18 octobre 2020

Un Québec rouge et raciste?

Si la province devient complètement rouge, eh bien, les QAnon québécois anti masques et mesures sanitaires vont se réjouir : plus rien ne les empêchera de passer d’une région à l’autre à visage découvert. Les adeptes ont récupéré la devise «un pour tous, tous pour un» – qu’on peut traduire par «un virus pour tous, tous pour un virus».

   Ironiquement (si on peut dire), les comportements sociaux des adeptes facilitent la propagation du virus et contribuent ainsi au génocide planétaire dont ils accusent les pouvoirs politiques et financiers; au fond ils sont leurs marionnettes. Leur sauveur Donald Trump a attrapé la Covid, mais certains complotistes croient qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat... c’est le genre d’opinion qui fait douter du QI des adeptes.

   Il est évident que le mouvement QAnon reçoit tous les fonds américains (NRA, sectes fondamentalistes, suprémacistes blancs, KKK, etc.) nécessaires pour répandre ses théories à travers le monde. Selon l’émission Enquête, le Québec est la province où les gens ont le plus mordu à l’hameçon. Le manque d’esprit critique ou de discernement aidant, on n’a peut-être pas tord de nous qualifier de moutons...  

Qonspirations : comment un mégacomplot s’enracine au Québec

https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/1030/qanon-conspirations-complot-canada-quebec-trump

Émission Enquête

QAnon est un mouvement conspirationniste américain qui prétend que le monde est gouverné par une élite pédosatanique et que Donald Trump est un messie venu rétablir l’ordre. On croit aussi que la pandémie est une crise manufacturée pour nuire à la réélection du président américain, et que les mesures sanitaires sont un outil de contrôle social. Ce groupe en pleine croissance a une présence de plus en plus importante au Canada, avec le Québec en tête de peloton. Aussi au programme: la protection de la jeunesse en pleine crise sanitaire.

https://ici.tou.tv/enquete/S14E04?lectureauto=1

Montée en popularité de QAnon en France : un phénomène made in Québec

Le Québec n'exporte pas en France que Céline Dion : les théories conspirationnistes de QAnon ont aussi traversé l'Atlantique en provenance de la Belle Province et d'un individu en particulier : Alexis Cossette-Trudel.

   L'entrée fracassante d'Alexis Cossette-Trudel dans la complosphère québécoise a eu des échos jusqu'en Europe. Ses «webjournaux» ont récemment été retirés des plateformes Facebook et YouTube, mais les dommages étaient déjà faits : le conspirationniste québécois a joué au cours des derniers mois un rôle central dans la dissémination des théories de la mouvance QAnon en France.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741562/qanon-theorie-complot-quebec-france-decrypteurs

Quid du racisme?   

Voilà une autre question qui suscite des discussions à n’en plus finir.

De nos jours les mots «à l’index» sont systématiquement associés à une insulte sans qu’on fasse de nuances, sans qu’on tienne compte du contexte d’utilisation – historique, académique, etc. En ce moment, on persécute des enseignants, des écrivains, des journalistes, des artistes, etc., les accusant de racisme quand ce n’est pas le cas. C’est complètement fou.

Pour connaître, entre autres, les diverses manifestations (les vraies) du racisme : 

Coalition internationale des villes contre le racisme

UN LEXIQUE DU RACISME

Étude sur les définitions opérationnelles relatives au racisme et aux phénomènes connexes

http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/conseil_interc_fr/media/documents/8lexique_du_racisme.pdf

Dans l’introduction de son article, Jean-François Nadeau mentionne le peintre Guston qui a dénoncé le racisme toute sa vie à travers son oeuvre. (J’ai joint une photo à la fin)

Le fossé

Jean-François Nadeau

Le Devoir, 13 octobre 2020

Né à Montréal en 1913, Phillip Goldstein n’a que six ans lorsqu’il part vivre à Los Angeles. Son père se suicide. Il a dix ans. Élève d’une classe d’arts plastiques, il rencontre Jackson Pollock. Il a 15 ans. Il va alors se donner un nom, celui que nous connaissons : Philip Guston.

   En 1931, en pleine crise économique, neuf jeunes garçons noirs sont accusés du viol d’une jeune femme. Huit d’entre eux, en moins de deux, sont condamnés à mourir. Ils sont jugés coupables, de par leur race même. Ce déni grossier de justice indigne. Des socialistes organisent une révision des procès. Rien n’y fait. Les peines de prison à perpétuité ne recevront la grâce qu’après des décennies.

   Guston s’insurge tout de suite contre cette situation. Il prend les armes, les siennes : toiles, couleurs, pinceaux. La police saisit son œuvre et la détruit. Guston ne va pas cesser pour autant de dénoncer la haine d’un monde rapace qui tourbillonne au-dessus de la vie.

   Il est entendu que le racisme systémique existe. Des communautés en font les frais. Des personnes en meurent. Comment pourrait-on le nier autrement que dans des arabesques de la pensée? Pendant ces cirques de dénégations, qui attisent la colère et renforcent les cloisons, des inégalités outrageantes persistent.

[...]

   Depuis la pandémie, tous les indicateurs indiquent que les disparités n’ont cessé d’augmenter. Les communautés noires et racisées, celles parmi les moins bien nanties, sont les plus à risque d’en subir les effets. L’intolérance qui découle aussi de ce fossé pousse à s’entre-dévorer tandis que les plus riches s’engraissent. Entre avril et juillet 2020, en plein confinement, la fortune combinée des Canadiens les plus riches a augmenté de 23 %, passant de 144,1 milliards de dollars à 178,5 milliards.

   Les luttes qui se limitent à traquer pour les cacher des images du passé, sans même les interroger, se font-elles par ailleurs volontairement aveugles devant ces outrances économiques bien de notre temps qui crèvent pourtant les yeux?

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/587712/le-fosse

Philip Guston, City Limits (1969). Courtesy of the Museum of Modern Art, gift of Musa Guston, ©the Estate of Philip Guston and the Museum of Modern Art, licensed by SCALA/Art Resource, NY.

Un peintre de la relève de Guston: Vincent Valdez, The City I (2015–16), detail. Photo by Peter Molick, courtesy of the artist, David Shelton Gallery, and the Blanton Museum of Art at the University of Texas at Austin.

Are there any particular artists or works that inspired you to take on the Klan so directly?

In the publication we produced for the “City,” I talk about Philip Guston and his 1969 painting City Limits, which features these cartoonish Mickey Mouse Klansman that he used for about a decade in his work, and Gil Scott-Heron, an amazing African American poet and activist who addressed the Klan with his 1980 song “The Klan.”

   So Valdez, Guston and Scott-Heron. Here are three different Americans of three different generations from three different ethnic backgrounds. My question is how many more American artists after me will be forced to recognize and address the issue of white supremacism and racism in this country? When will enough be enough?

   The artist had no way of knowing, however, how Trump’s election to the presidency would seemingly embolden racists groups and organizations, culminating in the deadly Unite the Right rally of white nationalists and neo-Nazis in Charlottesville, Virginia, in August of 2017. Somehow, Valdez had tapped into this undercurrent in American society, and the growing embrace of white nationalism, before it came bubbling up to the surface.

   That violence is only alluded to in The City I. Valdez’s canvas depicts a modern-day KKK gathering, on the outskirts of an unidentified city. A late-model Chevy Silverado truck and a smartphone serve as markers that place this scene firmly in our own times, reminding the viewer that sadly, the KKK—and those who share its views—is not a relic of a bygone era.

What do you hope that visitors to the museum take away from the “City” paintings?

It is my hope that viewers will take a moment to just think a little bit more critically in which ways I am using a very obvious and recognizable symbol of racial hatred and violence. When you pair the image of the Klan with the title of the painting, I hope it will make viewers wonder about how this subject is so deeply embedded in our American DNA.

   We are all spokes in a much larger wheel of white supremacy that has shaped capitalism and political policies over the past two and a half centuries. You don’t have to look very far. Turn on the television set, look at the front page of the newspaper every single morning. Nobody can deny that racism and white supremacy has really infected every corner of America.

https://news.artnet.com/exhibitions/vincent-valdez-kkk-panorama-blanton-1320290   

Avec six juges conservateurs sur neuf à la Cour suprême des États-Unis, l’on risque de voir les dérapages des suprémacistes blancs se multiplier. Amy Coney Barrett est chrétienne et membre de la secte People of Praise dont les adeptes suivent les préceptes de la Bible à la lettre; elle ne se gêne donc pas pour affirmer son opposition à la sexualité hors du mariage, à l’avortement et à l’homosexualité.

Photo : Keystone/AP / Jose Luis Magana

Plus d’info sur Barrett et ses croyances religieuses : 

https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/10/amy-coney-barrett-might-surprise-everyone/616697/

Caricature : Serge Chapleau La Presse, 16.10.2020. Barrett portait une robe rouge lors d’une des audiences devant le sénat. Le Comité sénatorial donnera son aval (ou non) le 22 octobre.

«Un comité peut prendre une décision plus stupide que n'importe lequel de ses membres.» ~ David B. Coblitz

Des milliers d'opposantes à Donald Trump ont défilé, samedi, aux États-Unis pour manifester contre la nomination à la Cour suprême d'une juge conservatrice et contre la réélection du milliardaire.

   La magistrate Amy Coney Barrett, une fervente catholique, a été désignée pour remplacer l'icône progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée le 18 septembre, et le président américain mise sur la majorité républicaine au Sénat pour valider son choix avant l'élection du 3 novembre.

   Auditionnée cette semaine par la commission judiciaire du Sénat, Amy Coney Barrett a juré tenir sa foi à l'écart de son travail de juge, en refusant toutefois de s'expliquer sur une série de sujets brûlants, à commencer par le droit des Américaines à avorter auquel elle est personnellement opposée.

   Elle a au contraire laissé entendre que l'arrêt de la haute Cour ayant reconnu ce droit en 1973 n'était pas gravé dans le marbre. Elle doit être confirmée par un vote de la Chambre haute à partir du 22 octobre. Le temple du droit compterait alors six juges conservateurs sur neuf, une solide majorité.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741978/manifestations-etats-unis-marche-femmes-2020-trump-barrett-feminisme

Photo : Michel Euler, Associated Press

Je ne veux même pas commenter le meurtre de l’enseignant Samuel Paty (à Paris), décapité par un fanatique religieux islamiste. Il a été tué après une campagne menée sur les réseaux sociaux par le père d'une élève l'accusant d'avoir «insulté» l'islam et son prophète en montrant les caricatures du prophète aux élèves à des fins de discussion sur la liberté d’expression.

https://www.lapresse.ca/international/europe/2020-10-18/a-travers-la-france/des-rassemblements-organises-pour-rendre-hommage-a-l-enseignant-decapite.php

Le sens de l’humour et de l’autodérision sont des signes d’intelligence. Si Dieu existait, il serait capable de rire de lui-même et des caricatures à son sujet puisqu’il serait doté d’une intelligence incomparable. 

«Il ne fait aucun doute que si Jésus-Christ, ou un grand prophète d'une autre religion, revenait aujourd'hui, il lui serait pratiquement impossible de convaincre qui que ce soit de sa crédibilité, malgré le fait que la vaste machine évangélique de la télévision américaine est basée sur son retour imminent parmi nous pécheurs. Les croyances sont ce qui divise les gens. Le doute les unit.» ~ Peter Ustinov

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