Il est plus facile de duper les gens...
que de les convaincre qu'ils ont été dupés.
-- Mark Twain
Que nous et nos politiciens le sachions ou non, la
Nature est partie prenante à toutes nos conventions et décisions, et elle a plus
de votes, plus de mémoire, et un sens de la justice plus strict que le nôtre. (Wendell Berry)
16 octobre 2015 -- Suggestion d'article (dans la veine) : un straight-punch (ou un
uppercut) bien envoyé. Bravo!
Le prix
Nobel de la médiocrité
Josée
Blanchette
Journal Le Devoir, 16 octobre 2015
Dans le
fond, si un pays pouvait se voir décerner un prix Nobel de la médiocrité, le
Canada serait certainement en lice, sinon bon premier.
C’est
ici qu’on flushe (flushera ? flushera pas ?) huit milliards de litres d’eaux usées
dans la jugulaire du pays; ici qu’on muselle les scientifiques qui nagent à
contre-courant; ici qu’on se demande si ce sera par train ou par pipeline mais
toujours la tête dans le sable; ici qu’on a le pied sur les pédales de gaz et
de frein en même temps; ici qu’on dénature la nature et qu’on chloroforme la
population pour mieux assassiner le bien commun; ici qu’on enfile un
déguisement d’Halloween pour aller voter «stratégique» démocratiquement; ici
qu’on a trop de géographie, pas assez d’histoire et encore moins de vision
périphérique.
Suite :
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/452691/le-prix-nobel-de-la-mediocrite
-----------------------------
15 octobre 2015
Diable! C’est fou le hasard. Tandis que je concoctais
ce message, j’entendais cette nouvelle à la radio :
De
passage à Montréal jeudi, le chef libéral Justin Trudeau s'est défendu d'avoir
appuyé le comportement du coprésident du comité de sa campagne électorale
nationale, Daniel Gagnier, en insistant sur l'importance de l'enjeu éthique pour
son parti.
Le départ
de M. Gagnier est survenu moins de 24 heures après que le parti eut pris
connaissance d'un courriel qu'il a envoyé à TransCanada, a répété le chef
libéral. (...)
Dans son courriel envoyé à TransCanada, Daniel
Gagnier suggère à cinq responsables du projet d'oléoduc Énergie Est d'approcher
le plus rapidement possible les bonnes personnes dans les clans libéraux et
néo-démocrates, au lendemain du 19 octobre, afin de ne pas reporter la mise en
service du projet.
Le Parti
libéral du Canada avait pris sa défense mercredi, affirmant qu'il n'avait
enfreint aucune règle en matière d'éthique. En tournée dans la région
montréalaise jeudi, le chef libéral a contredit cette position initiale,
répétant à plusieurs reprises que les actions de M. Gagnier étaient
«inappropriées».
Qui est
Daniel Gagnier?
Daniel
Gagnier était inscrit au registre des lobbyistes jusqu'en 2014. Il a déjà
présidé l'Institut canadien de politique énergétique, un organisme de lobbyisme
de l'industrie qui n'existe plus depuis quelques années. Il a été chef de
cabinet de l'ex-premier ministre de Jean Charest de 2007 à 2009, puis appelé à
la rescousse pendant la grève étudiante de 2012. De 1995 à 2007, il a fait
partie de la haute direction d'Alcan. En 2014, il était également impliqué
auprès de Justin Trudeau durant la course à la direction.
(ICI Radio-Canada Info)
Ahurissant. Il s’agit d’une flagrante démonstration
de ce que dénonce le documentaire PSYWAR : lobbies, agences
de relations publiques, privilèges et pots-de-vin, complicité des grands médias et propagande (à la Edward Bernays). S’il vous reste
des illusions sur les partis politiques, c’est à voir avant de voter : https://thoughtmaybe.com/psywar/ . Si vous trouvez trop long, regardez la vidéo du message précédent - un film d'animation de 6:28 min.
Michael Parenti (historien, politologue et
critique culturel américain; il a enseigné dans des universités américaines et
étrangères) :
«Le réchauffement climatique agit déjà sur nous à
grande vitesse et avec des effets rétroactifs peut-être irréversibles! Nous
n'avons pas des éons ou des siècles ou plusieurs décennies devant nous. La
plupart des gens en vie aujourd'hui n'ont même pas le luxe de se dire ‘après
moi, le déluge’ parce qu’ils seront là pour en faire l'expérience. Et si vous
pensez que ce sera ‘intéressant’ ou ‘excitant’, demandez aux survivants d’un
tsunami ce qu'ils ont ressenti. En ce moment, l’instinct ploutocratique ‘d’accumuler,
accumuler, accumuler' peut nous détruire tous une fois et pour toutes.»
«Les questions écologiques ne sont abordées que superficiellement
par le système capitaliste. Les ploutocrates sont plus attachés à leur
richesse qu’à la terre sur laquelle ils vivent, et plus préoccupés du sort de
leurs fortunes que du sort de l'humanité. La crise écologique actuelle a été
créée par une minorité au détriment de la majorité. Autrement dit, la lutte au
sujet de l'environnement fait partie de la lutte des classes elle-même, un fait
qui semble avoir échappé à de nombreux écologistes mais qui est bien compris
par les ploutocrates – et c'est pourquoi ils s’emploient impitoyablement à ridiculiser
et dénoncer les ‘éco-terroristes’ et les ‘Tree huggers’.»
John Stauber (écrivain et conférencier,
fondateur du Center for Media and
Democracy) :
«Les cohortes d’agences publicitaires, de pirates,
de lobbyistes et l’industrie des relations publiques (PR...) sont devenues une
sorte d'armée d'occupation dans notre démocratie. Quand j'ai découvert la
manière typique dont fonctionne l’industrie du PR, j’ai décidé de devenir activiste
pour révéler notamment sa façon de manipuler le public et la presse pour contrecarrer
les activistes qui défendent l'intérêt public.»
«À titre d’exemple, supposons que je sois
propriétaire d’une industrie houillère. J’entends lancer une campagne destinée
à convaincre le public américain que les émissions (qui accélèrent le
réchauffement climatique) ne sont pas nocives car le réchauffement climatique
signifie plus de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et que celui-ci favorise
la croissance des plantes. N'est-ce pas là la quintessence d'un bon environnement :
plus de vert, plus de plantes en croissance?
C’est
ridicule, absurde. Qui va croire ça? Seulement les détenteurs d’actions dans
l'industrie houillère sans doute! Alors, l'industrie financera un groupe d'experts avec des connaissances scientifiques en environnement qui formera une société appelée Greening
Earth Society. Et, ces personnes affirmeront sans sourciller : ‘Oui, en
effet, un réchauffement climatique semble se produire, mais c'est une bonne
chose; nous devrions bien l’accueillir’.
Et là, les
gens réfléchiront et diront : ‘Vous savez, Greening Earth Society est sûrement un groupe environnemental.
Ces gars-là ont un doctorat, ce sont des scientifiques, et je les écoute sur le réseau
National Public Radio. Et ils m'assurent que le réchauffement climatique est
vraiment une bonne chose pour nous’. Cette technique est efficace, car elle
travaille habituellement par l'intermédiaire des médias.
Mais gardons-nous de sombrer dans le désespoir, même dans ces situations extrêmes. Il est
important que les particuliers retirent leur pouvoir des mains des entreprises,
qu’ils s’organisent pour élaborer une vraie démocratie et créent un système
économique qui sera juste et durable sur le plan écologique aussi.»
-------
Notre indécrottable égocentrisme serait-il à la l’origine
de nos systèmes outrageusement dépourvus d’équité et de compassion?
Au banquet de l’ego, personne ne quitte rassasié.
SUR L’ACTIVITÉ
ÉGOCENTRIQUE
Chapitre XIX
La première
et dernière liberté
Krishnamurti
Traduction de Carlo Suares
Préface d’Aldous Huxley
Stock; 1954
(p. 232-137)
Nous nous rendons compte, pour la plupart, que
toutes les formes possibles de persuasion et d’incitation nous sont offertes
pour nous inciter à résister aux activités égocentriques. Les religions, avec
leurs promesses, la menace de l’enfer et les condamnations de toutes sortes,
essayent de détourner l’homme de cette constante activité engendrée par le
centre du «moi». Comme elles n’y réussissent pas, les organisations politiques
prennent leur suite. Là encore, les législations, de la plus simple à la plus
complexe, emploient tous les moyens possibles de persuasion – jusqu’aux camps
de concentration – pour briser la résistance que l’on pourrait opposer à leurs
espoirs utopiques. Et pourtant nous persistons dans nos activités égocentriques,
qui semblent être les seules que nous connaissons. S’il nous arrive d’y penser,
nous essayons de les modifier, d’en changer le cours; mais il ne se produit pas
une transformation fondamentale en nous qui mette radicalement fin à cette
activité. Les personnes réfléchies s’en rendent compte et savent aussi qu’il ne
peut pas y voir de bonheur tant que cette activité égocentrique ne s’arrête
pas. La plupart d’entre nous prenons pour acquis l’idée que cette activité est
naturelle et que les actions qui en résultent inévitablement ne peuvent être
que modifiées, façonnées, contrôlées. Mais des personnes plus sérieuses et plus
fermes dans leur détermination (je ne parle pas de sincérité : on peut
être sincère dans l’illusion) doivent découvrir si, étant conscientes du
processus total de l’activité égocentrique, il leur est possible d’aller au delà.
Pour
comprendre ce qu’est cette activité, il faut évidemment pouvoir l’examiner, la
regarder, être conscient de tout son processus. On a une possibilité alors de
la dissoudre. Mais pour en être totalement conscient, il faut avoir la ferme
détermination de la regarder en face telle qu’elle est, sans l’interpréter, la
modifier ou la condamner. Il nous faut être conscients de tout ce que nous
sommes en train de faire, de toute l’activité qui surgit de l’état
égocentrique. Une de nos plus grandes difficultés est que dès l’instant où nous
sommes conscients de cette activité, nous voulons la façonner, ou la contrôler,
ou la condamner, ou la modifier, de sorte que nous sommes rarement capables de
la regarder directement. Et lorsque cela nous arrive, très peu d’entre nous
savent ce qu’il convient de faire.
Nous
voyons que les activités égocentriques sont nocives, destructrices; que toute
forme d’identification, avec tel pays, tel groupe, tel désir; que la recherche
d’un résultat ici ou dans l’au-delà; que la glorification d’une idée; que
l’imitation d’un modèle de vertu, etc., sont essentiellement le fait de
personnes égocentriques. Tous nos rapports avec la nature, avec nos semblables,
avec les idées, sont le produit de cette activité. Sachant tout cela, que
devons-nous faire? Toutes les activités de cette sorte doivent volontairement
cesser, et cela sans contrainte intérieure ni influence extérieure.
S’il est vrai que nous sommes souvent
conscients du caractère nocif de cette activité, le désordre qu’elle produit ne
nous est perceptible que dans certaines directions, soit que nous le voyions
chez autrui et pas en nous-mêmes, soit que, le constatant en nous au cours de
nos rapports avec autrui, nous voulions transformer cette activité, lui
substituer autre chose, la dépasser. Avant de pouvoir « traiter » ce
processus, il est pourtant nécessaire de savoir comment il se produit. Il faut
savoir regarder une chose pour pouvoir la comprendre et ce processus
égocentrique doit être examiné dans tous ses registres, conscients et aussi
inconscients : nous devons connaître ses directives conscientes mais aussi
les mouvements égocentriques de nos mobiles inconscients et de nos intentions
secrètes.
Je ne
suis conscient de cette activité du « moi » que lorsque je suis en
état d’opposition, lorsque la conscience est frustrée, lorsque le
« moi » est désireux de parvenir à un résultat; ou encore lorsque
cesse mon plaisir, une satisfaction.
L’esprit peut-il être libre de tout cela? (...)
Ce
processus total de l’esprit ne peut être compris que dans nos relations avec la
nature, avec les hommes, avec nos propres projections, avec tout ce qui nous
entoure. La vie n’est que relations. Bien que celles-ci puissent être pénibles,
nous ne pouvons pas les fuir au moyen de l’isolement, en devenant des ermites
ou autrement : il n’y a pas de vie sans elles. Nos tentatives d’évasions
ne sont que des indications de l’activité du moi. Mais sitôt que vous percevez
tout ce processus en tant que conscience, que vous percevez tout ce tableau
dans son ensemble (...).
Nous
n’avons pas besoin de chercher la vérité. La vérité n’est pas un objet
lointain : c’est la vérité en ce qui concerne notre esprit, en ce qui
concerne ces activités, d’instant en instant. Si nous sommes conscients de
cette « vérité-du-moment », notre perception libère une certaine
conscience, ou dégage une certaine énergie, laquelle est intelligence, amour. Tant
que l’esprit se sert de la conscience pour des activités du moi, il crée la
durée avec ses misères, ses conflits, ses désordres et ses illusions. Ce n’est
que lorsque l’esprit, comprenant ce processus total, s’arrête, que l’amour
peut «être».