7 octobre 2019

Un simple bonjour, c’pas sorcier

Les gens font preuve d’une formidable ingéniosité pour détourner l’attention du public des problèmes socioéconomiques les plus urgents. Avec des débats aussi ridicules que la salutation bilingue dans les commerces. On dévie ainsi des véritables fondements et objectifs de la Loi 101.

Quid du bilinguisme?

Le «bonjour» est pourtant utilisé et compris tant par les Canadiens que les étrangers – tout le monde connaît cette formule de salutation qui date du XIIIe siècle, et sait que son usage n’empêche pas les anglophones ou les immigrants qui ne parlent pas (encore) français de se faire servir en anglais s’ils le désirent dans les institutions gouvernementales.

Bref, la controverse du «Bonjour / Hi» a débuté en novembre 2017 avec la ministre libérale Marie Montpetit lorsqu’elle a qualifié en entrevue cette formule d’«irritante» pour les francophones. Le chef péquiste Jean-François Lisée avait récupéré le débat et proposé une motion invitant les commerçants à abandonner l’expression. Le Parti libéral avait refusé de l’appuyer, mais a finalement appuyé une version invitant à accueillir les clients avec le mot «bonjour». Par la suite, en décembre, le conseil municipal de Côte-Saint-Luc a adopté une résolution proclamant cette petite ville défusionnée comme «fière communauté «Bonjour / Hi». Le bal était parti...  

Simple comme bonjour... mais, certains adorent couper les cheveux en quatre pour semer la zizanie.

Devrions-nous utiliser des salutations distinctes selon les régions, ou les quartiers à Montréal? Comme «Bonjour» dans Rosemont-La-Petite-Patrie, «Bonjour  / Hi» dans Notre-Dame-de-Grâce, «Bonjour / Buon Giorno» dans la Petite Italie, «Bonjour / Nín hǎo» dans le quartier chinois, et ainsi de suite, car :
   «Ce qui caractérise Montréal, c’est bien sa richesse linguistique venue des quatre coins du monde. Depuis 2011, l’usage du tagalog (pilipino) a augmenté de 35 %, l’arabe 30 %, le farsi 26,7 %, l’hindi 26,1 %, l’ourdou (langue indo-européenne) 25 %, le russe 14,1 %, l’espagnol 12,3 %, le coréen 11 % et le vietnamien 6,4 %. Montréal, la polyglotte?» (Blogue «Maudits Français»)

Donc, un mini lexique d’appoint pour éviter de froisser quiconque 
(veuillez excuser les erreurs s’il y en a) :
  «Bonjour / Ayo» (tagalog)  
  «Bonjour / As-Salam Alaykom» (arabe)
  «Bonjour / Salâm» (farsi)
  «Bonjour / Namasté» (hindi)
  «Bonjour / Namasté ou Assalam Alaykum» selon la religion (ourdou)
  «Bonjour / Dobry den’» (russe)
  «Bonjour / ¡Hola!» (espagnol)
  «Bonjour / Annyeong» (coréen)
  «Bonjour / Xin chào» (vietnamien)

Et... «au revoir / bye!»

Origines du «bonjour»

Bonjour est la simple contraction de bon et de jour. Mais le mot ne s’est pas toujours écrit ainsi. Le Trésor de la langue française indique par exemple qu’avant l’année 1230, on notait «bon jor», soit l’équivalent de «jour favorable, temps heureux». Ce n’est que dans le deuxième quart du XIIIe siècle que le terme s’est orthographié «bonjour» et est devenu une formule de salutation courante.
   On peut par exemple dire «salut», qui vient du mot latin salutem, accusatif de salus, soit «salut, conversation», «action de saluer, compliments». Le terme apparaît des l’année 1100 comme la «démonstration de reconnaissance, de civilité». Notons dans un même registre familier, le mot «coucou» qui est un «cri» pour manifester sa présence; son emploi est tardif, au XIXe siècle.
   À noter que l’on trouve également d’autres formulations dans la francophonie. Au Québec, par exemple, le mot «allô» ne s’emploie pas seulement lorsqu’on décroche le téléphone. Il peut être entendu comme un équivalent du «salut» français ou du «hello».

Source : Alice Develey (Pourquoi dit-on bonjour? Le Figaro / langue française)

Allô, hello
«Allô» au téléphone est une interjection qui sert à établir le contact. Elle date des débuts du téléphone, époque où la réception était de mauvaise qualité. Le téléphone a été développé par la compagnie américaine fondée par Alexander Graham Bell. Les premiers utilisateurs ayant décroché par le bonjour anglais «hello». Le téléphone arrive en Europe et les français ont imité les américains. «Hello» francisé devient «allô». De nos jours de plus en plus d'usagers décrochent en disant «oui ?». Mais «allô» reste un réflexe conditionné en cas de coupure de communication.
   Dans les entreprises ou services publics, il est d'usage que les standardistes ou employés répondent au téléphone non pas avec l'interjection «allô» mais par «entreprise X, bonjour».
   Dans l'usage, il est fréquent d'utiliser le «bonjour» à l’adresse d’une personne que l'on voit pour la première fois à n'importe quelle heure, même le soir.
   L'expression «Bon (ou bonne) après-midi», ne s'emploie en France métropolitaine que pour prendre congé de l'autre, dans le sens de lui souhaiter un bon après-midi. Et non comme parfois peuvent le croire des locuteurs non-francophones, une manière de dire «bonjour», une fois passé midi.
   Au Québec, on entend depuis les années 2010, et de plus en plus, «bon matin», traduction littérale du «good morning» anglais. Il est trop tôt pour savoir si le phénomène est une mode ou une évolution du français canadien.

[En passant, ce terrible «bon matin» écorche les oreilles surtout quand on l’entend sur les ondes de Radio-Canada Première. À bannir aussi, l’irritant «ça l’a très bien été» – ajout d’une consonne qui n’existe pas à la fin d’un mot; forme correcte : «ç’a très bien été»; ndlr]

Au revoir
«Au revoir» est la formule la plus usitée pour prendre congé de son interlocuteur. L'expression originelle était au Moyen Âge «à la grâce de Dieu», qui signifiait : s'en remettre à la clémence de Dieu pour protéger la personne avec qui l'on vient d'échanger des idées. Puis une précision a été ajoutée «à la grâce de Dieu jusqu'au revoir». La formule trop longue et le processus de laïcisation de la société aidant, celle-ci s'est abrégée en «jusqu'au revoir» puis tout simplement en «au revoir».
   «Bonne journée» est une locution de séparation, elle est uniquement utilisée en fin de conversation. 
   Au Québec, «bonjour» s'utilise aussi pour dire «au revoir» dans le sens de «passez une bonne journée». Cependant, cet emploi n'est pas répandu dans tout le Canada francophone.  
   «Salut» est une expression mixte puisqu'elle est utilisée à la fois à la rencontre et à la séparation.
Source : Wikipédia  

Comment dire...

Votre vodka est russe. Votre pizza est italienne. Votre kebab est turc. Votre café est brésilien. Votre thé est sri-lankais. Votre chemise est indienne. Vos films sont américains. Vos appareils électroniques sont chinois. Votre voiture est allemande. Votre carburant est saoudien. Votre démocratie est grecque. Vos chiffres sont arabes, votre alphabet est latin. Et ça vous embête que votre voisin soit un immigrant? (Auteur inconnu)

Photo : Jacques Nadeau, Le Devoir  

Au Canada, plus d'une personne sur cinq est née à l'étranger
Deux enfants canadiens sur cinq sont issus de l'immigration
Le Canada compte plus de 250 origines ethniques 

Image : auteur inconnu 

En 2016, le Canada comptait 1 212 075 nouveaux immigrants (établis au Canada entre 2011 et 2016). Ces immigrants récents représentaient 3,5 % de la population totale du Canada en 2016. La majorité (60,3 %) de ces nouveaux immigrants ont été admis en vertu du volet économique, alors que 26,8 % sont venus rejoindre, par l'intermédiaire du regroupement familial, un proche déjà présent au Canada, et 11,6 % ont été admis au Canada comme réfugiés.

L'Asie (y compris le Moyen-Orient) demeure toutefois la principale source de l'immigration récente au Canada. En 2016, la majorité (61,8 %) des nouveaux immigrants étaient nés en Asie. Selon le Recensement de 2016, le nombre de personnes ayant déclaré être Sud-Asiatiques était de 1 924 635, soit le quart (25,1 %) de la population des minorités visibles ou 5,6 % de l'ensemble de la population du Canada.
   Les Chinois formaient le deuxième groupe de minorités visibles en importance, comptant 1 577 060 personnes. Ce groupe représentait 20,5 % de la population des minorités visibles. 
   Pour la première fois, l'Afrique a devancé l'Europe et était le deuxième continent en importance de l'immigration récente (13,4 %).
   La population noire du Canada a dépassé pour la première fois la barre du million de personnes en 2016. Ce groupe de minorités visibles, le troisième en importance du point de vue du nombre de personnes, comptait 1 198 540 personnes (soit 15,6 % de la population des minorités visibles) en 2016, comparativement à 945 670 personnes en 2011.
   Les quatrième et cinquième groupes de minorités visibles en importance, les Philippins et les Arabes, ont presque doublé leurs effectifs en 10 ans et ont affiché les taux de croissance les plus élevés parmi les groupes de minorités visibles entre 2006 et 2016.
   Viennent ensuite les Latino-Américains, les Asiatiques du Sud-Est, les Asiatiques occidentaux, les Coréens et les Japonais.
   Toronto, Vancouver et Montréal demeurent les lieux de résidence de plus de la moitié des immigrants et des immigrants récents au Canada. De plus en plus d'immigrants s'établissent dans les provinces des Prairies et de l'Atlantique.

Source : Statistiques Canada

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