17 juillet 2014

Pour se rafraîchir la mémoire


Artiste : Rafal Oblinski

Quand on est mort, on ne sait pas qu’on est mort;
c’est pour les autres que c’est difficile.
Quand on est con c’est pareil.
(Auteur inconnu)

À voir ou revoir – car si nous continuons, c’est ainsi que nous finirons…

Les voisins par Norman McLaren – vraiment d’actualité…

Court métrage d'animation le plus célèbre de Norman McLaren pour lequel il remporte un Oscar®. Le film raconte l'histoire de deux voisins vivant dans l'amitié et le respect jusqu'à ce qu'une fleur pousse à la ligne mitoyenne de leurs propriétés. S'ensuit une querelle qui mènera les deux voisins au tombeau.

https://www.youtube.com/watch?v=y0gbvAmkqC4

Site officiel : http://www.bozzetto.com/

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Man par Steve Cutts
http://www.youtube.com/watch?v=WfGMYdalClU

16 juillet 2014

Vrac politique (humour)

"Je voulais bien faire, mais il y avait trop, simplement trop d'options!"

À un moment donné, trop c’est trop – trop drôle s'entend.
J’ai l’humeur politique à la lisée, pardon ça c'est en chinois, plutôt à la risée.

Affaire Yves Bolduc

«Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a annoncé qu'il remboursera les sommes que lui réclamera la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), en plus de verser une somme équivalente à un organisme de bienfaisance.» C’est ti pas assez charismatique ça?

... C'est un plaisir de faire sauter l'ingénieur avec son propre pétard.
~ William Shakespeare

Une bonne confession vaut mieux qu’une mauvaise excuse.
~ Jean Hamon

Peut-être la cravate est-elle le modèle pour adulte du bavoir?
~ Christiane Rochefort (Printemps au parking)

Les hommes d'État n'ont ni le temps ni l'habitude de prévoir. Ils vivent au jour le jour, tous les événements les surprennent, et les problèmes qu'ils s'efforcent de résoudre sont ceux de la veille ou de l'avant-veille, qu'ils n'ont d'ailleurs pas encore compris.
~ René Barjavel (Une rose au paradis)

Je ne me querelle plus avec les médecins; leurs sots remèdes m'ont tué; mais leur présomption, leur pédantisme hypocrite est notre oeuvre : ils mentiraient moins si nous n'avions pas si peur de souffrir.
~ Marguerite Yourcenar (Mémoires d'Hadrien)

Affaire C. St-Pierre / J.-F. Lisée

Je ne vois pas ce que Mme St-Pierre fait au cabinet libéral. Je la verrais mieux à la tête d’un organisme Pro-Vie ou dans un placotoir de presbytère ou à Rome en train de pourfendre l’avortement, la pilule contraceptive et l’aide à mourir dignement. Des fois les agneaux s’égarent. "Ô berger, rassemble-les"... sous d’autres cieux. Elle n’est pas née au bon siècle ni au bon endroit, mais elle n’est pas la seule.

À son attention :

Ce qui, justement, fait le prix, la qualité de la vie humaine, c'est sa brièveté.
~ René Barjavel (Demain le paradis)

Quand je doute, j’affirme. Quand je sais, je questionne.
(Plus notre incertitude est grande plus nous mettons d’énergie à justifier nos positions.) 
~ Denis Gagné, psychologue (L'air de rien)

15 juillet 2014

Le gène Caïn

Quand les femmes sont déprimées, elles mangent ou vont magasiner.
Les hommes envahissent un autre pays.
C’est une façon de penser totalement différente.
~ Elayne Boosler (comédienne, humoriste)

Photographe : Thomas Northcut

D’après l’une des interprétations religieuses du mythe Caïn et Abel, la lignée de Caïn (le tout premier assassin psychopathe) aurait pris fin au moment du Déluge, à l’époque de Noé. C’est une blague?!
       Les tueries entre «frères» rivaux n’ont jamais cessé. Le gène Caïn s’est transmis sans obstacle d’une génération à l’autre, a résisté à l’épreuve du temps et continue de ravager la planète.
        Et si les bombardements stratégiques sont plus précis grâce au progrès de la technologie militaire, il n’en reste pas moins que ce sont les populations civiles qui paient la facture.

Je vois rarement des documentaires ou des films de guerre. Je déteste. Mais étant donné ce qui se passe au Moyen-Orient, encore une fois on cherche à comprendre pourquoi on s’entretue de la sorte. Comme les bombardements se multiplient et que l’histoire se répète, hier soir, j’ai regardé un documentaire de l’ONF : Aviation de bombardement (réalisé en 1992). Deux pilotes canadiens racontent leur participation aux bombardements nocturnes des villes allemandes, orchestrés par le maréchal britannique Arthur Travers Harris (Royal Air Force Bomber Command). J’ai appris que, tous raids confondus, sur le total de pilotes et membres d’équipage décédés, 1 mort sur 5 était canadien… pratique d’avoir des «coloniaux» à son service. Les deux pilotes ont rencontré deux femmes ayant survécu au raid de Hambourg le 25 juillet 1943. L’un des pilotes disait : «Nous avions ordre d’aplatir les villes et nous obéissions. La propagande disait : vous contribuez à détruire le nazisme. Si nous avions vu les films après le premier raid, les conséquences sur les populations, nous aurions cessé immédiatement. Mais tout se faisait la nuit, on évitait de nous montrer quoi que ce soit, il n’y avait pas de visages…» Aujourd’hui, même si les soldats voient les résultats, ils continuent et même s’en réjouissent.

Si vous avez accès au fil vidéo de l’ONF : https://www.onf.ca/film/aviation_de_bombardement

Renversant :
Au total, 1 350 000 tonnes de munitions ont été lâchées sur l'Allemagne entre 1942 et 1945, soit, si l'on retranche l'acier, 450 000 tonnes d'explosif, ce qui représente l'équivalent en puissance de 25 fois la bombe atomique lâchée sur Hiroshima.

Pour avoir une meilleure idée du bombardement stratégique :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_strat%C3%A9gique

Philosophes, penseurs et psychologues ont avancé diverses théories pour expliquer ce qui motive les hommes à faire la guerre – appropriation de territoires, appât du gain, violence innée, monde de dualité, etc. On a beau tourner et retourner la question comme une crêpe, ça ne nous avance pas du tout.

Au chapitre Fables guerrières (L’espèce fabulatrice), Nancy Huston aborde la question avec lucidité – l'une des principales qualités de l'essai...  

Quelques extraits

(Page 115…) 

En temps de paix, il est souvent malaisé pour les individus de décerner quel peut bien être le Sens de leur existence. 
       La guerre est souhaitée, la guerre est désirable parce que, malgré les tragédies qu’elle charrie, elle ranime l’Arché-texte* et apporte, à la vie de ceux qui la font comme ceux qui la subissent, une formidable dose de Sens. (Il est bien connu que le taux de suicides diminue très nettement en temps de guerre.) Le «théâtre» de la guerre, comme on l’appelle justement, est l’un des plus grands pourvoyeurs de Sens qu’a su s’inventer l’espèce humaine. Ce Sens est esthétique autant qu’éthique.
       Sur le plan esthétique, les formes et rituels de l’institution militaire – défilés, uniformes, chorégraphie des déploiements d’armes, scénographie des batailles – sont plus imposants encore que ceux des religions. Les batailles elles-mêmes donnent lieu à des spectacles inouïs : fêtes pyrotechniques, champignons nucléaires hauts de plusieurs kilomètres, villes en feu.
       Et, sur le plan éthique – camaraderie virile, population ressoudée, amours magnifiées par la séparation et la peur, explosions, surprises, sacrifices, assassinats, hurlements d’enthousiasme et de deuil, pertes massives : émotion garantie; valeurs morales réitérées et renforcées.
       La guerre nous fait entrer dans un univers de contrastes dramatiques. Aucun autre phénomène ne suscite pareille juxtaposition d’extrêmes.
       Au départ : des centaines de milliers d’hommes entraînés, rodés, alignés, tirés à quatre épingles, effectuant des gestes à l’unisson, pas de l’oie, gauche, droite, saluts, mouvements aussi impeccablement coordonnés que ceux des danseurs d’un ballet classique, tanks rutilants, acrobaties d’avions, perfection des calculs, minutie des plans de bataille.
       Un peu plus tard : villes calcinées, bâtiments effondrés, montagne de gravats, terres empoisonnées, chaos de corps mutilés, déchirés, écrabouillés, coulant de partout, larmes, pisse, merde, vomi, fleuves de sang, visages arrachés, intestins dégoulinants, lambeaux de chair mêlés à la boue.
       Et après : médailles, statues, monuments, nouveaux défilés pour commémorer la victoire, nouveaux rituels pour honorer ceux qui ont fait le sacrifice ultime, nouvelles épopées pour consigner ces événements si marquants de notre vie collective et confirmer ainsi notre appartenance.
       Oui : l’une des fonctions fondamentales de la guerre humaine est bien d’engendrer des récits palpitants, bouleversants, mémorables. On ne se lasse jamais de la raconter, de la regarder, de la commenter. Épopées, pièces de théâtre, romans, films de fiction ou documentaires, reportages, journaux télévisés… (…)
       Aussi loin que l’on remonte dans le temps, les guerriers s’inspirent des histoires d’autres guerriers, se donnent du courage en se remémorant les exploits de héros mythiques. Depuis Gilgamesh (XVIIe siècle av. J,-C.) jusqu’à l’opération Tempête du Désert (XXe siècle ap. J.-C.) : sans mythe, pas de guerre possible.
       Il n’y a pas le mythe d’un côté et la réalité de l’autre. Non seulement l’imaginaire fait partie de la réalité humaine, il la caractérise et l’engendre.
       Quand on dit que vingt-six millions de jeunes hommes ont perdu la vie «pour rien» dans la guerre de 1914-1918, on veut dire qu’ils l’ont perdue pour de mauvaises fictions, auxquelles leurs dirigeants, éventuellement, croyaient – mais qui, après coup, se sont avérées creuses, artificielles, intenables. «L’Empire austro-hongrois», par exemple, y est resté.
       Si, soldat en Iraq aujourd’hui, vous vous êtes nourri dans votre jeunesse des histoires d’Achille, de Napoléon et de Rambo, ces héros existent réellement dans votre tête (tout comme Dieu). Peu importe que certains d’entre eux aient existé historiquement et d’autres, non. Aucun d’entre eux n’est physiquement présent dans votre cerveau; tous y sont représentés. Et peuvent vous donner la force de tuer des êtres humains réels.
       Nos pensées sont réelles. Une réalité psychique est une réalité effective et efficace. Les chimères nous permettent de tuer. Elles ont donc de la réalité.
       Les animaux ne fonctionnent pas ainsi.
       Il faut cesser de dire, au sujet des êtres humains se livrant à des massacres ou à des orgies, qu’ils se comportent «comme des animaux», voire «pire que les animaux». Cela n’a tout simplement rien à voir.
       À la faveur de la guerre, l’homme joue son animalité, sa «sauvagerie»; les animaux n’en ont pas besoin.
       Aucun animal ne fait le mal pour le mal – ni, du reste, pour le bien.
       En raison de la proximité de la mort, il y a sans doute une excitation sexuelle propre à la situation guerrière. Dans cette situation, hommes et femmes peuvent éprouver le besoin irrésistible de copuler pour se survivre génétiquement : c’est là, peut-être, un instinct animal.
       Le viol de guerre, en revanche, n’a rien d’animal. Plusieurs centaines de milliers de femmes allemandes ont été violées par des soldats russes lors de la chute de Berlin en mai-juin 1945. L’une d’elles, journaliste professionnelle alors âgée d’une trentaine d’années, a tenu un journal qu’elle a publié plus tard de façon anonyme (document extraordinaire au sens propre car d’ordinaire, écrasées par la honte, les femmes violées ne racontent pas leur histoire). Privés souvent de congé depuis de longs mois, les soldats russes étaient certes affamés de rapports sexuels; pour autant, violer une Allemande n’était pas pour eux un geste instinctif et évident. C’était un acte symbolique qu’ils se sentaient tenus de commettre. La preuve : ils le faisaient les uns devant les autres, et, le plus souvent, après s’être enivrés; sans cela, dit cette femme anonyme, ils n’en auraient pas été capables.
       Le viol de guerre est un acte typiquement humain : atteindre, punir, blesser l’autre en lui gâchant ses histoires. L’homme dont la femme a été violée ne pourra plus se raconter qu’elle est «pure», qu’elle est «toute à lui», ni, éventuellement, que ses enfants lui «appartiennent».
On dit communément que les guerriers déshumanisent leur ennemi, et que les bourreaux déshumanisent leurs victimes. (…)
       Pour parvenir à traiter des êtres humains comme des poux ou des cafards, il faut d’abord les dépouiller des accoutrements de l’humain.
       C’était facile à Auschwitz, où tout était fait pour que les bourreaux n’entrent pas en contact direct avec leurs victimes.
       Plus difficile au Rwanda, où les meurtries s’effectuaient de corps à corps et où, de plus, les victimes étaient souvent les propres voisins et amis des bourreaux, voire des membres de leur famille. Pour pouvoir s’acharner sur les Tutsis avec des machettes, les Hutus avaient besoin de s’inventer une histoire : que ce n’étaient pas eux.
       «C’est vrai, di un jeune Hutu à propos d’un camarade qu’il avait tué, j’avais joué avec lui au foot la semaine d’avant. Je l’ai bien reconnu. Mais au moment où je l’ai coupé, ce n’était pas lui. J’ai regardé son visage et il avait un troisième œil au milieu du front…»
       «Reconnaître un visage» se passe dans une région du cerveau; «attacher un affect au visage reconnu», dans une autre.
       En raison de la désactivation de telle ou telle région du cerveau, ces deux fonctions peuvent se trouver dissociées dans certaines cérébrales – et, plus communément, dans certains rêves : tantôt on voit un visage inconnu tout en «sachant» qu’il s’agit d’un proche, tantôt, au contraire, comme ce garçon rwandais, on reconnaît le visage d’un proche tout en étant intimement persuadé que ce n’est pas lui.
       Le cerveau est une machine fabuleuse… qui nous prédispose à fabuler pour le meilleur et pour le pire.
       Il nous fournit les histoires dont nous avons besoin pour justifier nos actes.

Ce que nous confère l’appartenance (à une famille, une tribu, une nation, etc.) c’est une certaine contenance.
       En anglais, countenance c’est aussi le visage. Chacun de nous se concocte peu à peu le visage qu’il souhaite présenter au monde; il le porte tel un masque et il s’y identifie. Regardez autour de vous dans n’importe quel lieu public : tout le monde se donne une contenance. Cela nous permet de sentir que nous sommes cohérents, consistants, valables – en un mot, que nous sommes «quelqu’un». Quand ce masque est arraché, nous «perdons la face»; nous sommes «décontenancés».
       Une contenance, c’est ce à quoi nous tenons plus que tout.
       Et ce que nous redoutons plus que tout : le ridicule. Être révélés comme ce rien, ce presque rien que nous sommes : des mammifères mortels.
       La contenance est une chose éminemment fragile – comme le savait Charlot, qui s’en moquait avec talent : une peau de banane suffit pour l’anéantir.
       Marchant tranquillement dans ma rue en fin de journée, je croise un groupe de gamins de neuf ou dix ans. Brusquement, l’un d’eux se détache du groupe et se jette dans mon chemin avec un geste de menace. Prise au dépourvu, je me fige et mes traits se contractent en une grimace d’alarme. C’est tout : l’enfant rejoint ses camarades en faisant le V de la victoire. «T’as vu, hein? Pas mal! pas mal!» Oui, il avait gagné : en une seconde, il avait réussi à secouer ma contenance, à perturber ma promenade, à ébranler mon calme, à froisser ma dignité.
       Sans témoins, il n’aurait pas fait cela.  
       Tout récit a besoin d’un public.
       Le happy slapping, cette nouvelle mode londonienne qui consiste, pour les jeunes gens, à frapper des inconnus dans le métro en filmant leur exploit pour le faire circuler ensuite sur Internet, a la même structure que ce mini-épisode dans ma rue, en plus grand. La guerre, en encore plus grand.
       Le but de la guerre, pour chaque côté : détruire la contenance de l’autre, semer la zizanie dans ses certitudes identitaires. Et raconter cet exploit aux nôtres.

Dans la déportation, l’esclavage, le génocide, les victimes doivent être dépouillées au préalable de leurs histoires. 
       Rien de plus déstabilisant, de plus insécurisant, de plus affolant pour l’individu que de voir brusquement dispensées, tel un jeu de quilles, toutes ses assises identitaires.
       Plus de maison, plus de ville, plus de métier, plus d’habits, plus de cheveux, plus de lunettes…
       Le nom remplacé par un numéro.
       Les familles séparées, les langues mêlées…
       Dans ces conditions, il est très difficile de préserver une contenance.
       Avant de mourir, l’on est déjà mort à soi.
       Vous étiez rabbin? chef? professeur? mère de famille? grand comédien? Vous n’êtes plus rien de tout cela, regardez, vous êtes ridicule, une poupée, une chose à ma merci… Et, pour finir : une chose, réellement. Tas de chair sanguinolent. Poussière. Et moi : héros. Et mon pays : vainqueur.

(Page 130…) 

Au Moyen-Orient, les guerres continueront de se succéder tant que les peuples concernés adhéreront obstinément à leurs fictions respectives. Plus ça va mal, plus férocement ils s’y cramponnent.
       Aux écoliers palestiniens, l’on omet soigneusement de parler de l’Holocauste : ainsi l’arrivée massive de juifs en Palestine et la création de l’État d’Israël en 1948 leur semblent-elles incompréhensibles, scandaleuses.
       Aux écoliers israéliens, on néglige de parler de la Naqba («le Désastre»), période au cours de laquelle sept cent mille Palestiniens ont été chassés de leurs villages, dispersés, exilés ou tués pour faire place aux nouveaux arrivants, au nouveau pays; le ressentiment des «Arabes» à leur endroit en devient indéchiffrable, monstrueux.
       Mais on ne peut certes renvoyer ces deux peuples dos à dos (malgré la tentation de le faire, car la symétrie est également une fiction satisfaisante pour l’esprit).
       Il suffit de comparer les chiffres israéliens et palestiniens sur certains critères simples – non seulement les revenus annuels moyens et le budget militaire, mais l’éducation des femmes, la scolarité des enfants, surtout l’accès aux romans et aux films des autres cultures – et de se demander lequel de ces deux peuples est le plus susceptible, dans ses discours religieux et politiques (si tant est que les deux n’en fassent pas qu’un), de prêcher la haine. (…)
       Quand on maintient les gens, année après année, dans un univers de laideur et de contrainte, de misère et d’humiliation, on ne peut s’attendre à trouver en eux des interlocuteurs ouverts et souriants, à la parole nuancée. En se contentant de renforcer indéfiniment le dispositif sécuritaire autour des «fauteurs de troubles», l’on rend en fait ceux-ci de plus en plus primitifs.
       Rien n’en viendra sans doute jamais à bout, car, dès lors que notre survie est en cause, notre cerveau tend de façon irrésistible à revenir aux récits primitifs.

(Page 106)

Il faudrait mettre fin à toutes ces bêtises? Et comment? Aucune quantité de Zyklon B n’y suffirait. Le problème, c’est que la survie des humains dépend de leur capacité de vivre en société.

Nancy Huston
L’espèce fabulatrice
Acte Sud  / Leméac; 2008

* Arché-texte : Tu es des nôtres. Les autres, c’est l’ennemi. Voilà l’Arché-texte de l’espèce humaine, archaïque et archipuissant. Structure de base de tous les récits primitifs, depuis La guerre du feu jusqu’à La guerre des étoiles.

13 juillet 2014

L’esprit d’injustice

(Illustration : Néron au Circo Massimo)

Le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse.
~ Jean Giraudoux

Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous.
~ Michel de Montaigne

[Et comment! D’autant plus que ce qu’on appelle maintenant «démocratie» est à des années lumière du concept d’origine.]

C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.
~ Victor Hugo

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L’égoïsme,  par nature, est sans borne : l’homme n’a qu’un désir absolu, conserver son existence, s’affranchir de toute douleur, même de toute privation; ce qu’il veut, c’est la plus grande somme possible de bien être, c’est la possession de toutes les jouissances qu’il est capable d’imaginer, et qu’il s’ingénie à varier et à développer sans cesse. Tout obstacle qui se dresse entre son égoïsme et ses convoitises excite son humeur, sa colère, sa haine : c’est un ennemi qu’il faut écraser. (Le fondement de la morale)

L’égoïsme inspire une telle horreur, que nous avons inventé la politesse pour le cacher comme une partie honteuse, mais il perce à travers tous les voiles, et se trahit en toute rencontre où nous nous efforçons instinctivement d’utiliser chaque nouvelle connaissance à l’un de nos innombrables projets. (Lichtstrahelen aus seinen Werken (Pensées), J. Frauenstädt)

~ Arthur Schopenhauer
http://www.schopenhauer.fr/index.html

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L'esprit d'injustice, d'iniquité ou d'audace, qui conduit un homme à faire le mal, le conduit aussi à commettre beaucoup d'actions contraires à l'ordre, aux lois et aux besoins de la société, et finit toujours par lui faire trouver un écueil contre lequel il échoue.

L'homme méprisable n'a pas en lui les sentiments qui pourraient lui faire comprendre le mépris qu'il inspire; c'est pourquoi il brave l'opinion publique avec tant d'audace.

Le défaut des grands n'est pas de se croire différents des autres hommes, cette idée serait absurde; mais de ne pouvoir se persuader que leurs actions seront jugées comme celles des autres Hommes.

La rudesse que l'on reproche aux vieillards ne vient pas toujours de ce que leur caractère s'est aigri avec l'âge, mais de ce qu'à force de vivre on se lasse tellement des faussetés de la société, et de l'espèce de comédie qu'il faut sans cesse y jouer, que l'on finit par trouver plus naturel, plus digne et aussi plus commode de dire franchement ce que l'on a toujours pensé.

~ Constance de Théis (1767-1845)
(Pensées - CXXXV, Deuxième partie, Ed. Firmin Didot, Paris, 3e édition, 1836)

Source de la sélection «Théis» : Au fil de mes lectures 
http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

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En vieillissant, on comprend de moins en moins la vie et les hommes : cela s’appelle avoir de l’expérience.
~ Maurice Chapelan 

11 juillet 2014

D’une cruauté inimaginable

Pas moyen de se réjouir deux secondes des bons coups humains, sans qu’une chaîne de mauvais coups vienne annuler ce plaisir de plus en plus rare.


Trop d’humains
Trop d’individus sans âme ni compassion
Trop de bétail pour la consommation humaine
Trop d’animaux de compagnie
Trop d’objets et de gadgets
Trop – trop – trop – de TOUT!  

La terre a-t-elle ses propres limites?

Planète de tous les excès où l’on ne cesse de «se reproduire» et conséquemment de «produire». 

Parenthèse sur la reproduction
Mais comment freiner cette surproduction? Par l’éducation? Par la contraception volontaire (à la suite d’une prise de conscience)? Certaines religions et cultures condamnent la limitation des naissances – il faut plus d’esclaves. Pire encore, l’on conçoit in vitro (via les banques de spermes et d’ovules) ou via des mères porteuses. Vraiment…
       «Ce que recherche la nature (ou le Vouloir) par l’intermédiaire de nos choix inconscients et pourtant rigoureusement déterminés, ce n’est en fait rien d’autre que son propre équilibre. Comme le philosophe [Schopenhauer] le dit lui-même, ‘tandis que les amoureux parlent pathétiquement de l’harmonie de leurs âmes, le fond de l’affaire […] concerne l’être à procréer et sa perfection’. Telle est donc la ruse du génie de l’espèce à laquelle nous sommes tous soumis, nous qui aspirons pourtant consciemment, plus que tout, à l’indéterminisme et à la liberté...» :  
http://airkarma-mestengo.blogspot.ca/2014/07/dans-la-jarre.html
Fin de la parenthèse

«Le monde n’est pas une fabrique, et les animaux ne sont pas des produits à l’usage de nos besoins. L’homme est le seul animal qui en fait souffrir d’autres sans autre but que celui-là. Les hommes, sont les démons terrestres, et les animaux les âmes torturées par ceux-ci.»
~ Arthur Schopenhauer, Parerga et paralipomena
http://www.schopenhauer.fr  

Deux exemples typiques de notre barbarie  
Des mauvais coups à classer au MPH (Musée Planétaire des Horreurs) : quand la cruauté n’est pas utilitaire, elle est divertissement pour l’espèce humaine.

Ce n’est pas aujourd’hui qu’on verra le loup (l’homme) et l’agneau cohabiter en paix.

En Australie et aux États-Unis, des moutons torturés pour produire de la laine
«Des employés qui assènent des coups de poing à la face de moutons terrifiés, les frappent avec des tondeuses électriques et un marteau, leur entaillent la chair, les piétinent ou leur plient le cou au point de le briser. Des animaux en sang, d'autres qui meurent. Voilà ce que révèlent des vidéos à la fois très violentes et choquantes, publiées mercredi 9 juillet par l'association de défense des droits des animaux PETA (People for ethical traitment of animals), à l'issue d'une vaste enquête sur la production de laine en Australie et aux États-Unis.» Article :
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2014/07/10/en-australie-et-aux-etats-unis-des-moutons-tortures-pour-produire-de-la-laine/

Ce n'est pas le pire des clichés... je vous épargne; et coeurs sensibles, abstenez-vous de regarder la vidéo... (je ne l'ai pas vue, mais je suppose que c'est insupportable). Les vidéastes qui filment ces horreurs en caméra cachée, au même titre que les photographes de guerres, ne peuvent pas intervenir. Cependant, ce sont des témoins qui nous montrent ce que nous laissons faire par ignorance. Continuerons-nous à ignorer et ne pas agir? http://www.peta.org/ 

«Il se rencontrait en lui, comme chez tous les avares, un persistant besoin de jouer une partie avec les autres hommes, de leur gagner légalement leurs écus. Imposer autrui, n’est-ce pas faire acte de pouvoir, se donner perpétuellement le droit de mépriser ceux qui, trop faibles, se laissent ici-bas dévorer? Oh! qui a bien compris l’agneau paisiblement couché aux pieds de Dieu, le plus touchant emblème de toutes les victimes terrestres, celui de leur avenir, enfin la Souffrance et la Faiblesse glorifiées? Cet agneau, l’avare le laisse s’engraisser, il le parque, le tue, le cuit, le mange et le méprise.»
~ Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)

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Le festival de viande de chien de Yulin vivement critiqué
L'organisme Humane Society International (HSI) a exhorté le gouvernement chinois à mettre un terme au festival de viande de chien, où des dizaines de milliers de bêtes sont tuées pour leur viande. (…)
       «… ces chiens sont cruellement liés, confinés dans des camions sur de longues distances avant d'être abattus. [...] Le transport de masse, l'abattage et la consommation de viande de chien pendant le solstice d'été sont des activités à haut risque contre lequel les gouvernements responsables doivent intervenir», peut-on lire dans la lettre de Humane Society International. (…)
       La consommation de viande de chien est une pratique répandue dans plusieurs pays d'Asie, d'Afrique ainsi que dans certains endroits en Europe.
       Cette habitude alimentaire est cependant de plus en plus restreinte, voire interdite dans les pays où elle est pratiquée. Article :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2014/06/19/004-viande-chien-festival-protestations-chine.shtml

"The average dog is a nicer person than the average person."
~ Andy Rooney

8 juillet 2014

Des «continents» d’irresponsabilité


La mauvaise semence,
si elle tombe dans la mer,
deviendra une île… de plastique.  
Graphique : 7e «continent», Arte

De «grandes soupes de déchets, formées de petites particules de plastique». Voilà ce que décrit l'équipe de l'expédition «Septième continent» à Reuters après un mois d'exploration dans l'Atlantique Nord, dans une zone qui concentre des détritus amenés là par des courants océaniques. Les craintes de ces explorateurs ont en effet été confirmées – et même aggravées – par leurs recherches.

En 2013 on estime à 260 millions de tonnes la production de plastique chaque année dans le monde, dont un dixième se retrouve dans les océans. Plus de 250 espèces animales marines sont touchées par ce phénomène dont les tortues, les dauphins, les baleines et les raies. Ainsi une baleine ingurgitant des produits dérivés du plastique voit son système digestif obstrué et devient incapable de se nourrir.

«Ce n'est pas ce qui était visible à l'oeil nu qui était le plus impressionnant; un des moments les plus marquants est lorsque nous avons été plusieurs à y plonger le bras – il a fallu ensuite utiliser des pinces à épiler pour retirer les petits morceaux de plastique de notre peau. Imaginons la baleine bleue qui ouvre grand sa gueule pour avaler tout ça!», raconte Patrick Deixonne, chef de cette mission.

(Source : L’Express/Reuter; 31 mai 2014)

En complément

Une nouvelle chaîne alimentaire à base de microplastique. "Bien dans votre assiette?"

Les gens qui mangent du poisson ingurgitent sûrement des particules de plastique. Et nous en buvons aussi car il semble que nos usines d’épuration d’eau sont incapables de les filtrer.
 

Des chercheurs alarmés par la quantité de plastique dans les Grands Lacs

La concentration de plastique dans les Grands Lacs pourrait être encore plus élevée que celle mesurée dans l'océan Pacifique, craignent les chercheurs de plusieurs universités américaines. Il pourrait alors s'agir de la plus forte concentration au monde.

Si vous allez en bateau sur les Grands Lacs, vous ne verrez pas d'îles de plastique flotter, mais les particules sont là», explique Sherri Mason, professeure agrégée de chimie à l'Université de l'État de New York à Fredonia (SUNY Fredonia).

Des particules ont été repêchées des eaux des lacs Supérieur, Huron et Érié l'an dernier, tandis que les lacs Michigan et Ontario sont étudiés cet été.

Les chercheurs utilisent des filets ultrafins tirés par des voiliers pour ratisser la surface de l'eau.

Les fibres deviennent invisibles à l'oeil sans toutefois disparaître et peuvent se retrouver dans l'eau potable, selon Goeff Peach, fondateur du Centre pour la protection des berges du lac Huron. «Les lacs sont une source d'eau potable et aussi un lieu pour la pêche», rappelle-t-il.

Les experts ignorent depuis quand ce «microplastique» se trouve dans les Grands Lacs. Pour l'instant, ils ne savent que peu de choses concernant ses répercussions sur l'environnement.

De leur côté, des chercheurs de l'Université de Waterloo veulent développer des outils qui permettraient de localiser ces minuscules particules de plastique.

Kristen Mitchell, une chercheuse en hydrologie, croit que cela leur permettrait de bien comprendre l'ampleur du problème.

Les Grands Lacs renferment plus de 20 % de l'eau douce de la planète. Plus de 40 millions de Canadiens et d'Américains y puisent leur eau potable. (...)

Source :
http://ici.radio-canada.ca/regions/ontario/2013/07/30/001-grands-lacs-plastique.shtml

À cela s’ajoute l’infestation des Grands Lacs par la carpe asiatique

6 juillet 2014

La tyrannique cupidité

«La terre est devenue trop petite pour la méchanceté des hommes», disait Maurice Chapelan. On peut dire aussi : trop petite pour l’avidité des hommes.

CE QUE NOUS NE VOULONS PLUS. 
Photo : Gerald Herbert (Deepwater Horizon oil spill, 2010)

CE QUE NOUS VOULONS. 
Photo : Daniel Fortin (Centre de la Nature, QC)

Une réflexion sur l’avidité, en commémoration à la catastrophe de Lac Mégantic. Car au lieu de réduire la production et le transport des carburants fossiles, on s’apprête à faire l’inverse, tout en sachant que d’autres catastrophes se produiront immanquablement.
Conclusion : nous refusons de tirer les leçons appropriées et d'agir en conséquence.

Avidité, désir, besoin
Par Jérôme Ravenet

Le nouveau phalanstère
https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/accueil/Home

Du désir à l'avidité

Le désir renvoie à des réalités psychologiques diverses. Étymologiquement, le mot vient du latin desiderare et de la racine sidius qui signifie étoile. Le désir désigne la nostalgie d'une étoile dont l'homme s'est détourné. Désir renvoie à l'idée de distraction, déviation. La racine «de-» qui se trouve dans ce mot, marque l'idée d'une distance, d'un éloignement. Avec le désir, l'étymologie latine nous renvoie à une erreur d'orientation. Mais elle renvoie également au repentir qui fait suite à la prise de conscience de cette erreur. Et le désir a pu, chez Spinoza, devenir «l’essence de l’homme en tant qu’il existe» (Éthique) : élan, influence incitatrice de la vie, l'effort pour exister, pour persévérer dans l'être. De la confrontation de ces deux points de vue résulte le problème classique : le désir, obstacle ou moteur de la connaissance.

L'approche grecque désigne le problème de l'avidité sous le terme d'hybris ou démesure, transgression des limites constitutives de toute vie humaine. L'approche chrétienne soulignera le risque de pléonexie qui pousse à vouloir toujours plus, et ses risques parallèles (philargyrie - amour des richesses -, luxure, et surtout cénodoxie - vaine gloire - et philautie - amour de soi). L'approche stoïcienne, et plus encore l'approche bouddhiste pointeront l'enracinement du désir dans l’illusion subjective d'un ego qui refuse l’impermanence (anicca), le devenir, le changement, s'attache à ce qui doit s'en aller, refuse ce qui doit advenir : refus caractéristique d'une ignorance qui expose l'homme à la souffrance (dukkha).

Le besoin est une notion du vocabulaire scientifique, renvoyant à un désir physiologique dont la non-satisfaction prolongée engendre la mort (respiration, alimentation, repos). Notion qui peut prendre un sens spirituel, si nous la resituons par exemple dans le cadre d'une philosophie épicurienne, elle désigne alors les seuls désirs naturels et nécessaires. La Lettre à «Ménécée» d'Épicure (mais on pourrait en dire autant de la philosophie du Portique), défendant le parti d'une ascèse modérée, d'une simplification de l'existence (caractéristique commune de toutes les grandes sagesses) pose le problème éternel des rapports entre besoins et bonheur. En effet, notre société de consommation a exagéré le sens du besoin (élevant les désirs les plus superflus au rang du besoin). Nous sommes invités à ramener l'existence à ses besoins fondamentaux, non par fascination pour le dolorisme ou par culpabilité, mais parce que c'est dans la simplification de l'existence que le sage se convoque à son point d'excellence, peut jouir d'un plaisir pur, sans mélange d'avidité.

L'approche bouddhiste du Vipassana (Vision pénétrante) invite à surmonter les grimaces de l'ego, pour s'élever à la sagesse (panna), c'est-à-dire une représentation du monde et une pensée qui ne soient pas défigurées par l'interprétation du désir-avide et de l'aversion. Voir les choses telles qu'elles sont, sans en rajouter : mourir n'est que la décomposition d'un agrégat corporel, etc. Les choses ne sont que ce qu'elles sont : la sagesse les prend telle quelles, dans la perception nue de l'instant présent, sans les juger. Pour un bouddhiste, même un besoin n'est qu'un besoin, et cela ne signifie pas que nous ayons le droit de revendiquer et de nous battre bec et ongle pour sa satisfaction. Ce que la société de consommation appelle «besoins» ne renverrait finalement qu'à de faux besoins : besoins artificiels, «psychologiques» si l’on veut, qui répondent à la définition que nous donnions de l’appétit ou de l'avidité. Nous nous identifions à ces besoins, les croyant nécessaires à la construction de nos vies modernes. C'est sur ce processus d'identification que reposent tous les conditionnements qui génèrent la frustration profonde (dukkha) qui sous-tend en réalité l'hédonisme apparent de la société de consommation. Cette soif de jouissance entretiendrait en réalité une profonde souffrance : M. Rahnema l'appelle «pauvreté moderne» (op. cit.) et elle définirait proprement la «misère spirituelle» du monde moderne.

Les discours modernes de la Bioéthique et du Développement Durable parlent au fond très peu de cette liberté que les sagesses opposent à la satisfaction tyrannique des appétits. On y parle beaucoup du droit d'avoir des enfants, de disposer de son corps, ou de vivre sur une planète habitable, etc. : on se réfère le plus souvent au sens juridique de la liberté, on laisse la question de la liberté spirituelle au cours de philosophie... Serait-elle devenue taboue dans l'espace public où la vitalité des nations se mesure encore au PIB. Ici et là, certains penseurs, économistes proposent pourtant de nous sortir de la tyrannie de l'avidité, en élaborant d'autres indicateurs de santé économique. Ainsi du BIB, le Bonheur Intérieur Brut. Voir par exemple : «Le prix du bonheur», de Richard Layard (éd. A. Colin).

Bibliographie
Épicure, Lettre à Ménécée, PUF, Épiméthée, 1992.
Layard Richard, Le prix du bonheur : leçons d'une science nouvelle, éd. Colin, 2007
Rahnema M., Quand la Misère chasse la Pauvreté, éd. Fayard, Revue Quart Monde, n° 192.
Spinoza, Éthique, Pléiade, Gallimard, 1954.
 

ÉCONOMIE DE LA MISÈRE 
L'économie de la misère en chiffres.

En 2009, quelques chiffres pour méditer sur la misère, la pauvreté et la richesse :

En 1980, le salaire d'un PDG d'un grand groupe est 20 fois plus élevé que celui d'un ouvrier moyen. En 1990, il l'est 80 fois. En 2000, il l'est 530 fois.

250 personnes dans le monde accumulent une fortune équivalent au revenu de 2,5 milliards d'individus. La fortune des 3 personnes les plus riches équivaut au PIB des 48 pays les plus pauvres.

Il y a aujourd'hui 10 millions de millionnaires dont la fortune s'élève à 40 700 milliards de $. 195 milliards de $, soit 0,5% prélevés sur cette fortune suffiraient pour éradiquer la misère. Selon les sources, on estime entre 10% et 17% les habitants de la planète qui concentrent 87% à 90% des richesses produites.

Dans le monde, le marché des stupéfiants est estimé à 500 milliards de $. Celui de la publicité est à peu près équivalent. 

L'économie financière (flux en dollar) est 30 fois supérieure à l'économie réelle (PIB mondial). Le PIB mondial est d'environ 33 milliards de $. Le montant des transactions financières est quant à lui d'un million de milliards de $; de ce montant seul 3% correspondraient à des biens et des services réels. (Estimations de Bernard Lietaer, Banque Centrale de Belgique).

Ces chiffres nous renvoient à une parole de Gandhi, que cite N. Hulot, dans le Syndrome du Titanic 2 : «Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession de chacun».

(Le nouveau phalanstère)

3 juillet 2014

Durs d’oreille : la maladie du bruit


J’ai parlé récemment de la pollution sonore estivale générée par les divertissements extérieurs grand public. En réalité ce n’est qu’une partie de l’iceberg. Il y a des pollutions beaucoup plus subtiles dont les conséquences sont néanmoins graves : la surdité précoce. 

Les iPods, et des bruits plus insidieux, ruinent l'ouïe de votre adolescent

Notre société est malade du bruit, en partie à cause des sons de basse fréquence
Par George Michelsen Foy  

Hier soir, vous avez doucement suggéré à votre adolescent de nettoyer sa chambre, mais il a ignoré la requête. Peut-être pas nécessairement à cause de la paresse ou d’une attitude rebelle d’ado, mais plutôt à cause d'un problème d'audition.

Un sur cinq! Voilà le pourcentage d’adolescents qui souffrent d’une détérioration de l’ouïe aux États-Unis selon une étude de Brigham and Women's Hospital.

Cette étude devrait sonner l'alarme chez les législateurs de l’industrie de la santé. Ils devraient réfléchir sérieusement aux normes d’écoute suggérées par l'Institut national américain de la sécurité et de la santé au travail pour les baladeurs iPods et MP3 : le volume ne doit pas dépasser 85 décibels et l’écoute ne doit pas durer plus de 8 heures. Or les chercheurs nous disent que les dommages auditifs peuvent survenir quelque part entre 18 et 90 minutes d’écoute.

Mais le volume n'est pas l’unique coupable. Il faut noter que les chercheurs ne se sont pas attardés spécifiquement à des bruits comme les sirènes stridentes ou d’autres bruits intenses. Notre société souffre de la maladie du bruit, et seulement une partie de cette maladie est due au métro, aux spectacles de rock 'n roll ou à d’autres sons qui torturent l’oreille. Pour la rédaction de mon livre sur le silence et le bruit j’ai parcouru une multitude de dossiers démontrant que les environnements sonores nuisibles chroniques d’une amplitude relativement faible comme 55 décibels (l’équivalent du trafic à Greenwich, Conn.) ont des effets très concrets sur la santé cardiaque. Le coeur régule la circulation sanguine; une mauvaise circulation sanguine affecte l’ouïe. Les sons de basse fréquence, écoutés régulièrement, ajoutent au stress, ce qui dégrade la santé en général. La détérioration du système auditif chez les jeunes peut causer de mauvais résultats scolaires, un manque d'estime de soi, et bien sûr, des chambres malpropres.

Il existe peu de lois pour régler le problème des basses fréquences chroniques. La loi antibruit de la ville de New-York, qui limite (par exemple) le bruit des climatiseurs individuels à 45 dB, est plutôt progressiste.

Cependant, le peu de réglementation en santé ne constitue qu'une partie du problème. Le gros problème de notre société est que nous sommes en amour avec la maladie du bruit. Beaucoup plus que les Japonais, par exemple. Notre culture associe gros bruit à célébration, succès et caisses enregistreuses actives. Des anthropologues socioculturels tels que Feldstein et Sloan ont prouvé que les Américains sont conditionnés à faire confiance aux gens qui parlent fort et à suspecter ceux qui restent silencieux. … Au cours des nombreuses entrevues réalisées pour mon livre, j'ai eu la forte impression que la plupart des gens craignent le silence, au même titre qu’ils sont peut-être impuissants : impuissants à vivre en dehors du système qui le détruit.

Pourtant le silence, ou à tout le moins une version réalisable – un lieu de vie calme, confortable et agréable, et surtout un environnement sonore viable – est essentiel pour contrer non seulement les dommages auditifs mais également le contenu ‘info-loisirs’ hyper stressant de notre société. D’ici à ce que les professionnels de l’industrie de la santé, et notre culture en général, acceptent que le silence relatif est un objectif politique crucial, l'audition et la santé de nos adolescents – et de nous tous – continuera de se détériorer.

http://www.psychologytoday.com/blog/shut-and-listen/201009/ipods-and-more-insidious-noise-are-ruining-your-teens-hearing

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L'International des Feux Loto-Québec se poursuit jusqu’au 2 août, alors les gens à proximité de l’Île Notre-Dame n’ont pas fini d’endurer, ni leur chiens…

J’ai trouvé cet article sur Care2 à propos des traumatismes que vivent les chiens durant les feux d’artifice et des façons de les en protéger. Quand on connaît l’extrême sensibilité auditive des chiens, faut-il s’étonner qu’ils paniquent.

Nous devrions appliquer ces recommandations aux humains… :-)  


La plupart des chiens détestent le 4 juillet
Par Lisa Spector

Avec le 4 juillet, viennent les inévitables feux d'artifice. Presque tous les gens qui ont des chiens aux États-Unis déclarent que c’est la pire journée de l'année pour eux. Les vétérinaires affirment que le 3 juillet leurs bureaux sont remplis de clients qui viennent se procurer des calmants pour leurs chiens. Il y a quelques années, j'ai trouvé un chien égaré le 4 juillet. C’était de toute évidence un chien bien nourri, soigné et entraîné qui avait fui en entendant les feux d'artifice. Quand j'ai appelé à la Humane Society, on m’a dit  que c'était la période la plus occupée de l'année, car on trouve plus de chiens errants le 4 juillet que n’importe quel autre jour de l'année aux États-Unis.

La semaine dernière, j'ai été invitée à PET360 pour une discussion avec un vétérinaire et un entraîneur canin : «Aidez votre animal à survivre feux d’artifices et aux orages en été».  Voici quelques conseils dont nous avons discuté.

Un 4 juillet sécuritaire pour votre chien :

1. Assurez-vous que votre chien fasse beaucoup d’exercice plus tôt dans la journée.

2. Gardez vos chiens à l'intérieur pendant les feux, de préférence en compagnie d’humains. S’il fait chaud, l'air conditionné aidera. Amenez vos chiens à un feu d'artifice n’est jamais une bonne idée.

3. Assurez-vous que vos chiens puissent battre en retraite dans un lieu sûr à l'intérieur de la maison. Lorsque que des sons les effraient, ils perdent leur sens de l’orientation. Les chiens préfèrent souvent les petits endroits fermés. (J’ai eu un chien qui se cachait dans la baignoire pendant les orages.) Si votre chien est confortable dans un caisson, c'est une bonne alternative.

4. Gardez les rideaux fermés et, si possible, également les fenêtres.

5. Assurez-vous que tous vos chiens ont leurs médailles d’identification biens attachées à leur collier. (Les chiens ont la réputation de se transformer en Houdini le 4 juillet.)

6. Laissez-leur quelque chose d'amusant à faire – et quelques gâteries.

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L’auteur de l’article a créé des albums de thérapie par le son et de désensibilisation :
http://www.care2.com/greenliving/helping-fearful-fido-during-fireworks.html

1 juillet 2014

Animaux abandonnés : déménagements

Je remets cet article du 30 mai 2013 à la une, vu les déménagements. Si vous trouvez un animal abandonné dans votre nouveau logement, ou sur le bord de la rue, d'un chemin ou d'une route, appelez à la SPCA ou à un tout autre refuge de votre région.

PLEASE... C'est un appel à la compassion pour nos amis qui ne peuvent pas parler et ne comprennent pas ce qui se passe. Merci pour eux.

Les détestables abandons d’animaux
Paw in hand, Shutterstock 

Bientôt la saison des déménagements et des vacances avec son fabuleux dumping, dont les animaux de compagnie font souvent partie. Je sais, il y a pire que nous (en certaines cultures les gens mangent leurs chiens et leurs chats). Mais nous pourrions faire un effort pour nous améliorer…

Dans notre belle civilisation du jetable donc, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, beaucoup de gens jettent encore leurs animaux après quelques semaines d’usage… Mais, il ne faut pas désespérer, il y en a qui ont appris.

Pour mieux comprendre que nos compagnons de voyage ne sont pas des
i-Pad, téléphones intelligents, jouets en plastique… c’est-à-dire, des objets de consommation jetables :  
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/04/avant-dadopter-un-animal.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/08/aout-et-le-flush-off-animalier.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/08/mon-chien-est-mort.html

Le libellé : «Zoofriendly»

Vidéos du vétérinaire de l’émission ANIMO (Radio Canada) :
http://www.radio-canada.ca/emissions/animo/2013/

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/09/lamour-cest-si-simple.html
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/01/histoire-damour-amitie.html

Wing in hand

30 juin 2014

Vaine cruauté


«Je n’ai jamais éprouvé autant de compassion qu’aujourd’hui envers les souris. Combien d’entre elles ont dû lever les pattes dans d’atroces souffrances pour me permettre de percoler sous haute surveillance ici.»  
~ Josée Blanchette (Voyez son texte Les aiguilles et le Folfox, message précédent) 

En apparence anodine, cette phrase soulève néanmoins d'épineuses questions au sujet de la vivisection et des tests effectués sur des animaux. On ne teste pas uniquement sur les souris et les rats. Beaucoup d’autres espèces (singes, lapins, chiens, chats, hamsters...) sont encore torturées en laboratoire, prétendument pour nous sauver la vie. Sadique, inutile et non probant, car à la fin, les vrais cobayes c’est nous, et qui plus est, ces pratiques odieuses n’empêchent personne de mourir à son heure.

«Peu m’importe de savoir si la vivisection obtient des résultats utiles à la race humaine ou non. Le fait de savoir que les résultats sont profitables n’éliminera pas mon hostilité à son égard. La souffrance infligée à des animaux non consentants est à l’origine de mon hostilité, et pour moi, cela ne nécessite aucune justification supplémentaire. Ce sentiment fait tellement partie de ma constitution, il est si intense et si profondément enraciné dans ma nature, que je suis certain que je ne pourrais pas voir un vivisecteur vivisecté sans éprouver une sorte de satisfaction mitigée.»
~ Mark Twain (Lettre à la London Anti-Vivisection Society, 26 mai 1899)


DES BEAGLES CONTRAINTS D'INHALER DES SUBSTANCES TOXIQUES
Cigarettes, nettoyants à four, aérosols, substances chlorées et plusieurs autres produits sont testés de cette manière.
Le test se termine lorsque 50% des animaux sont morts.
Voilà qui détermine la dose létale de ces substances.
Les animaux qui survivent sont recyclés pour d’autres expériences, ou détruits.

“Dear intelligent people of the world, don’t get shampoo in your eyes. It really stings. There. Done. Now stop torturing animals.” 
       «Les animaux ne sont pas ici pour notre bon plaisir. Nous ne sommes pas leurs supérieurs, nous sommes leurs égaux. Nous sommes leur famille. Soyez bon envers eux.»
~ Ricky Gervais

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(…) Le spécisme est l'idéologie qui justifie et impose l'exploitation et l'utilisation des animaux par les humains de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines.
       Les animaux sont élevés et abattus pour nous fournir de la viande; ils sont pêchés pour notre consommation; ils sont utilisés comme modèles biologiques pour nos intérêts scientifiques; ils sont chassés pour notre plaisir sportif.
       La lutte contre ces pratiques et contre l'idéologie qui les soutient est la tâche que se donne le mouvement de libération animale.
~ Antoine Comiti (Cahiers antispécistes)

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«Notre appétit pour la chair et les produits de cadavres animaux, combiné à la croissance démographique humaine, nous a amenés à créer des méthodes ‘d’élevage’ qui sont non seulement insoutenables à long terme, mais qui détruisent déjà un grand nombre d’écosystèmes naturels dont nous dépendons – tels que les forêts tropicales, les rivières, les océans, les prairies, les marais, et même l'atmosphère… Les étiquettes «élevés en liberté» ou «nourris au pâturage» ne suffisent pas, car même cette forme d'élevage détruit l'environnement.
       Vous ne pouvez pas être écologiste ou protecteur des océans sans passer à l’action. Et vous ne pouvez pas passer à l’action le monde qui vient – le monde de nos enfants – sans adopter une alimentation à base de végétaux.
       Depuis que je suis végétalien, je suis en meilleure santé, j'ai plus d'énergie et mon endurance cardio a presque doublé… C'est incroyable. Mais, mis à part les avantages pour notre santé, cela nous donne l’occasion de réellement contribuer à transformer la planète, et c’est quelque chose de tout à fait possible. Mais vous ne pouvez pas y croire seulement parce que je vous le dis.»
~ James Cameron

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(…) Le spécisme est une injustice, tragique et insidieuse, qui existe depuis que les êtres humains règnent sur terre. Socialement et globalement accepté, légitimé par les gouvernements de toutes les nations et sanctifié par les religions du monde, c'est seulement vers la moitié du siècle précédent que ce dernier bastion de fanatisme a largement été contesté. De plus en plus de végétaliens sortent du placard, déclarant fièrement à tous ceux qui sont prêts à les écouter qu'ils ne veulent plus participer, d’aucune façon ni pour aucune raison, à cette abomination qui emprisonne, torture et tue des êtres vivants sensibles.
       Pour mieux comprendre la portée de nos préjugés, imaginez qu’on infligerait aux humains les mêmes cruautés qu’aux animaux. Un tollé général s’ensuivrait et l’on exigerait que ces horribles crimes cessent immédiatement. Mais, les animaux humains se considèrent comme les propriétaires légitimes des animaux non humains, de sorte qu’ils se permettent de leur faire n’importe quoi.
        Préjuger c’est juger quelqu’un sans connaître sa réelle valeur. Conséquemment le préjugé s’appuie sur des traits superficiels tels que l’apparence, le genre, la couleur, le credo, la race, la classe ou l’espèce. Quand les gens au pouvoir (et les humains le sont indiscutablement) utilisent des lois humaines pour réduire en esclavage des espèces animales entières (décrétées inférieures parce qu’on ignore leur réelle valeur autant que leur sensibilité) nous vivons dans un monde où la violence et la cruauté (d’inévitables conséquences du fanatisme) sont tellement ancrées dans notre culture qu’elles sont perçues comme normales. (…)
       Le temps est venu de changer notre perception, de laisser s’exprimer notre sollicitude depuis trop longtemps enfermée dans le placard, et de faire des choix motivés par la compassion. Pour la première fois dans l'histoire de l’humanité, il existe un réel espoir de libérer les victimes de nos préjugés.
~ Sun (Gentle World)

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Puisque nous ne faisons rien, les coûts économiques, politiques et individuels des changements climatiques montent en flèche. Mais, il existe une façon de se nourrir qui réduit les émissions de gaz à effet de serre de moitié : le végétalisme. (...)
       Une nouvelle étude, publiée dans le journal Climatic Change, a comparé l’empreinte écologique de plus de 55 000 mangeurs de viande, mangeurs de poissons, végétariens et végétaliens au Royaume-Uni. Les chercheurs ont constaté que l’empreinte (émissions de gaz à effet de serre) des mangeurs de viande étaient deux fois plus élevée que celle des végétaliens.
       La production, le transport et l'entreposage des aliments contribuent grandement aux émissions, souligne l'étude. Ces émissions de dioxyde de carbone proviennent des combustibles fossiles utilisés pour faire fonctionner les machines agricoles et du méthane libéré par le bétail. Les produits à base d'animaux tendent à libérer plus d'émissions que les produits à base de plantes.
~ Joanna Zelman (Vegetarianism Cuts Your Dietary Carbon Footprint; The Huffington Post) 

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Et puis, à quand une compétition entre Chefs végétaliens? – un beau défi! La viande non apprêtée, c’est-à-dire crue, non transformée, non assaisonnée, sans sauce ni garnitures, etc., n’a pas meilleur goût que l’insipide tofu non apprêté…

Ce sont les croyances erronées et l’ignorance, plus que la malveillance, qui empêchent les gens de changer leur perception et leur comportement vis-à-vis des animaux. Si l’élimination de la cruauté et de la violence doit se produire un jour, à la fois envers les humains et les animaux, ce sera dû à l’éducation et à l’acquisition de valeurs différentes de celles que nous entretenons. Notre mode de vie actuel, auquel nous nous accrochons comme des naufragés à un paquebot en train de couler, ne tiendra pas la route encore bien longtemps.

Prêt à voir la réalité cachée en face?
Cette vidéo de 4 minutes couvre, sans s’appesantir, l’essentiel du problème éthique que pose notre façon d'utiliser et de traiter les animaux.

THE CALL OF JUSTICE - A.L.F. Original Soundtrack (Sous-titrage français)
http://www.youtube.com/watch?v=ySB4C2L_X7Q#t=50