16 décembre 2020

Je ne crois plus personne

Ce faisant, je ne suis plus une cible pour les menteurs sans scrupule à la Trump qui nous prennent pour des idiots. 

«La télévision permet une expérience salutaire : garder l'image en supprimant le son. Cela transforme les politiciens en guignols, où le mensonge des gestes et du regard n'est plus masqué par l'écran des mots.» ~ Maurice Chapelan (Amoralités familières, p.78, Grasset, 1964) 

Il faudrait faire confiance à des escrocs, qui, par-dessus le marché, sont fiers de l’être? NON

Déformation de la vérité, mensonges par omission, mensonges éhontés et passe-droit

La désinvolture et l’arrogance du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon et ses mensonges par omission concernant ses entreprises privées n’ont rien d’étonnant. Tout le monde est conscient des objectifs ultra mercantiles de la CAQ, axés sur la privatisation (1). La cohorte caquiste est largement constituée de comptables, d’économistes, d’affairistes et de spéculateurs qui gèrent l’État comme si c’était une de «leurs» entreprises. À ce titre, pour eux, économie verte signifie exploitation forestière, minière, gazière et pétrolière incluant, si nécessaire, l’inadmissible fracturation hydraulique.

   François Legault, lui-même ancien comptable et homme d'affaires multimillionnaire, a clairement dit avant et après son élection qu’il voulait adopter une approche «business» dans la gestion de certains dossiers de l'État. Fitzgibbon est à la bonne place. En passant, Legault affirmait en 2016 qu’Air Transat (compagnie dont il était un important actionnaire) n’avait jamais créé de filiales dans un paradis fiscal; peu après, recouvrant soudainement la mémoire, il a reconnu que l’entreprise avait une antenne à la Barbade. (Le Journal de Québec, 25 janvier 2016). 

«Il n'est pas possible de dire la vérité, mais on peut faire des mensonges transparents : c'est à vous de voir au travers.» ~ Jules Renard  (Journal / 16 février 1902, p.572, Éd. Robert Laffont coll. Bouquins) 

Le récidiviste

Michel David  / Le Devoir, 10 décembre 2020

«... il ressort de l’enquête que le ministre [Pierre Fitzgibbon] n’a pas informé son sous-ministre du nom des entreprises dans lesquelles il détenait des intérêts et ne lui a pas donné de consignes particulières advenant qu’une telle entreprise dépose une demande au ministère. Selon le directeur de cabinet du ministre, aucune mesure formelle n’a été mise en place». Sans parler des «sept ou huit compagnies à numéro» qu’il n’avait pas jugé utile de mentionner dans sa déclaration d’intérêt.

   On avait beau savoir que M. Fitzgibbon se fichait complètement du code d’éthique, sa façon cavalière, pour ne pas dire méprisante, de traiter la commissaire, dont il met la compétence en doute, est indigne d’un parlementaire. Il n’a offert aucune collaboration à son enquête, estimant avoir mieux à faire.

   Le ministre considérait sa déclaration d’intérêt comme une entreprise évolutive qu’il complétait à sa convenance. 

Article intégral :

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/591330/le-recidiviste

Lisez les commentaires joints à l’article. Ce que les journalistes ne peuvent pas dire : Le ministre doit démissionner. Le vrai visage! Honte! Dehors! 2 poids 2 mesures  

«Avec tous les millions, les dizaines de millions, les centaines de millions que le ministre Pierre Fitzgibbon et «sa» banque Investissement Québec ont distribués jusqu’à présent, on comprend que les gens d’affaires apprécient le ministre.» (Michel Girard, Le Journal de Montréal 10.12.2020)

Les règles d’éthique et la richesse en politique

Denis Saint-Martin, Département de Sciences politiques, UDM

Pendant qu’Ottawa attend avec impatience le rapport «Trudeau III» du commissaire à l’éthique sur l’affaire UNIS, à Québec l’Assemblée nationale a reçu, le 8 décembre dernier, un rapport de Me Ariane Mignolet qui aurait pu aussi être intitulé «Fitzgibbon II», et qui risque d’avoir plusieurs suites, à en juger par la condescendance avec laquelle le ministre de l’Économie traite les règles d’éthique dans l’administration publique.

   Dans les faits, sur le plan de l’actus reus, le ministre est politiquement intervenu dans un processus bureaucratique – en principe impartial – pour qu’une entreprise dans laquelle il possède des intérêts reçoive un traitement particulier de la part des fonctionnaires. Point à la ligne.

Le photographe Édouard Plante-Fréchette (La Presse) a immortalisé le regard défiant, suspicieux et provocateur du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon. À qui s’adressait ce regard?

Le premier ministre appuie son ami «à 100 %», dit-il. Il faudrait réviser le code d’éthique pour l’adapter au ministre, et non pas l'inverse. Il faudrait que les institutions s’ajustent aux conditions des plus riches, qui sont, de nos jours, plus nombreux en politique et au gouvernement.

Le petit monde des plus nantis

Car si Trudeau et Fitzgibbon ont peu en commun, sur le plan socio-économique, tous deux appartiennent aux couches les plus fortunées de la société. Tous deux sont insérés dans des réseaux sociaux dont les membres sont habitués à côtoyer des multimillionnaires. Le chef du gouvernement du Québec appartient lui aussi à ce petit club privilégié. Comme Pauline Marois avant lui, et comme Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois. Ou Bill Morneau au fédéral, pour qui il est normal d’«oublier» pendant trois ans de rembourser 41 000 $ à UNIS pour un voyage payé à sa famille en 2017.

   Ces exemples sont locaux, mais s’inscrivent dans une tendance mondiale à la concentration de plus en plus forte de la richesse et de la politique dans les démocraties capitalistes.

   Dans un projet de recherche visant à évaluer la richesse des hommes et des femmes politiques dans plusieurs pays, notre équipe a observé la présence croissante d’élus multimillionnaires au sein des branches législatives et exécutives. Dans les cas étudiés, les plus riches sont typiquement des hommes, le plus souvent membres de partis de droite et siégeant au Sénat ou à la chambre haute du Parlement.

   Les chiffres recensés proviennent de déclarations d’intérêt semblables à celle que le ministre Fitzgibbon n’a pas remplie diligemment. Ce qui est mesuré se limite donc à ce que les politiciens veulent bien dévoiler. Et parfois, ils ne veulent rien déclarer, comme dans le cas extrême de Trump aux États-Unis.

La liberté des riches

Les très riches en politique trouvent souvent encombrantes les obligations de transparence et de reddition de comptes imposées par leurs fonctions. Des études en psychologie expérimentale ont déjà révélé que les individus plus fortunés se sentaient moins contraints dans leur comportement par les normes éthiques environnantes que les moins nantis.

   Les plus riches ont plus de ressources et se sentent plus libres et indépendants des autres. Ils sont mieux équipés pour atténuer les conséquences futures d’un manquement à l’éthique.

   Un peu comme le ministre de l’Économie répliquant à la commissaire à l’éthique qu’il ferait «la même chose demain matin» lorsqu’elle lui a déconseillé de s’ingérer dans la décision d’Investissement Québec...

   Les politiciens très riches ne sont ni pire ni meilleurs que les autres. Ils ne forment pas un bloc homogène toujours opposé à la hausse des impôts des plus fortunés. Beaucoup se trouvent aussi à gauche de l’échiquier politique. Mais à cause de leurs multiples intérêts économiques et financiers, les politiciens riches sont plus à risque d’être en conflit avec l’intérêt public dans l’exercice de leurs tâches. C’est pourquoi ils doivent faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités chargées de veiller à l’intégrité et à la confiance du public dans les institutions.

https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-12-12/les-regles-d-ethique-et-la-richesse-en-politique.php

«Le criminel en cravate a le sentiment qu'il est correct d'enfreindre la loi pour satisfaire ses propres besoins. Pour plusieurs criminels ordinaires, le crime est un travail. Ce sont des professionnels qui comprennent les risques, mais qui choisissent de les courir pour profiter d'une manne au bout du compte. Les psychopathes, eux, sont différents. Ce ne sont pas des gens qui vont calculer les risques et les récompenses. Ils croient qu'ils ont droit à l'argent qu'ils pillent. Que les autres humains sont des objets qui n'ont ni sentiments ni droits. Un criminel professionnel peut avoir une conscience, une loyauté face aux autres, par exemple envers sa famille. Un psychopathe n'a de loyauté envers personne sauf lui-même. Vous pouvez avoir un criminel en cravate qui pille l'épargne de ses investisseurs. Pour lui, peu importe si ses victimes sont des membres de sa famille, des amis ou de parfaits étrangers. Il peut faire cela sans éprouver le moindre trouble de conscience. Le seul moment où il ressent du remords, c'est lorsqu'il se fait arrêter.» ~ Robert Hare (Des serpents en cravates : quand les psychopathes vont au travail – Snakes in Suits: When Psychopaths Go to Work)

Il existe une version révisée de l'ouvrage -- CD audio en anglais (Unabridge, August 2019) : All of us at some point have-or will-come into contact with psychopathic individuals. The danger they present may not be readily apparent because of their ability to charm, deceive, and manipulate. Although not necessarily criminal, their self-serving nature frequently is destructive to the organizations that employ them. So how can we protect ourselves and our organizations in a business climate that offers the perfect conditions for psychopaths to thrive? In Snakes in Suits, Hare, an expert on the scientific study of psychopathy, and Babiak, an industrial and organizational psychologist and a leading authority on the corporate psychopath, examine the role of psychopaths in modern corporations and provide the tools employers can use to avoid and deal with them. Together, they have developed the B-Scan 360, a research tool designed specifically for business professionals. Dr. Babiak and Dr. Hare reveal the secret lives of psychopaths, explain the ways in which they manipulate and deceive, and help you to see through their games. The rapid pace of today's corporate environment provides the perfect breeding ground for these "snakes in suits" and this newly revised and updated classic gives you the insight, information, and power to protect yourself and your company before it's too late.

Où se trouve l’équilibre entre confinement, liberté et protection du public?

Les initiatives pour encourager les gens à s’isoler ont davantage profité aux personnes qui sont déjà nanties et à celles qui peuvent faire du télétravail, croient le Dr Stefan Baral et la Dre Annie Janvier.

   «On n’a pas vraiment fermé l’économie au complet. On s’est assuré qu’Amazon continue de livrer, qu’Internet fonctionne, qu’on puisse se faire livrer de la nourriture avec des applications. Tout ça pour améliorer le confort de ceux qui sont les plus nantis. Ainsi, les personnes plus nanties ont été surtout des spectateurs de la pandémie. Ils ont vu ce qui se passe à la télévision, tout en se faisant livrer leurs choses à la maison par les personnes les plus à risques.» ~ Dr Stefan Baral, Université John Hopkins

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1743741/confinement-restriction-pandemie-covid-coronavirus-great-barrington-snow-immunite-collective 

La cambriole de haute voltige

Je salue les courageux journalistes qui ont osé investiguer les paradis de la corruption internationale dont nous faisons les frais (Panama/Canada/Paradise Papers). Les reportages et les articles d’Enquête sont sans équivoque : les lobbyistes, les multinationales et les grands investisseurs gouvernent le monde, non pas les ministres et les hauts-fonctionnaires de façade. Que le régime soit totalitaire ou démocratique, communiste ou capitaliste, les politiciens ne prennent des décisions qu’en faveur des intérêts privés.

https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/11/la-cambriole-de-haute-voltige-suite.html

Autre exemple de conduite mercantile déplorable de la part de la CAQ : laisser un géant brésilien s’emparer de la cimenterie de Port-Daniel :

La cimenterie gaspésienne de Port-Daniel, un projet marqué par d’importants dépassements de coûts, sera désormais contrôlée par un conglomérat brésilien en vertu d’une transaction qui se traduira par des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars pour les contribuables québécois. Pour le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, l’État québécois ne reverra pas la couleur des 350 millions injectés dans ce complexe dont la facture est au bas mot de 1,6 milliard, et est peu probable qu’il récupère les intérêts courus de 122 millions qui lui sont dus. «Nous sommes loin en arrière dans la chaîne de paiement, a-t-il dit, jeudi, en conférence de presse à l’Assemblée nationale à la suite de l’annonce de la transaction. Je crois que c’est plus réaliste de dire aux Québécois “on a provisionné l’argent […], dans 10-15 ans on ouvrira le tiroir et s’il y a de l’argent qui rentre, tant mieux”.» Dans sa mise à jour économique automnale, le gouvernement Legault avait déjà inscrit une perte estimée à environ 380 millions pour son investissement dans Ciment McInnis.

https://www.ledevoir.com/economie/591352/la-cimenterie-de-port-daniel-vendue-a-un-conglomerat-bresilien

(1) François Legault n’a cessé de marteler que le développement économique passait par la privatisation et le démantèlement de certains services publics. Réduire le rôle de l’État dans l'activité économique pour l’orienter vers une idéologie entrepreneuriale favorable au libéralisme économique et à la mondialisation capitaliste étant sa priorité. De sorte que la protection de l’environnement n’a jamais compté au nombre de ses priorités. Certains élus caquistes ont même ouvertement exprimé des opinions climatosceptiques, dont le ministre des Finances, Éric Girard. Leur ignorance en matière de protection de l’environnement est colossale, en particulier celle du ministre de l’Environnement lui-même Benoit Charrette! À moins qu’il ne s’agisse d’ignorance crasse ou de mauvaise foi (tromper volontairement autrui pour parvenir à ses fins).

5 décembre 2020

Permis de pillage comme cadeaux de Noël aux forestières

En tous cas, on peut dire que nos élus, d’un bout à l’autre du Canada, sont bouchés ben dur. Même si c’est de moins en moins viable sur terre, certaines espèces survivent et augmentent effectivement, entre autres, le rapace humain. La planète est devenue un champ de destruction d’une ampleur inimaginable.

Et l’on peut compter sur la CAQ pour distribuer des permis de pillage forestier comme cadeaux de Noël. Tristement, le ministre de l’environnement Benoit Charrette porte son masque sur les yeux. En réalité le cabinet au complet souffre de glaucome environnemental puisqu’il n’a d’yeux que pour la croissance économique.


 

Néanmoins, la minorité intelligente peut compter sur des êtres conscients qui militent et demandent aux élus d’agir autrement, immédiatement. Remercions-les!

Action boréale https://actionboreale.org/  

Legault sommé de protéger nos forêts 

Le chanteur Richard Desjardins demande au PM d’intervenir auprès du puissant ministère des Forêts

Richard Desjardins met au défi le premier ministre François Legault de créer de véritables aires protégées, alors que le temps presse pour respecter l’engagement de protection de 17 % du territoire québécois.

   «L’arbitrage va se passer prochainement dans le bureau du PM. Que va donc décider le gouvernement Legault pour en arriver à protéger 17 % de son territoire d’ici un mois?» écrit le poète, chanteur et militant dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui dans Le Journal.

   Il ne reste que 30 jours pour que le Québec préserve plus de 100 000 km2 de son territoire.

   Le ministère de l’Environnement a fait ses propositions, mais celui des Forêts n’a toujours pas donné son OK et dispose d’un quasi droit de veto.

   Le réalisateur de l’Erreur boréale ne fait plus confiance au ministre de l’Environnement Benoit Charette pour obtenir gain de cause face à son collègue Pierre Dufour.

   «Le bunker [le ministère de la Forêt] a mis le petit ministère de l’Environnement à sa botte. Le titulaire de celui-ci semble disposé à la cirer», écrit-il dans une lettre cosignée par Henri Jacob, le président d’Action boréale.

   La frilosité du ministère des Forêts à protéger des territoires – et donc à réduire l’accès aux bûcherons – est connue.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/02/legault-somme-de-proteger-nos-forets

Le bunker [du ministère des Forêts]  

Henri Jacob, président de l’Action boréale / Richard Desjardins, vice-président

Jamais le ministère responsable de nos forêts n’aura connu aussi bon ministre que celui actuellement en poste : Pierre Dufour. 

En tout cas, c’est sûrement l’avis de ses hauts fonctionnaires ramassés dans un bunker de la 4e Avenue Ouest à Québec. Là, ils sont une vingtaine de technocrates à gérer notre patrimoine forestier. On ne les connaît pas et d’ailleurs, ils n’aiment pas trop se montrer. On peut comprendre. Quand on a comme mandat «d’aménager de façon durable les forêts afin de maintenir ou d’améliorer la santé à long terme des écosystèmes forestiers», et qu’on fait systématiquement le contraire sur le terrain, ben, l’image publique qui en découle, on préfère laisser le ministre la défendre. Ainsi que la gestion d’un recours collectif pour détournement de mandat que le ministère aura éventuellement à affronter.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/2020/11/13/le-bunker-du-ministere-des-forets?fbclid=IwAR33aa45nQ64-JdzWjFWSlrS7YPFoCd0YyiBvJvUwo9IOw3fGXtwexlJwsg

La faute à Napoléon

Le rapport Coulombe 10 ans plus tard

C’est sûr qu’il en faut du temps pour passer d’une foresterie qui conçoit le territoire comme un simple réservoir de mètres cubes de bois, à une foresterie qui priorise le maintien de la biodiversité et conditionne la récolte des ressources. Il en faut du temps aussi pour éduquer l’industrie à ce changement de perspective.

   «C’est comme un paquebot qui doit virer de cap, ça s’fait pas d’un coup sec», disait-on à l’époque. Sauf que 10 ans plus tard, on a l’impression que le bateau est encore attaché au quai.

   À tout le moins, on se serait attendu à ce que cessent le plus rapidement possible les pratiques forestières grossières et dommageables. Comme l’abattage à la machinerie lourde sur les sols fragiles du Nord. Comme la pratique des éclaircies dites «commerciales», qui consiste à couper tout ce qu’il y a autour d’un arbre qu’on aura privilégié, un résineux de préférence. À terre les cèdres, les bouleaux, les nids d’oiseaux, la biodiversité quoi! Cette pratique qui nous a déjà coûté des milliards a été jugée inefficace par la Commission. Ça fait de plus gros arbres, certes, mais sur un hectare de sol forestier, ça ne donne pas plus de bois.

   Oui, mais ça nous rapporte quoi, une forêt naturelle? L’Institut canadien Pembina s’est employé à évaluer en termes de dollars tous les «écoservices» rendus par la forêt boréale : captage de carbone, contrôle des épidémies d’insectes par les oiseaux, filtrage d’eau, production d’oxygène, etc., pour conclure que la valeur de ces écoservices est 2,5 fois plus élevée que la valeur marchande nette des ressources naturelles extraites (bois, métaux, hydro).

   D’où l’importance d’en préserver une partie. Une recommandation majeure du rapport Coulombe. 

   Le premier avril prochain, la compagnie forestière Tembec entend exercer son droit peut-être légal mais sûrement illégitime, de pénétrer dans le territoire naturel du Kanasuta et d’aller y couper à blanc, tel qu’elle l’a laissé entendre.

   L’Action boréale s’y oppose, demande une extension du présent moratoire et prie le gouvernement de fournir au ministère chargé d’établir le réseau d’aires protégées, le budget nécessaire pour qu’il puisse convenablement achever son travail d’analyse.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/desjardins

L’article suivant a été publié en 2002.

La déforestation au Québec

Patrick De Bortoli *  

Aujourd’hui au Québec, l’état des forêts, le rythme de la déforestation et l’insouciance des gouvernements prennent dangereusement l’allure de la tragédie malaise ou amazonienne. La forêt québécoise, d’essence publique, ne l’est aujourd’hui qu’en apparence puisqu’elle se vend à coup de CAAF, c’est-à-dire de contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier  octroyés à des entrepreneurs (sans consultation préalable de la population) qui l’exploitent jusqu’à l’âme!

Depuis 1987, presque la totalité du territoire forestier exploitable a été littéralement donné à plus de 300 CAAF. Pas étonnant de lire dans le cahier officiel de mise à jour du régime forestier du ministère des Ressources naturelles que : ‘le développement durable des forêts implique l’utilisation des diverses ressources disponibles à des fins économiques’!

Afin de calmer les esprits indomptables et rassurer l’opinion publique, on a évincé du vocabulaire l’expression ‘coupe à blanc’ pour la remplacer par des euphémismes trompeurs et mensongers tels que «coupe avec protection de régénération et des sols» (CPRS), «rendement soutenu», etc. En fait, la CPRS est une coupe à blanc qui peut s’étendre sur une superficie allant jusqu’à 150 hectares de forêt boréale.

De 1991 à 1996, le gouvernement québécois a accordé une augmentation de plus de 60 % des volumes de résineux à récolter. On parle d’une augmentation à proportions suicidaires. On prend à la forêt plus qu’elle ne peut fournir. C’est l’avenir de la forêt boréale québécoise qui est hypothéqué, sa faune, ainsi que les peuples autochtones qui y vivent. On presse l’orange et on jette l’écorce!

À la Baie James, territoire des Cris, «la plupart des territoires de chasse de Waswanipi sont rasés à 30 % ou à 50 %. Dans certain cas on parle de 90 %», affirme Paul Gull. Au niveau du 52e  parallèle, la Baie James représente un écosystème tout à fait particulier à cause notamment de sa température caractéristique qui se situe annuellement, en moyenne, entre 0 C et 2,5 C degrés. La région qui est essentiellement plantée d’épinettes noires, à croissance lente, et où la période de croissance de la végétation, en raison du climat, est extrêmement courte, font d’elle une région très vulnérable à l’extinction définitive, suite aux coupes rases. [La construction de la première phase du projet de la Baie James, aussi connu sous le nom de Complexe La Grande se déroule de mai 1973 à décembre 1985.]

Pour satisfaire l’insatiable soif des compagnies, le gouvernement octroie aujourd’hui encore des permis de coupe. «Ces permis d’exploitation pourraient compromettre la pérennité de ces écosystèmes fragiles» (Greenpeace) ainsi que le mode de vie traditionnel des autochtones de la région. Cette région forestière représente 433 645 km2 de superficie, soit 28 % du territoire. Il y a urgence!

* Patrick De Bortoli, alors porte-parole à Montréal pour la Fondation Peuples des forêts primaires  http://pdfp.free.fr/pfp/actu_quebec.htm

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Pour ma part, en 1998, j’ai vu des camions chargés «full top» de billots de bois de qualité circuler jour et nuit entre mai et octobre sur le chemin d’un parc faunique du Québec. Ces chargements étaient, disait-on, destinés aux Japonais et aux Chinois qui raffolent de notre bois!

Les vieux arbres géants du Canada de plus en plus exportés en Asie

https://www.youtube.com/watch?v=J5Kwmr6-kLI

27 novembre 2020

L’hypocrisie notoire de la CAQ

«Quand on y pense, c’est un miracle d’arriver à faire confiance à quelqu’un.» (Nessa Stein)

 Dans l’œil hyper lucide de Josée Blanchette (je salue son franc-parler) : 

   «si le plan de Noël est comme le plan vert ça va sentir la graisse de  lobby»  

   «quand le directeur de la santé publique t’explique comment gérer ta surconsommation, tu saisis vite qu’il y a deux religions : le ti-Jésus et les banques»

   «aucun PM ne dirait : «Nous sommes fiers d’être à l’argent, c’est une valeur importante et nous la célébrons chaque année.»

Notre bande à cash fonctionne comme le coronavirus : par contacts rapprochés avec des investisseurs de tous acabits. Image : Aurélien R. R. Bonnetaud (Un monde sans faille)

Seigneur, Jésus, Marie, Joseph et toute la crèche!

Josée Blanchette Le Devoir, 27 novembre 2020

P’tit Jésus de torvisse d’étole de torrieux de saintes fesses d’enfant d’chienne de calvince de sacréfice de colon de boswell de bâtard *, tu fais quoi quand on te cherche partout un Vendredi fou? 

On s’entend qu’on n’arrivera pas à Noël en même temps que tout le monde cette année. Ce sera une naissance étalée sur quatre jours, le plus long accouchement sans péridurale jamais vécu. Sortez le fort pis les cartes.

Si le plan Noël est comme le plan vert, ça va sentir les accommodements raisonnables à la graisse de lobby, le père Noël en obstétricien et la fée des étoiles en préposée aux bénéficiaires, les rennes électriques et la bûche congelée. On a passé l’année à nous demander de nous réinventer, Noël n’y échappe pas, ou plutôt si, il est rescapé de justesse. Et chacun usera de son imagination pour s’échanger des cadeaux sans se refiler de microbes.


 

Caricature : Pascal, Le Devoir 27.11.2020

Personne n’est dupe dans ce «contrat moral» visant à sauver Noël et à épargner le commerce en parallèle. On veut tous croire au barbu blanc, mais quand le directeur de la santé publique t’explique comment gérer ta surconsommation, tu saisis vite qu’il y a deux religions : le ti-Jésus et les banques. Comme l’a mentionné ce cher Dr Arruda, Noël est «permis», mais pas «suggéré» (la posologie est indiquée sur le côté de la boîte, piles non comprises). [...]

Travail, famille, patrie (et Panier bleu)!

Que le 1 % de juifs, le 1,1 % de bouddhistes et le 1,4 % de sikhs canadiens se rassurent, il n’y a pas de discrimination religieuse ce Noël. Joyeuses Fêtes ! Tout le monde se fout de toi, ti-Jésus de plâtre; on jette du lest sur les rapprochements physiques et on fait circuler des dollars dématérialisés dans l’économie. Et le virus, invisible lui aussi, ne suivra pas le père Noël dans sa tournée, c’est la pensée magique.

Il fallait entendre M. Legault nous déclarer solennellement que la famille est au cœur de ce qu’on est, nous, les Québécois. Aucun PM ne dirait : «Nous sommes fiers d’être à l’argent, c’est une valeur importante et nous la célébrons chaque année.»

La famille, c’est comme les atocas, c’est plus sûr et plus laïque aussi. [...]

* Découvert Lorembarnak, le générateur de jurons québécois. Du plus court «Jésus, Marie, Joseph» au plus long «Géritole de mosus de verrat de Jésus de plâtre de cibole de cul d’ostifie de viande à chien de viarge de calvinouche de cossin de Jésus Marie Joseph...» (j’en passe, et des meilleures). Très divertissant et, comme soupape interne, c’est inoffensif et si peu contagieux.

Article à lire intégralement :  

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/590527/seigneur-jesus-marie-joseph-et-toute-la-creche

C’est vrai que Lorembarnak déride! Comme le Dictionnaire des injures québécoises par Yvon Dulude et Jean-Claude Trait, Les éditions internationales Stanké 1996 (disponible via certaines librairies)

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Et voilà un autre article à lire au sujet des merdiques prêtres pédophiles qui ont esquivé toute forme de procès jusqu’à maintenant.

Un royaume pourri

Bryan Myles Le Devoir, 27 novembre 2020

L’Église catholique est un repaire pourri pour prédateurs en soutane. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une organisation pédophile. Ses membres ne sont pas tous des agresseurs d’enfants. Il s’agit bêtement d’une institution sclérosée, en rupture avec les exigences de modernité et les aspirations de justice sociale qu’elle prétend porter contre son cœur.

[...]

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/590547/archidiocese-de-montreal-un-royaume-pourri