Je ne voulais
pas ramener le masque et les mesures sanitaires sur le tapis, mais les
déclarations de Trump ont réveillé mon «redresseur de tord»...
Le mensonge par omission * peut avoir des
conséquences catastrophiques. Par exemple, le dirigeant d’un état qui
retiendrait des informations de santé publique cruciales pour en tirer un
quelconque avantage (votes, argent, popularité, etc.), serait, à mon avis, criminel.
Le mensonge par omission n’a d’autre but que tromper, induire en erreur,
berner.
Trump et le coronavirus
– Dernier coup d’éclat : dans son livre
«Rage», à paraître le 15 septembre, l’écrivain-reporter de 77 ans Bob Woodward révèle
que Donald Trump lui a confié dès février être conscient de la gravité du
nouveau coronavirus. Trump a contre-attaqué : «Bob Woodward avait mes
déclarations depuis des mois, s’il pensait qu’elles étaient tellement mauvaises
et dangereuses pourquoi ne les a-t-il pas immédiatement fait connaître pour
sauver des vies?»
Avant lui, plusieurs voix se sont élevées,
notamment sur internet, pour reprocher au journaliste d’avoir fait passer la
promotion de son livre avant la santé des Américains.
L’intéressé, fidèle à sa réputation de
rigueur, s’est défendu en expliquant avoir voulu vérifier ce que le président
savait exactement et à quelle date, avant de publier.
Les libertés du président avec la vérité
sont «une tragédie», a estimé Woodward dans un entretien à paraître sur la
chaîne CBS.
(Journal de
Montréal, 10 septembre 2020)
– L’épidémie de coronavirus a fait plus de 190 000 morts aux États-Unis.
«J’ai voulu toujours minimiser (le danger)»,
déclarait le président dans un échange avec Bob Woodward le 19 mars. Or,
plusieurs semaines plus tôt, le 7 février, il expliquait au même journaliste
combien la COVID-19 était «un truc mortel».
«Je fais preuve de force en tant que
dirigeant», a-t-il dit, très remonté. «Il n’y a pas de mensonge […] Je ne veux
pas sauter dans tous les sens et commencer à crier : mort! mort! Je ne veux pas
que les gens aient peur, je ne veux pas créer de panique.»
(La Presse,
10 septembre 2020)
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* Le mensonge par omission consiste à
diffuser ce qui, parmi le réel ou le probable, convient aux fins poursuivies,
tout en omettant ce qui nuit à ces fins. Comme ce qui est affirmé est vrai, ou
du moins possible, son image est acceptée dans les croyances. Mais comme cette
image manque de ce qu'on omet, les associations mentales de la cible
remplissent les blancs, transforment les omissions en non-existence, et lient
cette non-existence à la croyance, avec l'intensité de croyance en ce qui est
accepté. Le mensonge par omission
apporte donc double bénéfice à l'action de communication : une mémorisation de
ce qui convient au communicateur, plus la négation de ce qu'il veut qu'on
ignore. [...] Un avantage important du mensonge par omission est qu'il
n'est pas facile à déceler. Car le menteur par omission ne semble pas mentir,
surtout si on croit naïvement que «mentir» se limite à affirmer ce qu'on sait
faux, et n'inclut pas le refus d'énoncer ce qu'on sait vrai et important.
En effet : 1) On peut ignorer une partie du
vrai, par malchance ou incompétence; 2) On peut ignorer ou sous-estimer
l'importance d'une partie du vrai, et donc préférer occuper le temps limité des
messages à diffuser d'autres vérités. Alors, le mensonge par omission peut être
accompli impunément : on ne pourra pas prouver que le communicateur savait ce
qu'il n'a pas dit, ni surtout prouver qu'il connaissait l’importance de ce
qu'il n'a pas dit ou de ce qu'il a empêché d’être dit. Le mensonge par omission est donc un mode de communication favori des
manipulateurs du public.
Il ne faut pas confondre le mensonge par
omission avec la contrevérité, qui
désigne simplement une affirmation inexacte, sans préjuger du fait que son
auteur le sache ou non.
Le mensonge est une forme de manipulation
qui vise à faire croire ou faire faire à l'autre ce qu'il n'aurait pas cru ou
fait, s'il avait su la vérité. En général, le mensonge s'oppose à la véracité
(le fait de dire le vrai), à la sincérité ou à la franchise.
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Isabelle
Hachey / La Presse 21.04.2020 :
En ces temps
de pandémie, Lucie Laurier et les autres
complotistes ne sont pas juste pitoyables. Ils sont un danger public. Le danger est décuplé quand des
médias traditionnels leur offrent une tribune – et la crédibilité qui vient
avec. Le 16 avril, Lucie Laurier a accordé une entrevue à Éric Duhaime, [ancien] animateur au FM93 de Québec.
À propos d’un éventuel vaccin obligatoire
contre la COVID-19, Lucie Laurier s’est emportée : «C’est carrément notre
intégrité physique qui est mise en danger! Il n’en est pas question! Mon corps
m’appartient!»
Puis, elle a lancé un appel à l’insurrection
des «gars de Québec», parce qu’on a «besoin de testostérone» et que «la
révolution ne va pas se faire sur le Plateau» : «Un moment donné, là, vous êtes
en train de vous faire émasculer. Pis moi, je trouve qu’on a besoin de gens qui
se lèvent debout pis qui demandent des comptes.»
Je les imagine s’entasser sur la Grande
Allée, ces gars bourrés de testostérone, pancarte à la main, casquette rouge
vissée sur la tête. Libarté!
Bien sûr, on n’est pas aux États-Unis.
N’empêche, alors que les autorités sanitaires font tout pour contenir la
propagation de la pandémie, ce genre d’appel à la révolte est carrément irresponsable.
Aujourd’hui, ses théories du complot sur le coronavirus risquent d’avoir un
impact dans le vrai monde. Quand le gouvernement adopte un plan d’urgence, les
allumés sont incapables d’y voir des mesures destinées à sauver des vies. Ils
ne voient que les griffes d’un État policier se refermer sur eux.
Article
intégral :
Au Québec,
des éclosions de covidiotie se
produisent de temps à autre. Selon les épidémiologistes le virus de la covidiotie se propage principalement via
les réseaux sociaux et lors de rassemblements. Beaucoup de covidiots adhèrent aux croyances/opinions
diffusées par des chroniqueurs
libertariens : «porter un masque menace ta liberté, les
statistiques de mortalité sont fausses, la pandémie a délibérément été créée pour
décimer les populations», etc. Plusieurs de ces opinions dérivent de la
mouvance complotiste américaine QAnon (1) qui a traversé la frontière.
Parlons-en d’Éric Duhaime. L’animateur
radio a travaillé, entre autres, à l’Institut économique de Montréal (IEDM) qui
est une extension de l’Institut Fraser. Adolescent, il avait une photo de
Margaret Thatcher et de Ronald Reagan sur les murs de sa chambre. Il s’est
distingué par ses nombreux contacts au Canada anglais, où il a fait un stage à
l’Institut Fraser. L’IDEM est un bastion ultra conservateur, géré par des
propagandistes pour la plupart antis bien-commun et dénégateurs du changement
climatique (même s’ils prétendent le contraire).
Un
brin d’histoire. Ces deux instituts prônent le capitalisme néolibéral
radical, cette prétendue «solution miracle» qui «fait grandir l’économie» mais qui
n’enrichit que les tyrans financiers. Brian Mulroney, le père du libre échange
Canada/États-Unis, a toujours fait l’éloge de l’Institut Fraser. Ces instituts
promeuvent entre autres l’abolition du salaire minimum, la privatisation de
l'enseignement public, la modification des mécanismes de protection sociale tels
que les soins de santé (qu’on souhaiterait privatiser), ainsi que
l’affaiblissement du rôle politique des associations de protection des droits
des travailleurs (syndicats). L'Institut Fraser s'inscrit clairement dans la
filiation idéologique du conservatisme et du libéralisme économique de Margaret
Thatcher et Ronald Reagan.
Le polémiste Éric Duhaime, vendeur de
théories racistes et d’idéologies totalement déconnectées de la réalité,
réussit à influencer une minorité de gens crédules peut-être mal renseignés ou
incapables de penser par eux-mêmes ou peu scolarisés. Son but? Faire triompher
son idéologie conservatrice en influençant les comportements de ses suiveux
avec des sottises telles que : «continuez d’acheter des gros véhicules
polluants, n’écoutez pas les écolos qui veulent détruire l’économie et vous
empêcher d’être riches, ne suivez pas les mesures sanitaires, ne portez pas de
masques durant les manifs, les partys bien arrosés, les mariages ou les bars
karaokés, etc.» Le bonimenteur n’a jamais cessé de débiter des faussetés et des
grossièretés. Il a notamment affirmé : «l’éducation est un privilège et
non un droit» et «kossé que vous
voulez que je vous dise, mieux vaut de la mauvaise information que pas
d'information pantoute». Aujourd’hui il produit des vidéos sur un compte
Youtube. À la fin, les Éric Duhaime, Lucie Laurier, Jeff Filion, Maxime Bernier
(il fut v.-p. à l’IDEM en 2005), Alexis Cossette-Trudel et André Pitre de ce
monde se retrouveront peut-être avec quelques cadavres sur la conscience...
Masque et amendes : «Mettre les autres
en danger au nom des convictions de quelques-uns»
Dans ce
cas-ci, le gouvernement se devait de «démontrer sa fonction de protection
auprès des plus vulnérables et des autres en général», note l’éthicien René
Villemure.
Ceux qui s’opposent au port du masque ont
bien entendu le droit d’exprimer une opinion, mais le fait de contrevenir aux
règles sanitaires fait courir à la majorité des Québécois un risque pour leur
santé, explique-t-il en substance.
«Que vous ne vouliez pas vous protéger,
c’est une chose. Mais que vous mettiez les autres en danger… Je pense que le gouvernement
a un devoir de protection et un devoir d’agir», estime M. Villemure. Selon lui,
le raisonnement des antimasques n'est pas scientifique; c'en est un de
conviction.
Internet et pandémie : un mélange
explosif
«Négation de
l'importance des épidémies, recherche de boucs émissaires, théories du complot.
Ça, on retrouve ça tout au long du XIXe siècle et même au XXe siècle. On peut
prendre comme exemples les grandes épidémies au XIXe siècle.»
~ Denis
Goulet, auteur de Brève histoire des épidémies au Québec / Du
choléra à la COVID-19 (Éd. Septentrion 2020)
Pour l'auteur et historien de la médecine,
ces réactions ont toujours trouvé écho chez une frange de la population. Sauf
que cette fois, Internet devient le porte-voix d'une minorité désormais
bruyante.
Critiques :
«Dans des
pages particulièrement éclairantes, l’historien se penche sur les attitudes de
la population devant les épidémies. Il en fait ressortir, à toutes époques, des
constantes. Ainsi, note-t-il, le "modèle magico-religieux" – l’épidémie
comme punition divine – perdure.» ~ Louis Cornellier, Le Devoir
«Un parcours
fascinant dans lequel on apprend comment les maladies sont entrées au Québec,
comment ont été échafaudées les premières mesures de confinement, la pression
exercée par les commerçants et importateurs pour que les activités
d’import-export reprennent afin de relancer l’économie, les croyances, la
recherche de coupables, etc. Certains passages font peur tellement on y voit
une ressemblance avec le présent. Ainsi, en 1880, le Congrès américain avait
dissous le bureau national de la santé créé l’année précédente! Ça vous
rappelle quelqu’un? L’ouvrage de M. Goulet consolide cette vieille maxime
voulant que l’étude du passé nous aide à ne pas reproduire les mêmes erreurs
dans l’avenir.» ~ André Duchesne, La Presse
Les Canadiens moins complotistes que
d’autres, mais...
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(1) Qui est
donc ce mystérieux «Q»?
QAnon vit toujours avec sa mère
The Shovel *
1er septembre 2020
QAnon – le personnage obscur censé protéger le monde contre une cabale de
célébrités pédophiles adorant Satan qui font le trafic d'enfants pour leur sang
– est en fait Nigel Grintly, un programmeur informatique de 34 ans au
chômage, originaire de l'Iowa, qui vit dans le sous-sol de sa mère.
Photo :
The Shovel
Grintly a dit
qu'il avait d'abord posté un message sous la forme d'un «Q» sur le forum de
discussion 4-chan, pour faire une blague, afin d'impressionner une fille qu'il
avait rencontrée en jouant en ligne. Il
ne s'attendait pas à ce que quelqu'un prenne au sérieux l'affirmation selon
laquelle il est un ancien agent militaire ayant accès à des informations
classifiées et qui combat les forces du mal pour tenter de créer le «Grand
Réveil».
Le jeune homme de 34 ans s'est dit surpris que les gens croient qu'il est un
agent secret qui chuchote à l'oreille du président, alors qu'en réalité il
n'a pas quitté l'Iowa depuis qu'il a participé à une compétition de Donjons et
Dragons en 2008.
Il a dit qu'il serait prêt à renverser les
illuminati, mais que sa mère lui avait demandé de nettoyer sa chambre d'abord.
* The Shovel
est un magazine australien de satire sociopolitique.
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Le capitalisme vert
Guillaume
Meurice
Vox pop
France Inter / 8 septembre 2020 (vidéo)
(Extraits presque
textuels)
«Barbara
Pompili [ministre de la transition écologique] ... Sa langue de bois, c’est
vraiment un des plus gros pièges à carbone du moment; 800 tonnes par papille,
on l’a calculé!
... Vous pouvez polluer et être écolo :
‘On propose le potager participatif dans les entreprises – on transforme le
jardin à l’anglaise en potager pour les employés.’ Et voilà, vous faites
pousser deux courgettes dans le couloir au bureau et ça vous libère de la
culpabilité. C’est ça le capitalisme vert. Là on est dans la transition écolo,
vous pouvez retourner manger au McDo en 4X4 ou en pick-up, on est sauvés.»