Depuis 2008, le 2 novembre on célèbre la «Journée
mondiale pour le droit de mourir dans la dignité». Ce jour-là, je célébrais notre
avancement, convaincue que ce damné débat était clos... (si vous voulez connaître mon point de vue, visitez le libellé Euthanasie).
Et vlan! même pas moyen de se réjouir pendant une
journée complète!
La Coalition des médecins pour la justice
sociale s'adresse à la Cour supérieure pour contester la loi québécoise sur
les soins en fin de vie. La loi québécoise doit entrer en vigueur le 10
décembre, donc les demandeurs espèrent que la Cour supérieure entendra leur
requête avant cette date.
Publié jeudi le 5 novembre 2015 par Christian
Noël (Avec PC)
«Pour beaucoup de patients atteints du cancer, en
phase terminale, ou qui sont en proie à des souffrances intolérables, le 6
février 2016 devait être un jour de délivrance», confie Wanda Morris,
présidente du groupe canadien Mourir dans
la dignité.
En
effet, l'article du Code criminel qui interdit à un médecin d'aider quelqu'un à
s'enlever la vie a été invalidé par la Cour suprême, et le plus haut tribunal
du pays avait alors donné au gouvernement fédéral jusqu'au 6 février 2016 pour
modifier la loi.
Un devoir
moral
Pendant ce temps, un comité interprovincial sur la
question vient de remettre son rapport provisoire à tous les gouvernements
provinciaux et territoriaux (à l'exception du Québec et de la
Colombie-Britannique).
Le
comité avait été formé cet été, parallèlement à celui mis sur pied par le
gouvernement conservateur.
La
coprésidente du comité interprovinciale, Maureen Taylor, est également la veuve
de Donald Low, un médecin torontois qui a lancé un vibrant plaidoyer posthume
en faveur de l'aide médicale à mourir.
«Justin
Trudeau et son équipe doivent savoir que de vraies personnes souffrent
présentement et attendent le 6 février avec impatience. Après avoir vu mon mari
passer par là, insiste Maureen Taylor, ça me touche beaucoup et je crois
qu'Ottawa a le devoir moral d'agir rapidement».
«Notre
rapport final sera prêt à la fin du mois», confie la coprésidente Maureen
Taylor. Elle demande au futur gouvernement Trudeau d'en prendre connaissance
avant de demander une prolongation à la Cour suprême.
Selon
elle, Ottawa peut décriminaliser rapidement l'aide médicale à mourir en
établissant des balises légales claires, basées notamment sur l'expérience du
Québec et de la loi 52.
Le comité
interprovincial : du chemin à faire
Idées qui
font consensus au sein de l'équipe :
- Une personne saine d'esprit, en proie à des
souffrances intolérables ou à une maladie dégénérative incurable, a le droit de
choisir de mettre fin à ses jours avec l'aide d'un professionnel de la santé.
- Le rapport n'aura aucune liste de maladies ou de
conditions pour lesquelles l'aide médicale à mourir est acceptable, parce que
pour ce qui est incurable aujourd'hui, on inventera un remède demain;
Enjeux qui
divisent le comité :
- Qu'est-ce qu'un adulte consentant? L'âge de la
majorité varie d'une province à l'autre. Dans certains cas, de jeunes mineurs
ont le droit de prendre certaines décisions médicales).
- Est-ce que les personnes atteintes de démence ou
de déficience intellectuelle devraient avoir accès à l'aide à mourir? Dans
quelles circonstances? Pourraient-elles signer une directive d'avance?
- Comment définir une souffrance intolérable?
- Comment réconcilier le droit d'avoir accès à
l'aide à mourir avec le droit d'un médecin de s'opposer pour des raisons
religieuses ou de conscience?
Source :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/11/03/001-aide-medicale-mourir-gouvernement-trudeau-amender-loi-legalite-souffrance.shtml
La réponse du Dr Georges L’Espérance, neurochirurgien, président de l’Association québécoise
pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) au NON des maisons de soins
palliatifs. (La Presse, le 5 septembre 2015, section OPINION, page A24)
Un baroud
d’honneur des maisons de soins palliatifs (1)
«When the duty is a true duty, conscientious
objection is wrong and immoral. A doctor’s conscience has little place in the
delivery of modern medical care». (Julian Savulescu, éditeur du Journal of Medical Ethics et Directeur
du Département de Practical Ethics à Oxford. (2)
À l’approche de l’échéancier de décembre 2015 pour
la mise en place de l’aide médicale à mourir, les maisons de soins palliatifs
du Québec se rebiffent et déclarent qu’elles ne l’offriront pas en leurs murs. Les
médecins de ces résidences (et aussi ceux de services hébergés dans des
institutions publiques) se disent tous opposés, ce que nous savions tous depuis
le début des discussions sur ce sujet très délicat. Ce qu’ils ne disent pas
cependant, c’est qu’il y a des mots d’ordre qui circulent dans ces maisons
interdisant au personnel d’en parler : nous connaissons des intervenant(e)s, qui
sont très mal à l’aise avec ce diktat mais qui ne peuvent s’exprimer pour des
raisons évidentes. Comme par hasard (?), ce sont les mêmes personnes qui passent
leurs journées, soirées et nuits avec les personnes en fin de vie; les médecins
pour leur part ne les voient que par moments et parfois même moins d’une fois
par jour (expérience personnelle).
Qu’un médecin
évoque une clause de conscience pour ne pas fournir ce soin ultime est une chose
respectable; qu’une institution (sauf si elle a un caractère fondateur
religieux qui le lui interdit, ce qui est acceptable nous semble-t-il) invoque une
clause de conscience nous apparait infiniment plus discutable et il serait intéressant
d’obtenir un avis juridique là-dessus, nonobstant les dispositions de la loi. Et
ce d’autant plus que ces maisons reçoivent des subsides de l’état.
Mais au-delà de ces prises de position, pourquoi poursuivre
ce débat stérile entre soins palliatifs et aide médicale à mourir? L’un ne remplace
pas l’autre. La Belgique s’est hissée dans les premiers rangs des pays offrant des
soins palliatifs.
De grande
qualité tout en ayant une loi très progressiste sur l’euthanasie. Déjà le 18 avril
2008, le très réputé British Medical Journal publiait une analyse de Jan Bernheim
et collaborateurs démontrant le bienfait pour les patients enfin de vie de la collaboration
entre les tenants de ces deux approches qui ne sont pas antagonistes, mais synergiques.
De poursuivre dans cette voie de l’affrontement et du déni de l’évolution est stérile
et surtout n’apporte rien à l’Autre, celui pour lequel nous, médecins et personnel
soignant, trouvons notre raison d’être : la personne devenue dépendante, fragile,
démunie, impuissante face à son destin de toute façon inéluctable à très court ou
moyen terme.
L'aide médicale
à mourir reste et demeure un soin de fin de vie marqué par la compassion et l’humanisme
et permet d’accompagner un patient mais surtout un individu jusqu’à sa fin. Mettre
en opposition les soins palliatifs et l'aide médicale à mourir n’apporte absolument
rien au débat. Cette dernière doit être offerte pour les cas où les soins palliatifs
sont soit inopérants, soit inutiles ou encore ne s’appliquent pas. De prétendre
que les soins palliatifs s’appliquent à tous et sont toujours efficaces relève pour
le moins d’une vision paternaliste sinon naïve, mais en tout état de cause irréelle.
Les valeurs individuelles ne sont pas
toutes les mêmes d’une personne à l’autre, mais elles doivent être respectées, en
autant qu’elles respectent les autres. Nier un droit maintenant inscrit dans
la loi et encore plus dans les mentalités (plus de 85 % des québécois sont en accord
avec l’aide médicale à mourir…) est une prise de position qui nous apparait bien
loin de la nécessaire empathie qui doit diriger nos actions en ces domaines. Encore une fois, que des impératifs religieux
interdisent à certains de poser des actes contraires à leur foi est une chose, mais
qu’on le dise ouvertement. Qui plus est lorsqu’un médecin de soins palliatifs
clame haut et fort en ondes qu’il ne référera jamais un patient qui lui en fait
la demande, nous sommes dans une zone qui nous apparait empiéter dangereusement
sur la déontologie. (3)
La société
a changé, la donne a changé, la fatalité de la maladie et de la mort a changé pour
une foule de conditions médicales, mais la réalité incontournable reste la même
: l’être humain est appelé à mourir un jour ou l’autre et il appartient à d’autres
êtres humains de faire que ce dernier pas sage soit le moins difficile possible,
le moins souffrant possible tant au point de vue physique que psychologique. Dans
une vaste majorité des cas, ce pas sage de la dernière étape de la vie vers la mort
s’effectue de façon adéquate, souvent aidé par des soins palliatifs de grande qualité.
Mais cela n'est pas vrai pour un certain nombre et cela n'est surtout pas vrai pour
une petite partie de la population qui reste «en vie» en raison de la technologie
médicale mais qui n'a plus «envie» de vivre de cette façon, et ce après mûre réflexion
et surtout avoir ressenti dans leur corps et dans leur esprit le caractère intolérable
qu’est devenu leur vie lorsque cela ne correspond plus à leurs valeurs, à leurs
espoirs, à leur autonomie et à leur dignité.
C'est en
cela que la médecine se doit de devenir mature et d’écouter les besoins des
gens pour qui elle a tant évolué, l’être humain souffrant.
---
(1) La Presse, mercredi 2 septembre 2015, page A2.
(2) BMJ. 2006 Feb 4; 332(7536): 294–297.
(3) Dr Ferrier, 1e septembre 2015, en entrevue à
24/60, RDI.
Plus concret et cru que ce cartoon - Life is short :
https://www.youtube.com/watch?v=XyDMqdzPKb8
J’ai fouillé mon Dictionnaire des injures québécoises, et je n’ai rien trouvé d’assez
insultant pour exprimer ce que je pense de cette coalition d’indignes tortionnaires... Ça sent le lobby
pharmaceutique à plein gaz – on le sait que c’est payant de garder des
moribonds en vie. J’en ai vu beaucoup dans les CHSLD, des personnes qui
avaient signé des documents officiels de refus d’acharnement thérapeutique au
moment où elles étaient totalement lucides. Mais on n’a pas respecté leur volonté. Et bien
sûr, une fois droguées au maximum, elles n’étaient plus suffisamment conscientes pour
réclamer le droit de mourir dans la dignité en bonne et due forme. Si c'est ça «aimer son prochain», que Dieu nous en garde!
Donc, à défaut d’injures, un brin d’humour caustique :
La vie est
la première cause de la mort, selon l’OMS
Publié le 26 octobre 2015 par Richard Hognard
La Pravda, magazine web humoristique
http://lapravda.ca/la-vie-est-la-premiere-cause-de-la-mort-selon-loms/
Genève – Voir le jour augmente de façon
«importante» le risque de mourir, selon les scientifiques de l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS), qui viennent de publier une étude classant la vie
comme cause principale des décès.
«Les
chiffres parlent d’eux-mêmes. 100 % des sujets d’étude ayant vu le jour ont
fini par trouver la mort à un certain moment de leur vie», souligne le rapport
détaillé de 1497 pages.
«C’est
une véritable épidémie. Il faut faire quelque chose pour protéger la population
contre ce fléau mondial. Nous devons agir et agir vite», clame l’OMS, ajoutant
que la vie n’épargne personne.
L’importance
de la prévention
«Actuellement, la contraception est le seul moyen
efficace si on veut éviter de transmettre la maladie. Aussi, nous pensons que
des campagnes de sensibilisation doivent être mises en place immédiatement pour
informer les citoyens», croient les scientifiques.
«Compte
tenu du grand nombre d’enfants touchés, nous pensons que les avortements
rétroactifs devraient également être envisagés», précise le rapport.
Le
gouvernement réagit
Appelé à commenter les révélations de l’OMS, le
ministre de la Santé s’est fait rassurant et a promis de prendre «rapidement»
les décisions qui s’imposent.
«Dans
les jours qui viennent, je vais déposer un projet de loi réclamant la
castration des souverainistes et nous étudierons ensuite la possibilité
d’étendre ce traitement aux écologistes et aux gauchistes», a-t-il dit,
soulignant que la diminution de la contagion était maintenant sa priorité
«numéro un».
Aux
dernières nouvelles, le journal La Presse félicitait le gouvernement pour sa
gestion «exemplaire» de la crise et certains journalistes se proposaient même
pour aider à mettre en place les mesures d’urgence.