22 janvier 2017

Trump veut redonner le pouvoir au peuple. C’est fait!


Marche des femmes : selon les premières évaluations, un million de manifestants seulement à Washington D.C. Correction : plusieurs centaines de milliers de participant(e)s étaient physiquement présent(e)s à Washington; plus nombreux qu'à l'assermentation de Trump for sure. Et on évalue approximativement qu'entre un et deux millions de personnes auraient participé à des marches à travers les villes américaines. Jouissif. Trump doit être jaloux et Sean Spicer accusera sans doute les médias d’avoir truqué les photos et les vidéos! Correction : Spicer a clarifié ses propos en conférence de presse, à savoir que l'inauguration présidentielle de Trump était celle qui avait reçu le plus d'audience, c'est-à-dire en combinant personnes physiquement présentes au Capitol et visionnement télé/médias internet. Ça change la donne! Il faudrait le même exercice comptable avec les marches des femmes. 👍 


Atteinte directe aux droits et libertés. Photo : Paul Hunter, CBC News  

J’ai beaucoup aimé les propos de la sénatrice Kamala Harris (en fonction depuis le 3 janvier 2017). Ayant été procureure générale en Californie de 2011 à 2017, elle connaît les problèmes socioéconomiques auxquels les Américain(e)s font face. Parmi ses causes : contrôle des armes à feu, abolition de la peine de mort, droits civils, immigration, racisme, xénophobie, homophobie, avortement, éducation, environnement, crimes financiers, etc. Lors de la crise des surprimes, elle a participé au règlement des litiges avec les cinq banques concernées : Ally, Wells Fargo, Bank of America, Citi Bank, et Chase.

Réconfortant d'entendre un discours cohérent :
California Senator Kamala Harris addresses the Women's March on Washington 
Guardian Wires https://www.youtube.com/watch?v=D7VPRey1w90

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Mark Twain parlait d’un autre âge d’or (1), mais ses paroles conviennent tout à fait au nouvel âge d’or que promet Donald Trump :

«Quel est le principal but de l'homme? Devenir riche. De quelle manière? – Malhonnêtement  si nous le pouvons; honnêtement si nous le devons. Qui est Dieu, l’unique, le vrai? L'argent est Dieu. Dieu et les billets verts et la bourse le père, le fils et l’esprit trois personnes en une; voilà l’unique et vrai Dieu, tout-puissant et suprême.» 

~ Mark Twain (Revised Catechism)

[“What is the chief end of man? To get rich. In what way? Dishonestly if we can; honestly if we must. Who is God, the one only and true? Money is God. God and Greenbacks and Stock father, son, and the ghost of same three persons in one; these are the true and only God, mighty and supreme.”] 

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(1) Âge d’or. Période de l'Histoire des États-Unis d'Amérique, correspondant à la période de prospérité et de Reconstruction qui suivit la fin de la Guerre de Sécession, qui s'est étalée entre 1865 et 1901. Cette période englobe ainsi non seulement la Reconstruction, mais aussi la crise de 1873 (Panic of 1873) qui s'acheva en 1877, à une époque où les États-Unis connaissaient une croissance économique, industrielle, et démographique sans précédent.
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On dit que les psychopathes n'éprouvent pas d’émotions mais qu’ils peuvent facilement les imiter. Ainsi en va-t-il de l’intelligence artificielle : elle peut simuler les émotions de base (tristesse, joie, peur, colère, surprise, dégoût) car elle est capable de les détecter chez ses interlocuteurs (à l’écran). Il y a longtemps qu’on travaille à créer des «agents conversationnels», des sortes d’avatars capables de discuter avec des humains. En imitant l’émotion, les programmes les plus avancés sont aussi en mesure de générer de l’émotion chez les humains. Ce n'est pas encore au point; ainsi, on a recensé des échanges musclés, vulgaires et odieux lors de tests sur les réseaux sociaux.

De sorte qu’en écoutant le discours stéréotypé de Trump j’ai cru que le programmeur avait oublié de modifier le texte de son implant électronique cervical (intelligence artificielle). Ou alors, il a peut-être appuyé accidentellement sur la touche : condensé de messages Twitter. Ce qui me porte à croire que les mutants humanoïdes de remplacement existent...

Dans un article publié sur The Intercept, Zaid Jilani met en lumière les contradictions entre ce que dit Trump et ce qu’il fait.

Donald Trump Preaches Angry Nationalism, While Practicing Goldman Sachs Capitalism

Par exemple, Donald Trump déclare : «Pendant trop longtemps, une petite élite de la capitale de notre pays a profité des avantages de notre gouvernement, pendant que le peuple en faisait les frais. Les politiciens ont prospéré, alors que le peuple n’a tiré aucun bénéfice de toutes ces richesses. L’establishment s’est protégé lui-même, mais il n’a pas protégé les citoyens de notre pays. Leurs victoires n’ont pas été les vôtres. Leurs triomphes n’ont pas été les vôtres. Et pendant qu’ils faisaient la fête dans notre capitale nationale, il n’y avait rien à fêter dans les familles en difficulté partout au pays.» 
     Or son cabinet est constitué de multimillionnaires et milliardaires associés de près ou de loin à Goldman Sachs; six d’entre eux occuperont des postes clés dans l’administration, dont le secrétaire du Trésor Steve Mnuchin
     Trump a parlé des «mères et des enfants piégés par la pauvreté dans nos villes, nos usines rouillées en décrépitude partout au pays», mais Mnuchin a bâti sa fortune à la tête de banques qui ont dupé les emprunteurs et ensuite saisi leurs maisons. 
     L’une des priorités de Trump et de Mnuchin est de réduire les impôts des sociétés qui ont planqué de l’argent à l’étranger pour qu’ils rapatrient leurs profits aux États-Unis. Mais ces sociétés ont déjà annoncé à leurs investisseurs qu'elles préfèrent utiliser cette manne pour augmenter leurs dividendes et créer des fusions pour éviter d’embaucher plus d'Américains.

Le président déplore que les États-Unis «aient subventionné les armées d’autres nations», mais son candidat au poste de secrétaire d'État, l’ancien PDG d'Exxon, Rex Tillerson, veut continuer d’aider l'Arabie Saoudite à bombarder le Yémen, passablement appauvri.

«Quand on ouvre son cœur au patriotisme, il n’y a pas de place pour les préjugés», a répété le président à ses millions d’auditeurs. Mais ce n'est pas l’avis de son responsable de la CIA, Mike Pompeo, qui a déclaré que la guerre contre le terrorisme était une lutte entre l'Islam et le Christianisme, ni de son conseiller à la Sécurité Nationale, Mike Flynn, qui a affirmé que l'Islamisme était comme un «cancer» dans le monde musulman.

Les Américains «ont besoin d’excellentes écoles pour leurs enfants», répète Trump, mais sa candidate à la tête du ministère de l’Éducation, Betsy DeVos, n'a jamais travaillé dans une école publique, même pas une seule journée. Elle a plutôt reçu des milliards de dollars par mariage et héritage; elle a rejeté le plan gouvernemental de scolarité gratuite proposé par Bernie Sanders, invoquant l'adage «dans la vie, rien n’est gratuit».

Trump a raison quand il dit que «depuis trop longtemps, un petit groupe de la capitale nationale récolte les bénéfices du gouvernement tandis que le peuple en supporte les coûts; Washington a prospéré mais les gens n'ont pas profité de ses richesses»
     Mais Trump ne peut pas résoudre ce problème en obligeant l'élite de Washington à créer de l'emploi. Sa candidate au poste de secrétaire au Transport, Elaine Chao, épouse du chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, recevra, à titre d'ancienne membre du conseil de Wells Fargo, une prime de départ de cinq millions de dollars.

En conclusion, le président déclarait :
«Vous, les Américains de toutes les villes, proches et lointaines, petites ou grandes, d’une montagne à l’autre, d’un océan à l’autre, écoutez ces paroles : vous ne serez plus jamais ignorés. Votre voix, vos espoirs et vos rêves définiront la destinée de l’Amérique. Votre courage, votre bonté et votre amour nous guideront le long du chemin.»

Mais avec un cabinet dont la valeur nette combinée est supérieure à celle du tiers de l'Amérique, il est probable que de nombreux, nombreux Américains continueront d'être ignorés.

Article intégral en anglais :
https://theintercept.com/2017/01/20/donald-trump-preaches-angry-nationalism-while-practicing-goldman-sachs-capitalism/

À lire aussi sur The Intercept :

Welcome to the United States of Emergency 
By Dan Froomkin

And so it begins.

For those of us who believe in core progressive American values – multiculturalism, civil liberty and civil rights, free speech, a free press, truth in government, economic fairness, environmental protection, inclusiveness, equal justice, a humane society, the list goes on – today marks the first day of a disaster on a scale that until a few months ago was beyond our imagination.
     The White House is now in the hands of a pathological liar and megalomaniac, a mutation spawned of our celebrity culture, a thin-skinned authoritarian whose only real constituent is himself, and whose intentions, to the extent we can discern them, are to destroy a lot of the things that make this country (truly) great.
     Plus he has no idea what he’s doing. He’s slowly collecting corrupt and venal misfits who hate government and thrusting them into positions of power, with the sickly acquiescence of a self-serving Republican leadership that until recently saw him as a madman. But even they don’t know what they’re saying yes to.
     No matter what you may hear in the coming days from the mainstream press and other elite institutions, this is not normal. This is aberrational. This is crazy.
     [...] 
     And we hope we’ll be serving another purpose going forward, especially as the media elites feel the pressure to accept this as the new normal. We’ll stay outraged. Because there is nothing normal about this.

Article intégral :
https://theintercept.com/2017/01/20/welcome-to-the-united-states-of-emergency/

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