30 janvier 2021

Dépourvus d’intelligence et de compassion?

À entendre les incongruités lancées quotidiennement par le premier-ministre Legault et ses ministres, toute personne dotée d’un minimum d’intelligence et de lucidité peut en conclure qu’ils se ridiculisent à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Ces obsédés de l’économie ont un coffre-fort en béton dans la cage thoracique au lieu d’un cœur. Les caquistes sont une preuve qu’il n’est pas utile d’être intelligent et compétent pour gouverner – Trump l’a d’ailleurs amplement démontré...

Jacques Nadeau / Le Devoir. Des policiers ont remis une contravention à Albert Lord parce qu’il ne respectait pas le couvre-feu.

«Au moins neuf contraventions de 1550 $ ont été données à des itinérants pour non-respect du couvre-feu dans la grande région de Montréal, selon un décompte fait par la Clinique juridique itinérante (CJI). Et celles-ci, qui ne représentent que la pointe de l’iceberg selon les organismes communautaires, ne seront pas annulées par le jugement, selon le directeur général de la CJI. Les itinérants devront donc les contester.

   «Je me suis senti insulté de recevoir une contravention pour être dans la rue le soir. Si j’avais un toit, une maison où aller, j’irais avec plaisir, mais je vis dans la rue, que voulez-vous que je fasse?»

   Albert Lord, 63 ans, est itinérant depuis qu’il a perdu son appartement il y a cinq ans. La semaine dernière, vers minuit, il quêtait dans la rue à Lachine, à la recherche d’un coin tranquille pour dormir. «J’étais trop loin et trop fatigué pour me rendre dans une ressource d’hébergement», raconte l’homme derrière son masque bleu, qu’il porte sous le nez.» ...

   Des contraventions, David Chapman en a vu depuis qu’il travaille avec les itinérants. «J’ai une boîte pleine de tickets au sous-sol», lance-t-il en haussant les épaules.

   Il fouille dans la poche de son manteau et sort trois contraventions qu’il étale sur la table. «Les gens ici vivent au jour le jour, ils ne savent pas où ils vont manger, s’ils vont être en mesure de trouver un endroit pour se réchauffer et pour dormir. Ils ont des traumatismes qu’ils doivent porter au quotidien et les contraventions viennent ajouter à leur lourd fardeau.» Donald Tremblay, directeur général de la Clinique juridique itinérante a contesté devant les tribunaux la légalité du décret qui impose un couvre-feu aux personnes itinérantes. La juge Chantal Masse de la Cour supérieure lui a donné raison mardi soir et suspendu la distribution de contraventions aux personnes itinérantes. Québec a par la suite annoncé qu’il exempterait les personnes itinérantes du décret.» ~ Jessica Nadeau / Le Devoir

https://www.ledevoir.com/societe/594156/au-moins-neuf-sans-abri-ont-recu-une-amende-avant-l-exemption

«Comment avait-on pu penser à imposer un couvre-feu à des personnes sans domicile fixe? Donc, incapables de rester «chez eux» de 20 h à 5 h? Ces personnes parmi les plus pauvres et les plus poquées de notre société couraient en plus le risque d’écoper d’amendes salées. ... Les itinérants n’avaient pas besoin de couvre-feu. Encore moins des larmes de crocodile de la Ville et des gouvernements. Ils ont besoin de logements. Ils ont besoin de soins. Ils ont besoin d’humanité. ... Dans son ordonnance de sauvegarde, les mots de la juge Masse frappent fort. Une telle mesure portait atteinte à leurs droits à la vie, à la liberté et à la sécurité. Contraire aux principes de la justice fondamentale, son effet était discriminatoire et disproportionné, et le préjudice causé, irréparable. Cet épisode est un puissant révélateur. Il nous montre un manque étonnant de sensibilité au gouvernement...» ~ Josée Legault / Journal de Montréal

 

https://www.journaldemontreal.com/2021/01/28/sans-abri-un-gros-manque-de-sensibilite

Journal LeRevoir 

«Ainsi, il aura fallu le jugement d’un tribunal pour que le gouvernement Legault comprenne que des personnes sans domicile fixe ne doivent pas faire l’objet d’interpellations ni de contraventions faute de se trouver à leur adresse à 22 ou 23 h sous un régime de couvre-feu. Cela semblait une évidence, mais sait-on jamais. On observera à cet égard combien les politiques de droits de la personne, si souvent dévaluées et même discréditées par de nombreux partisans et maîtres à penser de ce gouvernement et de ses politiques d’affirmation nationale, prennent ici tout leur sens. ... La nation ordinaire de la CAQ n’est pas méchante, ni intolérante, ni raciste, on y fait valoir la convivialité et souvent même la compassion, un mot plein de bonté et de bienveillance dans la bouche du premier ministre, et riche de tout un héritage canadien-français. Seulement, cette compassion a des degrés, elle devient moins spontanée et un peu moins bienveillante quand il s’agit de citoyens ou d’aspirants citoyens pas tout à fait «moyens» ou «ordinaires». Il ne faut pas exagérer dans la compassion : c’est aller un peu vite que de l’étendre à des personnes étranges et délabrées qui traînent dans la rue ou à des laveuses de planchers venues d’ailleurs pour aider dans les CHLSD – et c’est bien regrettable si elles échappent aux normes nécessaires à l’imposition d’un couvre-feu ou à l’obtention d’un statut de résidentes. Non, ce n’est pas vraiment de la méchanceté, c’est juste cette même «insensibilité» avec laquelle on a vu plusieurs politiques du ministre Jolin-Barrette concernant les immigrants et les étudiants étrangers.» ~ Pierre Nepveu / Le Devoir  

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/594235/une-nation-bien-ordinaire

Je glisse, tu glisses, il glisse... 

«L’appel lancé par un François Legault qui, surfant sur un monticule de neige, invitait les internautes à partager sur les réseaux sociaux des photos joyeuses de leur quotidien pandémique a vite été entendu par ses ministres. C’est ainsi qu’on a pu voir Lionel Carmant danser devant son imposante baie vitrée, Jean-François Roberge jouer de la guitare sur son divan en cuir devant une immense fenêtre, Sonia LeBel repeindre un meuble et poser dans son habit de ski, André Lamontagne jouer d’un piano à queue dans un salon somptueux, Geneviève Guilbault faire une marche avec sa poussette luxueuse, dans une rue bordée de constructions neuves. «Tous ensemble pour aller mieux», écrivaient-ils, apparemment sans se douter que ça pourrait mal passer.

   Comment, en effet, ne pas être insulté de voir la prise en charge de la santé mentale être réduite à une affaire de petites joies quotidiennes, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’on rapporte de nouveaux signes alarmants d’une explosion de la détresse – aggravation des troubles alimentaires, de la dépression, de l’anxiété, des problèmes de consommation? Sans qu’on déplore l’accès déficient aux services de soutien et l’insuffisance des ressources distribuées dans l’urgence pour pallier des carences connues depuis longtemps?

   Sans verser dans le dolorisme, disons qu’on accueillerait mieux ce bouquet d’images positives si l’on ne proposait pas que ça, et si la dernière année n’avait pas été, précisément, une année sans images. Une année marquée par la mise en sourdine de tout ce qu’on a abandonné dans les marges. Des marges qui, en fait, se sont drôlement élargies, au point où, par «marge», il faut comprendre : tout ce qui s’éloigne d’un niveau de vie où, pour «garder le moral» et «aller mieux», il suffit de se tourner vers des biens, des loisirs et des espaces d’évasion que l’on chérit. Même l’accès salvateur à la nature n’est pas distribué également, c’est même une évidence. Parlez-en aux familles confinées dans leurs logements trop petits et trop chers – parce que la pandémie a tout perturbé, sauf la spéculation immobilière – ou aux sans-abri autochtones arrachés au territoire qu’on laisse mourir dans la rue.

   Ces images ne témoignent pas seulement d’un accès privilégié au divertissement en ces temps difficiles. Elles s’ajoutent à une fresque qui dépeint quelque chose comme une «idée caquiste de la vie bonne», esquissée à travers le discours gouvernemental depuis le début de la pandémie. Ce discours sur les petits-plaisirs-malgré-la-pandémie s’articule autour d’éléments très précis, d’un conservatisme assumé, exaltant les bonheurs de la domesticité et les joies de la consommation dans l’espace privé. Cette parade est le reflet d’une vision de la société où le rayon de la solidarité se limite à la sphère domestique et aux liens de sang, où la notion d’effort collectif rime avec obéissance et autosuffisance plus qu’avec partage et équité. Une parade qui ignore le manque éprouvé par ceux qui n’accèdent pas aux loisirs dispendieux ou aux jouissances de la propriété. Et, à force, cette omission finit par avoir l’air délibérée. Voilà ce qui choque. ~ Aurélie Lanctôt / Le Devoir

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/594222/coronavirus-ensemble-avec-qui   

25 janvier 2021

La clémence de l’escroc

Bien entendu, celui dont on ne veut plus prononcer le nom (pourtant il revient plusieurs fois dans ce billet, zut) était absent lors de l’assermentation de son successeur à la présidence. 

Le fou furieux a fait du 19 janvier 2021 un second Thanksgiving Day en graciant, non pas des dindes, mais 73 criminels, soit la moitié des 143 grâces qu’il a accordées durant son mandat. Le businessman crapuleux ayant lui-même escroqué le fisc, des associés, clients, fournisseurs, employés, etc., a blanchi d’authentiques escrocs (pas des fake!) – amis, collaborateurs, proches – comme lui accusés de collusion, conspiration, malversations fiscales, corruption, détournements de fonds, etc.. Donald triche même au golf selon l'auteur du livre Commander in Cheat, Rick Reilly. Trump lives on greens, mais cela ne signifie pas qu’il mange des légumes verts...!

Caricature : Dave Granlund. Plein pardon «Pour avoir escroqué les donateurs républicains...» Quelque chose que Trump pouvait comprendre! Dé-construisez l'Amérique!

http://www.davegranlund.com/cartoons/

Comme le révélait le New York Times, les alliés du président sortant s'activaient ces derniers jours à recueillir – et parfois monnayer – les centaines de demandes de pardons sur des affaires diverses allant de la fraude financière au meurtre. Ils ont collecté des dizaines de milliers de dollars – et potentiellement beaucoup plus – auprès de personnes demandant la grâce. Alors que Donald Trump s'apprêtait à quitter ses fonctions, un marché lucratif des grâces s’est développé, certains de ses alliés ont perçu des honoraires de riches criminels ou de leurs associés pour pousser la Maison Blanche à la clémence, selon des documents et des entretiens avec plus d'une trentaine de lobbyistes et d'avocats. Voici quelques criminels connus ayant obtenu la clémence du président sortant :

Lil Wayne et Kodak Black, corruption, extorsion, fausses déclarations pour acquisition illégale d’armes

Elliott Broidy, ex-collecteur de fonds de Trump, peine de prison pour lobbying illégal commuée

Kwame Kilpatrick (donateur et ancien maire de Détroit), peine de prison pour corruption et extorsion de fonds commuée  

Dans les derniers mois, Trump avait exonéré des collaborateurs et des proches ayant plaidé coupable ou ayant été condamnés dans l’enquête sur la possible collusion entre la Russie et son équipe de campagne en 2016 : Michael Flynn, Paul Manafort, Roger Stone, George Papadopoulos, Alex Van Der Zwaan, Paul Erickson, Maria Butina;  ainsi que Duke Cunningham, Rick Renzi et Robin Hayes pour corruption  

Charles Kushner, père du gendre de Trump, a été gracié – il avait été condamné à deux ans de prison en 2004 pour malversation fiscale

Finalement, Steve Bannon, l’ancien conseiller et principal organisateur de la campagne de Trump, a bénéficié d’une grâce préventive puisque qu’il n’a pas encore été jugé et condamné – il risquerait une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison pour conspiration et détournements de fonds.

«Trump doit son improbable ascension au pouvoir à un atout redoutable qui est le fondement même de sa personnalité : un ego surdimensionné, gonflé par une confiance absolue en lui-même et l'absence de tout scrupule ou principe interférant avec son intérêt ou sa jouissance personnelle. » ~ Marc Fortier, 24 avril 2020  

Un condensé intéressant de la «carrière» de Trump :   

https://www.journaldequebec.com/2020/04/24/trump-le-faux-jeton

Or, personne n’est invincible. La Trump Organization, constituée de nombreuses sociétés satellites gérées par les fils ainés du milliardaire, est sur le déclin. Des centaines de millions de dollars de dettes et de pénalités fiscales attendent Donald Trump. Ses complexes hôteliers et clubs de golf sont pour la plupart en faillite. Les compétitions qui devaient avoir lieu sur ses 17 terrains de golf à travers le monde ont été suspendues ou annulées.

Donc, supposons que Donald Trump se retrouve au chômage parce qu’aucun employeur ne veut lui offrir un job vu ses fraudes en affaires et ses inconduites envers les femmes. J’ai une suggestion : vendeur autonome de Bibles. Mike Pence pourrait lui fournir d’excellentes références. En août dernier, il disait : «Vous ne serez pas en sécurité dans l’Amérique de Joe Biden». Le vice-président Mike Pence a présenté Donald Trump comme le seul capable de résister aux assauts de la «gauche radicale». En difficulté dans les sondages à dix semaines de l’élection présidentielle américaine, Donald Trump compte sur son vice-président pour assurer, comme en 2016, la mobilisation de la droite religieuse. «Il ne s’agit pas vraiment de savoir […] si l’Amérique sera plus républicaine ou démocrate. Le question posée dans cette élection est de savoir si l’Amérique restera l’Amérique», a lancé Mike Pence.


Photo : Patrick Semansky / AP

Donald Trump a récompensé la loyauté de Pence, et ses liens étroits avec les Blancs chrétiens, plutôt âgés, qui ont joué un rôle-clé dans sa victoire de 2016.

   Le milliardaire républicain, marié à trois reprises et peu connu pour sa ferveur religieuse, sait qu’il a besoin d’appuis pour conserver cette part importante de son électorat. Interrogé il y a deux semaines sur le choix de la sénatrice Kamala Harris comme colistière de Joe Biden, Donald Trump avait ironisé sur cette dernière et profité de l’occasion pour tresser des lauriers à ‘Mike’. «Il est solide comme un roc. Il a été un vice-président fantastique*, avait-il lancé. Il est respecté par tous les groupes religieux. Que ce soient les évangéliques ou les autres.»

   Un Américain sur quatre est évangélique, selon l’institut Pew. C’est la forme dominante du protestantisme américain, et la première famille religieuse du pays, devant les catholiques et les protestants traditionnels.

https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2020-08-26/pence-vante-le-rempart-trump-face-a-la-gauche-radicale.php

* Évidemment, lorsque Mike Pence a reconnu la victoire de Joe Biden, Trump s’est empressé de le jeter en bas du piédestal qu’il lui avait érigé (un comportement caractéristique du pervers narcissique).

À côté

Qui se tient à droite de l’extrême droite? Le fondamentaliste néandertalien encore plus naïf que les autres; de ceux et celles qui croyaient que Trump était un dieu capable de les sauver et de leur faire vivre le «grand rêve américain» ou que «la main de dieu» lui accorderait la victoire.

On pourrait appeler ces individus des «gogos» tels que décrits dans le Dictionnaire des injures québécoises, publié en 1996 chez Stanké (auteurs : Yvon Dulude et Jean-Claude Trait). Il suffit de modifier les noms et lieux – par exemple, troquer «démonstratrices de Tupperware» par «influenceuses pour...». Ces agent/e/s de marketing sont choisi/e/s par les entreprises pour leur prétendue notoriété dans un domaine quelconque : beauté, voyages, life style, mode, sports, opinions politiques, etc. On privilégie donc des porte-paroles célèbres et aimés. Ils sont légions sur le web. Leur succès s’évalue par le nombre d’abonné/e/s et de «j’aime» et la hausse des ventes des produits de marque annoncés. Néanmoins, ce modèle de marketing semble avoir perdu de sa popularité en 2020.

Gogo, vient du redoublement de la première syllabe de gober.

Sens : Personne naïve, qu’on peut tromper aisément. Il existe spécialement  pour les gogos un message publicitaire télévisé, entre autres, qui nous vante un condo de rêve d’une rare beauté près d’un grand fleuve tranquille, dans le silence de la nature. En fait il ne s’agit en définitive que d’une cage à lapin de luxe au bord d’un Saint-Laurent pollué à mort avec vue sur les réservoirs d’une pétrolière, non loin de la Transcanadienne bourdonnante. Si vous êtes un/e gogo, apprenez à vous méfier : des vendeurs d’autos d’occasion, des démonstratrices de Tupperware et d’Avon, de n’importe quel marchand, de votre député, de la publicité, du ministre des Finances, des religions et des sectes, des prêcheurs, des gourous, de la Loto-Québec, de votre boss, de votre syndicat, des médicaments miracles, des régimes et des diètes extraordinaires, bref de votre manque de maturité.

21 janvier 2021

La Covid-19 mine le corps et l’esprit

 
Photo : Marie-France Coallier / Le Devoir, octobre 2020. Un second confinement engendrerait de très gros dommages structurels, comme en santé, en éducation, et pour des secteurs qui vont absolument avoir besoin d’aide pour se redresser.  

Pourrait définir le confinement : «... le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.» ~ Victor Hugo (Les Châtiments, IV, 9)

Photo : Jean-Philippe Ksiazek / AFP. Confinement, mai 2020. Cinq leçons à tirer du premier confinement / theconversation.com / octobre 2020

Jusqu’à quel point il faut SOIGNER LE CORPS.

SÉNÈQUE – le Philosophe (1)

[2,14] LETTRE XIV.

Je l'avoue, la nature a voulu que notre corps nous fût cher ; je l'avoue encore, elle nous en a commis la tutelle ; je ne nie pas qu'on ne lui doive quelque indulgence : mais qu'il faille en être esclave, je le nie. On se prépare trop de tyrans dès qu'on s'en fait un de son corps, dès qu'on craint trop pour lui, dès qu'on rapporte tout à lui. II faut se conduire dans la pensée que ce n'est pas pour le corps qu'on doit vivre, mais qu'on ne peut vivre sans le corps. Si nous lui sommes trop attachés, nous voilà agités de frayeurs, surchargés de soucis, en butte à mille déplaisirs. Le beau moral est bien peu de chose aux yeux de l'homme pour qui le physique est tout. Donnons au corps tous les soins qu'il exige, mais sachons, dès que l'ordonnera la raison, ou l'honneur, ou le devoir, le précipiter dans les flammes. Néanmoins, autant que possible, évitons tous genres de malaises, non pas seulement tous périls ; retirons-nous en lieu sûr, veillant sans cesse à écarter les choses que ce corps peut craindre. Elles sont, si je ne me trompe, de trois sortes. Il a peur de l'indigence, peur des maladies, peur des violences de plus puissant que lui. De tout cela rien ne nous frappe plus vivement que les menaces de la force, car c'est à grand bruit, c'est avec fracas qu'elles arrivent. Les maux naturels dont je viens de parler, l'indigence et les maladies, se glissent silencieusement : l'oeil ni l'oreille n'en reçoivent nulle impression de terreur. L'autre fléau marche en grand appareil : le fer et les feux l'environnent et les chaînes et une meute de bêtes féroces qu'il fiche sur des hommes pour les éventrer. Figure-toi ici les cachots, et les croix, et les chevalets, et les crocs ; et l'homme assis sur un fer aigu qui le traverse et lui sort par la bouche ; et va membres écartelés par des chars poussés en sens divers ; et cette tunique enduite et tissue de tout ce qui alimente la flamme ; et tout ce qu'a pu en outre imaginer la barbarie. Non : il n'est pas étonnant que nos plus grandes craintes nous viennent d'un ennemi dont les supplices sont si variés et les apprêts si formidables. Comme le bourreau terrifie d'autant plus qu'il étale plus d'instruments de torture (car l'appareil triomphe de qui eût résisté aux douleurs) ; de même, parmi les choses qui subjuguent et domptent nos âmes, les plus puissantes sont celles qui ont de quoi parler aux yeux. Il y a des fléaux non moins graves, tels que la faim, la soif, les ulcères intérieurs, la fièvre qui brille les entrailles ; mais ceux-là sont cachés : ils n'ont rien à montrer qui menace, qui soit pittoresque : les autres sont comme ces grandes armées dont l'aspect et les préparatifs seuls ont déjà vaincu.
   Veillons donc à n'offenser personne. C'est tantôt le peuple que nous devrons craindre ; tantôt, si la forme du gouvernement veut que la majeure partie des affaires se traite au Sénat, ce seront les hommes influents ; ce sera parfois un seul personnage investi des pouvoirs du peuple et qui a pouvoir sur le peuple. Avoir tous ces hommes pour amis est une trop grande affaire ; c'est assez de ne pas les avoir pour ennemis. Aussi le sage ne provoquera-t-il jamais le courroux des puissances ; il louvoiera, comme le navigateur devant l'orage (2). Quand tu es allé en Sicile, tu as traversé le détroit. Tout téméraire pilote ne tient pas compte des menaces de l'Auster, de ce vent qui soulève les flots de ces parages et les roule en montagnes ; au lieu de chercher la côte à sa gauche, il se jeta sur celle où le voisinage de Charybde met aux prises les deux mers. Un plus avisé demande à ceux qui connaissent les lieux quel est ce bouillonnement, ce que pronostiquent les nuages, et il dirige sa course loin de ces bords tristement célèbres par leurs gouffres tournoyants. Ainsi agit le sage : il évite un pouvoir qui peut nuire, prenant garde avant tout de paraître l'éviter. Car c'est encore une condition de la sécurité que de ne pas trop faire voir qu'on la cherche : tu me fuis, donc tu me condamnes.
   J'ai dit qu'il faut songer à se garantir du côté du vulgaire. D'abord n'ayons aucune de ses convoitises : les rixes s'élèvent entre concurrents. Ensuite ne possédons rien que la ruse ait grand profit à nous ravir ; que ta personne offre le moins possible aux spoliateurs. Nul ne verse le sang pour le sang : ces monstres du moins sont bien rares ; on tue par calcul plus souvent que par haine ; le brigand laisse passer l'homme qui n'a rien sur lui ; sur la route la plus infestée il y a paix pour le pauvre. Restent trois choses, qu'un ancien adage nous prescrit d'éviter : la haine, l'envie, le mépris. Comment y réussir? La sagesse seule nous le montrera. II est difficile en effet de tenir un milieu : je risque de tomber dans le mépris par crainte de l'envie ; et si je me fais scrupule d'écraser personne, on peut me croire fait pour être écrasé : beaucoup eurent sujet de trembler parce qu'ils pouvaient faire trembler les autres. À tout égard prenons nos sûretés : il n'en coûte pas moins d'être envié que méprisé.
   Que la philosophie soit notre refuge. Son culte est comme un sacerdoce révéré des bons, révéré même de ceux qui ne sont méchants qu'à demi. L'éloquence du forum, tous ces prestiges de la parole qui remuent les masses ont leurs antagonistes ; la philosophie, pacifique et toute à son oeuvre, ne donne point prise aux dédains, car tous les arts et les hommes, même les plus pervers, s'inclinent devant elle. Non, jamais la dépravation, jamais la ligue ennemie des vertus ne prévaudront tellement que le titre de philosophe ne demeure vénérable et saint. Qu'au reste notre manière de philosopher soit paisible et modeste.
   Mais, diras-tu, te semble-t-elle modeste la philosophie de M. Caton qui veut repousser la guerre civile avec une harangue, qui se jette au milieu des fureurs et des armes des deux plus puissants citoyens, et tandis que les uns combattent Pompée, les autres César, attaque tous les deux à la fois?
On peut mettre en doute si alors le sage devait prendre en main les affaires publiques. Que prétends-tu, M. Caton? Il ne s'agit plus de la liberté : depuis longtemps c'en est fait d'elle. C'est à qui, de César ou de Pompée, appartiendra la république. Qu'as-tu à faire en cette triste lutte? Tu n'as point ici de rôle : on se bat pour le choix d'un maître. Que t'importe qui triomphera? Le moins méchant peut vaincre : mais le vainqueur sera forcément le plus coupable. Je ne prends ici Caton qu'au dénouement ; mais les années même qui précédèrent n'étaient pas faites pour souffrir un sage, dans ce pillage de la république. Caton fit-il autre chose que frapper l'air de clameurs et s'épuiser en vaines paroles, lorsque enlevé par tout un peuple, jeté de mains en mains et couvert de crachats, il fut arraché du forum, ou qu'il se vit du Sénat traîné en prison?
   Mais nous examinerons plus tard si le sage doit intervenir en pure perte : en attendant je te renvoie à ces stoïciens qui, exclus des affaires publiques, ont embrassé la retraite pour cultiver l'art de vivre et donner au genre humain le code de ses droits, sans choquer en rien les puissances. Le sage ne doit point heurter les usages reçus ni attirer sur lui par l'étrangeté de sa vie les regards de tous. La voilà donc à l'abri des écueils, s'il suit cette ligne de conduite? Je ne puis te garantir cela, pas plus qu'à un homme tempérant la santé, bien que la santé soit le fruit de la tempérance. Des vaisseaux périssent dans le port ; mais que penses-tu qu'il arrive en pleine mer? Combien n'est-on pas plus près du danger quand on exécute et projette mille choses, si le repos même n'est pas une sauvegarde! L'innocent succombe quelquefois, qui le nie? mais le plus souvent c'est le coupable. L'honneur de l'art est sauf quand on reçoit le coup à travers la garde de son épée. En un mot, dans toute affaire c'est la prudence que le sage consulte, non le résultat. Les commencements dépendent de nous : l'événement est à la décision du sort, auquel je ne donne pas juridiction sur moi. Mais les vexations qu'il apporte! mais les traverses! Brigand qui tue n'est pas juge qui condamne.
   Maintenant tu tends la main vers ta stipendie journalière. Tu l'auras pleine d'or pur ; et puisque c'est d'or qu'il s'agit, voici le secret d'en user et d'en jouir avec plus de charme ; Celui-là jouit le plus des richesses, qui a le moins besoin d'elles. – L'auteur? me diras-tu. – Vois combien j'ai l'âme bonne : je m'avise de louer ce qui n'est pas de nous. C'est d'Épicure, ou de Métrodore, ou de tel autre du même atelier. Et qu'importe qui l'a dit, s'il est dit pour tous? Qui a besoin des richesses craint de les perdre ; or une jouissance inquiète n'en est plus une : on veut ajouter à son bien, et en songeant à l'accroître on oublie d'en user. On reçoit des comptes, on fatigue le pavé du forum, on feuillette son livre d'échéances, de maître on se fait intendant.

http://www.seneque.info/lettre14.html

(1) «Lucius Annaeus Seneca, fils du rhéteur et d’Helvia, est né à Cordoue en 4, sénateur sous Caligula, exilé en Corse, sous Claude, en 41, rappelé par Agrippine et nommé précepteur de Néron en 49, consul en 56, ministre en fait pendant le Quinquennium Neronis, disgracié en 62, mort en 65 par ordre de l’Empereur. Comme philosophe, il est le disciple d’une école de moralistes qui a fleuri sous Auguste et Tibère, comprenant les deux Q. Sextius Niger, père et fils, Papirius Fabianus, Attale, Sotion. C’est de cette école que procèdent également les hommes politiques ou philosophes stoïciens tels que Cornutus, Musonius Rufus, Thrasca, Helvidius Priscus.» (René Pichon, Histoire de la littérature latine. Deuxième édition. Paris, Hachette, 1898, p. 488) 

(2) Sénèque n’a pas pu suivre ses propres recommandations – fréquenter un despote et psychopathe comme Néron était périlleux. De sorte qu’il n’a pas eu une mort paisible.  

   À la suite de sa mise en cause, Sénèque demande à Néron d'être relevé de sa charge d’«ami du prince» et propose de lui restituer sa fortune. Néron refuse, mais en 64, bien que Sénèque se soit retiré de la vie publique, Néron, qui a fini par le haïr, tente vainement de l'empoisonner. En 65, il est compromis malgré lui dans la Conjuration de Pison et contraint à un suicide forcé. Il se donne la mort en s'ouvrant les veines sur l'ordre de Néron. 

    «Ensuite le fer lui ouvre les veines des bras. Sénèque, dont le corps affaibli par les années et par l'abstinence laissait trop lentement échapper le sang, se fait aussi couper les veines des jambes et des jarrets. Bientôt, dompté par d'affreuses douleurs, il craignit que ses souffrances n'abattissent le courage de sa femme, et que lui-même, en voyant les tourments qu'elle endurait, ne se laissât aller à quelque faiblesse ; il la pria de passer dans une chambre voisine. Puis, retrouvant jusqu'en ses derniers moments toute son éloquence, il appela des secrétaires et leur dicta un assez long discours. [...] Comme le sang coulait péniblement et que la mort était lente à venir, il pria Statius Annaeus, qu'il avait reconnu par une longue expérience pour un ami sûr et un habile médecin, de lui apporter le poison dont il s'était pourvu depuis longtemps, le même qu'on emploie dans Athènes contre ceux qu'un jugement public a condamnés à mourir. Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses vaisseaux rétrécis se refusaient à l'activité du poison. Enfin il entra dans un bain chaud, et répandit de l'eau sur les esclaves qui l'entouraient, en disant : «J'offre cette libation à Jupiter Libérateur.» Il se fit ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua. Son corps fut brûlé sans aucune pompe ; il l'avait ainsi ordonné par un codicille, lorsque, riche encore et très puissant, il s'occupait déjà de sa fin.»

~~~

Durant les diverses persécutions religieuses qui ont eu lieu à travers les siècles, les humains ont fait preuve d’une imagination débordante en matière de torture. Celle-ci existe depuis l’apparition de l’espèce humaine. Aujourd’hui, les instruments ont été raffinés avec le soutien de la technologie. Les persécutions dérivent d’idéologies religieuses ou politiques et de la soif de domination; certains pays particulièrement rétrogrades se démarquent dans le domaine. 

Wikipédia : L’Inquisition médiévale était un tribunal ecclésiastique d'exception chargé de lutter contre les hérésies. Elle est introduite devant les tribunaux ecclésiastiques par le pape Innocent III en 1199 et atteint son apogée lors de la répression du catharisme, à la suite de quoi son activité décline, concurrencée par les juridictions nationales. Au XVe siècle, l'Inquisition médiévale disparaît et est remplacée par d'autres formes d'inquisition : l'Inquisition espagnole, l'Inquisition portugaise et l'Inquisition romaine, le Saint-Office.     

Sympatico.ca : Le Moyen Âge est sans doute l'une des périodes les plus sombres de l’histoire de l'humanité. Des ravages de la peste noire aux grandes famines en passant par les guerres incessantes, l’ère de la chevalerie n'était pas de tout repos. Pourtant, rien de cette époque n’est peut-être plus effroyable que les tortures infligées à ceux que l'on estimait devoir punir.

La fourche de l’hérétique : Ce terrible petit objet était utilisé au temps des inquisitions. Une fois installée au cou du prisonnier enchaîné, cette petite fourche à double extrémité empêchait celui-ci de s’endormir sous peine de lui enfourcher le sternum et la gorge.

Voici 10 des plus effroyables tortures du Moyen Âge. Cœurs sensibles s’abstenir! 

http://www.sympatico.ca/actualites/decouvertes/histoire/horribles-tortures-moyen-age-1.1484918   

14 janvier 2021

Les alarmantes hostilités trumpistes

Les Républicains devaient avoir perdu la boule pour conduire un Frankenstein à la présidence. Espéraient-ils qu’en devenant président Donald Trump serait magiquement changé en personne honnête malgré son passé criminel – entre autres financier? 


Photo : Menaçant trumpiste gréé d’une arme blanche contondante appelée «coup-de-poing américain» – tragique ironie langagière! [Wiki : C'est le métal qui vient d'abord en contact, avec les conséquences suivantes : la surface de contact étant petite, la force est très concentrée et l'impact plus efficace qu'à poing nu; le corps de l'arme transmet l'impact à la paume, dont les os sont plus solides que ceux des doigts; la personne qui frappe a moins de risque de s'endommager les mains, ce qui lui permet de frapper d'autant plus fort. Au Canada, le coup-de-poing américain est classé comme arme prohibée.]  

«Campagne électorale : Hostilités portées sur la place publique par les partis politiques, et menées avec les armes conventionnelles du mensonge, du vol, de la haine, du préjugé, du fanatisme, de la calomnie, de la bassesse et de la canaillerie. La lutte se termine ordinairement par la victoire du parti qui a su faire le plus éclatant usage de ces vertus démocratiques.» ~ Albert Brie (Le mot du silencieux, p.227, Fides, 1978)


Albert Brie, écrivain et humoriste québécois [On trouve toujours de l’argent pour faire la guerre, jamais pour vivre en paix]

Le mouvement pro Trump est largement constitué de Libertariens et de conspirationnistes d'extrême droite (QAnon) convaincus que Donald Trump mène une guerre secrète contre une secte libérale mondiale de pédophiles satanistes qui veut dominer le monde entier. S’inspirant de scandales avérés, par exemple celui des prêtres pédophiles catholiques et des politiciens et célébrités mêlés au réseau de prostitution juvénile de Jeffrey Epstein, ils rajoutent d’épaisses couches de calomnies, médisances et faussetés, sans preuves à l’appui; une fantaisie comme le «Pizza Gate» en est une illustration tragicomique.


Caricature : Pascal / Le Devoir 12.01.2021

Donald Trump deux fois destitué – Jamais les représentants du parti présidentiel n’avaient été aussi nombreux à voter en faveur de son impeachment. Jamais un procès en destitution visant un président n’a été tenu après son départ de la Maison-Blanche. La présidence de Donald Trump aura été marquée par d’innombrables entorses à la tradition. Mais personne n’aurait pu penser qu’elle prendrait fin dans une série de précédents dont les conséquences sont aussi incertaines et potentiellement explosives. À une semaine seulement de son départ de la Maison-Blanche, Donald Trump a vu la Chambre des représentants adopter un article d’impeachment l’accusant d’incitation à l’insurrection et le reléguant au rang de paria. La mise en accusation a été adoptée mercredi après-midi par 232 voix contre 197. Le deuxième procès en destitution de Donald Trump devrait avoir lieu après le 20 janvier, date de l’investiture de Joe Biden à titre de 46e président. La journée marquera également le transfert de la majorité au Sénat des républicains aux démocrates. (Richard Hétu / La Presse 13 janvier 2021)

À l’image de leur idole, les trumpistes ne lâchent pas prise!  

ICI Radio-Canada info 13 janvier 2021 :

Un site web antigouvernemental utilise des serveurs situés à Montréal pour encourager des manifestations armées à travers les États-Unis cette fin de semaine, laissant craindre le risque de davantage de violence lors des cérémonies de la prise de fonction du nouveau président à Washington.

   Le site web Tree of Liberty (Arbre de la liberté) prétend être une «plateforme de presse» du mouvement Boogaloo, dont les adeptes sont des proarmes à feu qui se préparent pour une seconde guerre civile américaine. Plusieurs de ses membres ont déjà été accusés d'une série d'infractions violentes, notamment de meurtre, de tentative de meurtre et d'ouverture de feu sur des officiers de police.

   Le site de Tree of Liberty est hébergé par les serveurs montréalais d'OVH, une multinationale de l'info nuagique, dont le siège social est en France. Le site a suggéré à ses utilisateurs qu'ils peuvent échapper à la surveillance des forces de l'ordre parce que le site web est hébergé en dehors des États-Unis. Dans un courriel adressé à CBC News, un modérateur de site web non identifié a écrit que «la location du serveur était plus rentable au Canada».

   Selon plusieurs médias, le FBI a averti les forces de l'ordre locales de se préparer à des manifestations armées auxquelles pourraient assister des extrémistes de la droite. Un modérateur du site Tree of Liberty a encouragé les partisans à apporter des armes à feu aux manifestations prévues dimanche dans les 50 capitales des États. «Ce sera l'occasion pour les Américains, jeunes et vieux, de montrer physiquement au monde entier la quantité massive de citoyens armés dans ce pays», peut-on lire dans un article faisant la promotion des manifestations. (1)

   Dans la section des commentaires, une personne a écrit que les protestations pacifiques ne suffisaient pas et que les exécutions étaient nécessaires pour résoudre les problèmes aux États-Unis.

Article intégral :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1762821/site-heberge-montreal-encourageviolences-etats-unis

----

(1) Rosanne Boyland, 34 ans, la trumpiste tuée lors de l’émeute au Capitole de Washington habitait Kennesaw, une petite ville pimpante aux maisons colorées, située en banlieue d’Atlanta. Trente mille personnes, un petit musée, un collège, des églises et un kiosque de crème glacée. Bref, un endroit tranquille connu surtout pour avoir adopté au début des années 80 un règlement obligeant tous les propriétaires de maison à posséder une arme à feu. (Source : Radio-Canada Info)