MISCOU
Où sont passés les hérons bleus que j’aimais tant,
figés sur leurs échasses, près des roseaux bruissant
dans l’eau plate des marais, à deux pas de la mer
large, étale et indifférente?
Allons! il faut partir.
Le sable déjà n’est plus chaud sur les plages esseulées
où tes pas faisaient crisser le varech qui violace.
Allons! il faut partir.
L’illusion est finie. Voici un été qui n’est pas le nôtre
et une plage désolée qui me refuse le souvenir de nos
amours. Je ne retrouve plus les bigorneaux, ni le vieux
panier oublié, ni la bouteille sans message venue on ne
sait d’où, échouée par hasard à Miscou la belle, la tranquille,
la placide, complice de notre amour.
Allons! il faut partir.
La vieille couverture bigarrée ne retient plus ta trace et
la marée sans pitié, avec sa régulière monotonie, recouvre
depuis longtemps le souvenir de notre joie. Le phare témoin
de notre béatitude devient menaçant, et ces goélands curieux,
mais prudents, ne sont plus nos amis.
Adieu Miscou! Salut mon âme!
*** 
Mario LeBlanc 
REVERB
j’ai rêvé un rêve
REVERB
j’ai rêvé un rêve
un rêve fou 
un rêve grammaticalement fou 
on marchait le tête haute 
dans une ville lignée 
on marchait comme des virgules 
qui sautaient à la bonne place 
dans des phrases 
on marchait comme des points 
qui terminaient chaque paragraphe 
on vivait en accord 
avec le sujet de notre vie 
on vivait dans un mode 
on vivait dans un temps 
conjugué à l’auxiliaire être 
dans une ville 
de LeBlanc 
de Cormier 
de Gallant 
je suis
je suis
tu es 
il est 
nous sommes…
nous sommes…
*** 
Éric Cormier 
TEMPS DES MOISSONS
Je cueille des larmes
TEMPS DES MOISSONS
Je cueille des larmes
j’écris ton nom tremblant sur cette feuille 
des lettres à n’en plus finir 
cette envie de toi 
cette réalité pudique 
et ce manque d’affection 
je n’ai que deux misères 
entendre ta voix 
et réussir à t’aimer. 
*** 
Cindy Morais 
SENS UNIQUE
y’a rien qui se passe
SENS UNIQUE
y’a rien qui se passe
ça sent la nature morte 

 
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