18 octobre 2020

Un Québec rouge et raciste?

Si la province devient complètement rouge, eh bien, les QAnon québécois anti masques et mesures sanitaires vont se réjouir : plus rien ne les empêchera de passer d’une région à l’autre à visage découvert. Les adeptes ont récupéré la devise «un pour tous, tous pour un» – qu’on peut traduire par «un virus pour tous, tous pour un virus».

   Ironiquement (si on peut dire), les comportements sociaux des adeptes facilitent la propagation du virus et contribuent ainsi au génocide planétaire dont ils accusent les pouvoirs politiques et financiers; au fond ils sont leurs marionnettes. Leur sauveur Donald Trump a attrapé la Covid, mais certains complotistes croient qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat... c’est le genre d’opinion qui fait douter du QI des adeptes.

   Il est évident que le mouvement QAnon reçoit tous les fonds américains (NRA, sectes fondamentalistes, suprémacistes blancs, KKK, etc.) nécessaires pour répandre ses théories à travers le monde. Selon l’émission Enquête, le Québec est la province où les gens ont le plus mordu à l’hameçon. Le manque d’esprit critique ou de discernement aidant, on n’a peut-être pas tord de nous qualifier de moutons...  

Qonspirations : comment un mégacomplot s’enracine au Québec

https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/1030/qanon-conspirations-complot-canada-quebec-trump

Émission Enquête

QAnon est un mouvement conspirationniste américain qui prétend que le monde est gouverné par une élite pédosatanique et que Donald Trump est un messie venu rétablir l’ordre. On croit aussi que la pandémie est une crise manufacturée pour nuire à la réélection du président américain, et que les mesures sanitaires sont un outil de contrôle social. Ce groupe en pleine croissance a une présence de plus en plus importante au Canada, avec le Québec en tête de peloton. Aussi au programme: la protection de la jeunesse en pleine crise sanitaire.

https://ici.tou.tv/enquete/S14E04?lectureauto=1

Montée en popularité de QAnon en France : un phénomène made in Québec

Le Québec n'exporte pas en France que Céline Dion : les théories conspirationnistes de QAnon ont aussi traversé l'Atlantique en provenance de la Belle Province et d'un individu en particulier : Alexis Cossette-Trudel.

   L'entrée fracassante d'Alexis Cossette-Trudel dans la complosphère québécoise a eu des échos jusqu'en Europe. Ses «webjournaux» ont récemment été retirés des plateformes Facebook et YouTube, mais les dommages étaient déjà faits : le conspirationniste québécois a joué au cours des derniers mois un rôle central dans la dissémination des théories de la mouvance QAnon en France.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741562/qanon-theorie-complot-quebec-france-decrypteurs

Quid du racisme?   

Voilà une autre question qui suscite des discussions à n’en plus finir.

De nos jours les mots «à l’index» sont systématiquement associés à une insulte sans qu’on fasse de nuances, sans qu’on tienne compte du contexte d’utilisation – historique, académique, etc. En ce moment, on persécute des enseignants, des écrivains, des journalistes, des artistes, etc., les accusant de racisme quand ce n’est pas le cas. C’est complètement fou.

Pour connaître, entre autres, les diverses manifestations (les vraies) du racisme : 

Coalition internationale des villes contre le racisme

UN LEXIQUE DU RACISME

Étude sur les définitions opérationnelles relatives au racisme et aux phénomènes connexes

http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/conseil_interc_fr/media/documents/8lexique_du_racisme.pdf

Dans l’introduction de son article, Jean-François Nadeau mentionne le peintre Guston qui a dénoncé le racisme toute sa vie à travers son oeuvre. (J’ai joint une photo à la fin)

Le fossé

Jean-François Nadeau

Le Devoir, 13 octobre 2020

Né à Montréal en 1913, Phillip Goldstein n’a que six ans lorsqu’il part vivre à Los Angeles. Son père se suicide. Il a dix ans. Élève d’une classe d’arts plastiques, il rencontre Jackson Pollock. Il a 15 ans. Il va alors se donner un nom, celui que nous connaissons : Philip Guston.

   En 1931, en pleine crise économique, neuf jeunes garçons noirs sont accusés du viol d’une jeune femme. Huit d’entre eux, en moins de deux, sont condamnés à mourir. Ils sont jugés coupables, de par leur race même. Ce déni grossier de justice indigne. Des socialistes organisent une révision des procès. Rien n’y fait. Les peines de prison à perpétuité ne recevront la grâce qu’après des décennies.

   Guston s’insurge tout de suite contre cette situation. Il prend les armes, les siennes : toiles, couleurs, pinceaux. La police saisit son œuvre et la détruit. Guston ne va pas cesser pour autant de dénoncer la haine d’un monde rapace qui tourbillonne au-dessus de la vie.

   Il est entendu que le racisme systémique existe. Des communautés en font les frais. Des personnes en meurent. Comment pourrait-on le nier autrement que dans des arabesques de la pensée? Pendant ces cirques de dénégations, qui attisent la colère et renforcent les cloisons, des inégalités outrageantes persistent.

[...]

   Depuis la pandémie, tous les indicateurs indiquent que les disparités n’ont cessé d’augmenter. Les communautés noires et racisées, celles parmi les moins bien nanties, sont les plus à risque d’en subir les effets. L’intolérance qui découle aussi de ce fossé pousse à s’entre-dévorer tandis que les plus riches s’engraissent. Entre avril et juillet 2020, en plein confinement, la fortune combinée des Canadiens les plus riches a augmenté de 23 %, passant de 144,1 milliards de dollars à 178,5 milliards.

   Les luttes qui se limitent à traquer pour les cacher des images du passé, sans même les interroger, se font-elles par ailleurs volontairement aveugles devant ces outrances économiques bien de notre temps qui crèvent pourtant les yeux?

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/587712/le-fosse

Philip Guston, City Limits (1969). Courtesy of the Museum of Modern Art, gift of Musa Guston, ©the Estate of Philip Guston and the Museum of Modern Art, licensed by SCALA/Art Resource, NY.

Un peintre de la relève de Guston: Vincent Valdez, The City I (2015–16), detail. Photo by Peter Molick, courtesy of the artist, David Shelton Gallery, and the Blanton Museum of Art at the University of Texas at Austin.

Are there any particular artists or works that inspired you to take on the Klan so directly?

In the publication we produced for the “City,” I talk about Philip Guston and his 1969 painting City Limits, which features these cartoonish Mickey Mouse Klansman that he used for about a decade in his work, and Gil Scott-Heron, an amazing African American poet and activist who addressed the Klan with his 1980 song “The Klan.”

   So Valdez, Guston and Scott-Heron. Here are three different Americans of three different generations from three different ethnic backgrounds. My question is how many more American artists after me will be forced to recognize and address the issue of white supremacism and racism in this country? When will enough be enough?

   The artist had no way of knowing, however, how Trump’s election to the presidency would seemingly embolden racists groups and organizations, culminating in the deadly Unite the Right rally of white nationalists and neo-Nazis in Charlottesville, Virginia, in August of 2017. Somehow, Valdez had tapped into this undercurrent in American society, and the growing embrace of white nationalism, before it came bubbling up to the surface.

   That violence is only alluded to in The City I. Valdez’s canvas depicts a modern-day KKK gathering, on the outskirts of an unidentified city. A late-model Chevy Silverado truck and a smartphone serve as markers that place this scene firmly in our own times, reminding the viewer that sadly, the KKK—and those who share its views—is not a relic of a bygone era.

What do you hope that visitors to the museum take away from the “City” paintings?

It is my hope that viewers will take a moment to just think a little bit more critically in which ways I am using a very obvious and recognizable symbol of racial hatred and violence. When you pair the image of the Klan with the title of the painting, I hope it will make viewers wonder about how this subject is so deeply embedded in our American DNA.

   We are all spokes in a much larger wheel of white supremacy that has shaped capitalism and political policies over the past two and a half centuries. You don’t have to look very far. Turn on the television set, look at the front page of the newspaper every single morning. Nobody can deny that racism and white supremacy has really infected every corner of America.

https://news.artnet.com/exhibitions/vincent-valdez-kkk-panorama-blanton-1320290   

Avec six juges conservateurs sur neuf à la Cour suprême des États-Unis, l’on risque de voir les dérapages des suprémacistes blancs se multiplier. Amy Coney Barrett est chrétienne et membre de la secte People of Praise dont les adeptes suivent les préceptes de la Bible à la lettre; elle ne se gêne donc pas pour affirmer son opposition à la sexualité hors du mariage, à l’avortement et à l’homosexualité.

Photo : Keystone/AP / Jose Luis Magana

Plus d’info sur Barrett et ses croyances religieuses : 

https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/10/amy-coney-barrett-might-surprise-everyone/616697/

Caricature : Serge Chapleau La Presse, 16.10.2020. Barrett portait une robe rouge lors d’une des audiences devant le sénat. Le Comité sénatorial donnera son aval (ou non) le 22 octobre.

«Un comité peut prendre une décision plus stupide que n'importe lequel de ses membres.» ~ David B. Coblitz

Des milliers d'opposantes à Donald Trump ont défilé, samedi, aux États-Unis pour manifester contre la nomination à la Cour suprême d'une juge conservatrice et contre la réélection du milliardaire.

   La magistrate Amy Coney Barrett, une fervente catholique, a été désignée pour remplacer l'icône progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée le 18 septembre, et le président américain mise sur la majorité républicaine au Sénat pour valider son choix avant l'élection du 3 novembre.

   Auditionnée cette semaine par la commission judiciaire du Sénat, Amy Coney Barrett a juré tenir sa foi à l'écart de son travail de juge, en refusant toutefois de s'expliquer sur une série de sujets brûlants, à commencer par le droit des Américaines à avorter auquel elle est personnellement opposée.

   Elle a au contraire laissé entendre que l'arrêt de la haute Cour ayant reconnu ce droit en 1973 n'était pas gravé dans le marbre. Elle doit être confirmée par un vote de la Chambre haute à partir du 22 octobre. Le temple du droit compterait alors six juges conservateurs sur neuf, une solide majorité.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741978/manifestations-etats-unis-marche-femmes-2020-trump-barrett-feminisme

Photo : Michel Euler, Associated Press

Je ne veux même pas commenter le meurtre de l’enseignant Samuel Paty (à Paris), décapité par un fanatique religieux islamiste. Il a été tué après une campagne menée sur les réseaux sociaux par le père d'une élève l'accusant d'avoir «insulté» l'islam et son prophète en montrant les caricatures du prophète aux élèves à des fins de discussion sur la liberté d’expression.

https://www.lapresse.ca/international/europe/2020-10-18/a-travers-la-france/des-rassemblements-organises-pour-rendre-hommage-a-l-enseignant-decapite.php

Le sens de l’humour et de l’autodérision sont des signes d’intelligence. Si Dieu existait, il serait capable de rire de lui-même et des caricatures à son sujet puisqu’il serait doté d’une intelligence incomparable. 

«Il ne fait aucun doute que si Jésus-Christ, ou un grand prophète d'une autre religion, revenait aujourd'hui, il lui serait pratiquement impossible de convaincre qui que ce soit de sa crédibilité, malgré le fait que la vaste machine évangélique de la télévision américaine est basée sur son retour imminent parmi nous pécheurs. Les croyances sont ce qui divise les gens. Le doute les unit.» ~ Peter Ustinov

4 octobre 2020

Pauvre Donald

J’imagine l’humiliation que doit ressentir Donald Trump, lui qui a mis tant d’énergie à nier l’existence du virus et à ridiculiser les mesures sanitaires dont le port du masque. De par son influence, en banalisant la pandémie, il a contribué au boycott des mesures sanitaires, avec les conséquences que l’on sait. À ce jour, les États-Unis comptent 7 382 194 cas déclarés depuis le 22 janvier 2020.  

La science-fiction médicale de Trump  

Il semble qu’on le soigne avec un cocktail de médicaments – peut-être sa propre médecine – non homologués par les services de santé.

Agence France Presse :

– Le 23 avril, Donald Trump consterne la communauté scientifique en semblant envisager, lors du point de presse quotidien sur la pandémie à la Maison-Blanche, de traiter la COVID-19 par injection de désinfectant. «Je vois que le désinfectant l’assomme en une minute. Une minute. Et est-ce qu’il y a un moyen de faire quelque chose comme ça avec une injection à l’intérieur ou presque comme un nettoyage?».

   Devant la polémique mondiale, il assure le lendemain s’être exprimé de façon «sarcastique».

– Donald Trump a également évoqué «les ultraviolets» ou «une lumière très puissante» qu’on pourrait projeter «à l’intérieur du corps» pour combattre le coronavirus.

– Donald Trump a longtemps défendu la «liberté» individuelle en matière de port du masque, et expliqué le 1er juillet qu’il ne voyait pas l’utilité pour lui-même d’adopter cette mesure préventive, toutes les personnes qu’il rencontre étant selon lui testées à l’avance.

   Le 11, il apparaît pour la première fois publiquement avec un masque, lors d’une visite à des militaires blessés au combat à l’hôpital Walter Reed de Bethesda (Maryland), dans la banlieue de Washington.  

– Le 22, il admet que l’épidémie prend des proportions «inquiétantes» dans une partie des États-Unis, et demande «à tout le monde de porter un masque quand la distanciation physique n’est pas possible».

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Dans l’épilogue de son livre, Mary L. Trump, ne s’empêtre pas dans les fleurs du tapis et met en évidence les caractéristiques sociopathes et psychotiques du président.  

Too Much and Never Enough; How My Family Created the World’s Most dangerous Man Mary L. Trump, Ph.D.; Simon & Schuster 2020

Quelques passages (traduction maison).

«Donald est aujourd'hui à peu près comme il l'était à l'âge de trois ans : incapable de grandir, d'apprendre ou d'évoluer, incapable de réguler ses émotions, de modérer ses réactions, ou d'assimiler et de synthétiser des informations.

   Le besoin d'affirmation de Donald est si grand qu'il ne semble pas remarquer que le plus grand groupe de ses supporters sont des personnes avec lesquelles il ne condescendrait pas d'être vu en dehors d'un rassemblement. Ses insécurités profondes ont créé en lui un trou noir qui requiert constamment la lumière des compliments et qui disparaît dès qu'il s'en imprègne. Rien n'est jamais suffisant. ... Donald n'est pas simplement faible, son ego est une chose fragile qui doit être renforcée à chaque instant parce qu'il sait au fond de lui qu'il n'est rien de ce qu'il prétend être.»

«Ses véritables compétences – l'autoglorification, le mensonge et les tours de passe-passe – ont été interprétées comme des forces propres à sa marque de succès. En perpétuant sa version de l'histoire qu'il voulait raconter sur sa richesse et ses «succès» ultérieurs, notre famille, puis beaucoup d'autres gens, ont entamé le processus de normalisation de Donald. ...»

«Bien que la nature fondamentale de Donald n'ait pas changé, le stress qu'il subit a considérablement évolué depuis son investiture. Ce n'est pas le stress du travail, car il ne fait pas son travail – sauf si regarder la télévision et tweeter des insultes comptent. C'est l'effort pour nous distraire du fait qu'il ne sait rien – de la politique, de l'instruction civique ou de la simple décence humaine – qui exige de lui une énorme quantité de travail. Pendant des décennies, il a fait l'objet de publicité, bonne ou mauvaise, mais il a rarement été soumis à un examen minutieux et il n'a jamais eu d'opposition significative. Toute la perception qu'il a de lui-même et du monde est en train d’être remise en question.»

«Sa cruauté sert, en partie, à nous distraire, ainsi qu'à se distraire lui-même, de la véritable étendue de ses échecs. Plus ses échecs sont flagrants, plus sa cruauté l'est aussi. ... S'il réussit à faire tourner en l'air sept mille assiettes, personne ne peut se concentrer sur aucune d'elles. Voilà : c'est juste une distraction.»  

«Sa cruauté est aussi un exercice de pouvoir. Il l'a toujours exercé contre des personnes qui sont plus faibles que lui ou qui sont contraintes de par leur devoir ou leur dépendance à ne pas se défendre. Les employés et les responsables politiques ne peuvent pas se défendre lorsqu'il les attaque sur Twitter, car cela mettrait en danger leur emploi ou leur réputation. ... Les gouverneurs des États bleus, qui cherchaient désespérément à obtenir une aide adéquate pour leurs citoyens pendant la crise COVID-19, ont été contraints de taire son incompétence de peur qu'il ne leur refuse les ventilateurs et autres fournitures nécessaires pour sauver des vies. Donald a appris à choisir ses cibles il y a longtemps.»

«Le 9 novembre 2016, mon désespoir a été déclenché en partie par la certitude que la cruauté et l'incompétence de Donald feraient des victimes. À l'époque, je pensais que cela se produirait à cause d'un désastre qu'il aurait lui-même provoqué, comme une guerre évitable qu'il aurait initiée ou dans laquelle il serait tombé. Je n'aurais pas pu prévoir combien de personnes allaient volontairement permettre la manifestation de ses pires instincts, qui se sont traduits par l'enlèvement d'enfants (avec l’accord du gouvernement), la détention de réfugiés à la frontière mexicaine et la trahison de nos alliés, entre autres atrocités. Et je n'aurais pas pu prévoir qu'une pandémie mondiale se présenterait, lui permettant d'afficher sa grotesque indifférence à l'égard de la vie des autres.

   La réponse initiale de Donald à la COVID-19 souligne son besoin de minimiser la négativité à tout prix. La peur – un équivalent de la faiblesse dans notre famille – est aussi inacceptable pour lui aujourd'hui qu'elle l'était quand il avait trois ans. Lorsque Donald est en grande difficulté, les superlatifs ne suffisent plus : la situation et ses réactions doivent être uniques, même si elles sont absurdes ou insensées. ...

   Donald n'a pas traîné les pieds en décembre 2019, ni en janvier, février et mars [2020] à cause de son narcissisme; il l'a fait par peur de paraître faible ou de ne pas projeter le message que tout était «formidable», «beau» et  parfait». L'ironie est que son incapacité de faire face à la vérité a inévitablement conduit à un échec massif de toute façon. Dans ce cas, la vie de centaines de milliers de personnes sera potentiellement perdue et l'économie du pays le plus riche de l'histoire pourrait bien être détruite. Donald ne reconnaîtra rien de tout cela, en déplaçant les poteaux du but pour cacher les preuves et en se convainquant par la même occasion qu'il a fait un meilleur travail que n'importe qui d'autre si seulement quelques centaines de milliers de personnes mouraient au lieu de 2 millions.»   

«Pourquoi Donald a-t-il mis autant de temps à agir? Pourquoi n'a-t-il pas pris le nouveau coronavirus au sérieux? En partie parce que, comme mon grand-père, il n'a pas d'imagination. La pandémie n'a pas eu de rapport immédiat avec lui, et gérer la crise à chaque instant ne l'aide pas à promouvoir son récit préféré selon lequel personne n'a jamais fait un meilleur travail que lui.

   Alors que la pandémie entrait dans son troisième, puis quatrième mois, et que le nombre de morts continuait à augmenter pour atteindre des dizaines de milliers, la presse a commencé à commenter le manque d'empathie de Donald pour les personnes décédées et les familles qu'elles laissent derrière elles. Le fait est que Donald est fondamentalement incapable de reconnaître la souffrance des autres. Raconter les histoires de ceux que nous avons perdus l'ennuierait. Reconnaître les victimes de la COVID-19 serait s'associer à leur faiblesse, un trait que son père lui a appris à mépriser. Peut-être plus important encore, pour Donald, l'empathie n'a aucune valeur, il n’y a aucun avantage tangible à s'occuper des autres.

   ... Donald a besoin de diviser. C'est le seul moyen qu'il connaisse pour survivre...

   ... Je ne peux qu'imaginer l'envie avec laquelle Donald a regardé la cruauté désinvolte et l'indifférence monstrueuse de Derek Chauvin lorsqu'il a assassiné George Floyd; les mains dans ses poches, son regard insouciant dirigé vers la caméra. Je ne peux qu'imaginer que Donald aurait souhaité que ce soit son genou qui soit sur le cou de Floyd.

   Au lieu de cela, Donald se retire dans ses zones de confort – Twitter, Fox News – en rejetant la faute sur les autres, protégé par un bunker au sens figuré ou littéral. Il s'indigne de la faiblesse des autres tout en démontrant la sienne. Mais il ne peut jamais échapper au fait qu'il est et sera toujours un petit garçon terrifié.

   La monstruosité de Donald est la manifestation de la faiblesse même qu'il a fuie toute sa vie. Pour lui, il n'a jamais eu d'autre choix que d'être positif, de projeter sa force, aussi illusoire soit-elle, car faire autre chose est passible de la peine de mort; la courte vie de mon père [Freddy] en est la preuve. Le pays souffre aujourd'hui du même positivisme toxique que celui que mon grand-père a déployé spécifiquement pour noyer sa femme malade, tourmenter son fils mourant et nuire à la guérison de la psyché de son enfant préféré, Donald J. Trump.»

«Tout va bien. N'est-ce pas, Toots?»

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La pandémie évangélique

Voilà un virus tout aussi dangereux que le nouveau coronavirus.

Des lobbies athées en campagne aux États-Unis

«Nous combattons le nationalisme chrétien, cette idée selon laquelle les É.-U. se sont construits sur des principes chrétiens et qu’il faut renouer avec ces principes», explique le conseiller politique de la FFRF Andrew Siedel (Freedom From Religion Foundation https://ffrf.org/). «C’est à l’opposé des principes laïcs de notre Constitution».

   Donald Trump, poursuit-il, exploite beaucoup ce nationalisme chrétien. «Selon certains chercheurs, ce nationalisme est la caractéristique la plus courante chez ceux qui ont voté pour lui en 2016».

   Le sénateur de la Californie, Jared Huffman, est l’un de ses fondateurs. «On a un problème aux États-Unis. On s’avance lentement vers un régime théocratique et notre groupe pense que la séparation entre l’Église et l’État est menacée», résume-t-il.

   Le terme «théocratie» fait référence aux régimes dont le gouvernement est considéré comme le représentant de Dieu et où les prêtres jouent un rôle politique important. C’est le cas, par exemple, de l’Iran.

   La formule n’est-elle pas un peu exagérée pour parler des États-Unis?

   «Non. Avez-vous écouté Bill Barr récemment [le procureur général des États-Unis]? Il donne des discours qui semblent tout droit sortis d’un roman de Margaret Atwood. [...] Il nous décrit régulièrement comme une nation chrétienne fondée sur des valeurs et des principes chrétiens qu’il nous faut renforcer», a répondu du tac au tac le sénateur.

«C’est très inquiétant, parce que nous sommes un pays pluraliste avec une diversité d’idées et de gens.»

https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/586694/les-lobbies-athees-en-campagne-aux-etats-unis  

Donald Trump a choisi la juge conservatrice Amy Coney Barrett pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême des États-Unis, ont rapporté vendredi les grands médias américains, avançant des sources républicaines bien placées.

   Le président américain doit confirmer officiellement samedi soir le nom de cette magistrate connue pour ses convictions religieuses traditionalistes. Elle doit succéder à la progressiste «RBG», icône féministe, décédée la semaine dernière des suites d’un cancer.

   Cette nomination cruciale est déjà controversée, à moins de 40 jours de la présidentielle américaine du 3 novembre. Donald Trump a engagé au pas de course le processus pour pouvoir ancrer durablement la Cour suprême dans le conservatisme, ses juges étant nommés à vie.

   Si sa candidate est confirmée, comme attendu, par le Sénat à majorité républicaine, la Cour suprême ne comptera plus que trois juges progressistes sur ses neuf magistrats.

https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/586690/trump-choisirait-amy-coney-barrett-pour-remplacer-ruth-bader-ginsburg  

Amy Coney Barrett, originaire de la Louisiane, est membre de la secte People of Praise. Certains membres de cette communauté pratiquent le «parler en langues» – langage incompréhensible prétendument inspiré par l’Esprit et répandu chez les Pentecôtistes et les sectes «charismatiques» – don qu’elle ne possède selon ses dires. Il s’agit d’une secte oppressante, manipulatrice, sexophobe, misogyne, homophobe, historiquement violente (pour s'imposer) et l'étant toujours en des dizaines de pays.

   Chose certaine, la vertueuse avocate suit les préceptes de la morale religieuse traditionnelle. Néanmoins, Barrett ne condamne pas la possession d’armes à feu. La plupart des évangéliques sont réservés voire hostiles vis-à-vis de la sexualité hors du mariage, l’avortement et l’homosexualité. Aux États-Unis les télévangélistes se sont multipliés – des pasteurs évangéliques qui prêchent la bonne parole à la télévision. Certains ont réussi à bâtir de véritables empires commerciaux et règnent sur des megachurchs, des méga-églises pouvant rassembler des milliers de personnes lors du culte dominical. Certains de ces pasteurs disposent en outre d’une grande influence politique dans le pays. C’est le cas de Paula White-Cain, une pasteure proche de Donald Trump nommée conseillère spirituelle de la Maison Blanche en octobre 2019.

Pour en savoir plus : Amy Coney Barrett: a dream for the right, a nightmare for the left  

https://www.npr.org/2020/09/28/917554001/amy-coney-barrett-a-dream-for-the-right-nightmare-for-the-left  

Ceinture de la Bible (Bible Belt)

Géographiquement, la Ceinture de la Bible inclut grossièrement : l'Alabama, l'Arkansas, les Caroline du Nord et du Sud, la Géorgie, la Louisiane, le Mississippi, le Tennessee et la Virginie, auxquels s'ajoutent le Missouri et le Kentucky, l'Oklahoma, ainsi que des parties de la Floride, de l'Illinois, de l'Indiana, de l'Ohio, de la Pennsylvanie, du Texas et de la Virginie-Occidentale.

   Ce bastion sudiste est peuplé, à l'entrée des années 2000, de 88 325 877 Américains (source : American Census). C'est parmi eux que l'on rencontre la plus grosse concentration de protestants évangéliques et chrétiens born again qui mettent en avant stricte fidélité biblique, conversion et engagement. Sur les 70 millions de protestants évangéliques que comptent aujourd'hui les États-Unis, plus de la moitié résident dans le Sud, tandis que 44 % des sudistes, en l'an 2000, se déclaraient toujours pratiquants réguliers (source : Barna Research Center). On comprend, dès lors, le poids de ce colosse évangélique et fondamentaliste, qui bouscule l'échiquier américain et international de son zèle missionnaire.

   Le Sud des États-Unis, souvent appelé Sud Profond (Deep South) a un héritage et une culture assez distincte des autres régions du pays, à cause de son histoire coloniale, son ancienne institution d'esclavage, ses traditions protestantes évangéliques et son séparatisme pendant la guerre de Sécession, qui vit la plupart des États du Sud se constituer, de 1861 à 1865, en États confédérés d'Amérique. En plus des États de la Ceinture de la Bible, le Sud Profond inclut : le Delaware, la Louisiane, le Maryland et la Virginie.

Bien que nulle part ailleurs on ne puisse comparer cette vaste ceinture biblique américaine, il ne faut pas oublier que le Canada possède ses propres ceintures bibliques – dans la vallée du Fraser et l'Okanagan en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, dans certaines régions de l'Alberta, dans le sud du Manitoba, dans le sud-ouest de l'Ontario et dans certaines régions des Maritimes comme le Nouveau-Brunswick. Cette importante population chrétienne compte des catholiques, évangélistes, baptistes, pentecôtistes, protestants, etc.

La mouvance évangélique rassemblerait aujourd’hui 660 millions de personnes sur quelque 2,5 milliards de chrétiens.

   Les évangéliques représentent un redoutable 25 à 30 % des Américains, mais ils ont également une importance culturelle et politique au Canada, où ils représentent environ 10 % de la population. Il est donc utile de les comprendre, surtout si nous pensons être partisans de la tolérance religieuse.

   Toutes leurs justifications religieuses apparaissent peut-être comme de l’obscurantisme délirant au lecteur laïc, mais il s’agit, pour des millions d’Américains évangélistes pour la plupart, d’une réalité. Assisterons-nous à une stricte mise en œuvre du programme de la droite religieuse si Donald Trump est réélu? Espérons que non.

“I find it fascinating that Christians claiming divine protection insist that they require loaded firearms for protection.” (The Thinking Atheist)