5 janvier 2021

L’impudence des voyageurs délinquants


Photo : Rajaraman Arumugam / Shutterstock 

Merci aux étourdis et aux députés délinquants (qui devraient donner l’exemple!) d’avoir fait fi des recommandations concernant les voyages non essentiels à l’étranger – c’est un beau cadeau du Jour de l’An dont on paiera la cascade de conséquences longtemps... La probabilité d’un couvre-feu d’une durée d’un mois plane donc au-dessus de nos têtes. Car en effet, la contamination au coronavirus continue de prendre de la vigueur. Le 28 septembre 2020 le Québec comptait 750 nouveaux cas; le 19 novembre : 1207; le 8 décembre : 1470; et le 4 janvier 2021 : 2546! Bien sûr, les voyageurs ne sont pas les seuls à contribuer à la propagation – les anti-mesures sanitaires font aussi leur part.


Photo : Francis Vachon / Le Devoir  

Loin du Dr Arruda... à Punta Cana, malgré la Covid-19  

Marie-Michèle Sioui / Le Devoir, 25 décembre 2020

La plupart des voyageurs qui se dirigeaient vers le comptoir d’Air Transat pour s’inscrire à bord du vol Québec-Punta Cana, mardi matin, ont poliment décliné les demandes d’entrevue du Devoir. «On va passer pour les méchants encore», a lancé une femme qui faisait rouler sa valise vers le comptoir d’enregistrement.

https://www.ledevoir.com/societe/592168/loin-du-dr-arruda-a-punta-cana

Sur les ailes de l’indécence

Marie Andrée Chouinard / Le Devoir, 31 décembre 2020

[...] Aux yeux de tous ceux et celles qui s’astreignent au train d’exigences sanitaires au nom du bien collectif, les voyages dans le Sud, devenus LE sujet de l’heure cette semaine, symbolisent la quintessence de l’individualisme, l’oubli complet des autres au profit d’un plaisir personnel, la mise en veilleuse aussi de ce avec quoi 2020 devrait pourtant nous avoir permis de renouer, soit le respect d’un certain sens civique. Pour la majorité des citoyens qui ont choisi de faire porter leur sollicitude sur la collectivité plutôt que sur leur unique personne, combien d’insouciants mettent en péril la protection des autres ? Voilà le drame sous-jacent à leurs excès : l’immunité des uns s’arrête là où la morale des autres flanche – même des députés et des ministres n’ont pas pu résister à l’appel du large, ce qui dans leur cas dépasse tout entendement, disons-le. Au Québec, 3000 personnes rentraient au bercail en cette seule journée de mercredi, un nombre appréciable au vu de la contagiosité de la COVID. [...]

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/592568/voyages-dans-le-sud-sur-les-ailes-de-l-indecence

Délinquant/e/s politiques ayant voyagé à l’étranger

• Pierre Arcand, député du Parti libéral du Québec, voyage d’agrément  

• Youri Chassin, député de la Coalition avenir Québec, voyage d’agrément au Pérou pour aller voir son mari (approuvé par François Legault)

• Rod Phillips, ministre des finances (Ontario), voyage d’agrément

• Joe Hargrave, ministre de la Voirie (Saskatchewan), voyage d’agrément 

• Niki Ashton, porte-parole Transports et Langues officielles NPD (Manitoba), visite de sa grand-mère malade en Grèce

• Kamal Khera (PLC), Pierrefonds–Dollard, Montréal, voyage d’agrément aux États-Unis

• Sameer Zuberi (PLC), Brampton-Ouest, voyage d’agrément aux États-Unis

Députés et membres des équipes gouvernementales albertaines dont les voyages ont été confirmés par CBC News en date du 2 janvier au soir :

• Tracy Allard, ministre des Affaires municipales

• Tanya Fir, députée de Calgary-Peiga

• Jeremy Nixon, député de Calgary-Klein 

• Pat Rehn, député de Lesser Slave Lake  

• Ron Liepert, député de Calgary-Signal Hill [2 fois en Californie depuis mars, il devait effectuer une tâche "essentielle d'entretien à son domicile"]

• Jason Stephan, député de Red Deer-South

• Matt Wolf, directeur de la gestion des enjeux, cabinet J. Kenney

• Jamie Huckabay, chef d’état-major, cabinet J. Kenney

L’Alberta remporte la palme de la délinquance pour le moment. Certains députés ou membres d’équipes gouvernementales ont spontanément démissionné, d’autres ont reçu une petite tape sur les doigts. La liste pourrait s’allonger.  Il est évident que tout ce beau monde se croit au-dessus du commun des mortels.

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Autre conversation avec Serge Bouchard

Vous faites partie des endeuillés de la pandémie qui n’ont pas pu accompagner un proche à l’hôpital. Comment ça s’est passé?

Comme à peu près tous les gens qui ont dû laisser aller quelqu’un, et ils sont nombreux, je n’étais pas à côté de Marie lorsqu’elle a perdu conscience pour toujours, au CHUM. Après, elle a été transportée à la maison et nous avons pu la voir durant deux semaines avant qu’elle meure, mais elle était déjà partie, son cerveau était mort. Pendant les 15 jours qu’elle a été au CHUM, je n’ai pas pu la visiter, la toucher, l’embrasser, lui dire au revoir... Je n’ai qu’un mot, et c’est cruauté. Une cruauté dont personne n’est responsable, on ne peut pas montrer du doigt quelqu’un, c’est comme ça. On s’imagine toujours qu’on sera avec l’être aimé quand il ou elle va mourir. On ne peut pas imaginer qu’on ne pourra lui tenir la main. Pour moi, c’est une cicatrice qui ne disparaîtra jamais. [...]

Et pendant tout ce temps, il y avait la pandémie en arrière-plan. Quel genre de réflexions vous inspire la crise que nous traversons actuellement?

Difficile de dire autre chose que des généralités quand on est dans la sauce, mais je pense que ce ne sera plus jamais pareil. Au moment où on se parle, on est à un point de rupture. On va sortir de la pandémie... ou pas. C’est la grande question. Ça va peut-être continuer encore quelques années, on ne le sait pas. On sent bien qu’il y a quelque chose d’inconnu avec ce coronavirus, quelque chose qui s’est transformé dans le système général de la vie sur terre. Ce n’est pas impossible de penser qu’il y a eu tellement de modifications à l’environnement, tellement d’agressivité envers notre planète qui est liée à notre mode de production et au nombre de personnes impliquées dans l’affaire. Nous sommes 8 milliards de personnes, ça ne peut PAS ne pas avoir un impact sur la vie sur terre. Je lisais un rapport récent qui disait que maintenant, l’activité de l’humain dépasse l’activité de la nature…

C’est comme s’il y avait 14 milliards d’éléphants sur terre, ça paraîtrait. Or, un humain, c’est beaucoup plus gros qu’un éléphant, car chaque humain aspire au bonheur. Et le bonheur, c’est la consommation. Et la consommation, elle n’est plus nationale, elle est mondiale. La planète ne peut pas supporter ces 8 milliards de personnes, alors la nature fait son travail toute seule, elle essaie de nous détruire un peu, de réduire notre démographie. C’est comme ça que je vois les choses. Je sais qu’on n’est pas si heureux en disant les choses comme ça, mais ce n’est pas moi qui le dis. Je vous fais part de mes lectures.

Que pensez-vous de la manière dont le Québec répond à cette crise sans précédent?

Nous sommes une société de 8 millions d’habitants et je considère que les citoyens québécois sont parmi les meilleurs citoyens qu’on puisse trouver. Je suis content d’être québécois. Nous sommes un microcosme de gens qui ne sont pas cons, qui sont bienveillants et relativement gentils. Nous traînons notre proportion de crétins, mais je n’ai jamais vu une société dans le monde avoir éliminé ses crétins.

J’aime penser qu’on est plus proches de créer une humanité que n’importe quel pays que je connais. Nos jeunes générations sont aux études, on a des gens bien formés dans à peu près tous les secteurs de l’activité sociale, on est préoccupés par le sort des démunis. J’en aurais long à défiler… Mais on l’oublie souvent parce qu’on se chicane pour toutes sortes de raisons. Toute ma vie, j’ai entendu dire : «Nous, les Québécois, on est comme ci, comme ça…» On devrait avoir l’honneur de nos propres chicanes et le respect de nos propres débats. [...]

Nathalie Collard

Des nouvelles de serge Bouchard / La Presse, 2 janvier 2021

https://www.lapresse.ca/arts/litterature/2021-01-02/des-nouvelles-de-serge-bouchard.php

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