Salut anxiété!
Par Greg Nagan*
JustMorons.com; mai 2005
Au printemps, il y a une Journée nationale de dépistage des troubles de l’anxiété aux États-Unis. Pour la quatrième ou cinquième année consécutive, je vous propose un test de dépistage gratuit.
Vous pouvez faire ce test maintenant, là où vous êtes.
Placez l’index et le majeur de la main droite sur votre poignet gauche, en pressant suffisamment pour sentir la pulsation de votre sang. Ce subtil battement s’appelle le «pouls». Cette pulsation prouve que vous êtes vivant, et c’est un signe incontestable de troubles anxieux.
Médicamentez-vous au plus vite et répétez jusqu'à ce que le monde soit supportable.
Si vous ne pensez pas souffrir de troubles de l’anxiété, et trouvez que le monde est supportable, tel qu’il est, félicitations! On vous a déjà lobotomisé.
Cependant, si vous trouvez votre niveau d’anxiété un peu bas, n'hésitez pas à piger dans les miennes. Par exemple j’éprouve une angoisse croissante par rapport à la langue danoise en vue de mon examen Dansk 3, qui déterminera une fois pour toutes si je parle, comprends, lis et écris assez bien le danois pour obtenir un certificat digne d’être encadré.
J’éprouve beaucoup d'anxiété par rapport à mes finances, tant les revenus (comment faire plus d’argent dans un pays où je ne suis qu’un autre pauvre immigrant?) que les dépenses (où diable va donc tout l’argent?).
Je vis toutes les angoisses parentales courantes, et d’autres qui me sont propres. (La peur, par exemple, qu’un de ces jours ma belle fille se transforme en hideuse chauve-souris et s'envole).
J’éprouve aussi des inquiétudes au sujet de mon écriture, mon poids et ma santé mentale.
Vous avez l'embarras du choix. Servez-vous.
* 9 juin 2013 : J’ai oublié d’ajouter une note biographique à propos de l’auteur, qui, soit dit en passant, m’a fait bien rire jusqu’à ce qu’il cesse d’écrire dans Just Morons en 2005 :
«Greg Nagan est un
humoriste de Chicago qui vit actuellement à Copenhague. Il a conçu Just Morons en
joyeuse reconnaissance à la simple stupidité, un état qu’il a appris à se pardonner
mais qu'il trouve encore dérangeant chez les autres.»
En 1999, il a publié une parodie de la Prophétie des Andes intitulée Asinine Prophecy – à se tordre! Je n’ai malheureusement pas trouvé de lien d’archive.
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Ce matin, en traduisant ce texte, je réalisais que Situation planétaire témoigne d’un mimétisme anxiogène patent au sujet du présent et du futur de la planète (bien qu’il contienne aussi du mimétisme optimiste), et que celui-ci me maintient parfois dans l’auto-irritation… (Voyez le commentaire après l’article)
Simultanément, j’entendais Jean-Michel Oughourlian à l’émission Médium large discuter de son récent ouvrage Notre troisième cerveau (Albin Michel, avril 2013). Il disait entre autres que ces connaissances peuvent contribuer à développer de nouvelles thérapies pouvant réduire le désir mimétique, soit, en encourageant les gens à «s’occuper de leur propre jardin au lieu de celui des autres».
http://www.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2012-2013/chronique.asp?idChronique=296904
Résumé :
Le cerveau miroir
Le neuropsychiatre, psychologue et écrivain français Jean-Michel Oughourlian publiait récemment Notre troisième cerveau, aux éditions Albin Michel, qui insiste sur l'importance d'une zone de notre cerveau carburant au désir et à l'imitation dans notre développement. Catherine Perrin le rejoint à Paris.
Selon Dr Oughourlian, cette portion nettement moins rationnelle de notre cerveau nourrit directement celle qui est consacrée à la réflexion logique. Il s'agit d'une zone du cortex qui est stimulée par le moindre geste de l'individu qui nous fait face et nous pousse inconsciemment à désirer la même chose. Il estime même que c'est ce qui fait l'essence de l'individu. La source de ce phénomène est ce que Dr Oughourlian appelle les «neurones miroirs».
«On n'apprend pas à imiter, on apprend en imitant, note-t-il. Ce n'est pas du tout la même chose. Nous sommes programmés pour imiter.»
Découvertes accidentellement lors d'expérience sur des primates, ces neurones miroir expliqueraient l'empathie et permettraient une nouvelle lecture de l'autisme et d'autres pathologies.
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Extrait d’une revue de presse :
Prenez un couple. Depuis quelque temps, cet homme ne regarde plus son épouse qu’avec ennui. Survient un étranger, dont les yeux brillent quand il voit cette femme. En peu le temps, l’ardeur du mari renaît. Hier indifférent, il serait prêt à se battre pour réaffirmer son «amour éternel». Nous ne désirons rien tant que ce que désire l’autre. Pour le meilleur et pour le pire et dès la naissance : notre psyché elle-même est une copie de celle de nos parents! La découverte des neurones miroirs impose une relecture complète de la psychologie et de la psychiatrie.
Les mêmes zones de mon cerveau sont activées si je fais une action ou si je la regarde faire par un autre. Cette altérité nous constitue. Elle peut être vécue comme un apprentissage par imitation du modèle, ou comme une rivalité, ou comme un obstacle à la réalisation du désir que l’autre m'a suggéré. Modèle, rival ou obstacle sont les trois visages de l'autre. Chacun d’eux peut engendrer une personnalité «normale», ou névrotique, ou psychotique.
Cette approche dessine donc une nouvelle psychologie et une nouvelle psychiatrie. Elle nous impose notamment une nouvelle gestion de l'altérité, fondée sur la «dialectique des trois cerveaux» : le premier, le cerveau cognitif, le second, le cerveau émotionnel, et le troisième, ou «cerveau mimétique», qui est donc celui de l'altérité, de l'empathie, de l'amour comme de la haine.
La rencontre des neurosciences et de la psychologie mimétique nous ouvre à une nouvelle vision de l’être humain.
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Résumé de l’éditeur :
«Ce n’est pas moi qui désire, c’est mon désir qui crée ce que j’appelle ‘moi’.» Et comme ce désir s’avère toujours copié sur celui d’autrui, c’est l’ensemble de la psychologie et de la psychiatrie qu’il faut reconsidérer. L’altérité nous constitue de pied en cap, sur le plan philosophique comme neurologique, et cela change tout, notamment dans nos façons de soigner l’esprit. »
Parti de la théorie du désir mimétique du philosophe René Girard – que la découverte des neurones miroirs est venue valider de façon incontestable –, le Dr Jean-Michel Oughourlian nous propose une révolution. Sa «dialectique des trois cerveaux» bouleverse notre connaissance de nous-mêmes et nos psychothérapies.
Au cerveau cognitif et au cerveau émotionnel se joint le «cerveau mimétique» – troisième dans l’ordre de la découverte, mais souvent premier dans celui du fonctionnement. C’est le cerveau de l’empathie, de l’amour, mais aussi de la haine. Il nous fait voir en «l’autre» un modèle, un rival ou un obstacle. Autant de visages qui engendrent toutes formes de névroses ou de psychoses. Son approche nous invite à une nouvelle vision de l’être humain.
COMMENTAIRE
Note 10 août 2013 :
je n'arrive pas à cultiver l'indifférente par rapport à la façon dont la terre se déglingue. Je vais donc continuer de lancer des alertes de temps en temps (une petite part de réflexion), tout en m'occupant de mon jardin... Chers habitués, vous aviez raison de ne pas croire à ma capitulation... :-)
Ainsi, me retrouvant plus consciente de mon mimétisme anxiogène, et, ayant marre de le propager,
Avec pareil thème, il était difficile de passer à côté des aberrantes décisions géopolitiques, socioéconomiques et autres barbaries mondiales qui bousculent notre quotidien. Mais là, en ce qui me concerne, la coupe déborde.
Je vais donc m’occuper de mon jardin en concentrant mes efforts sur le blogue «L’art est dans tout». Les sources d’inspiration en créativité ne manquent pas, et je continuerai à y partager coups de cœur et réflexions.
Si vous avez envie de me suivre, je serai là :
http://artdanstout.blogspot.ca/
Encore une fois merci à tous les visiteurs assidus ou de passage!
Boudacool
7 juin 2013 P.S. : Parlant de s’occuper de son jardin, ou de contentement, vous aimerez peut-être : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/05/le-contentement.html