Pensez-vous qu'une multinationale comme Glencore se soucie de santé publique d'environnement? Si oui, votre degré de naïveté est incurable. Les propriétaires / actionnaires sont des escrocs, des experts en corruption et pollution. Je ne comprends pas pourquoi les journalistes de la presse officielle ne fournissent pas d'informations sur la bande de crapules à la tête de ce conglomérat. En voici quelques-unes (1) – c'est peu mais c'est mieux que rien.
Steven Guilbeault (au fédéral) et Benoit Charette (au provincial) ne sont pas les ministres de l'Environnement mais les ministres (lobbytomisés) des Énergies fossiles. Ils sont enchaînés à des lobbies qui veillent à la perpétuation de l'extraction / production d'énergies fossiles (entre autres).
Modus operandi des lobbies – «Ce qui est intéressant dans ce mode de pensée, c’est de voir les multinationales, qu’elles soient issues de l’industrie ou du secteur bancaire, et de les penser non plus comme des entreprises engagées dans des secteurs d’activité particuliers, mais comme des pouvoirs qui exercent une autorité avec un mode opératoire qui leur est propre et dans un rapport particulier à la loi.
Ces groupes industriels ou financiers ont une souveraineté qui est comparable à celle des États. On doit désormais traiter les multinationales comme des pouvoirs et non plus comme des entreprises, c’est-à-dire non plus comme un ensemble sur lequel les autorités publiques sont censés veiller, à la manière d’acteurs relevant de la société civile, mais bien comme des pouvoirs autonomes, capables d’interagir avec les États, avec des dirigeants qui traitent d’égal à égal avec ceux des gouvernements, et qui s’imposent comme des acteurs des relations diplomatiques (comme lorsqu’elles signent l’accord sur le climat en 2015 en leur nom). Ces multinationales sont aussi des entités qui évoluent dans des relations juridiques et des systèmes de règlements des conflits qui n’ont plus rien à voir avec le droit traditionnel et qui sont créés par et pour elles.
Les multinationales dans leur rapport aux pouvoir politique, mais aussi à la presse, créent les conditions dans lesquelles elles peuvent dicter ces lois. Ce mode opératoire ne peut fonctionner que dans un rapport de domination sur le pouvoir politique et les médias.
Le rapport à la loi est effectivement complexe. Les multinationales achètent des décisions législatives. Si elles dépensent des sommes aussi importantes dans l’activité de lobbying, c’est bien qu’il y a en contrepartie une marchandise à acheter. … Les législateurs n’ont plus de prises pour réguler ces activités et le rapport entre les dégâts commis sur le plan économique, humain ou environnemental et la contrainte légale ou juridictionnelle est très largement défavorable aux États.» ~ Alain Deneault (extrait d'un entretien au sujet de son essai Le totalitarisme pervers)
On peut imaginer la quantité d'enveloppes brunes et de gros cadeaux qui circulent…
Photo : Sophie Mediavilla-Rivard, 27 juillet 2022; vue partielle du site de la Fonderie Horne qui sème l'arsenic à tout vent à Rouyn Noranda. Glencore en est propriétaire.
La Fonderie Horne a demandé un plafond d’arsenic 20 fois supérieur à la norme
La Fonderie Horne a proposé au gouvernement Legault un nouveau plafond d'émissions d'arsenic de 60 nanogrammes par mètre cube d'air, soit 20 fois la norme québécoise, a appris Radio-Canada. La demande, qui date de mai, sera dévoilée aujourd'hui par Québec.
Depuis 2021, l'usine doit émettre un maximum de 100 ng/m³, soit 33 fois la norme québécoise. Des négociations sont en cours pour lui imposer un plafond beaucoup plus sévère.
La norme québécoise est de 3 ng/m³. Selon nos informations, l'ancien gouvernement de Jean Charest avait tenté d'imposer cette norme à la Fonderie Horne, avant de reculer, il y a une quinzaine d'années.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1900912/demande-autorisation-autorisation-fonderie-horne
Arsenic de la Fonderie Horne : le «rendez-vous manqué» de 2004
Québec a essayé, puis renoncé, à imposer la norme québécoise à la Fonderie Horne, il y a près de 20 ans, révèlent des documents et une ex-fonctionnaire de l’époque.
La Fonderie Horne est passée proche de devoir respecter un plafond d'émission d'arsenic semblable au reste du Québec, mais l'ancien gouvernement libéral de Jean Charest a reculé face aux arguments de l'entreprise. C'est ce que dévoilent des compte-rendu de rencontres entre la compagnie et des fonctionnaires, obtenus par Radio-Canada.
Les documents montrent que, dès 2004, un comité formé du ministère de l'Environnement et de la santé publique voulait imposer à la fonderie un plafond de 10 nanogrammes d'arsenic par mètre cube (ng/m³) dans l'air, à partir de mai 2006, et contraindre la compagnie à présenter un plan et un échéancier pour atteindre 3 ng/m³, soit la norme valable dans le reste de la province.
Mais les négociations ont échoué. La compagnie s'en est plutôt tirée avec le droit d'émettre 200 ng/m³, après 2007. La mesure est prise à la station légale d'échantillonnage, dans le quartier Notre-Dame, proche de la fonderie.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1900707/fonderie-horne-archives-etudes-pollution-rouyn-norme
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(1) Un aperçu
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Glencore
Glencore PLC est une importante entreprise anglo-suisse de négoce, courtage et d'extraction de matières premières. Elle résulte de la fusion le 2 mai 2013 de Glencore, et de Xstrata. Elle est basée en Suisse à Baar, dans le canton de Zoug. Le groupe provient d'une société fondée par Marc Rich, un homme d'affaires belge controversé, qui a acquis plusieurs nationalités, dont américaine. Il a été condamné aux États-Unis pour violation d'embargo de 1983 à 2001 et accusé en 1983 par un grand jury fédéral américain de plus de 50 chefs d'inculpation; ayant fui en Suisse, il a finalement été gracié après avoir fait partie de la liste des dix fugitifs les plus recherchés du FBI.
En 2016, le groupe employait 155 000 personnes (dans 50 pays). Selon les données disponibles (fournies par l'entreprise lors de ses ventes d'actions), Glencore contrôlerait en 2011 environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 ou 38 % de l'aluminium, 25 % ou 28 % du charbon, et environ 10 % du grain et 3 % du pétrole. Le groupe contrôlerait aussi au moins 45 % du marché mondial du plomb, un métal stratégique (pour les batteries, le nucléaire, l'armement et les munitions de guerre, de chasse et de tir sportif, le plomb tétraéthyle, etc.) dont le prix a beaucoup grimpé.
Son fondateur, Marc Rich a été poursuivi à plusieurs reprises pour corruption et évasion fiscale.
Depuis 10 ans, Glencore est régulièrement citée dans des affaires de corruption et de pollution. Après avoir œuvré durant 37 ans dans un halo de mystère, cette société très controversée qui a reçu en 2008 le prix du Public Eye Awards de la multinationale la plus irresponsable, est entrée en bourse en 2011. Son patron, Ivan Glasenberg, est présenté comme «le premier courtier du monde», avec 15,8 % des actions du groupe, représentant une enveloppe de 10 milliards de dollars (7 milliards d’euros), ce qui devrait forcer la multinationale à un peu plus de transparence.
Activités
Selon son site internet, Glencore est un groupe international de production intégrée et de marketing des matières premières ayant des activités dans la «production, l'approvisionnement, la transformation, le raffinage, le transport, le stockage, le financement et la fourniture de métaux et minéraux, produits énergétiques et produits agricoles» provenant de la production du groupe Glencore lui-même ou de tiers.
Glencore fournit aussi de l'ingénierie financière et logistique et d'autres services de la chaîne d'approvisionnement pour un large éventail de producteurs et consommateurs de produits.
Les clients sont principalement des industries métallurgiques, agroalimentaires (270 000 hectares de terres en culture déclarées en 2011), automobiles ou pétrolières et de production d'énergie ou de carburant (3 % du pétrole négocié dans le monde en 2010, avec de gros projets (en développement) en offshore au large de l'Afrique, mais aussi gaz, charbon, coke, etc.).
Le chiffre d'affaires de Glencore a atteint 177,4 milliards de dollars en 2016. Son bénéfice net aurait été de 3,8 milliards de dollars en 2010.
Le groupe posséderait aussi 55,7 milliards d’euros (79,8 milliards de dollars) de biens et 13,39 milliards d'euros (19,6 milliards de dollars) de participations dans d'autres entreprises.
Glencore a mis au point un système d'intégration verticale sans précédent (il était en 2011 par exemple propriétaire de près de 300 000 hectares de terres agricoles productives), tout en ayant «accès unique à l'information sur la production et la distribution» (du grain et des métaux ferreux), renforcé par «des bureaux présents partout dans le monde» note Devlin Kuyek, chercheur à GRAIN, une ONG travaillant sur le thème de la sécurité alimentaire; selon lui il est préoccupant que les gens détenant cette information soient aussi des spéculateurs (Cf. possibles délit d'initié et conflit d'intérêt et possibilité de parier sur l'instabilité des marchés alimentaires et des matières premières).
Le groupe est aussi devenu assez puissant et monopolistique pour être peut-être devenu «l'une des rares sociétés minières capable de fixer les prix, plutôt que de les subir», selon Chris Hinde, directeur de la rédaction du magazine spécialisé «Mining Journal» qui ajoute que ce groupe qui possède des mines et emploie aussi les agents de change qui dans le domaine du commerce des matières premières œuvrent dans «un monde assez secret» et «fixent effectivement le prix de certains produits très importants».
Controverses et suspicions d'illégalités
En 2001, le groupe a, en Colombie sur le site des mines de charbon de Cerrejon, dont il est coexploitant, rasé le village de Tabaco, brûlé le contenu des tombes du cimetière et exproprié ses habitants de force avec la complicité des autorités et de l'armée. Malgré une décision de justice confirmée par la Cour suprême de Colombie de 2003 de devoir reconstruire le village et indemniser les habitants, celle-ci n'était toujours pas appliquée trois ans plus tard.
La société est aussi dénoncée par le syndicat des mineurs pour corruption et violations graves des droits de l'être humain. Ailleurs, à Bahia Portete (La Guajira) le peuple indien Wayuu a été chassé de ses terres ancestrales par, entre autres, une unité de l'armée habituellement «employée» par la mine pour surveiller ses installations; une partie de la population, 43 personnes, a été massacrée et les survivants, 600 familles, expulsés au Venezuela.
Les atteintes à l'environnement (pollution atmosphérique, détournement de rivières, pollution de l'eau) avaient fait l'objet de promesses de Glencore aux populations touchées : approvisionnement suffisant en eau potable et réinstallation pour les villages touchés par la pollution de l'air. En 2016, aucune des promesses n'est tenue, à l'exception d'un approvisionnement insuffisant en eau de qualité douteuse, et la société Glencore indique qu'il s'agit uniquement de retards dont les causes seraient dues en partie aux demandes peu claires des populations concernées.
[Des histoires semblables il en existe dans plusieurs pays, par exemple en France, en Bolivie, en Zambie, au Congo, et actuellement à Rouyn Noranda au Québec!]
Nomination de Tony Hayward
En 2014, la nomination de Tony Hayward comme président de Glencore Xstrata a été très controversée, notamment dans la City de Londres où certains investisseurs ont jugé cette nomination incompatible avec la direction du conglomérat (Tony Hayward est l'ancien président de BP, souvent considéré comme responsable de la catastrophe de Deepwater Horizon 4 ans plus tôt dans le Golfe du Mexique; Hayward était déjà membre du conseil d'administration et président par intérim depuis que Sir John Bond avait été renversé lors de l'assemblée générale annuelle de 2010). L'un des investisseurs institutionnels a vendu toutes ses parts dans Glencore en signe de protestation.