7 décembre 2015

L’inconcevable déni des climato-sceptiques


J’ai regardé le documentaire Climato-sceptiques, la guerre du climat.
Résumé : Plus de 4500 articles scientifiques reconnus confirment la réalité des changements climatiques. Pourtant, près de la moitié des Américains persistent à en douter. Le puissant lobby des climato-sceptiques intervient à travers le monde et sur toutes les tribunes. Il réussit à semer le doute même si l’évidence scientifique rallie de plus en plus la classe politique. (Production : Phares & Balises 2015, France, Jean-Guy Michaud à l'adaptation) 

Les climato-sceptiques, à majorité américaine dans ce documentaire, affirment que le seul but des écologistes est de détruire le capitalisme, la civilisation occidentale et son style de vie, et d’entraver les libertés individuelles. Le représentant du réseau CFACT, Marc Morano, concluait en parlant de la COP21 : «Notre bataille n’est pas perdue – c’est juste de la bullshit – des engagements non contraignants qui ne changeront rien.» 

 
Le réseau répand l’idée (à coups de milliards de dollars – devinez qui finance) que l’écologie «c’est de l’obscurantisme médiéval». Il propage aussi leurs croyances qu’aucune preuve scientifique ne corrobore. Leur argumentaire est si stupide qu’il est difficile d’admettre que des gens intelligents puissent y adhérer... Le réseau, composé d’avocats, de lobbyistes, directeurs d’entreprises industrielles (énergies fossiles), sénateurs, etc., offre des conférences d’information partout aux États-Unis et ailleurs dans le monde. 

De la propagande libertarienne à l’état pur. Et ça marche, puisque la moitié des Américains est climato-sceptique, et c’est probablement cette même moitié qui défend bec et ongles le droit constitutionnel de posséder des armes à feu. Une fausse conception de la liberté et des droits individuels et collectifs s’est propagée comme la peste; de par sa nature, celle-ci ne respecte rien ni personne, permet de tout détruire et de polluer sans vergogne, de voler autrui, de violer et tuer à volonté (bar open), et de se ficher du monde entier.

Ça me rappelait cette parodie sur la notion de liberté sans limite.



Ne me dites pas quoi faire

Angel Flinn (pour Gentle World, 2 mars 2013)

Je n'ai aucun problème avec votre mode de vie. Je respecte votre point de vue. Vous avez droit à votre opinion, et j'ai droit à la mienne.

Ne vous méprenez pas. J'admire les gens qui ont de fortes valeurs morales. Mais je n'aime pas qu’ils me les enfoncent dans la gorge.

Moi, par exemple, je ne vois rien de mal à l'esclavage. Certaines personnes sont nées pour servir les autres. C'est comme ça, voilà tout. Vous n’êtes pas obligé d’en posséder un, si vous ne voulez pas. Je n’ai aucun problème avec ça. Mais ne me dites pas que je ne peux pas en avoir.

Et ne me dites pas que je ne devrais pas frapper ma femme quand je le dois. Je ne vous dis pas de frapper la vôtre. Ça ne me dérange pas, d'une façon ou d'une autre. Si vous ne voulez pas frapper votre femme, c'est votre choix. Mais ne me dites pas que je dois m’en priver.

Je vis ma vie selon mes propres valeurs. Je comprends que nous voyons les choses différemment, et j'accueille la diversité qui fait en sorte que les individus sont différents.

J’en ai marre des bien-pensants qui disent par exemple que c'est mal si des adultes ont des rapports sexuels avec des mineurs. Vous pensez peut-être que les enfants ne devraient pas être soumis sexuellement, mais cela ne signifie pas que je dois le voir de cette façon. De quel droit me dites-vous ce que je devrais et ne devrais pas faire? Qu’y a-t-il de si mauvais dans la sexualité non consensuelle, de toute façon? Certains peuvent considérer le viol comme quelque chose de mal, mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les non-violeurs ne devraient pas s’attendre à ce que tout le monde vive selon leurs règles.

Est-ce que ça vous regarde?

Alors, ne me dites pas quoi penser, ou quoi manger, ou quoi porter, ou comment vivre. Ne m'attaquez avec vos notions de bien et de mal, de justice et d'injustice... Ces concepts sont sujets à interprétation, et personne n'a le droit d'imposer sa morale à quiconque. Occupez-vous de vos affaires... Vivez votre vie comme vous l’entendez.

Vous croyez que nous devrions vivre sans opprimer les autres animaux. Formidable, tant mieux pour vous.

Vous croyez que nous ne devrions pas obliger des êtres sensibles à se reproduire dans le but de les exploiter, et qu'il est immoral d’user de violence pour les plier à notre volonté. Vous croyez que marquer, castrer et mutiler leurs corps est inexcusable. Vous croyez que c’est mal d'exploiter le système reproducteur des femelles, d’arracher les nourrissons aux mères en pleurs et de les abattre tandis que le cordon ombilical est encore attaché. Vous croyez que manger de la chair et boire du sang sont des pratiques barbares et dégueulasses, et que la peau écorchée de l’un ne devrait pas servir à vêtir le corps d’un autre. Vous croyez que ces pratiques sont archaïques et qu’elles n’existeraient pas dans une société véritablement civilisée.

Vous croyez que les 56 milliards de morts horribles, à chaque année, sont moralement répréhensibles, d’autant plus que ce massacre continuel n’a pas d’autre but que de satisfaire l'appétit humain pour des saveurs et des textures spécifiques. Vous croyez que les désirs et les préférences d’une personne ne devraient pas se substituer aux droits moraux fondamentaux d’une autre.

Je vois, je comprends réellement. Et je respecte que vous viviez selon vos principes. Mais vous devez me respecter. Vous ne pouvez pas imposer vos croyances aux autres. Personne n'est en mesure de décider ce qui est bien ou mal pour nous, alors pour l’amour du ciel, je vous en prie...

Ne me dites pas quoi faire.

Source : Don’t Tell Me What To Do http://gentleworld.org/dont-tell-me-what-to-do/

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Photoquote : Dominic

Une perle de sagesse en guise de conclusion.
Source : OPINION La Presse+; 06/12/2015

Peut-on vivre sans raison d'être?

Pierre Desjardins
Philosophe

Notre situation dans l’univers est hallucinante! Pensons-y donc un instant : nous vivons sur une sphère gigantesque suspendue dans l’espace, une sphère de 12 756 kilomètres de diamètre qui, en 24 heures, tourne complètement sur elle-même et qui, de plus, se déplace autour du Soleil à la vitesse vertigineuse de 107 208 km/heure.

Toutefois, malgré cette situation à la fois extraordinaire et, disons-le, quelque peu précaire, nous nous arrêtons très peu au sens que tout cela peut avoir. Nous penchons plutôt du côté de la beauté gratuite de la Terre et préférons tout simplement en jouir sans trop nous poser de questions.

Pourtant, nous aussi sommes faits de matière terrestre, de la même matière qui peuple champs et forêts et qui, bien au-delà de la Terre, peuple également l’univers tout entier. Qu’avons-nous donc en commun avec cet univers étrange et pourquoi tenons-nous tant à y vivre, nous qui, sans le vouloir, nous retrouvons confinés dans ce lieu dont l’existence est, d’un point de vue rationnel, tout à fait absurde?

Car, logiquement, nous n’avons pas plus de raisons d’exister que l’univers en a. Logiquement, nous devrions refuser cette vie truquée d’avance, comme disait si bien Albert Camus. Mais, visiblement, nous ne sommes pas très rationnels et préférons, sans trop savoir pourquoi, profiter aveuglément des plaisirs que nous offre la vie. Sentir le vent, voir le ciel, toucher son enfant, œuvrer avec passion, c’est cela, vivre, dira-t-on! Après tout, pourquoi devrions-nous nous passer des magnifiques plaisirs que la vie nous offre sur un plateau d’argent?

Aussi, ce qui pourrait passer aux yeux de certains philosophes pour de l’insouciance ou de l’indifférence n’en est pas; bien au contraire, pareille attitude s’explique : en optant pour l’irrationnel, l’humain évite quelque chose qu’il ne peut endurer et supporter, soit le déplaisir de l’angoisse existentielle.

Au non-sens du monde, l’humain refuse de céder ou de se replier sur lui-même et rétorque en vivant passionnément.

C’est ainsi qu’à travers la jouissance du monde fabuleux qui nous entoure, ce que nous voyons ou entendons prend forme. La fleur qui se tourne vers le soleil devient le magnifique témoin de la richesse du soleil, de l’eau et de la terre qui la nourrit. L’oiseau qui virevolte dans l’air, le poisson qui s’ébat dans l’eau ou l’ours qui vagabonde sur la banquise en font tout autant. La Terre, à travers l’incroyable diversité chimique de ses composants, est à la fois le gage et le resplendissant écrin de toutes ces merveilles.

Toutefois, on ne peut représenter avec fierté quelque chose que l’on sait condamné d’avance. Que dirait-on, par exemple, d’un avocat qui accepterait de défendre un accusé dont la sentence de mort aurait déjà été prononcée? Or, n’est-ce pas exactement la situation dans laquelle l’humain se retrouve aujourd’hui?

En cannibalisant la nature, nous sommes en train de détruire le fruit de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il ne restera bientôt plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement besoin du vivant pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse), sa présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité.

Survivre à une nature ravagée replacerait l’humain sur une voie qu’il avait pourtant choisi d’éviter dès le départ : celle de se retrouver isolé, aux prises avec le déplaisir de l’angoisse existentielle dans un monde sans aucune autre vie que la sienne. Est-ce cela que nous voulons?

Mutiler la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle, ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison d’être.

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