18 février 2012

L’odorat

Il semble que les émanations volatiles les plus dangereuses sont celles qui ne dégagent pas d’odeur…

Si la pollution visuelle et sonore nous agresse, notre nez en prend un coup aussi avec la pollution olfactive.


Reconnaitre l’odeur d’une personne que nous aimons est source de réconfort. Nous sentons l’arome des aliments que nous aimons et soudain notre appétit s’éveille. Le merveilleux parfum d’un bouquet de fleurs nous laissera de bons souvenirs. Une odeur de brulé provenant de la cuisine nous avertit qu’il faut retourner à nos chaudrons. Si notre sens olfactif n’est pas complètement émoussé, normalement, nous ne mangerons pas d’aliments dont l’odeur est suspecte.

Toutes les émanations – odeurs, vapeurs – sont captées par des récepteurs situés derrière les cavités nasales et transmettent des signaux au système limbique. (Le système limbique régule les fonctions automatiques du corps, les comportements, les humeurs, les émotions, l’activité sexuelle et la reproduction, les niveaux de stress, l’appétit, les capacités d’apprendre, la créativité et la mémoire à long-terme.)

Chez les animaux, l’odorat est littéralement un instrument de survie. Les odeurs servent à démarquer un territoire, à détecter un danger, à suivre une piste, à attirer un partenaire de reproduction, etc. Il s’agit d’un medium de communication très efficace. Chez l’humain, l’odorat a perdu de son efficacité en raison de notre immersion dans un monde de plus en plus artificiel et chimique.

Contrôler l’esprit par le nez…
Ou se faire mener par le bout du nez  :o)

Le branding multi-sensoriel axé sur le marketing olfactif – diffusion de fragrances pour vendre des produits et services qui n’ont aucun rapport avec ces odeurs – est en croissance.

Les compagnies, réalisant que les consommateurs étaient constamment bombardés de flashs sonores et visuels, ont décidé qu’il fallait explorer d’autres avenues pour rester compétitives. Harald Vogt, du «Scent Marketing Institute», disait : «Vous ne pouvez pas vous boucher le nez. Vous devez respirer.» De son côté, l’auteur de «Brand Sense», la bible du branding multi-sensoriel, disait : «Avec les fragrances, les gens se décident plus vite et sont prêts à payer plus cher; ils sont tellement affectés émotionnellement, qu’ils se coupent de la partie rationnelle qui gouverne leurs comportements.»

Mais, il y a un hic avec les fragrances. Une odeur agréable pour l’un peut être une nuisance pour l’autre. Les préférences varient en fonction de facteurs tels que le sexe, la culture et les générations – il n’existe pas de parfum universellement révéré. D’autant plus que les gens ont fréquemment tendance à associer les odeurs à des émotions négatives.

L’overdose de senteurs est similaire à celle de la pollution sonore; et elle présente un réel problème. On n’a qu’à déambuler dans un centre commercial pour apprécier le mixe plus souvent repoussant qu’alléchant : pain, caoutchouc, patchouli, chocolat, viande grillée, désinfectants de W.C., etc. Horrible pour qui a le nez fin, mais nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés de respirer… Pour ce qui est du son, au moins on peut se mettre des bouchons dans les oreilles.

Les fragrances artificielles peuvent être une torture pour les gens sensibles aux produits chimiques. Mais ce n’est pas un dissuasif pour le businessman qui veut conquérir notre esprit, notre psyché, notre cœur et notre âme, et nous faire acheter, acheter, acheter.

Les compagnies ne dépenseraient pas des fortunes pour nous accrocher par les sens, si ça ne marchait pas : lorsqu’on a diffusé un parfum floral dans un casino, les revenus des machines à sous ont soudain grimpé de 45%! 

Un jour, je suis allée visiter une dame âgée du quartier. Quand elle a ouvert la porte de son appartement, j’ai failli tomber par terre. Une odeur de «plug-in scent» m’a envahie. Une fois à l’intérieur, j’ai remarqué qu’il y en avait dans toutes les prises de courant. Je lui demandé pourquoi elle utilisait ces bidules? «Je ne veux pas que ça sente le chien», m’a-t-elle répondu. Au bout de cinq minutes, j’avais une migraine carabinée. Alors, je lui donné un cours 101 sur les parfums artificiels. Quelques semaines plus tard, je l’ai revue. Elle m’a dit qu’elle avait jeté tous ces «sent-bon» et que ses enfants ne se plaignaient plus d’avoir la migraine lorsqu’ils venaient la visiter. Hé!

Quelques «rafraichisseurs d’air» à éviter – parmi une multitude :

- Les chandelles parfumées contiennent du plomb, du mercure et d’autres polluants; en particulier celles garnies de «pépites» métalliques; utilisez plutôt des chandelles «naturelles»
- L’encens : de la meilleure qualité possible et utilisez parcimonieusement 
- Certains aérosols contiennent du di-chlorobenzène (1,4-DCB), entre autres; mortel...
- Les huiles essentielles* de mauvaise qualité,ou synthétiques diluées avec des produits chimiques; lisez les ingrédients des mélanges prétendument parfumés aux huiles essentielles thérapeutiques
- Les assouplisseurs de tissus en feuille ou en liquide. Ils peuvent créer des allergies ou aggraver des problèmes de peau existants. 
   * À noter que les huiles essentielles ne sont pas des fragrances ou des parfums bien qu’on les utilise en parfumerie.

À suivre bientôt : l’aromathérapie, la vraie, qui sert non pas à camoufler des odeurs, mais à améliorer ou restaurer notre état de santé…

15 février 2012

Erreur humaine

Un incident en apparence plutôt anodin. J’ai échappé accidentellement mon cartable de recettes (à couverture plastifiée) sur l'élément de la cuisinière. Le plastique s’est liquéfié en deux secondes. Il ne restait que des languettes fondues collées sur l'élément et des granules autour… Une grosse bouffée de vapeurs toxiques puantes avait rempli l’atmosphère avant que j’aie eu le temps de démarrer la hotte!

L'empreinte...

Une fois le dégât nettoyé, je me suis assise pour réfléchir. Il m’est arrivé souvent de prendre conscience à quel point nous vivons dans un environnement plastifié. Invention pratique, bien sûr. On imagine mal un iPad ou Blackberry en bois… Mais, le jeu en vaut-il la chandelle? 

Le plastique/pétrole a remplacé le bois, la terre cuite, le verre, etc. Nous portons du plastique. Nos maisons, nos édifices, nos cités, nos pays, nos continents en sont saturés. Une terre plastique! (Autrefois, ce mot était associé à la beauté et à la qualité artistique; hum…

Qu’arrive-t-il quand un incendie se déclare, qu’une explosion se propage dans l’atmosphère, que le nucléaire fuie de partout, que les résidus miniers s'incrustent dans les terres arables, que l’air, le sol et l’eau empoisonnent toute vie? Sommes-nous équipés pour absorber et transformer autant d'émanations toxiques? À mon avis, nous ferions mieux de cesser de nous plaindre des sommes astronomiques attribuées au système de santé...

Ferons-nous marche arrière?
J'en doute un peu.

Nous sommes trop accrochés à notre perception individualiste, matérialiste et mercantiliste de la Vie pour comprendre l’ampleur de la détresse planétaire.

Triste fin d’une énième «civilisation» aux abois. Sans doute la pire, vu la quantité d’espèces qui disparaitront dans le sillage des 7 milliards d’animaux humains que nous sommes.

Et qui blâmerons-nous?

12 février 2012

L’amour à la une

Vu que mon souhait de l’an dernier ne s’est pas encore réalisé, je relance l’idée :
convertir la fête commerciale de la Saint-Valentin en Journée Internationale de l’Amour-Compassion.

Pendant une seule journée, partout sur la planète, aucun mot ou acte violent, aucune barbarie envers nos semblables, les animaux et la nature. Que de la bienveillance. Pas de querelles à tue-tête, de cris, de gémissements, de hurlements, de bruits de coups, de cliquetis d’armes…

Pouvez-vous imaginer l’atmosphère de paix qui règnerait? La terre changerait de taux vibratoire, au moins pour un jour. Nous ne voudrions peut-être plus entretenir les bruits de la haine et de la peur.

Et, ne nous affolons pas, l’industrie de l’amour trouvera bien un moyen d’en tirer profit. Suite de l'article de février 2011 :
http://situationplanetaire.blogspot.com/2011/02/un-reve.html

Marc Chagall, Les amoureux au clair-de-lune

Saint-Valentin et business

- On vend aux É.U. à chaque année près d’un milliard de cartes de la Sainte-Valentin. Deuxième rang après Noël; 85% des cartes sont achetées par des femmes…
- À qui sont destinées ces cartes? Par ordre de popularité : les enseignants, les enfants, les mères, les épouses, les ami-e-s de cœur et … les animaux de compagnie. 
- Vente de fleurs : la Saint-Valentin et la fête des mères arrivent ex-æquo.
- Quantité de roses vendues mondialement : plus de 50 millions. En Amérique du Nord les roses proviennent majoritairement d’Amérique du Sud. Des millions de roses, pour la plupart rouges, seront livrées en trois jours aux É.U.
- Acheteurs de roses : hommes 73%, femmes 27%.
- Les hommes achètent des millions de boites de chocolat et bouquets de fleurs.
- Les premiers cadeaux de la Saint-Valentin furent des bonbons ou des chocolats emballés dans des boites en forme de cœur. Richard Cadbury créa les premières boites de chocolat à la fin du 17e siècle.

Saint-Valentin et humour 

- Si vous êtes seul-e, lancez des cœurs au slingshot virtuel – y’a parfois des rebonds! 
- J’ai sauvé une fortune à la Saint-Valentin en devenant célibataire!
- Les gens se plaignent de la Saint-Valentin… Lorsque j’étais célibataire je m’en fichais; et maintenant que je suis marié, je m’en fiche toujours.
- C’est difficile d’aimer sans être aimé en retour; mais le plus difficile est d’aimer quelqu’un qui n’aura jamais le courage de déclarer son amour.
- Ah l’amour, le seul feu pour lequel il n’y a pas d’assurances!
- Si vous voulez que votre partenaire écoute attentivement tout ce que vous dites, parlez pendant votre sommeil.
- À l’occasion de la Saint-Valentin, un type déclare fièrement : «Ma femme est un ange!»  
«Chanceux! La mienne est toujours vivante!» répond son interlocuteur.
- En Chine, offrir une seule rose à une femme est une insulte… C’est dire comme le sens qu’on donne aux gestes varie d’une culture à une autre! 

Tableau de Robert Van Cleef

Un peu de poésie … quand même!

- L’un des plus vieux poèmes d’amour écrit (sur une tablette de terre cuite) daterait de l’époque sumérienne – vers 4000 / 3500 av. J.-C. On dit que les épouses du roi Shu-Sin lui récitaient ce poème une fois par année.

***

La rose, la bouteille et la poignée de main
(Extrait)

Cette rose avait glissé de
La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts.
Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route et m'en allai quérir
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir.
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.

La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris,
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant "au secours !"
Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrièm', c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnues.
On est tombé bien bas, bien bas...

Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!
[…]

Georges Brassens (1921-1981)
Poète, auteur-compositeur-interprète

***

La réponse en mariage

Vous désirez ma main? soit je vous l'abandonne,
mais prenez-vous d'amour pour l'esprit qui l'anime,
montrez d'avance un cœur douillet et magnanime
et pardonnez au temps, qui jamais ne pardonne.

Mon corps, dont la beauté vous a été promise,
n'est-il pas tout entier promis à la poussière?
ma secrète vertu, par vos vertus conquise,
n'est elle pas déjà par nature, éphémère?

Cherchons dès aujourd'hui notre seul vrai visage,
Voyons ce qui s'efface et ce qui vient du cœur,
L'œil qui nous embellit nous blesse d'avantage,
Plus tard il est aussi précis qu'il fut rêveur.

Vous désirez ma main? soit, je vous l'abandonne,
mais prenez-vous d'amour pour l'esprit qui l'anime,
montrez d'avance un cœur douillet et magnanime
et pardonnez au temps, qui jamais ne pardonne.

Giani Esposito (1930-1974)
Poète, auteur-compositeur-interprète

***

Les yeux d’Elsa

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

Louis Aragon (1897-1982)
Poète, romancier et journaliste

***

Mignonne, allons voir si la rose
Baudelaire pour les 60 +

Mignonne, allons voir si l'arthrose
Qui ce matin tant m'ankylose
Depuis qu'a sonné mon réveil
Pour clore une nuit de sommeil
Aura perdu de sa vigueur
Après un footing d'un quart d'heure.


Las! Voyez comme sont les choses,
Il faudrait que je me repose.
Mes maux, loin de se calmer
Las, las, ne cessent d'empirer
Ô vraiment, marâtre nature
Avec l'âge la douleur perdure!


Donc, si vous m'en croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté
Avant que ne ternisse votre beauté,
Pour assouvir toutes envies
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie! 


Auteur inconnu  

10 février 2012

Entre l'enfant et le vieillard

Diable! j’avais oublié les phases ado / adulte...

Trop drôle : une réponse humoristique / contemporaine à «Ligne de vie» (un pps Sergimage, reçu d’une amie).

Dépendant de l’âge où l’on mourra, on pourra facilement cumuler 4 à 5 générations d’expérience dans la même vie! C’est pas rien.

Photos.com

Enfant… ado… adulte…

T’es un enfant quand t’as rien à dire au téléphone.
T’es un ado quand tu parles des heures au téléphone.
T’es un adulte quand tu payes les comptes de téléphone.

T’es un enfant quand tu ne sais pas ce que tu veux faire dans la vie.
T’es un ado quand t’as le goût de rien faire dans la vie.
T’es un adulte quand tu te demandes pourquoi tu n’as rien fait dans ta vie.

T’es un enfant quand tu t’habilles comme ta mère veut.
T’es un ado quand tu t’habilles comme tu veux.
T’es un adulte quand tu t’habilles comme tu peux.

T’es un enfant quand tu dors toute la nuit.
T’es un ado quand tu dors toute la journée.
T’es un adulte quand t’arrives plus à dormir pantoute…

T’es un enfant quand tu ne sais même pas que tu vis.
T’es un ado quand tu dis que tu n’as jamais demandé à vivre.
T’es un adulte quand tout ce qu’il te reste est le savoir-vivre.

T’es un enfant quand tu apprends continuellement.
T’es un ado quand tu n’apprends plus rien du tout.
T’es un adulte quand tu as tout oublié.

T’es un enfant quand tu ne comprends rien de ce qu’on dit.
T’es un ado quand personne ne comprend rien de ce que tu dis.
T’es un adulte quand ce que tu dis n’intéresse plus personne.

T’es un enfant quand tu manges tout ce qui te tombe sous la main.
T’es un ado quand tu manges tout ce qui tombe sur le cœur.
T’es un adulte quand tu manges tout ce qui peut faire tomber ton cholestérol.

Ainsi va la vie.
Tout se ressemble et pourtant tout est si différent !!!
La vie est le plus beau cadeau qui t’a été offert.
Profite pleinement de chaque étape.

9 février 2012

Ligne de vie

Tout va si vite.
Tantôt enfant, tantôt vieillard…


Où donc est le bonheur? disais-je.
Sed satis est jam posse mori. ~ Lucain

Où donc est le bonheur? disais-je. – Infortuné!
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné.

Naître, et ne pas savoir que l’enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l’âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l’homme, ombre qui passe, ait sous le firmament!

Plus tard, aimer, – garder dans son coeur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d’un ineffable hymen,
Envier l’eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d’une parole,
Connaître un pas qu’on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d’avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu’un regard, qu’une fleur, qu’un soleil!

Puis effeuiller en hâte et d’une main jalouse
Les boutons d’orangers sur le front de l’épouse;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé;
Voir aux feux de midi, sans espoir qu’il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l’illusion, l’espérance, et sentir
Qu’on vieillit au fardeau croissant du repentir,
Effacer de son front des taches et des rides;
S’éprendre d’art, de vers, de voyages arides,
De cieux lointains, de mers où s’égarent nos pas;
Redemander cet âge où l’on ne dormait pas;
Se dire qu’on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s’enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d’amour!

Vieillir enfin, vieillir! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,
Être sage, et railler l’amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d’un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs!

Ainsi l’homme, ô mon Dieu! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d’ombre.
C’est donc avoir vécu! c’est donc avoir été!
Dans la joie et l’amour et la félicité
C’est avoir eu sa part! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe était remplie!

Hélas! naître pour vivre en désirant la mort!
Grandir en regrettant l’enfance où le coeur dort,
Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie!

Où donc est le bonheur, disais-je? – Infortuné!
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné!

Victor Hugo
28 mai 1830

7 février 2012

Blog à la diète

À LIRE :
Des conseils inestimables pour les blogueurs qui souhaitent décrocher de cette espèce de sentiment d’urgence sournois qui nous pousse parfois à donner dans la boulimie. J’entends tirer profit de ces pratiques qui donnent soudain envie de mettre son blog à la diète, voire, au jeûne!

POUR LE CARNET LENTEUR
(Manifeste et tuyaux pratiques en faveur du Slow Blogging)
http://ysengrimus.wordpress.com/2012/01/01/pour-le-carnet-lenteur-manifeste-et-tuyaux-pratiques-en-faveur-du-slow-blogging/#comments

L'auteur Paul Laurendeau/Ysengrimus termine son article avec ce punch :
RALENTISSEZ. PERSONNE N'EST À VOS TROUSSES. 

Bien trop vrai.   

***
Celui-là seul sait écrire qui écrit de telle sorte qu’une fois la chose faite, on n’y peut changer un mot. Écrivains qui avez le souci de votre dignité, n’écrivez jamais rien sans vous demander : quelle figure fera-t-il quand tous les hommes qui vivent maintenant seront morts? ~ Victor Hugo

6 février 2012

L’enfant


Quand l’enfant nous regarde, on sent Dieu nous sonder ;
Quand il pleure, j’entends le tonnerre gronder,
Car penser c’est entendre, et le visionnaire
Est souvent averti par un vague tonnerre.
Quand ce petit être, humble et pliant les genoux,
Attache doucement sa prunelle sur nous,
Je ne sais pas pourquoi je tremble ; quand cette âme,
Qui n’est pas homme encore et n’est pas encore femme,
En qui rien ne s’admire et rien ne se repent,
Sans sexe, sans passé derrière elle rampant,
Verse, à travers les cils de sa rose paupière,
Sa clarté, dans laquelle on sent de la prière,
Sur nous les combattants, les vaincus, les vainqueurs ;
Quand cet arrivant semble interroger nos coeurs,
Quand cet ignorant, plein d’un jour que rien n’efface,
A l’air de regarder notre science en face,
Et jette, dans cette ombre où passe Adam banni,
On ne sait quel rayon de rêve et d’infini,
Ses blonds cheveux lui font au front une auréole.
Comme on sent qu’il était hier l’esprit qui vole !
Comme on sent manquer l’aile à ce petit pied blanc !
Oh ! comme c’est débile et frêle et chancelant
Comme on devine, aux cris de cette bouche, un songe
De paradis qui jusqu’en enfer se prolonge
Et que le doux enfant ne veut pas voir finir !
L’homme, ayant un passé, craint pour cet avenir.
Que la vie apparaît fatale ! Comme on pense
A tant de peine avec si peu de récompense !
Oh ! comme on s’attendrit sur ce nouveau venu !
Lui cependant, qu’est-il, ô vivants ? l’inconnu.
Qu’a-t-il en lui ? l’énigme. Et que porte-t-il ? l’âme.
Il vit à peine ; il est si chétif qu’il réclame
Du brin d’herbe ondoyant aux vents un point d’appui.
Parfois, lorsqu’il se tait, on le croit presque enfui,
Car on a peur que tout ici-bas ne le blesse.
Lui, que fait-il ? Il rit. Fait d’ombre et de faiblesse
Et de tout ce qui tremble, il ne craint rien. Il est
Parmi nous le seul être encor vierge et complet ;
L’ange devient enfant lorsqu’il se rapetisse.
Si toute pureté contient toute justice,
On ne rencontre plus l’enfant sans quelque effroi ;
On sent qu’on est devant un plus juste que soi ;
C’est l’atome, le nain souriant, le pygmée ;
Et, quand il passe, honneur, gloire, éclat, renommée,
Méditent ; on se dit tout bas : Si je priais ?
On rêve ; et les plus grands sont les plus inquiets ;
Sa haute exception dans notre obscure sphère,
C’est que, n’ayant rien fait, lui seul n’a pu mal faire ;
Le monde est un mystère inondé de clarté,
L’enfant est sous l’énigme adorable abrité ;
Toutes les vérités couronnent condensées
Ce doux front qui n’a pas encore de pensées ;
On comprend que l’enfant, ange de nos douleurs,
Si petit ici-bas, doit être grand ailleurs.
Il se traîne, il trébuche ; il n’a dans l’attitude,
Dans la voix, dans le geste aucune certitude ;
Un souffle à qui la fleur résiste fait ployer
Cet être à qui fait peur le grillon du foyer ;
L’oeil hésite pendant que la lèvre bégaie ;
Dans ce naïf regard que l’ignorance égaie,
L’étonnement avec la grâce se confond,
Et l’immense lueur étoilée est au fond.

On dirait, tant l’enfance a le reflet du temple,
Que la lumière, chose étrange, nous contemple ;
Toute la profondeur du ciel est dans cet oeil.
Dans cette pureté sans trouble et sans orgueil
Se révèle on ne sait quelle auguste présence ;
Et la vertu ne craint qu’un juge : l’innocence.

Victor Hugo
Juin 1874

***
Comment peut-on en venir à assassiner ses propres enfants?

Résumé du cas « Guy Turcotte » :
Source : Femmes et enfants tués par des hommes ou des inconnus au Québec en 2009
par Martin Dufresne – vendredi 20 novembre 2009
http://sisyphe.org/spip.php?article3453

[Anne-Sophie Turcotte, 3 ans, et son frère, Olivier Turcotte, 5 ans, poignardés dans leur sommeil à Piedmont le 22 février, à plus de 15 reprises, par leur père, Guy Turcotte, cardiologue de 36 ans à l’Hôpital de St-Jérôme, qui a été jusqu’à leur arracher le coeur soi-disant pour se venger de la mère des enfants, elle aussi médecin à cet hôpital, dont il venait de se séparer et avec qui il gérait une garde partagée des victimes. L’assassin a laissé des propos masculinistes où il disait entre autres : « Les femmes n’ont pas de coeur et les hommes n’ont pas de couilles. » Il a ensuite ingurgité de l’antigel (mais précisément à l’heure où il devait déjeuner avec ses parents qui l’ont retrouvé et emmené à l’hôpital). Il s’y est rapidement rétabli, après avoir été emmené à un autre hôpital, ses collègues de travail ayant refusé de le soigner. Même si l’assassin a été accusé de double meurtre prémédité (courriel adressé à la mère trouvé sur son ordinateur, propos justifiant le double assassinat, tenus une fois Couture arrivé à l’hôpital), la plupart des journalistes et éditorialistes masculins – comme Mario Roy de La PRESSE dans un texte intitulé « L’homme de Piedmont » – ont tous défendu les thèses négationnistes de l’acte de folie, du malaise masculin contemporain, bref relativisé la responsabilité de Turcotte pour le double meurtre, tout en reprenant les revendications masculinistes classiques pour plus de services, de soutien et de pouvoirs aux hommes, afin de leur éviter toute « détresse ».]

Acte de folie : aucun doute là-dessus. Par ailleurs, on sait que le personnel médical a facilement accès aux diverses drogues/médicaments disponibles dans les hôpitaux et les cliniques – même si c’est règlementé. Les prescriptions de dépannage « entre collègues » sont aussi monnaie courante.

Alors :
- se droguait-il avec des médicaments ou autres?
- avait-il des traitements de stimulation magnétique transcranienne (TMS)?
- s’il est déclaré apte à quitter l’asile, est-ce parce qu’on a réussi à manipuler la jonction temporale-pariétale de son cerveau avec succès?

Lisez ce qui suit…

***
Les scientifiques peuvent modifier le jugement moral des individus

Les neuroscientifiques affirment qu'ils peuvent modifier nos valeurs morales simplement en perturbant un secteur spécifique du cerveau à l’aide d’impulsions magnétiques.

La région du cortex cervical située juste au-dessus et derrière l’oreille droite, semble réguler nos valeurs morales – il s’agit d’un ensemble de cellules nerveuses connu sous le nom de jonction temporale-pariétale droite (JTPD). Quand les chercheurs induisent des pulsions magnétiques de 500 millisecondes pour bloquer l'activité des cellules de cette région, ils altèrent la notion de bien et de mal qui permet l’expression de jugements moraux.

Sous l’effet de ces pulsions, les cobayes évaluaient les situations uniquement en fonction du résultat; qu’il soit bien ou mal et basé sur des jugements moralement corrompus n’entrait pas en ligne de compte.

Il semble que le processus mental supérieur qui affecte notre raisonnement moral, souvent associé à notre identité d'être humain, est tout à fait malléable. Cette région du cerveau se développe tardivement à la fin de l'adolescence ou dans la vingtaine; cela suggère que les facultés morales n’atteindraient leur pleine maturité qu'après l’adolescence.

Comment la stimulation magnétique peut-elle altérer le cerveau?

Les chercheurs en neuroscience utilisent une technique appelée stimulation magnétique transcranienne (TMS) pour modifier l’activité électrique du cortex cérébral. De faibles courants électriques provoquent une lésion artificielle provisoire dans une zone spécifique reliée aux performances cognitives.

Le cerveau se compose d'environ 100 milliards de neurones qui peuvent communiquer entre eux, bien qu'ils ne soient pas physiquement reliés. L’intercommunication se fait à travers un espace vide minuscule appelé synapse. La capacité d'apprendre et de fonctionner est en grande partie déterminée par les raccords dans le réseau de synapses. Il s’agit d’un système de communication complexe et stupéfiant : il y a entre 1000 et 10 000 synapses pour chacun des 100 milliards de neurones du cerveau. Modifier le pattern des synapses peut changer l’esprit même, et c’est ce que les neuroscientifiques essayent de faire, souvent en utilisant des méthodes artificielles comme la TMS. On utilise la TMS pour traiter la dépression, les stress post-traumatiques, la schizophrénie, les hallucinations auditives, la bipolarité, etc.

On emploie également une technique de stimulation plus profonde du cerveau; un traitement devenu routinier pour la maladie de Parkinson. On implante chirurgicalement une fine électrode dans le cerveau pour stimuler les neurones des secteurs affectés par la maladie. Les expériences ont montré que ce type de stimulation électrique produit de nouvelles cellules cervicales et de nouvelles mémoires. On songe maintenant à l’appliquer à la maladie d’Alzheimer. Les scientifiques espèrent également s’en servir pour soigner l'épilepsie et les troubles obsessionnels.

On prévoit aussi utiliser la TMS pour provoquer des changements d'humeur, améliorer la créativité ou augmenter la concentration.

Tel un dispositif de film de science-fiction, les neuroscientifiques envisagent de produire «des appareils abordables et portables à utiliser dans les cliniques de thérapie, ou même sur soi» … nous pourrions stimuler notre cerveau, changer d'humeur ou augmenter notre degré de confiance à volonté.

Est-ce vraiment une bonne idée?

La manipulation des cellules cervicales, avec la TMS ou la stimulation profonde, représente une incursion dans notre monde intérieur dont les conséquences sont imprévisibles.

Sur le plan physiologique, les effets secondaires de la TMS ont jusqu'ici été superficiels : migraine, déficit d’attention et faibles tremblements des muscles faciaux. On a cependant noté quelques cas de défaillance cardiaque, de surexcitation et des troubles d'audition. La stimulation profonde du cerveau a par contre occasionné des problèmes plus sérieux : hémorragie cérébrale, démence, changements d'humeur non désirés, convulsion, infections et troubles de locomotion et d’élocution.

Sans compter qu’on ignore totalement les effets à long terme de ces interférences avec le fonctionnement cérébral, et même à court terme, on ne sait rien des conséquences à  l’exposition à de champs électromagnétiques plus intenses.

Il s’agit d’un secteur de la médecine à surveiller de près, particulièrement en ce qui concerne le traitement de maladies incurables comme l’Alzheimer qui continuera sans doute de progresser dans l’avenir.

Quant à l’utilisation de la TMS pour modifier nos humeurs ou nos principes moraux, il vaut peut-être mieux nous fier à nos propres valeurs morales et utiliser des remontants naturels qui favorisent l'humeur positive … à moins que l'idée d’être branché à un dispositif électrique qui contrôle nos émotions et nos pensées les plus secrètes nous indiffère.

(Résumé/adaptation d’un reportage de la BBC)

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