, aux chercheurs et aux
entreprises privées.
Le ministre de l’Économie a admis jeudi
qu’il souhaitait fournir les données médicales des Québécois aux
pharmaceutiques. «C’est winner», dit-il, pour attirer les entreprises au Québec
et faire avancer la science.
Quelques heures plus tard, le ministre de la
Santé, Christian Dubé, a soutenu pour sa part qu’il n’était pas question de
mettre à profit les données de la RAMQ.
Pourtant, selon des documents d’accès à
l’information, la RAMQ utilise déjà nos données dans une «phase exploratoire»
afin d’exploiter au maximum le volume «énorme» de données, dont une grande
quantité est «sensible».
Le ministre Pierre Fitzgibbon a eu des
discussions au sujet des données de la RAMQ avec des géants de la
pharmaceutique lors de son passage au congrès international de la Biotechnology
Innovation Organization à Philadelphie. L’information a été confirmée hier par
Mathieu St-Amand, attaché de presse de Pierre Fitzgibbon.
Lors de cette rencontre, le ministre avait
d’ailleurs octroyé une subvention de 15,4 M$ pour que l’Institut de cardiologie
de Montréal pilote deux projets en médecine de précision en partenariat avec les pharmaceutiques DalCor, AstraZeneca et Bayer.
Ces projets intègrent notamment des données
génomiques et l’intelligence artificielle.
Partenariat
avec Bayer, et conséquemment, avec Monsanto? Horrifiant... Pendant la Seconde
Guerre mondiale, la société pharmaceutique et agrochimique allemande Bayer se livrait au trafic d'êtres
humains en achetant des déportés du camp d’Auschwitz pour servir de cobayes
dans le cadre d'expérimentations à prétention médicale et de caractère
confidentiel. Au fil du temps, des inventions et des produits dangereux sont
sortis des usines de Bayer : gaz moutarde; insecticide Zyklon B; huile frelatée;
contraceptifs dangereux; sang contaminé; insecticide gaucho mortel pour les
abeilles, etc. La passé de Bayer est loin d’être reluisant, mais avec l’achat
de Monsanto, le géant devient encore plus létal... Rappels : Dow Chemical
et Monsanto ont élaboré le défoliant «agent orange» qui fut répandu au Vietnam pour
détruire les récoltes – ni plus ni moins une guerre chimique. Selon des
estimations récentes, de 2,1 à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement
exposés aux herbicides entre 1961 et 1971, auxquels il faudrait rajouter un
nombre inconnu de Cambodgiens, de Laotiens, de civils et militaires américains,
et divers alliés australiens, canadiens, néo-zélandais, sud-coréens. Des
enfants vietnamiens nés plusieurs années après la fin de l'épandage
présenteraient des taux élevés dans l'organisme. Les conséquences de cette
accumulation seraient nombreuses : cécité, diabète, cancers de la prostate et
du poumon, malformations congénitales. L’insecticide Roundup à base de
glyphosate de Monsanto continue de susciter des poursuites judiciaires
collectives par des utilisateurs atteints de cancer. Au Québec, le Roundup
n’est même pas interdit malgré tous les rapports scientifiques qui le dénoncent.
Photo :
Radio-Canada / Émilie Robert
Les données de la RAMQ pour appâter
les pharmaceutiques
Le ministre
de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a qualifié de «mine d’or»
les données que recueille la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
«Je sais que c’est un sujet très controversé
et je n’entrerai pas là-dedans tout de suite», a-t-il signalé. «J’ai des vues
très précises sur ça.»
«La stratégie du gouvernement, c’est
carrément de vouloir attirer les pharmas, quelques pharmas, à venir jouer dans
nos platebandes, profiter de ça. Et je pense qu’on a une chance incroyable d’y
arriver.»
«C’est un devoir que nous avons au gouvernement
de profiter de ça pour augmenter la notoriété du Québec», a-t-il affirmé.
«Le jour où on peut se rendre confortables
de donner accès à nos données de santé aux compagnies pharmas qui vont venir
dans les hôpitaux universitaires – qui sont très performants –, quand on a Mila
à côté […] ou Imagia, c’est winner!», a-t-il déclaré.
M. Fitzgibbon a affirmé que le ministre de
la Santé, Christian Dubé, est bien au courant de ses projets. «On a parlé de ça
avant même qu’on soit en politique», a-t-il déclaré.
Répondant de son côté aux questions de la
Commission de la santé et des services sociaux, le ministre Dubé ne s'est pas
souvenu d'une telle conversation : «Discuter de la vente des données de la RAMQ
à d’autres personnes, moi, je n'ai jamais eu cette discussion-là.»
Pierre Fitzgibbon n'en a jamais discuté avec
des représentants de la RAMQ, a-t-il admis. Le sujet n'a pas non plus été
abordé au conseil des ministres, selon Christian Dubé.
Vincent Marissal, de Québec solidaire, était
outré d'entendre M. Fitzgibbon. «Ça m’a écorché le tympan», a-t-il illustré, au
début d'un échange acerbe.
«Ce débat-là est dans l’air depuis
longtemps, mais il n’y a jamais, jamais personne qui est allé aussi loin que
vous dans ce que vous venez de dire», a laissé tomber M. Marissal. «Aussi bien
donner les clés de la banque de sang aux vampires.»
Le député de Rosemont a prévenu le ministre
qu'il trouverait Québec solidaire «dans le camp de over my dead body, surtout après tout ce qu’on a appris, des fuites
de renseignements personnels, de cette immense voracité de certains opérateurs
comme Google, Amazon et autres pour les données personnelles».
«Vous me désolez, vous me désolez», lui a
répondu Pierre Fitzgibbon, des éclairs dans les yeux. Il a qualifié les propos
de M. Marissal d’«erronés et incendiaires».
Sur Twitter, le leader parlementaire de
Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, s'est lui aussi indigné des intentions
du gouvernement caquiste :
Tous les Québécois devraient voir cette
vidéo.
Ce
matin, le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon a dévoilé la stratégie de la
CAQ pour attirer les pharmaceutiques: leur partager les données médicales de la
RAMQ.#polqc #assnat pic.twitter.com/DCPuBE764r – Gabriel
Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) August 20, 2020
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(1) L’ex vice-président
de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Christian Dubé, président du
Conseil du trésor et ministre de l'Administration gouvernementale du 18 octobre
2018 au 22 juin 2020, est désormais ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Journal de
Montréal, 12 décembre 2019 :
Christian
Dubé touche à la fois son salaire de député-ministre et des prestations d’un
régime de retraite du gouvernement. Selon le rapport annuel 2017 de la Caisse,
M. Dubé a droit à au moins 57 000 $ par année à ce titre. Les prestations
proviennent du Régime de retraite du personnel d’encadrement, offert aux cadres
des organisations gouvernementales, dont la Caisse.
Des règles interdisent généralement aux
titulaires de charge publique de cumuler un revenu d’emploi et des prestations
d’un régime de retraite gouvernemental. «La règle de cumul ne s’applique pas
aux députés de l’Assemblée nationale», soutient toutefois Myrian Marotte,
porte-parole de Christian Dubé.
«Franchement, recevoir une pension pendant
qu’il est payé par les fonds publics, je trouve qu’on s’approche dangereusement
de l’indécence, si on n’y arrive pas carrément», s’indigne Vincent Marissal de
Québec solidaire.
Le député estime qu’à titre de responsable
de la fonction publique québécoise, M. Dubé se doit de montrer l’exemple.
Au moment de quitter la Caisse, M. Dubé a
reçu une somme d’environ 1 million $, soit sa prime de rendement pour les huit
mois de travail qu’il a effectués en 2018, jusqu’à son départ à la retraite.
Il reçoit son salaire d'élu... et une
pension de la Caisse de dépôt
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