28 août 2020

«La vie vaut la peine d’être perdue» (G. Carlin)

George Carlin (1937-2008*) avait généralement une façon crue et vulgaire de critiquer la politique, le système de santé, la surconsommation, la corruption et l’influence de la religion aux États-Unis. Cependant, entre deux F-word, les vérités vérifiables abondent. Dans ce stand-up de 2005, il est question de QI, de votes et d’«épidémie» d’obésité. Les gens qui dénoncent la grossophobie (hostilité et discrimination envers les obèses) fustigeraient l’humoriste; pourtant il ne fait que décrire les comportements de la «génération XXL» américaine (et c’est triste de voir ça...). S’il était encore vivant, Carlin constaterait que les choses ont empiré depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

La vie vaut la peine d'être perdue – Stupides Américains – George Carlin
(Life Is Worth Losing - Dumb Americans) 
Enregistré le 5 novembre 2005, Beacon Theater, New York City, New York

Vidéo :

Transcription intégrale en anglais :

* En 2008, George Carlin a reçu à titre posthume le prix Mark-Twain. En 2017, le magazine Rolling Stone le classait deuxième sur sa liste des 50 meilleurs humoristes de stand-up de tous les temps.


Extraits

La traduction web propose «putain de...» pour F-word. J’en ai éliminé quelques-uns ainsi que des redondances...
 
«On l'appelle le rêve américain parce qu'il faut être endormi pour y croire»

Les gens sont fous. Ce pays est plein de crétins et de connards. Vous avez déjà remarqué ça? Oh, mon Dieu. Ouais. Des imbéciles. Et ils votent tous, oui. En fait, on a parfois l'impression qu'ils sont les seuls à voter. En général, on peut savoir qui a voté en regardant les putains de rapports d'élection. Les amis, c'est sûr que je ne suis pas en train de perdre mon temps avec une activité sans intérêt comme ça. Vous savez, les gens du «Jerry Springer Show» [Ndlr : style télévision-poubelle], ce sont les Américains moyens. Oh, oui, croyez-moi. Les gens en dessous de la moyenne ne peuvent pas participer à l'émission. Ils ne peuvent pas y aller. Ce qui est en dessous de la moyenne, reste assis à la maison à regarder cette merde à la télé et se prépare à sortir pour aller voter, remplir son bulletin de vote. Les gens sont vraiment stupides.
   Vous pouvez dire ce que vous voulez de l'Amérique – que c’est une terre de liberté, la maison des braves – et j’aime ce pays. Je ne voudrais pas vivre ailleurs à une autre époque. Mais, nous avons quelques enfoirés dans ce pays, des connards, vous le savez. Bien sûr, cela n'inclut pas l’auditoire ici. Vous avez l'air intelligent et perspicace.
   Ceci n'est pas de la divagation. Ce n’est pas un show de boucane. J'ai une petite preuve pour appuyer mon affirmation. Il me semble que seule une population au QI vraiment faible aurait pu prendre ce beau continent, ce magnifique paysage américain dont nous avons hérité... en fait, nous l'avons volé aux Mexicains et aux Indiens. Et quand on l'a volé, il était très bien, impeccable. C'était le paradis. Vous l'avez vu récemment? Vous l’avez bien regardé? C'est drôlement embarrassant.
   Seule une nation de crétins non éclairés aurait pu s’emparer de ce bel endroit et le transformer en ce qu'il est aujourd'hui : un centre commercial, un putain de grand centre commercial. Vous le savez bien, c'est tout ce que vous avez ici, les amis. Mile après mile, centre commercial après centre commercial, beaucoup, beaucoup de centres commerciaux. Des grands centres commerciaux et des mini-centres. Ils mettent les mini-centres entre les grands centres. Et entre les mini-marchés, ils mettent des parkings, des stations d'essence, des garages de silencieux, des laveries automatiques, des hôtels bon marché, des fast-foods, des clubs de strip-tease et des librairies pornos. America the beautiful. Un grand cloaque commercial transcontinental.
   Et que pensent les gens de tout cela? Que ressentent les gens à l'idée de vivre dans un centre commercial d'un océan à l'autre? Eh bien, ils pensent que c'est simplement DANDY! Que c'est cool au maximum. Parce que les Américains adorent le centre commercial. C'est là qu'ils peuvent satisfaire leurs deux principales addictions en même temps : faire du shopping et manger. Des millions d'Américains semi-conscients, jour après jour, se baladent dans les centres commerciaux pour faire leurs courses et manger. Surtout pour manger. Les Américains adorent manger. Ils sont fatalement attirés par la mort lente causée par le fast-food : hot-dogs, corn-dogs, cheeseburgers triple bacon, frites trempées dans le beurre et la graisse de porc et le Cheese Whiz, barbecue trempé dans la mayonnaise, galettes de mozzarella fondues. L'Amérique mangera n'importe quoi. N'importe quoi. Merde, si vous vendiez des culs de ratons-laveurs grillés sur brochettes, les Américains les achèteraient et les mangeraient. Surtout si on les trempe dans le beurre et qu'on met un peu de salsa.
   Ce pays est un pays de porcs. Oubliez l'aigle à tête blanche. Vous savez quel devrait être l'emblème national de ce pays? Un grand bol de macaroni au fromage. UN GRAND BOL. Parce que tout dans ce pays est de la taille d'un roi. King size, extra large et SUPER JUMBO. Surtout les gens! Avez-vous vu certaines personnes dans ce pays? Oh, mon Dieu. D'énormes masses de protoplasme rebondissant qui se baladent dans les centres commerciaux comme une flotte de bus sur l’Interstate. Les gens dans ce pays sont immenses. Des ventres massifs, des cuisses monstrueuses et des gros culs.
   Et si vous restez là pendant une minute et que vous regardez une personne attentivement, vous commencerez à vous demander : Comment cette femme peut-elle chier? Et encore plus effrayant, comment elle s'essuie le cul? Peut-elle même localiser son trou du cul? Elle doit avoir besoin d'aide. Les ambulanciers sont-ils formés dans ce domaine? Et juste à côté d'elle, son mari Joe Six Pack avec son monstrueux ventre gonflé de bière qui pend dangereusement sur sa ceinture, et bien sûr, avec la bouche pleine de tarte et une assiette pleine de nachos à la main. Ce type n'a certainement  pas vu sa bite depuis l'administration Nixon. Et si vous les regardez tous les deux, vous commencez à vous demander, est-ce que ces gens-là baisent? Est-ce que cet homme est vraiment capable de baiser cette femme? Il ne semble pas structurellement possible que ces deux personnes puissent parvenir à la pénétration. Peut-être qu'ils sont dans le «Cirque du Soleil» ou quelque chose comme ça. Je vous le dis, presque tous les gens de ce pays ont un excès de poids de 15 kilos. Ce sont des GARGANTUA.


Et en été – que Dieu nous aide – ils voudront tous porter des shorts. Seigneur Jésus, protecteur de tout ce qui est bon et saint, délivre-nous des gros en shorts. Ils ont tous des shorts, des gros ventres, des grosses cuisses et des enfants muets. Chacun couple a deux enfants idiots avec lui. Et toute la famille porte des T-shirts, ils portent tous le même T-shirt... «I’m with stupid». Apparemment, dans ce pays, les stupides constituent une famille élargie.


Et en plus de porter ces T-shirts, chaque membre de la famille porte un sac à dos. Ils ont un sac à dos attaché au dos pour pouvoir transporter plein de trucs stupides. Et la raison pour laquelle ils doivent porter leur stupide merde attachée sur le dos est que leurs mains doivent rester libres à tout moment pour tenir de la nourriture, la porter à leur bouche où elle est enfoncée avec toutes les autres merdes dégoûtantes qu'ils ont mangées ce jour-là. Et... une autre raison pour les sacs à dos est que ces gens vont acheter encore plus de choses stupides. Ils n'en ont pas assez à la maison. Ils n’ont acheté qu’une seule chose, alors ils vont en acheter d'autres. Pui, ils vont aller dans le parking et mettre tout ça dans le gros, gros SUV moche et surdimensionné où il y a beaucoup de place. Plein de place pour ramener chez eux de gros gadgets moches, non sans s'être arrêtés en chemin bien sûr, pour manger un rouleau à la gelée et de la pâte frite.
   Ces gens, ces gens sont des consommateurs efficaces, professionnels et compulsifs. C'est leur devoir civique, la consommation. C'est le nouveau passe-temps national. J'emmerde le base-ball. La consommation est la seule vraie valeur américaine durable qui reste. Acheter des choses. Les gens dépensent DE L'ARGENT QU'ILS N'ONT PAS POUR DES CHOSES DONT ILS N'ONT PAS BESOIN. Ils peuvent donc utiliser au maximum leurs cartes de crédit et passer le reste de leur vie à payer 18 % d'intérêts sur un objet qui leur coûte 12,50 $, et que de toute façon, ils n'ont pas aimé quand ils l'ont ramené à la maison! Pas très malin, les amis. Pas très malin.
  Mais si vous en parlez avec l'un d’eux, si vous en isolez un, si vous le faites asseoir et que vous lui parlez rationnellement de son faible QI, de son comportement stupide et de ses mauvaises décisions, tout de suite, il commence à parler d'éducation. C'est la grande réponse à tout. L'éducation. Ils disent : «Nous avons besoin de plus d'argent pour l'éducation. Nous avons besoin de plus de livres. Plus d'enseignants. Plus de salles de classe. Plus d'écoles. Nous avons besoin de plus de tests pour les enfants». Vous leur dites : «Eh bien, vous savez, nous avons essayé tout cela et les enfants ne peuvent toujours pas passer les tests». Et ils vous répondent : «Ne vous inquiétez pas pour ça. Nous allons faire baisser les notes de passage».
   Et c'est ce qu'ils font dans beaucoup d’écoles maintenant. Ils abaissent les notes de passage pour que plus d'enfants puissent réussir. Plus d'enfants réussissent, l'école est belle, tout le monde est heureux, le QI du pays baisse de deux ou trois points et bientôt, tout ce dont vous aurez besoin pour entrer à l'université, c'est d'un crayon. Vous avez un crayon? Entrez, c'est de la physique. Alors tout le monde se demande pourquoi 17 autres pays ont plus de scientifiques diplômés que nous. «ÉDUCAATION». Les politiciens connaissent ce mot. Ils l'UTILISENT à vos dépens. Les politiciens se cachent traditionnellement derrière trois choses, le drapeau, la Bible et les enfants. «Aucun enfant n'est laissé derrière. Aucun enfant n'est laissé pour compte.» Oh, vraiment? Eh bien, il n'y a pas si longtemps, vous parliez de donner aux enfants une longueur d'avance. Quelqu'un perd du terrain ici.
   Mais il y a une raison à cela. Il y a une raison pour laquelle l'éducation est nulle. Et c'est pour la même raison qu'elle ne sera jamais organisée. Elle ne s'améliorera jamais. Ne cherchez pas. Soyez heureux avec ce que vous avez. PARCE QUE LES PROPRIÉTAIRES DE CE PAYS NE VEULENT PAS DE L’ÉDUCATION. Je parle ici des vrais propriétaires, les grands et riches intérêts commerciaux qui contrôlent les choses et prennent toutes les décisions importantes. Oubliez les politiciens... ils ne sont pas pertinents. Les politiciens sont là pour vous donner l'illusion que vous avez la liberté de choix. VOUS NE L'AVEZ PAS. VOUS N'AVEZ PAS LE CHOIX. VOUS AVEZ DES PROPRIÉTAIRES. VOUS LEUR APPARTENEZ. ILS POSSÈDENT *TOUT*! Ils possèdent toutes les terres importantes. Ils possèdent et contrôlent les entreprises. Ils ont acheté et payé depuis longtemps le Sénat, le Congrès, les chambres législatives et les mairies. Ils ont les juges dans leur poche. Et ils possèdent toutes les grandes sociétés de médias, donc ils contrôlent à peu près toutes les nouvelles et les informations que vous entendez!
   ILS VOUS TIENNENT PAR LES COUILLES! Ils dépensent des milliards de dollars chaque année en lobbying, en faisant pression pour obtenir ce qu'ils veulent. Eh bien, nous savons ce qu'ils veulent. Ils veulent plus pour eux-mêmes et moins pour les autres. Mais je vais vous dire ce qu'ils ne veulent pas. Ils ne veulent pas d'une population de citoyens capables d'avoir une pensée critique. Ils ne veulent pas qu’ils soient bien informés. Des gens bien éduqués, capables de penser par eux-mêmes. Ils ne sont pas intéressés par cela. Cela ne les aide pas. C'est contre leurs intérêts. C'est vrai. Ils ne veulent pas de gens assez intelligents pour s'asseoir autour de la table de la cuisine et comprendre à quel point ils se font baiser par un système qui les a jetés par-dessus bord il y a 30 ans. Ils ne veulent pas. Vous savez ce qu'ils veulent? Ils veulent des TRAVAILLEURS OBÉISSANTS. Des gens qui sont juste assez intelligents pour faire fonctionner les machines et remplir la paperasse, et juste assez stupides pour accepter passivement tous ces emplois de plus en plus merdiques avec les salaires les plus bas, les heures les plus longues et des avantages réduits. Pas de fin aux heures supplémentaires, et la pension disparait au moment où vous alliez la toucher.
    Et maintenant, ils veulent votre ARGENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE. Ils veulent votre argent de retraite. Ils veulent le récupérer! Pour pouvoir le donner à leurs amis criminels de Wall Street! Et vous savez quoi, ils l'auront... ils l'obtiendront de vous, tôt ou tard... parce que la place leur appartient! C'est un GRAND CLUB... ET VOUS N'ÊTES PAS MEMBRE DU CLUB! Vous et moi ne faisons pas partie du grand club! Au fait, c'est le même grand club (1) qu'ils utilisent pour vous frapper sur la tête toute la journée quand ils vous disent quoi croire. Toute la journée, ils vous frappent sur la tête. Et leurs médias vous disent quoi croire, quoi penser et quoi acheter... La table est inclinée, les amis. Le jeu est truqué et personne ne semble le remarquer et s'en soucier. Voilà. Des honnêtes gens qui travaillent dur, des cols blancs, des cols bleus, peu importe la couleur de chemise que vous portez.
   Ce sont ces gens aux moyens modestes, de bons travailleurs honnêtes qui continuent à élire ces ordures richissimes qui se fichent d'eux. ILS N'EN ONT RIEN À FOUTRE DE VOUS TOUS! VOUS NE COMPTEZ PAS DU TOUT, DU TOUT, DU TOUT! Ouais. Et personne ne semble le remarquer. Personne ne semble s'en soucier. Voilà ce sur quoi les propriétaires comptent : les Américains vont sans doute volontairement ignorer qu’ils se font baiser quotidiennement. Les propriétaires de ce pays connaissent la vérité... On  appelle le rêve américain. Parce qu'il faut être endormi pour y croire.

(1) En anglais, club signifie aussi bâton.

24 août 2020

La relance économique en faveur de qui?

Au mépris de la démocratie?

Les Québécois ont élu un gouvernement constitué de businessmen, de spéculateurs et de comptables. La CAQ (anciennement ADQ) a toujours défendu des politiques de centre droit : réduction de la taille de l'État, ménage des finances publiques, abolition de certaines institutions, grande ouverture au secteur privé, création d’une économie de propriétaires, etc. Bref, une économie capitaliste néolibérale à la Thatcher/Reagan ou Mulroney/Institut Fraser : le développement économique passe par la privatisation et le démantèlement des services publics. Quant à la protection de l’environnement, la CAQ continue d’ouvrir les portes à l’exploitation forestière, minière, gazière et pétrolière à la grandeur de la province quitte à réduire la taille des ères protégées s’il le fallait. Aucuns scrupules. Pas étonnant que le ministre Fitzgibbon se prépare à vendre nos données médicales à des géants pharmaceutiques pour combler l’insatiable appétit d’argent de ce gouvernement.


Les infrastructures de la relance économique / Dans l’œil de Michel Désautels (Tout un matin, ICI Première / 24 08.2020) :
«... Il faut aller dans le sens du bien commun, arrêter de se soumettre aux seuls intérêts des promoteurs privés, parce que leurs intérêts, ils sont privés, on le sait, et ne pas aligner les investissements sur la carte électorale, ne pas faire de gerrymandering économique. Il faut arrêter de dépenser l’argent de cette manière-là et plutôt penser aux besoins réels de la population d’aujourd’hui et celle de demain.»

Projet de loi 61

«Le prédécesseur de Mme LeBel au Conseil du trésor, Christian Dubé (1), s’était attiré les foudres des partis d’opposition en juin en déposant ce projet de loi omnibus à dix jours de la fin des travaux de l’Assemblée nationale pour la relâche estivale.  
   Le gouvernement Legault plaidait alors l’urgence de l’adopter pour relancer l’économie québécoise durement touchée par la pandémie. Le projet de loi 61 lui aurait donné des pouvoirs exceptionnels durant deux ans, notamment celui d’étendre l’état d’urgence sanitaire jusqu’à ce qu’il décide d’y mettre fin. Il aurait également permis au gouvernement de contourner les lois environnementales et de déroger à la Loi sur les contrats des organismes publics pour conclure des contrats de gré à gré et d’échapper à la règle du plus bas soumissionnaire.
   Le projet de loi aurait, entre autres, accéléré les consultations populaires en amont de l’évaluation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et allégé la procédure d’expropriation.» ~ Mylène Crête (Le Devoir 20.08.2020)

«La vision de la relance économique du Québec, le projet de loi 61, a été enrobée dans des mesures profondément antidémocratiques et nuisibles à la protection de l’environnement, ce qui lui vaut les tirs groupés de l’opposition à l’Assemblée nationale. On verra bien quelle nouvelle mouture le gouvernement Legault prépare pour la rentrée.» ~ Émilie Nicolas (Le Devoir 20.08.2020)

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La vente de nos données médicales : la RAMQ est le «sésame» de la caverne d’Ali Baba pharmaceutique...

La boîte de Pandore des données médicales / Delphine Jung 24.08.20 :
Ces données médicales serviront-elles le bien commun, ou à gonfler les profits de ces grandes entreprises?
   Dans le milieu de la cybersécurité et de la protection des données personnelles, beaucoup de questions ont été posées, notamment sur les intentions des géants pharmaceutiques.
   "[Grâce à ces données], vont-ils opter pour le développement du traitement le plus payant ou le plus utile à la population?", se demande Dominic Cliche, conseiller en éthique et membre de la Commission de l’éthique en science et en technologie. Il rappelle qu'il est compliqué d’oublier que les Pfizer et Sanofi de ce monde ont un but précis : faire des bénéfices.
   "Est-on en train de monnayer les renseignements personnels des individus pour éviter de dépenser de l’argent dans des crédits d’impôt? A-t-on toujours besoin d'appâter cette industrie?", s'interroge encore M. Cliche.


RAMQ : vos données déjà partagées

La Régie de l’assurance maladie du Québec partage déjà des données sur la santé des Québécois, comme l’a proposé le ministre Pierre Fitzgibbon, afin de fournir «de précieuses informations» au réseau de la santé, aux chercheurs et aux entreprises privées.
   Le ministre de l’Économie a admis jeudi qu’il souhaitait fournir les données médicales des Québécois aux pharmaceutiques. «C’est winner», dit-il, pour attirer les entreprises au Québec et faire avancer la science. 
   Quelques heures plus tard, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a soutenu pour sa part qu’il n’était pas question de mettre à profit les données de la RAMQ.
   Pourtant, selon des documents d’accès à l’information, la RAMQ utilise déjà nos données dans une «phase exploratoire» afin d’exploiter au maximum le volume «énorme» de données, dont une grande quantité est «sensible».  
   Le ministre Pierre Fitzgibbon a eu des discussions au sujet des données de la RAMQ avec des géants de la pharmaceutique lors de son passage au congrès international de la Biotechnology Innovation Organization à Philadelphie. L’information a été confirmée hier par Mathieu St-Amand, attaché de presse de Pierre Fitzgibbon.
   Lors de cette rencontre, le ministre avait d’ailleurs octroyé une subvention de 15,4 M$ pour que l’Institut de cardiologie de Montréal pilote deux projets en médecine de précision en partenariat avec les pharmaceutiques DalCor, AstraZeneca et Bayer.   
   Ces projets intègrent notamment des données génomiques et l’intelligence artificielle.  


Partenariat avec Bayer, et conséquemment, avec Monsanto? Horrifiant... Pendant la Seconde Guerre mondiale, la société pharmaceutique et agrochimique allemande Bayer se livrait au trafic d'êtres humains en achetant des déportés du camp d’Auschwitz pour servir de cobayes dans le cadre d'expérimentations à prétention médicale et de caractère confidentiel. Au fil du temps, des inventions et des produits dangereux sont sortis des usines de Bayer : gaz moutarde; insecticide Zyklon B; huile frelatée; contraceptifs dangereux; sang contaminé; insecticide gaucho mortel pour les abeilles, etc. La passé de Bayer est loin d’être reluisant, mais avec l’achat de Monsanto, le géant devient encore plus létal... Rappels : Dow Chemical et Monsanto ont élaboré le défoliant «agent orange» qui fut répandu au Vietnam pour détruire les récoltes – ni plus ni moins une guerre chimique. Selon des estimations récentes, de 2,1 à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés aux herbicides entre 1961 et 1971, auxquels il faudrait rajouter un nombre inconnu de Cambodgiens, de Laotiens, de civils et militaires américains, et divers alliés australiens, canadiens, néo-zélandais, sud-coréens. Des enfants vietnamiens nés plusieurs années après la fin de l'épandage présenteraient des taux élevés dans l'organisme. Les conséquences de cette accumulation seraient nombreuses : cécité, diabète, cancers de la prostate et du poumon, malformations congénitales. L’insecticide Roundup à base de glyphosate de Monsanto continue de susciter des poursuites judiciaires collectives par des utilisateurs atteints de cancer. Au Québec, le Roundup n’est même pas interdit malgré tous les rapports scientifiques qui le dénoncent.

Photo : Radio-Canada / Émilie Robert

Les données de la RAMQ pour appâter les pharmaceutiques 

Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a qualifié de «mine d’or» les données que recueille la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
   «Je sais que c’est un sujet très controversé et je n’entrerai pas là-dedans tout de suite», a-t-il signalé. «J’ai des vues très précises sur ça.»
   «La stratégie du gouvernement, c’est carrément de vouloir attirer les pharmas, quelques pharmas, à venir jouer dans nos platebandes, profiter de ça. Et je pense qu’on a une chance incroyable d’y arriver.»
   «C’est un devoir que nous avons au gouvernement de profiter de ça pour augmenter la notoriété du Québec», a-t-il affirmé.
   «Le jour où on peut se rendre confortables de donner accès à nos données de santé aux compagnies pharmas qui vont venir dans les hôpitaux universitaires – qui sont très performants –, quand on a Mila à côté […] ou Imagia, c’est winner!», a-t-il déclaré.
   M. Fitzgibbon a affirmé que le ministre de la Santé, Christian Dubé, est bien au courant de ses projets. «On a parlé de ça avant même qu’on soit en politique», a-t-il déclaré.
   Répondant de son côté aux questions de la Commission de la santé et des services sociaux, le ministre Dubé ne s'est pas souvenu d'une telle conversation : «Discuter de la vente des données de la RAMQ à d’autres personnes, moi, je n'ai jamais eu cette discussion-là.»
   Pierre Fitzgibbon n'en a jamais discuté avec des représentants de la RAMQ, a-t-il admis. Le sujet n'a pas non plus été abordé au conseil des ministres, selon Christian Dubé.
   Vincent Marissal, de Québec solidaire, était outré d'entendre M. Fitzgibbon. «Ça m’a écorché le tympan», a-t-il illustré, au début d'un échange acerbe.
   «Ce débat-là est dans l’air depuis longtemps, mais il n’y a jamais, jamais personne qui est allé aussi loin que vous dans ce que vous venez de dire», a laissé tomber M. Marissal. «Aussi bien donner les clés de la banque de sang aux vampires.»
   Le député de Rosemont a prévenu le ministre qu'il trouverait Québec solidaire «dans le camp de over my dead body, surtout après tout ce qu’on a appris, des fuites de renseignements personnels, de cette immense voracité de certains opérateurs comme Google, Amazon et autres pour les données personnelles».
   «Vous me désolez, vous me désolez», lui a répondu Pierre Fitzgibbon, des éclairs dans les yeux. Il a qualifié les propos de M. Marissal d’«erronés et incendiaires».
   Sur Twitter, le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, s'est lui aussi indigné des intentions du gouvernement caquiste :
   Tous les Québécois devraient voir cette vidéo.
   Ce matin, le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon a dévoilé la stratégie de la CAQ pour attirer les pharmaceutiques: leur partager les données médicales de la RAMQ.#polqc #assnat pic.twitter.com/DCPuBE764r – Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) August 20, 2020


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(1) L’ex vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Christian Dubé, président du Conseil du trésor et ministre de l'Administration gouvernementale du 18 octobre 2018 au 22 juin 2020, est désormais ministre de la Santé et des Services sociaux.

Journal de Montréal, 12 décembre 2019 :
Christian Dubé touche à la fois son salaire de député-ministre et des prestations d’un régime de retraite du gouvernement. Selon le rapport annuel 2017 de la Caisse, M. Dubé a droit à au moins 57 000 $ par année à ce titre. Les prestations proviennent du Régime de retraite du personnel d’encadrement, offert aux cadres des organisations gouvernementales, dont la Caisse.
   Des règles interdisent généralement aux titulaires de charge publique de cumuler un revenu d’emploi et des prestations d’un régime de retraite gouvernemental. «La règle de cumul ne s’applique pas aux députés de l’Assemblée nationale», soutient toutefois Myrian Marotte, porte-parole de Christian Dubé.  
   «Franchement, recevoir une pension pendant qu’il est payé par les fonds publics, je trouve qu’on s’approche dangereusement de l’indécence, si on n’y arrive pas carrément», s’indigne Vincent Marissal de Québec solidaire.  
   Le député estime qu’à titre de responsable de la fonction publique québécoise, M. Dubé se doit de montrer l’exemple.  
   Au moment de quitter la Caisse, M. Dubé a reçu une somme d’environ 1 million $, soit sa prime de rendement pour les huit mois de travail qu’il a effectués en 2018, jusqu’à son départ à la retraite.

Il reçoit son salaire d'élu... et une pension de la Caisse de dépôt

18 août 2020

Le fleuve de la mort

Enlisés jusqu’au cou, ce n’est pas le moment de baisser la tête...

La navigation sur la voie maritime du Saint-Laurent : 
il faut adapter l’industrie au fleuve, non pas adapter le fleuve à l’industrie.

«Malgré tout ce que les gens disent, à long terme, y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a pas de place pour rien d’autre que nous et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, il humanise tout.» ~ Serge Bouchard, anthropologue, écrivain et animateur radio

Photo de base : IStock. Les humains, en masse, ne représentent que 0,01 % de la vie sur la planète. Pourtant, malgré notre apparente insignifiance, notre influence sur le reste de la vie terrestre est indéniable. Changements climatiques, déforestation et surpêche sont tous des exemples cités couramment. Le groupe qui occupe le premier rang est… notre bétail! Environ 60 % des mammifères sur Terre sont des animaux d’élevage, tels que le bœuf, le porc et les autres animaux de la ferme.

En octobre 2019, le premier ministre François Legault vantait l’un de ses pires projets de développement économique : «le projet GNL Québec permettrait une réduction très importante des émissions de GES de la planète et il y aurait création de milliers d’emplois très payants en région».

Rien de bon ne peut résulter de ce fantasme, absurde à tout point de vue. Les élus, souffrant de glaucome environnemental, continuent de soutenir le projet sous la pression des lobbyistes; celui-ci devrait aller de l’avant avec ou sans l’approbation sociale.  

Une quarantaine d’économistes québécois ayant de sérieux doutes sur ses retombées économiques ont dénoncé le projet GNL Québec. À leur avis, il n’est pas crédible de soutenir que le gaz remplacera des énergies plus polluantes comme le charbon, en Europe et en Chine. D’autre part, les auteurs de la lettre affirment que les quelque 6000 emplois directs et indirects qui seraient créés pendant la phase de construction du projet et les 1100 autres une fois que l’usine de liquéfaction serait en activité risquent en fait d’aggraver la pénurie de main-d’oeuvre dans la région.

Plus de 250 médecins ont aussi exprimé leurs craintes en écrivant au premier ministre. «Nous vous écrivons en tant que médecins et professionnels de la santé au sujet du projet Énergie Saguenay-Gazoduq pour vous demander de prendre en compte les impacts négatifs qu’il pourrait avoir sur la santé humaine, s’il voyait le jour. Tout d’abord, le gaz naturel présente en lui-même un risque important de par sa nature hautement inflammable. Ce risque accompagne chaque étape de manutention du produit, dont le transport et le stockage. Depuis 2008, plus de 500 incidents impliquant des gazoducs relevant de l’Office national de l’énergie ont été répertoriés au Canada, dont certains font état d’explosions.
   C’est un risque dont nous devons tenir compte considérant que le projet Énergie Saguenay implique la construction d’un gazoduc de 782 kilomètres traversant le Québec de part en part, de l’Abitibi-Témiscamingue à Saguenay en passant par la Haute-Mauricie. Il en va de même pour le transport du gaz naturel liquéfié (GNL), dont 11 millions de tonnes seraient exportées chaque année en passant par le fjord du Saguenay dans des navires-citernes. En cas d’accident, le GNL peut former une dilution explosive avec l’air susceptible de s’enflammer et de causer des dommages jusqu’à 3,5 km.
   Une aberration climatique. Ensuite, lorsqu’il est question de changements climatiques, la santé humaine devient un enjeu mondial qui exige un sens des responsabilités transcendant le régionalisme. C’est pourquoi le projet Énergie Saguenay concerne la santé de tous.» [...]

Enfin, une centaine de professeurs et de chargés de cours de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) ont signé et envoyé au gouvernement une lettre d’opposition au projet d’usine gazière Énergie Saguenay, de GNL Québec. Ils disent redouter les répercussions d’un projet qui ne répondrait pas à «l’urgence climatique» et plaident pour une «transition socioécologique» dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
   «Il est évident que le Québec ne peut pas bâtir son avenir sur des projets fragilisant les écosystèmes, les populations humaines et l’avenir économique tout en provoquant une forte tension sociale régionalement et au Québec», insistent les auteurs de cette lettre envoyée au gouvernement du Québec, au gouvernement fédéral et aux députés de la région.
    «[...] C’est un leurre de croire que de futures infrastructures de transport gazier serviront aux intérêts de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Notre région possède tous les atouts naturels, environnementaux, humains et économiques pour se placer en chef de file d’une transition socioécologique qui désormais n’est plus optionnelle», ajoutent-ils, dans le document signé par 63 professeurs, 38 chargés de cours et 26 professionnels de l’UQAC.
À lire ou relire :

Gazoduq/GNL, en bref (octobre 2019)

Le projet de Gazoduq/GNL vise à exporter 11 millions de tonnes de gaz, principalement du méthane, provenant de l’Alberta. Le tracé de gazoduc risque d’affecter 43 communautés locales québécoises, de même que 5 communautés autochtones tout le long du tracé. Près de 320 passages par années seraient effectués dans le parc marin du Fjord du Saguenay, affectant les bélugas et plusieurs autres espèces marines protégées. De l’extraction jusqu’à la consommation du gaz, le projet émettrait un minimum de 46 millions de tonnes de gaz à effets de serres.


Le gouvernement Legault ne financera pas seul GNL Québec
Alexandre Shields, Le Devoir 14 août 2020

Photo : Alexandre Shields / Le Devoir. Les méthaniers qui exporteraient le gaz naturel d’Énergie Saguenay navigueraient dans le seul parc marin du Québec.

Vendredi, Québec solidaire a donc pressé le gouvernement de rejeter GNL Québec. «Sans injections massives d’argent public, c’est un projet qui ne verra jamais le jour. M. Legault doit tourner le dos à ce projet-là et proposer de vraies alternatives économiques au Lac-Saint-Jean et aux autres régions touchées par le projet», a fait valoir le député Gabriel Nadeau-Dubois.
   Du côté du Parti québécois, on estime aussi qu’il est temps de tourner la page sur cette usine, qui traiterait essentiellement du gaz naturel exploité par fracturation. «Je suis désolé pour les employés touchés, mais ces mises à pied démontrent une fois de plus que ce projet du siècle dernier est difficile à financer et à rentabiliser. La seule option est de passer à autre chose et que le gouvernement prenne un véritable virage vers l’économie verte et les énergies renouvelables, beaucoup plus créatrices d’emplois dans les régions», a expliqué au Devoir Sylvain Gaudreault, porte-parole en matière d’environnement.
   «Assujettir l’avenir d’une région aux aléas des capitaux et marchés étrangers volatils, c’est le contraire du principe de souveraineté économique. La seule et unique certitude de ce projet, ce sont ses effets délétères sur la biodiversité et le climat», a réagi pour sa part la Fondation David Suzuki. Les émissions liées au projet seront surtout produites en Alberta, mais aussi lors du transport du gaz naturel. Selon les évaluations des experts des gouvernements du Québec et du Canada, celles-ci devraient atteindre près de huit millions de tonnes par année.
   La Société en commandite GNL Québec, qui est la société mère responsable du financement des projets Énergie Saguenay et Gazoduq, a toutefois nié jeudi la rumeur qu’elle pourrait mettre un terme au plus important projet industriel de l’histoire du Québec. «Concernant l’avenir des projets, il n’y a aucune décision envisagée en septembre. Les deux projets poursuivent leur développement et le projet Énergie Saguenay s’apprête à franchir une étape cruciale avec la tenue des audiences publiques du BAPE.» Le mandat du BAPE pour ce projet doit débuter le 14 septembre.
   Le gaz naturel qui serait liquéfié par l’usine Énergie Saguenay serait exporté à bord de navires méthaniers qui traverseraient le seul parc marin du Québec, soit celui du Saguenay-Saint-Laurent. Selon les prévisions du promoteur, le projet impliquerait au moins 320 passages chaque année pour des navires de 300 mètres de longueur et 50 mètres de largeur. Ce volet soulève des questions sur la protection de mammifères marins du Saint-Laurent, dont le béluga.


Une baleine blessée dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent
Alexandre Shields, Le Devoir 14 août 2020


Photo : Florent Tanlet. Un rorqual commun photographié le 7 août dans le parc marin. Le cétacé aurait été sévèrement mutilé sur le dos par l’hélice d’un moteur ou l’étrave d’un bateau.

Une baleine d’une espèce en péril aurait récemment été blessée dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, a appris Le Devoir. Mais la confusion règne sur cet incident, selon ce qui se dégage des informations transmises par Parcs Canada, qui a changé sa version des faits en cours de journée vendredi.
   Selon les informations envoyées par courriel vendredi en avant-midi par les autorités du parc marin, un zodiac d’excursion de Croisières AML aurait heurté le 29 juillet «une baleine» dans le parc marin. L’incident est survenu «alors que les conditions de navigation étaient difficiles dû au brouillard. Le pied du moteur du bateau pneumatique aurait possiblement frappé un rorqual commun alors que le pilote était en route vers le quai», a-t-on précisé dans une première réponse, fournie à la suite d’une demande envoyée mardi.
   Une photo prise le 7 août au large de Tadoussac, dans le parc marin, et obtenue par Le Devoir, montre justement un rorqual commun qui aurait été sérieusement mutilé sur le dos par l’hélice d’un moteur ou l’étrave d’un bateau au cours des derniers jours. La blessure était très récente, mais elle ne menacerait pas la vie de l’animal.
   Dans sa réponse détaillée sur l’incident du 29 juillet transmise vendredi en avant-midi, Parcs Canada ne confirmait toutefois pas que le rorqual pris en photo le 7 août est la même baleine que celle qui aurait été heurtée par le zodiac d’AML. Fait à noter, le rorqual photographié mutilé et le cétacé qui aurait été frappé par le bateau se trouvaient tous deux dans le parc marin, où les rorquals communs sont très peu nombreux.
   Toutes les espèces de baleines qui fréquentent le Saint-Laurent sont susceptibles d’être heurtées par des bateaux. Certaines portent d’ailleurs des cicatrices de collisions ou de lacérations par des hélices de moteurs. Dans le parc marin du Saguenay -Saint-Laurent, une aire marine mise en place pour protéger les cétacés, les baleines sont aussi susceptibles d’être heurtées mortellement par des navires cargos, des pétroliers ou des porte-conteneurs.   


La baleine de Montréal sans doute tuée par un navire
Alexandre Shields, Le Devoir 11 juin 2020

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Pas moins de 7000 navires transitent chaque année sur le Saint-Laurent, notamment directement dans l’habitat des 13 espèces de cétacés qu’on peut retrouver dans l’estuaire et le golfe. Et les projets d’expansion portuaire à Montréal et à Québec, mais aussi sur le Saguenay, devraient accroître ce trafic maritime.
   Chaque année, des cétacés sont tués dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, principalement en raison d’empêtrements dans des engins de pêche ou parce qu’ils sont frappés par des navires commerciaux. La quasi-totalité de ces cas n’est jamais médiatisée, voire jamais rapportée. Ils concernent pourtant parfois des espèces en voie de disparition, comme le rorqual bleu, dont la population adulte est estimée à seulement 250 individus. Depuis 2017, pas moins de 20 baleines noires ont également été retrouvées mortes dans le golfe du Saint-Laurent. Certaines avaient été frappées par des navires.
   En plus des risques de collisions, la circulation maritime entraîne une pollution sonore constante qui peut s’avérer nuisible aux cétacés. Le bruit généré par les navires commerciaux sur le Saint-Laurent peut se propager sur plus de 100 kilomètres.


Définition du jour : idiocratie

Le terme idiocratie est utilisé pour décrire un gouvernement qui est régi par un ensemble de personnalités incapables, particulièrement sottes et n'ayant manifestement aucune compétence pour gouverner. Exemple : Le pays fonce vers le désastre, gouverné comme il l'est par une idiocratie.
   Mais, il ne faut jamais désespérer des abrutis...