4 décembre 2015

COP 21 : pas de Père Noël dans la cheminée


Cartoon 5 étoiles! Auteur : http://www.soulcie.fr/about/


Crédit photo : PC / David Klobucar 

La combustion de charbon destinée à produire de l'électricité crée d'importantes émissions de mercure.

Les gouvernements canadien et américain devraient tous deux surveiller de plus près la pollution par le mercure dans les Grands Lacs, qui vient d'aussi loin que l'Asie, indique la Commission mixte internationale (CMI).

Un métal qui voyage

Le mercure est un métal toxique qui émane notamment des centrales électriques alimentées par le charbon et qui s'élève dans l'atmosphère. Il peut être transporté sur de longues distances avant de retomber au sol.
   En tombant, il s'accumule dans les fonds-maris, remontant ainsi la chaîne alimentaire, du plus petit au plus gros animal.
   Pour l'homme, la principale source de contamination au mercure provient des poissons qu'il consomme puisqu'il est transmis bien plus rapidement dans l'eau que sur terre.
   Le mercure, consommé en trop grande quantité, est neurotoxique. Il provoque entre autres divers problèmes au niveau des fonctions cérébrales.
   C'est une des causes les plus importantes d'avis de non-consommation dans la région des Grands Lacs.

Article intégral :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2015/12/04/001-mercure-grands-lacs-taux-hausse-asie-commission-mixte-internationale.shtml

-------

Mercure : «problèmes au niveau des fonctions cérébrales».
Bien voilà! Ne cherchons plus pourquoi il y a tant de fous sur la planète!

2 décembre 2015

Droit de mourir tout court, hors Cour!

Depuis 2008, le 2 novembre on célèbre la «Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité». Ce jour-là, je célébrais notre avancement, convaincue que ce damné débat était clos... (si vous voulez connaître mon point de vue, visitez le libellé Euthanasie).

Et vlan! même pas moyen de se réjouir pendant une journée complète!

La Coalition des médecins pour la justice sociale s'adresse à la Cour supérieure pour contester la loi québécoise sur les soins en fin de vie. La loi québécoise doit entrer en vigueur le 10 décembre, donc les demandeurs espèrent que la Cour supérieure entendra leur requête avant cette date.

Publié jeudi le 5 novembre 2015 par Christian Noël (Avec PC)

«Pour beaucoup de patients atteints du cancer, en phase terminale, ou qui sont en proie à des souffrances intolérables, le 6 février 2016 devait être un jour de délivrance», confie Wanda Morris, présidente du groupe canadien Mourir dans la dignité
     En effet, l'article du Code criminel qui interdit à un médecin d'aider quelqu'un à s'enlever la vie a été invalidé par la Cour suprême, et le plus haut tribunal du pays avait alors donné au gouvernement fédéral jusqu'au 6 février 2016 pour modifier la loi.


Un devoir moral

Pendant ce temps, un comité interprovincial sur la question vient de remettre son rapport provisoire à tous les gouvernements provinciaux et territoriaux (à l'exception du Québec et de la Colombie-Britannique). 
     Le comité avait été formé cet été, parallèlement à celui mis sur pied par le gouvernement conservateur. 
     La coprésidente du comité interprovinciale, Maureen Taylor, est également la veuve de Donald Low, un médecin torontois qui a lancé un vibrant plaidoyer posthume en faveur de l'aide médicale à mourir. 
     «Justin Trudeau et son équipe doivent savoir que de vraies personnes souffrent présentement et attendent le 6 février avec impatience. Après avoir vu mon mari passer par là, insiste Maureen Taylor, ça me touche beaucoup et je crois qu'Ottawa a le devoir moral d'agir rapidement». 
     «Notre rapport final sera prêt à la fin du mois», confie la coprésidente Maureen Taylor. Elle demande au futur gouvernement Trudeau d'en prendre connaissance avant de demander une prolongation à la Cour suprême. 
     Selon elle, Ottawa peut décriminaliser rapidement l'aide médicale à mourir en établissant des balises légales claires, basées notamment sur l'expérience du Québec et de la loi 52.

Le comité interprovincial : du chemin à faire

Idées qui font consensus au sein de l'équipe :
- Une personne saine d'esprit, en proie à des souffrances intolérables ou à une maladie dégénérative incurable, a le droit de choisir de mettre fin à ses jours avec l'aide d'un professionnel de la santé.
- Le rapport n'aura aucune liste de maladies ou de conditions pour lesquelles l'aide médicale à mourir est acceptable, parce que pour ce qui est incurable aujourd'hui, on inventera un remède demain;

Enjeux qui divisent le comité :
- Qu'est-ce qu'un adulte consentant? L'âge de la majorité varie d'une province à l'autre. Dans certains cas, de jeunes mineurs ont le droit de prendre certaines décisions médicales).
- Est-ce que les personnes atteintes de démence ou de déficience intellectuelle devraient avoir accès à l'aide à mourir? Dans quelles circonstances? Pourraient-elles signer une directive d'avance?
- Comment définir une souffrance intolérable?
- Comment réconcilier le droit d'avoir accès à l'aide à mourir avec le droit d'un médecin de s'opposer pour des raisons religieuses ou de conscience?

Source :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/11/03/001-aide-medicale-mourir-gouvernement-trudeau-amender-loi-legalite-souffrance.shtml



La réponse du Dr Georges L’Espérance, neurochirurgien, président de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) au NON des maisons de soins palliatifs. (La Presse, le 5 septembre 2015, section OPINION, page A24)

Un baroud d’honneur des maisons de soins palliatifs (1)

«When the duty is a true duty, conscientious objection is wrong and immoral. A doctor’s conscience has little place in the delivery of modern medical care». (Julian Savulescu, éditeur du Journal of Medical Ethics et Directeur du Département de Practical Ethics à Oxford. (2)

À l’approche de l’échéancier de décembre 2015 pour la mise en place de l’aide médicale à mourir, les maisons de soins palliatifs du Québec se rebiffent et déclarent qu’elles ne l’offriront pas en leurs murs. Les médecins de ces résidences (et aussi ceux de services hébergés dans des institutions publiques) se disent tous opposés, ce que nous savions tous depuis le début des discussions sur ce sujet très délicat. Ce qu’ils ne disent pas cependant, c’est qu’il y a des mots d’ordre qui circulent dans ces maisons interdisant au personnel d’en parler : nous connaissons des intervenant(e)s, qui sont très mal à l’aise avec ce diktat mais qui ne peuvent s’exprimer pour des raisons évidentes. Comme par hasard (?), ce sont les mêmes personnes qui passent leurs journées, soirées et nuits avec les personnes en fin de vie; les médecins pour leur part ne les voient que par moments et parfois même moins d’une fois par jour (expérience personnelle). 
     Qu’un médecin évoque une clause de conscience pour ne pas fournir ce soin ultime est une chose respectable; qu’une institution (sauf si elle a un caractère fondateur religieux qui le lui interdit, ce qui est acceptable nous semble-t-il) invoque une clause de conscience nous apparait infiniment plus discutable et il serait intéressant d’obtenir un avis juridique là-dessus, nonobstant les dispositions de la loi. Et ce d’autant plus que ces maisons reçoivent des subsides de l’état.
     Mais au-delà de ces prises de position, pourquoi poursuivre ce débat stérile entre soins palliatifs et aide médicale à mourir? L’un ne remplace pas l’autre. La Belgique s’est hissée dans les premiers rangs des pays offrant des soins palliatifs.  
     De grande qualité tout en ayant une loi très progressiste sur l’euthanasie. Déjà le 18 avril 2008, le très réputé British Medical Journal publiait une analyse de Jan Bernheim et collaborateurs démontrant le bienfait pour les patients enfin de vie de la collaboration entre les tenants de ces deux approches qui ne sont pas antagonistes, mais synergiques. De poursuivre dans cette voie de l’affrontement et du déni de l’évolution est stérile et surtout n’apporte rien à l’Autre, celui pour lequel nous, médecins et personnel soignant, trouvons notre raison d’être : la personne devenue dépendante, fragile, démunie, impuissante face à son destin de toute façon inéluctable à très court ou moyen terme. 
     L'aide médicale à mourir reste et demeure un soin de fin de vie marqué par la compassion et l’humanisme et permet d’accompagner un patient mais surtout un individu jusqu’à sa fin. Mettre en opposition les soins palliatifs et l'aide médicale à mourir n’apporte absolument rien au débat. Cette dernière doit être offerte pour les cas où les soins palliatifs sont soit inopérants, soit inutiles ou encore ne s’appliquent pas. De prétendre que les soins palliatifs s’appliquent à tous et sont toujours efficaces relève pour le moins d’une vision paternaliste sinon naïve, mais en tout état de cause irréelle.
     Les valeurs individuelles ne sont pas toutes les mêmes d’une personne à l’autre, mais elles doivent être respectées, en autant qu’elles respectent les autres. Nier un droit maintenant inscrit dans la loi et encore plus dans les mentalités (plus de 85 % des québécois sont en accord avec l’aide médicale à mourir…) est une prise de position qui nous apparait bien loin de la nécessaire empathie qui doit diriger nos actions en ces domaines. Encore une fois, que des impératifs religieux interdisent à certains de poser des actes contraires à leur foi est une chose, mais qu’on le dise ouvertement. Qui plus est lorsqu’un médecin de soins palliatifs clame haut et fort en ondes qu’il ne référera jamais un patient qui lui en fait la demande, nous sommes dans une zone qui nous apparait empiéter dangereusement sur la déontologie. (3)  
     La société a changé, la donne a changé, la fatalité de la maladie et de la mort a changé pour une foule de conditions médicales, mais la réalité incontournable reste la même : l’être humain est appelé à mourir un jour ou l’autre et il appartient à d’autres êtres humains de faire que ce dernier pas sage soit le moins difficile possible, le moins souffrant possible tant au point de vue physique que psychologique. Dans une vaste majorité des cas, ce pas sage de la dernière étape de la vie vers la mort s’effectue de façon adéquate, souvent aidé par des soins palliatifs de grande qualité. Mais cela n'est pas vrai pour un certain nombre et cela n'est surtout pas vrai pour une petite partie de la population qui reste «en vie» en raison de la technologie médicale mais qui n'a plus «envie» de vivre de cette façon, et ce après mûre réflexion et surtout avoir ressenti dans leur corps et dans leur esprit le caractère intolérable qu’est devenu leur vie lorsque cela ne correspond plus à leurs valeurs, à leurs espoirs, à leur autonomie et à leur dignité
     C'est en cela que la médecine se doit de devenir mature et d’écouter les besoins des gens pour qui elle a tant évolué, l’être humain souffrant.

---
(1) La Presse, mercredi 2 septembre 2015, page A2.
(2) BMJ. 2006 Feb 4; 332(7536): 294–297.
(3) Dr Ferrier, 1e septembre 2015, en entrevue à 24/60, RDI.


Plus concret et cru que ce cartoon - Life is short :
https://www.youtube.com/watch?v=XyDMqdzPKb8

J’ai fouillé mon Dictionnaire des injures québécoises, et je n’ai rien trouvé d’assez insultant pour exprimer ce que je pense de cette coalition d’indignes  tortionnaires... Ça sent le lobby pharmaceutique à plein gaz – on le sait que c’est payant de garder des moribonds en vie. J’en ai vu beaucoup dans les CHSLD, des personnes qui avaient signé des documents officiels de refus d’acharnement thérapeutique au moment où elles étaient totalement lucides. Mais on n’a pas respecté leur volonté. Et bien sûr, une fois droguées au maximum, elles n’étaient plus suffisamment conscientes pour réclamer le droit de mourir dans la dignité en bonne et due forme. Si c'est ça «aimer son prochain», que Dieu nous en garde! 

Donc, à défaut d’injures, un brin d’humour caustique :  

La vie est la première cause de la mort, selon l’OMS

Publié le 26 octobre 2015 par Richard Hognard
La Pravda, magazine web humoristique
http://lapravda.ca/la-vie-est-la-premiere-cause-de-la-mort-selon-loms/

Genève – Voir le jour augmente de façon «importante» le risque de mourir, selon les scientifiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui viennent de publier une étude classant la vie comme cause principale des décès. 
     «Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 100 % des sujets d’étude ayant vu le jour ont fini par trouver la mort à un certain moment de leur vie», souligne le rapport détaillé de 1497 pages. 
     «C’est une véritable épidémie. Il faut faire quelque chose pour protéger la population contre ce fléau mondial. Nous devons agir et agir vite», clame l’OMS, ajoutant que la vie n’épargne personne.

L’importance de la prévention

«Actuellement, la contraception est le seul moyen efficace si on veut éviter de transmettre la maladie. Aussi, nous pensons que des campagnes de sensibilisation doivent être mises en place immédiatement pour informer les citoyens», croient les scientifiques. 
     «Compte tenu du grand nombre d’enfants touchés, nous pensons que les avortements rétroactifs devraient également être envisagés», précise le rapport.

Le gouvernement réagit

Appelé à commenter les révélations de l’OMS, le ministre de la Santé s’est fait rassurant et a promis de prendre «rapidement» les décisions qui s’imposent. 
     «Dans les jours qui viennent, je vais déposer un projet de loi réclamant la castration des souverainistes et nous étudierons ensuite la possibilité d’étendre ce traitement aux écologistes et aux gauchistes», a-t-il dit, soulignant que la diminution de la contagion était maintenant sa priorité «numéro un». 
     Aux dernières nouvelles, le journal La Presse félicitait le gouvernement pour sa gestion «exemplaire» de la crise et certains journalistes se proposaient même pour aider à mettre en place les mesures d’urgence.

30 novembre 2015

À qui appartiennent l’air, l’eau et la terre?

Si rien n’est fait, un jour, après avoir vidé notre verre d’eau nous entendrons :


De l’eau en bouteilles de plastique, de l’air purifié dans des bombonnes au coin des rues, et des poches de riz OGM balancées par hélico au-dessus de nos têtes – est-ce vraiment ce que nous voulons?

Quatre repères pour éviter de s’illusionner sur les résultats de la Conférence sur le climat de Paris (COP 21), et continuer à militer pour des changements concrets

1. Une entrevue d’Alain Crevier avec David Suzuki
(Émission Second regard, ICI radio-Canada)

   «Nous sommes en train de modifier les propriétés chimiques, physiques et biologiques de la planète. C'est pourquoi les scientifiques se réfèrent à notre époque comme étant l'Anthropocène, une époque géologique où l'influence des êtres humains est le facteur principal qui détermine les propriétés de la planète. Mais nous n'avons pas assez de connaissances pour le faire correctement.» 
   «Quand M. Harper dit : «Nous ne pouvons rien faire pour réduire les émissions de gaz parce que cela va détruire l'économie», il élève l'économie au-dessus de cet air même qui nous tient en vie. C'est suicidaire!»

8 questions à l'environnementaliste David Suzuki (généticien et écologiste de renom, animateur de l'émission de télévision The Nature of Things, il dirige une fondation qui porte son nom et a écrit une quarantaine de livres)
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2015/11/27/002-david-suzuki-climat-entrevue-environnement-avenir-enfants.shtml

2. Nestlé is Taking Your Water  

Help Story of Stuff Stop It
From drought-stricken California, to Canada, to Germany and beyond, Nestlé is working to privatize our water resources… and then sell it back to us in plastic bottles. We just released a movie that will spur action against Nestlé worldwide. Will you help us make sure this film and its message are seen and heard around the world?

This Land is Our Land
In the midst of California’s historic drought, Nestlé Waters – the largest bottler of water in the world – is drawing millions of gallons of water a year from the San Bernardino National Forest. Nestlé’s permit to remove this precious resource expired in 1988, at which point the Forest Service should have turned off the spigot. In this four-minute documentary, we explain the impact Nestlé’s operation is having on the forest and demand that the company and our government ensure this shared public resource is protected for future generations.

http://storyofstuff.org/

C’est à croire que les élus s’en lavent les mains, mais en réalité, ils sont menottés!

3. Le pouvoir des multinationales

(En passant, Tony Clarke et Maude Barlow ont publié en 2003 Blue Gold: The Fight to Stop the Corporate Theft of the World's Water”)

Résumé du livre Silent Coup, Confronting the big business, de Tony Clarke, Toronto, Lorimer 1997 (traduction/résumé par Massimo Panzino)

Les entreprises multinationales, comme une armée d’occupation en quête de nouveaux territoires, ont envahi la sphère des services publics. Elles ont pris d’assaut les secteurs qui traditionnellement étaient un bien commun, tel le système public canadien de santé, dans le but de les privatiser et de les transformer en industries lucratives. Les accords internationaux de libre-échange ont rendu la conquête possible, car leur imposition a engendré l’érection d’un gouvernement mondial des multinationales.
     Depuis l’instauration de ce nouveau régime planétaire, les gouvernements élus aux urnes ne sont plus souverains et sont relégués au rôle d’introduire des politiques économiques, sociales et environnementales qui répondent aux impératifs économiques des compagnies plutôt qu’aux besoins de la population. Les États du monde entier sont ainsi devenues de simples administrateurs des accords conçus par et pour les multinationales. Si ces dernières ont vaincu les États-nations de façon pacifique, il n’en demeure pas moins que leur mainmise actuelle est le résultat d’un «coup d’État tranquille», en branle depuis plus de vingt ans et orchestré par les hommes d’affaires les plus puissants du monde. 
     Voilà le postulat de Tony Clarke. L’auteur nous propose l’ambitieux projet d’identifier les architectes de la déréglementation de l’économie canadienne, de nommer ces ingénieurs du démantèlement de l’État-providence et de dévoiler les stratégies que ceux-ci ont mis à l’œuvre en vue d’en finir avec une démocratie qui, selon leur logique, était «trop démocratique». 
     Dans le premier chapitre, «Le Canada des entreprises», l’écrivain nous rappelle que l’Accord de libre-échange entre le Canada et le géant du Sud fut le premier accord commercial international d’envergure négocié entre deux États. Or, le Business Council on National Issues (BCNI) du Canada et son homologue des États-Unis, le Business Round Table, sont les auteurs intellectuels de ce traité précurseur de l’ALENA, qui à son tour deviendra l’Accord de libre-échange des Amériques. Le BNCNI a été fondé en 1975 afin de réunir les PDG des 150 entreprises les plus riches du pays, pour que ceux-ci puissent «influencer directement l’élaboration des politiques publiques nationales». Les avoirs de ces 150 entreprises et banques totalisent 1,5 mille milliards de dollars, tandis que leurs revenus annuels s’élèvent à 400 milliards. Les sommes que ces entreprises doivent au gouvernement fédéral, en impôts reportés, correspondent au total de la dette nationale. 
     Le deuxième chapitre, «Les gestionnaires de la planète», nous fait part des instances analogues au BCNI, oeuvrant dans le monde industrialisé. L’European Round Table of Industrialists (on y retrouve Nestlé, Unilever, Siemens, Fiat) sont à l’origine des accords de libre-échange européens, tandis que son équivalent japonais, le Keidanren (composé de Toyota, Honda, Nissan, Sony, Mitsubishi), est à son tour inventeur des accords asiatiques de libéralisation de l’économie. Le lobbying de ces groupes, aux quatre coins du monde, a tracé la voie pour l’implantation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à laquelle sera annexé l’Accord multilatéral sur les investissements (AMI). 
     Les accords internationaux confèrent aux multinationales un pouvoir qui est maintenant absolu. En plus de s’être accaparé des segments de l’économie auparavant inaccessibles, les multinationales se sont fait accorder une exclusivité sur les brevets, grâce à la clause du droit intellectuel de propriété. Les droits et brevets comprennent le matériel génétique des réserves de graines, soit ce qui est à la source de la chaîne alimentaire. Ces droits de brevets ont permis aux géants de l’industrie pharmaceutique de s’emparer de l’industrie canadienne de médicaments et de commencer à supprimer les produits génériques abordables, autrefois disponibles. Par ailleurs, les accords de deuxième classe, stipulent que les entreprises peuvent poursuivre tout groupe (de citoyens et y compris le gouvernement) qui tâcherait de nuire au bon fonctionnement des entreprises.
     Le chapitre 3, «L’abdication nationale», explique comment les gouvernements Mulroney et Chrétien ont fait du Canada une nation avant-gardiste du «charcutage social». Le chapitre 4, «Le règne des entreprises», fait pour sa part état des activités et des manigances des multinationales dans le monde. 
     Les derniers chapitres (un tiers du bouquin) présentent la forme que doit prendre la riposte organisée par les citoyens et qui urge, si nous espérons un jour renverser la dictature des multinationales. Selon l’écrivain, il est primordial de déclencher une mobilisation à long terme et de nature offensive, en vue de remplacer les luttes défensives auxquelles les mouvements sociaux se sont habitués et qui pourraient déboucher sur des victoires importantes, vers la fin de la prochaine décennie. Le but ultime est de retirer le Canada des traités commerciaux. Les idéalistes qui comptent sur les partis politiques pour desserrer l’étau du néo-libéralisme seront certainement déçus, car l’auteur souligne que tout gouvernement, tant qu’il n’aura pas abrogé les ententes commerciales, est complètement impuissant, puisque légalement tenu de les appliquer à la lettre.

Takeover of Canada, p. 273.

4. La théorie d’Edward Bernays fonctionne

Edward Bernays, auteur de Propaganda Comment manipuler l'opinion en démocratie, doit se réjouir (dans sa tombe) du succès et de l’efficacité de ses stratégies de manipulation, et être vert de jalousie en voyant les moyens technologiques dont disposent ses disciples aujourd’hui. La théorie du psychopathe : «tous les humains sont des imbéciles extrêmement faciles à manipuler».
La bible de cet expert en manipulation perverse est disponible chez Zones: 
Propaganda Comment manipuler l'opinion en démocratie
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis
Préface de Normand Baillargeon
Zones (2007)
http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=21 


Cette vidéo résume en quelque sorte cette théorie – «Les dix stratégies de manipulation de masses». L'auteur Sylvain Timsit décrit les techniques utilisées par la gouvernance pour manipuler l'opinion publique et la société à travers les médias. (Publiée par Syti, 9 nov. 2010)

26 novembre 2015

Coup de maître



En allant dormir l'autre soir, j'ai remarqué des gens en train de voler des choses dans ma remise.
     J'ai téléphoné au poste de police, mais on m’a dit qu’il n’y avait personne pour m’aider dans le secteur et qu'on enverrait quelqu'un dès que possible.
     J'ai raccroché. Une minute plus tard, j'ai rappelé : «Allô, je vous ai appelé tout à l’heure parce qu'il y avait des gens dans ma remise. Inutile de vous presser maintenant, j’ai tiré dessus.»
     En quelques minutes il y avait une demi-douzaine d’auto-patrouilles dans le secteur, ainsi que des hélicoptères et une unité d'intervention armée. Ils ont pris les voleurs la main dans le sac.
     Un des agents a déclaré : «Vous avez dit que vous aviez tiré sur eux.»
     Ce à quoi j'ai répliqué : «Vous avez dit qu’il n'y avait personne de disponible.»

             Tony Gladstone

Ce type est un génie...  


Avez-vous un mandat de perquisition?

22 novembre 2015

Cette paix universelle tant espérée

Notre quête est-elle sincère? Pour en douter il suffit parfois de regarder dans sa propre cour...

«Après ce qu'on lui a fait, comprenons qu'elle hésite à revenir – la paix.»
~ Félix Leclerc

Avec son humour décapant habituel, Mark Twain parle de paix :

«Ce problème de paix universelle a longtemps occupé une place prépondérante dans mon esprit. J’avais l’habitude de l'étudier. Non, je ne dirais pas que je l'ai vraiment étudiée; j’y pensais – comment arriver à la paix universelle. Ça me dérangeait, mais je m’approchais de plus en plus de la solution, et finalement, j’ai trouvé.
   Or, le jour même où je pensais avoir résolu la question, je fus sommé de me présenter devant un empereur. Il voulut savoir immédiatement ce que je faisais de ce temps-ci. Je lui ai dit que j'avais étudié un problème – le problème de la paix universelle – et que je l'avais résolu, que j'avais trouvé la seule solution – il n'y en avait pas d'autre. 
   Alors, il a voulu savoir comment j'allais procéder, et je lui ai dit : «Je vais trouver un chimiste – un vrai génie – et l’amener à retirer tout l'oxygène de l'atmosphère pour huit minutes. Après, nous aurons la paix universelle, et elle sera permanente».
   J'ai offert mes biens au mauvais marché. Les empereurs ne veulent pas la paix, permanente ou temporaire, sur une telle base. Ils ne veulent pas que la race se suicide. Ce qu'ils veulent, c'est du monde, et encore plus de monde. J'ai été accueilli plutôt avec froideur par cet empereur, de même que ma proposition. Alors j’ai laissé tomber. À chaque fois que je pense avoir trouvé une solution à des difficultés, quelqu'un arrive et la démolit.»

Source : “Mark Twain Talks Peace.” Speech at the Twentieth Century club in Boston, Nov. 4, 1905. Reported in Chicago Daily Tribune, Nov. 5, 1905, p. l.

«La paix par la persuasion a un côté séduisant, mais je pense que nous ne pourrons pas y arriver. Il nous faudrait tout d'abord domestiquer la race humaine, et l'histoire semble prouver que c’est impossible.» (Mark Twain)

«Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix.» ~ Tacite

«On trouve toujours de l'argent pour faire la guerre, jamais pour vivre en paix.»
~ Albert Brie

«La paix n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice.» ~ Baruch Spinoza


Il y a encore des gens qui croient qu’il est possible de «corriger les moeurs de la race humaine», notamment par l’éducation. Dans un article publié sur Psychology Today, la psychologue Susan Heitler compare la violence domestique (1) au terrorisme parce que les deux ont la même origine.

Ce que nous enseigne la violence domestique sur le terrorisme
Quand les enfants grandissent en rêvant de domination, il y a des problèmes en vue

[Adaptation/résumé]

Les dictateurs, les agresseurs domestiques, les intimidateurs en milieu scolaire et les terroristes ont les mêmes caractéristiques psychologiques.

Le terrorisme est l’équivalent de la violence domestique, mais à grande échelle. Les terroristes traitent les populations de la même manière que les agresseurs domestiques traitent leurs partenaires et/ou leurs enfants.

Le but des agresseurs est de dominer – Les jeunes qui suivent la voie du terrorisme islamique au Moyen-Orient, les croyants nord-américains et européens engagés dans le djihad, les membres de groupes suprémacistes blancs violents et les jeunes qui passent la majorité de leur temps à jouer à des jeux vidéo violents n’ont qu’un seul rêve : apprendre à terroriser, mutiler et tuer, selon l’ex-terroriste Hamid Tawfik, auteur d’Inside Djihad. Tandis qu’il étudiait au Medical School au Caire, il fut recruté par un groupe djihadiste. Il sait à quoi rêvent les jeunes terroristes parce qu’il rêvait de la même chose durant son entraînement avec Al-Qaïda.

La violence s’apprend à la maison – Les enfants qui ont subi de la violence risquent de devenir des agresseurs à leur tour. En brutalisant des enfants on leur enseigne que la violence, la domination et la soumission, c’est normal. Plusieurs agresseurs domestiques ont grandi dans des familles où les parents modelaient leur vie sur la violence. Les parents se battaient, ou un des parents attaquait l’autre verbalement et physiquement. La victime restait dans la relation au lieu de quitter ou d’en appeler aux forces policières. Dans les cultures et les pays qui produisent des terroristes, le taux de violence domestique est très élevé parce qu’on tolère la violence envers les femmes et les enfants. Bien souvent, il n’existe aucune loi l’interdisant. Les familles considèrent la violence comme une façon acceptable d'interagir. Les pays qui tolèrent la violence domestique sont souvent gouvernés par des dictateurs.

Les dominateurs ont de graves lacunes en matière de coopération; lorsqu'ils veulent obtenir une chose ils utilisent la violence en partie parce qu'ils ne savent pas négocier, collaborer ou trouver des solutions positives pour tous et chacun.

La paix s’apprend aussi à la maison – Si les victimes potentielles reconnaissent que l'intimidation sous toutes ses formes est inacceptable, et surtout si la culture environnante reconnaît également que la violence est inacceptable, les victimes gagneront en confiance, ce qui leur donnera des moyens pour repousser plus efficacement les intimidateurs.

Si à l’échelle mondiale, on enseignait à tous les parents des méthodes d’éducation et de communication interpersonnelle positives et saines, le monde changerait. La violence des dictateurs et le terrorisme ne seraient plus tolérés. Le temps est venu d’affronter le terrorisme à sa racine, en remplaçant la mentalité de domination, qui a trop longtemps fourni un terrain fertile à la propagation de la violence domestique, de la tyrannie et du terrorisme gouvernemental. La psychologie a fait de grands pas et les psychologues savent de mieux en mieux comment faire cesser et même prévenir la violence domestique. Il suffirait d’appliquer ces antidotes à toutes les formes de terrorisme.

What Domestic Batterers Can Teach Us About Terrorism
When children grow up dreaming of domination, there's trouble ahead.

Article intégral en anglais :
https://www.psychologytoday.com/blog/resolution-not-conflict/201109/what-domestic-batterers-can-teach-us-about-terrorism

---
(1) La violence conjugale (ou violence domestique) est, au sein d'un couple, la violence exercée par un des conjoints sur l'autre. Il peut s'agir d'un phénomène circonstanciel (violence situationnelle), mais aussi parfois d’un processus systémique et évolutif (terrorisme conjugal) au cours duquel un des partenaires exerce, dans le cadre d’une relation privilégiée, une domination qui s’exprime par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou spirituelles. La violence conjugale a des conséquences délétères pour les victimes ainsi que pour les éventuels enfants du couple. Il s'agit d'un des facteurs majeurs de risque pour la santé des femmes âgées entre 19 et 44 ans dans le monde, mais les hommes en sont aussi victimes. (Wikipedia)  

19 novembre 2015

Guy Turcotte : expertise psychiatrique réexaminée

Je voulais partager ce texte vendredi (13 nov.), mais d’autres assassins ont monopolisé mon attention...

Cette mise au point sur les évaluations psychologiques de Guy Turcotte me rassure. Car en effet, le défilé de psychiatres rémunérés par la défense pour obtenir un second verdict de non-responsabilité criminelle (1) «discrédite la profession».

Des manifestants contre le verdict dans le procès Turcotte à Montréal (2011).
Photo : Claude Bouchard 

Source : LaPresse+, 12 novembre 2015

Le roi est nu
Marie-Ève Cotton*

Je suis médecin psychiatre et professeur universitaire en psychiatrie. Je n’ai jamais évalué M. Guy Turcotte et ne connais de cette affaire judiciaire que le compte rendu qu’en ont fait les médias. Le but de ce texte n’est donc pas de rendre une expertise psychiatrique à son sujet, mais plutôt de commenter le raisonnement clinique appuyant sa défense de non-responsabilité criminelle et de souligner comment, de mon point de vue, il instrumentalise et discrédite ma profession.

Si l’un de mes étudiants affirmait qu’un diagnostic de trouble d’adaptation peut altérer le jugement de quelqu’un au point de le rendre non responsable de ses actes, je le recalerais sur-le-champ. Le trouble d’adaptation définit une détresse psychologique engendrée par des circonstances difficiles (séparation, perte d’emploi, problèmes financiers, etc.) et qui se manifeste par de la tristesse, de l’anxiété ou une perturbation des conduites. Son statut de «trouble mental» ne fait pas l’unanimité chez les psychiatres puisqu’il ouvre grand la porte à la médicalisation d’un mal-être réactionnel et parfaitement normal.

Mais trouble mental ou non, rien dans ce diagnostic ne peut conduire à une altération du jugement au point de ne plus distinguer le bien du mal. Rien. Alors pour un psychiatre, il est inquiétant qu’un tel raisonnement puisse constituer la défense de non-responsabilité criminelle dans un cas de double infanticide particulièrement violent. Parmi les collègues avec qui j’ai pu en discuter, tous critiquent là le manque flagrant de rigueur scientifique.

Cela dit, est-ce que je m’étonne vraiment que des psychiatres affirment une telle chose? Non. Pas dans le cadre d’expertises rémunérées par la défense. Ce qui me trouble profondément, toutefois, c’est qu’ils puissent le faire sous leur titre de médecin au nom de la psychiatrie. Et que le Collège des médecins n’intervienne pas pour dénoncer une instrumentalisation et un galvaudage aussi grossiers des concepts médicaux.

Car parler «au nom de la psychiatrie», c’est aussi parler en mon nom. Et en celui de mes collègues. Et en celui de notre ordre professionnel. Implicitement, nous sommes tous associés à ces quelques expertises qui n’ont de médical que le vocabulaire. Certains d’entre nous, en usant de leur titre de médecin, se comportent envers le système judiciaire et la population comme les deux personnages du conte d’Andersen qui prétendent que les habits du roi sont tissés d’une étoffe invisible aux sots. Alors qu’en fait, le monarque ne porte aucun vêtement et nous, médecins, nous retrouvons les témoins passifs de cette mascarade faite en notre nom.

Alors, être psychiatre au temps de l’affaire Guy Turcotte, c’est malaisé. Pour ne pas dire carrément gênant.

Dans la population, ces expertises risquent d’avoir de sérieuses conséquences : doutes sur la crédibilité scientifique des médecins, perte de confiance en la profession psychiatrique, intolérance envers les gens trouvés non criminellement responsables sur la base de maladies mentales sévères ayant réellement altéré leur jugement (situations rares, mais qui existent), etc.

En tant que psychiatre et professeur universitaire, je tiens à me dissocier de ces discours d’experts qui, sur la base d’un trouble d’adaptation, exemptent M. Guy Turcotte de responsabilité criminelle. J’invite mes collègues psychiatres à faire de même. J’appelle également le Collège des médecins à intervenir en se prononçant sur la valeur scientifique de telles expertises et en protégeant le cadre de ce qui peut être affirmé au nom de notre profession.

La responsabilité est le thème central de l’affaire Guy Turcotte. Je souhaite sincèrement que nous, médecins, individuellement et collectivement, nous mobilisions pour assumer la nôtre. Le roi est nu.

* Médecin psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur adjoint de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. L’auteure écrit à titre personnel.

-------

(1) Extrait de l’article «Les enfants comme enjeu dans la violence conjugale», 29/11/2015 : 
     [...] Si Guy Turcotte n’avait pas été un «notable» pouvant bénéficier de la connivence de collègues psychiatres, il se serait sans doute retrouvé derrière les barreaux à vie, comme n’importe quel autre criminel du genre. Mis à part les cas de légitime défense, tous les tueurs ne souffrent-ils pas de troubles mentaux? Pourquoi certains individus seraient-ils épargnés de la sentence en vigueur dans notre système de justice? 
     Rappelons que l’ex-cardiologue était accusé du meurtre prémédité de ses deux jeunes enfants. Le drame était survenu trois semaines après sa séparation d'avec Isabelle Gaston, la mère des enfants. Au terme du procès le jury a décidé que Guy Turcotte était criminellement  non responsable en raison de troubles mentaux : les psychiatres avaient déclaré qu’il souffrait d'un trouble de l'adaptation avec anxiété et humeur dépressive. Le verdict a soulevé beaucoup de controverse, si bien qu’en 2013, la Cour d'appel a décidé d'infirmer le verdict de non-responsabilité criminelle et ordonné la tenue d'un nouveau procès (2015). 
     À mon avis, le verdict de non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux invite implicitement tous les individus violents à passer à l’acte. En lisant la chronologie de l’affaire dans le journal La Presse, on voit bien que Turcotte présentait des caractéristiques comportementales similaires à celles du pervers narcissique ou du psychopathe – ces individus n’acceptent pas le rejet, ne sont jamais coupables de rien et chercheront à se venger s’ils ont l’impression d’avoir été trahis ou lésés. Selon une étude américaine de Crawford et Gartner de 1992, 45 % des meurtres de femmes étaient provoqués par la fureur de l’homme s’estimant abandonné par sa partenaire. [...] http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/09/les-enfants-comme-enjeu-dans-la.html

Mais, à quelle peine s’expose habituellement un assassin?
L'assassinat est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
(Assassinat : homicide volontaire avec préméditation – quelqu'un tue une personne après avoir consciemment planifié son acte.)  

16 novembre 2015

Les «vraies» causes du chaos global

Plus de 4 millions de réfugiés syriens selon l’ONU. Photo : L’express. 

On les appelle indifféremment «migrants, émigrants, immigrants, réfugiés» alors que ce sont des «exilés» (1). Pensez-vous sérieusement que toutes ces personnes fuient leur pays pour propager l’idéologie de l’EI? Il est possible qu’il s’en glisse. 

Le propre du terrorisme est d’être imprévisible. Dix terroristes sont éliminés? Vingt autres surgiront out of nowhere...

Que faire? Un casse-tête de plusieurs millions de morceaux difficile à résoudre. Mais, attendez de voir les effets visibles des changements climatiques.

Migrants: le retour du boomerang colonial
Daniel Laguitton, Abercorn Qc

(Homovivens, 14/10/2015) 

Tous dans un même radeau

Le grand fleuve de l’évolution suit son cours et la vision individualiste du monde avec ses frontières artificielles entre «moi» et «le reste» cède lentement le pas à une vision plus universelle, tant au niveau interpersonnel qu’international. «Universel» signifie, à la lettre, «vers le UN» et – est-ce par hasard? – le sigle des Nations Unies s’écrit également «UN» en anglais.

L’esprit de clocher est un réflexe vieux comme le monde. Au fil des siècles, cités-États et empires se sont succédé jusqu’à l’émergence, dans la seconde moitié du 20e siècle, de la notion de «Village global», lorsque les progrès en matière de communication et d’exploration spatiale ainsi que les retombées négatives de l’industrialisation (pollution, extinction des espèces) ont amorcé une prise de conscience des limites d’une Terre perçue jusqu’alors comme inépuisable.

Invisibles de l’espace, les frontières nationales sont souvent le produit de tracés arbitraires ou de conquêtes guerrières. Un exemple nous en est fourni au Moyen-Orient où les anciennes puissances coloniales ont, en renonçant à leur tutelle politique, fait fi des structures ethniques et tribales des populations concernées et plaqué sur une mosaïque autrefois cimentée par l’Empire ottoman une cartographie plus ou moins aléatoire dont la viabilité reposait sur la «super colle» de dictatures avec lesquelles ces mêmes puissances, devenues financières et néocolonialistes, ont ensuite flirté tant qu’elles faisaient leur affaire (et, dans bien des cas, le font encore). La soif de pétrole et de nouveaux marchés ou, tout simplement, la recherche de boucs émissaires pour manipuler les masses alimente aujourd’hui un regain de conflits dans cette région où l’Ouest prétend vouloir exporter la démocratie et les droits de l’Homme.

La paille dans l’œil du voisin étant plus dérangeante que la poutre dans le sien, et les opérations militaires ayant pris des allures de jeux vidéo, plusieurs dictatures issues de la décolonisation se sont fait déboulonner sans que les gardiens autoproclamés de l’ordre international aient prévu que le découpage géopolitique qui avait rendu ces dictatures possibles, voire nécessaires, volerait aussi en éclat. Des entités nationales comme l’Irak, la Syrie, la Libye et autres «figures imposées» de l’ère coloniale se retrouvent donc dans un chaos comparable à ce qu’est la psychose sur le plan individuel, lorsque l’ego régulateur est culbuté. Cette déstabilisation, combinée à la prolifération des armes au sein des diverses factions, gracieuseté des «libérateurs», se traduit par une tragédie humanitaire et des déplacements de population d’ampleur historique. Le boomerang colonialiste rentre au pigeonnier en casse-tête pour les puissances qui l’avaient lancé.

À l’échelle planétaire, le tableau n’est pas plus reluisant et les violences ethniques et génocidaires se succèdent, alimentées par une course aux ressources naturelles et un raidissement idéologique défensif ou opportuniste devant le rouleau compresseur de la finance internationale : en Afrique (Rwanda, Congo, Soudan, Somalie, etc.), en Asie (persécution des Ouïgours, des Tibétains et des Rohingyas, etc.), en Amérique (génocide culturel envers les Autochtones des trois Amériques) et en Océanie (discrimination envers les Aborigènes d’Australie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, etc.).

L’émergence d’une conscience planétaire sera compromise tant que les ficelles de la mondialisation seront tirées par un capitalisme sauvage. La résurgence des nationalismes et des réflexes xénophobes qui en résulte est particulièrement évidente dans les spasmes d’une Europe concoctée par des technocrates avant que la lente coalescence socioculturelle des États-nations qui la composent ait eu le temps de mûrir. On sait la différence de goût entre une tomate mûrie au soleil et une tomate gonflée aux engrais chimiques et «botoxée» aux OGM pour taper dans l’œil du client. L’Europe fraternelle et harmonieuse imaginée devant les cendres de la Seconde Guerre mondiale est vite devenue une chasse à courre «économique» sur les terres de Sa Majesté l’Euro. On rêvait d’un village global et d’un glorieux vivre-ensemble, on a construit un hypermarché. Or les hypermarchés asphyxient, on le sait, la vitalité des villages.

La gestation du village planétaire est compromise par l’ivresse matérialiste et par le risque de fausse-couche qu’elle fait peser sur l’humanité. Le réveil de cette ivresse collective sera brutal… si réveil il y a, car le consumérisme inhibe jusqu’à l’instinct de survie. Les technocrates ivres de pouvoirs quasi pharaoniques et les masses qui marchent au son de leurs tambours semblent avoir oublié ce qu’un enfant de cinq ans sait déjà, à savoir que plus il mange rapidement les bonbons reçus pour l’Halloween ou pour son anniversaire, plus vite il atteindra le fond du sac. À l’échelle planétaire, le sac de bonbons se vide de plus en plus rapidement et le «jour du dépassement global», date où les ressources renouvelables de la planète ont été consommées pour l’année en cours, était, en 2015, le 13 août. Elle avance chaque année d’environ une semaine. Les dernières évaluations de la santé des océans confirment l’épuisement rapide du sac de bonbons puisque la population globale d’animaux marins a diminué de 49 % entre 1970 et 2012 alors que la surpêche et les autres causes de détérioration des océans (pollution et réchauffement climatique) continuent comme si de rien n’était. À ce rythme les espèces marines dites «commerciales» auront disparu dans 30 ans, horizon qui dépasse, malheureusement, la vision à court terme de la plupart des gouvernements et de ceux qui les élisent.

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la Conférence de Paris sur les changements climatiques mettra en scène un cocktail de bonnes intentions, d’engagements plus ou moins sincères, d’opportunismes variés, d’impuissance et de mauvaise foi. Quelle qu’en soit l’issue, c’est avant tout dans les comportements individuels quotidiens que réside le vrai pouvoir de changer de cap. La plus rapace des multinationales n’existerait pas sans clients et, comme l’a écrit Schiller, «les grands arrêteront de dominer quand les petits arrêteront de ramper».

Que nous pratiquions l’engagement social et la solidarité tous azimuts, la politique de l’autruche et la bonne conscience des nantis, ou le racisme souriant d’une certaine bourgeoisie, nous sommes tous dans le même bateau, tous des «boat people» en quête d’une Terre de justice et de paix. Que les souhaits de «paix sur la Terre aux Hommes de bonne volonté» que nous échangeons lorsque renaît la lumière reflètent donc, bien au-delà de la brève euphorie de Noël, l’authentique réveil sans lequel le Titanic passera à l’histoire comme la répétition générale d’un naufrage à une échelle, cette fois, proprement titanesque.

http://encyclopedie.homovivens.org/documents/migrants_le_retour_du_boomerang_colonial

(1) Du traitement de l’exilé comme migrant; Pierre-Jean Dessertine
Les mots que l'on emploie ne sont jamais innocents. Ils le sont encore moins lorsqu'il s'agit de catégoriser des personnes que l'on ne connaît pas. Et lorsque ces personnes n'ont plus de nom parce qu'elles ont quitté la terre où il prenait sens, notre façon de les nommer peut devenir terrible.
http://agora.qc.ca/documents/du_traitement_de_lexile_comme_migrant

---
Le fanatisme religieux et nous
Après les massacres de Paris du 7 au 9 janvier

Pierre-Jean Dessertine *

(Les passages en gras sont de mon initiative)

Il y a quelques jours nous avons vécu un traumatisme collectif par les massacres perpétrés par des fanatiques religieux à Paris, alors que s’échangeaient encore des vœux de bonne et heureuse année.

La réaction

Recevoir un coup sur la tête amène à se replier sur soi et à se protéger de ses poings. C’est le moment inévitable de la réaction par lequel on essaie de se ménager du temps supplémentaire à vivre au prix d’une restriction de son espace de vie. C’est de ce comportement réactif que procèdent les déclarations guerrières – «Nous sommes en guerre», «Il faut être implacable contre l’ennemi»; et d’amener des jeunes devant les tribunaux pour avoir mal parlé; et de lancer des opérations policières mal ajustées dans certains milieux, dans certains quartiers, sur simple présomption d’intention de délit. C’est aussi de ce comportement réactif que procèdent les mesures prises par le gouvernement suite à ces massacres : rehaussement du plan «vigipirate», renforcement des effectifs de la police, de l’armée, et des services de renseignements, lois bousculant des libertés fondamentales, etc.

Or les comportements réactifs ont un gros inconvénient : ils sont déterminés par l’agression subie. Ils ont donc été anticipés par l’agresseur et intégrés dans ses plans d’agression à notre encontre. Ils ont toutes chances de faire son jeu. Il faut donc être capable de les dépasser.

Rappelons-nous l’après 11 septembre : la population des États-Unis s’est massivement alignée sur la posture purement réactive de G. W. Bush synthétisée dans une déclaration de «guerre des civilisations». Il s’en est suivi effectivement de nombreux actes guerriers : Afghanistan, Irak, Guantanamo, etc., dont nous ne sommes toujours pas sortis, et dont il est désormais clair qu’ils ont permis à l’islamisme fanatique de se développer comme jamais.

Les comportements réactifs amènent à des actes non mesurés, excessifs, arbitraires, dont le plus sûr effet est d’engendrer de la défiance chez des gens qui vivaient en confiance. Et la défiance – tout comme la confiance d’ailleurs – est un processus qui évolue selon une logique d’auto-renforcement : moins tu lui fais confiance, plus tu donnes à l’autre des raisons de se défier de toi. Et le fanatisme engrange les adhésions au bout de cette logique. (...)

Article intégral : http://agora.qc.ca/documents/le_fanatisme_religieux_et_nous
 
* Pierre-Jean Dessertine est professeur de philosophie à Aix-en-Provence. Il a publié des articles dans diverses revues. Il a écrit plusieurs ouvrages de pédagogie de la philosophie. Il est l'auteur de "Pourquoi l'homme épuise-t-il sa planète?" Il anime le site de philosophie : www.anti-somnambulique.org

-------

Parlons de bains de sang

Le nombre de morts dues aux guerres et conflits selon l’étude de Milton Leitenberg de l’institut néerlandais de relations internationales Clingendael Institute. (Ces statistiques ne tiennent pas compte des famines, désastres naturels, etc.)

- XXe siècle : environ 231 millions (en 100 ans).

- Entre 1945 et 2000 : près de 41 millions.
Le corps humain d’un adulte contient autour de 5 litres de sang (variant selon la taille).
41 X 5 = 205 millions de litres de sang versé
L’équivalent de 55 piscines olympiques!

Tirez vos propres conclusions.

14 novembre 2015

«Quand les fleurs seront fanées»


Rien à prouver, rien à défendre : est-ce possible?

«Ni aimer ni haïr» comprend la moitié de toute sagesse; «ne rien dire et ne rien croire», voilà l'autre moitié. ~ Arthur Schopenhauer (1788-1860)

Je suis peinée, révoltée, indignée; et je tiens à offrir toute mon empathie à nos amis français.

Difficile de ne pas sombrer dans le fatalisme. L’espérance, cette vertu si fragile, fuit comme l’eau entre nos doigts. Ce n’est pas ma vertu première, j’ai plutôt tendance à désespérer devant l’escalade des luttes de pouvoir qui ne mènent nulle part sinon à plus d’ignominies.

Je laisse donc la parole à des poètes mieux équipés que moi en matière d’espérance.

Je clame

Que la vie est indestructible
Malgré la mort.

Que l'espoir est un vent vif
qui doit balayer le désespoir.

Que l'autre est un frère
avant d'être un ennemi.

Qu'il ne faut jamais désespérer
de soi-même et du monde.

Que les forces qui sont en nous,
les forces qui peuvent nous soulever, sont immenses.

Qu'il faut parler d'amour
et non les mots de la tempête et du désordre.

Que la vie commence aujourd'hui et chaque jour
et qu'elle est l'espoir.

~ Martin Gray

Une force nouvelle

Il est des moments dans la vie
où l'on se sent seul et blessé.

Je pense pourtant que ces moments
d'abandon et de désarroi,
lorsque tout semble s'effondrer,
sont en réalité des ponts vers l'avenir.

Nous luttons et tentons de ressaisir
la sécurité de notre passé,
mais, presque à notre insu,
nous nous retrouvons à l'autre bout
avec un esprit nouveau,
une conscience nouvelle,
une force nouvelle.

C'est comme si la souffrance et la lutte
étaient indispensables
pour nous aider
à atteindre de nouveaux sommets.

~ Sue Mitchell

L'Espérance

(Extrait)

L'Espérance ne viendra jamais
qu'aux yeux brulés, aux yeux perdus.
L'Espérance ne viendra jamais
qu'à ceux qui ne t'attendaient plus.

Elle viendra te lendemain
quand les fleurs seront fanées,
quand les guirlandes en papier seront défraîchies,
quand les décors seront démontés.

Elle ne viendra que le lendemain
quand les costumes seront au placard,
les maquillages démasqués,
quand le rimmel aura coulé,
et quand la scène sera vide.

~ Jean Debruyne

12 novembre 2015

Le test de l’aide sociale

TOUS LES ÉLUS (à commencer par Sam Hamad) devraient vivre deux mois d’errance en tant que prestataires de l’aide sociale et subir leurs propres préjugés. Comme les deux cobayes de la série Naufragés des villes (1) : sans statut ni adresse fixe, sans CV ni réseau d’amis, sans carte bancaire, carte de crédit ni passe de métro... Nous aurions assurément des administrateurs plus équitables!


Dans cette veine, je me permets de reproduire le texte de Bianca Longpré – trop bon!

Sam et le BS
Bianca Longpré
HuffingtonPost Québec, 11/11/2015

On va enfin couper le BS à ceux qui peuvent travailler. Enfin, ceux qui peuvent travailler seront obligés de le faire sinon leur gros chèque de BS sera amputé. Je dis enfin parce que c'était clairement LA préoccupation de tous les Québécois. En tant que bonne «payeuse d'impôt», j'avais vraiment hâte que ces profiteurs-là paient. 
     L'idée est que si tu habites Montréal et qu'on te trouve une job à Mont-Laurier ben, tu vas déménager. Tu ne veux pas déménager, ben on va te couper ton gros chèque de 600 $ par mois. Facile de même. 
     Tu as trois enfants qui vont à l'école à Montréal-Nord et tu n'as pas de permis de conduire, ce n'est pas le problème du gouvernement et encore moins le problème des contribuables. T'avais juste à t'organiser pour que le magasin du Dollar où tu travaillais ne ferme pas. Tu t'en vas travailler à Donnacona où on t'a trouvé une job au Croteau. That's it. 
     Tu habites à Laval, t'es monoparental, ton fils autiste t'a obligé à te rendre souvent l'hôpital pour des rendez-vous puis tu as perdu ta job. Héééééé, ce n'est pas mon problème. Même si tu as tout ton cercle d'aide et tes services à Laval, tu vas devoir t'organiser. Tu vas déménager à Pierrefonds. Des services, tu vas en retrouver puis pour le cercle d'aide, ben ce n'est pas le problème des contribuables. 
     Les contribuables n'ont pas de cœur. Les contribuables s'en sacrent de tes problèmes. Le fait qu'on paie des impôts nous donne le droit de gérer comme on veut. C'est en tout cas ce que semble dire le gouvernement. 
     «Chaque citoyen doit faire un effort, surtout pour améliorer son sort et gagner sa dignité», a dit le ministre du Travail, Sam Hamad. 
     Et voilà. Bouge ton cul. Ton sort, tu dois l'améliorer. Et si pour l'améliorer, tu dois aller à Mont-Laurier, ben tu vas y aller.

Excusez-moi, je dois vomir un peu.

Cher ministre du Travail,

Je suis une contribuable. Je paie plus d'impôt que la majorité des gens pour la simple et bonne raison que je fais plus d'argent que la moyenne des gens. Comme je l'ai déjà dit, je suis une enfant de BS. Aujourd'hui, je fais de l'argent. Je paie mes impôts. Ma petite entreprise paie ses impôts. Je dépense au Québec. J'achète le plus possible local et je bois même du vin québécois pour éviter d'envoyer mes piastres ailleurs. Je fais tout ce que je peux pour que mon argent reste au Québec. Oui monsieur, je suis une vraie contribuable. 
     Sam, quand tu parles en mon nom, je te prie de le faire avec un peu plus d'empathie. Quand tu parles au nom des contribuables, fais bien attention à ce que tu te permets de dire et ne t'avise pas d'essayer de faire passer tes désirs de ministre et d'austérité à travers moi. Parce que moi, même si je paie des impôts, je ne veux pas que tu coupes le BS à ceux qui ne veulent pas déménager. Je ne veux pas que tu coupes le BS à la personne qui est en désintox. Je ne veux pas que la mère de famille qui s'occupe de ses enfants au lieu de travailler crève de faim. 
     Si ton gouvernement veut parler en mon nom, avise Philippe que moi, j'en ai plein mon cass des paradis fiscaux. Je suis écœurée de voir que des enfants n'auront plus l'aide nécessaire à l'école quand des compagnies ne paient pas une maudite cenne d'impôt. J'ai le goût de vomir quand tu coupes l'argent aux écoles défavorisées, mais que des ministres reçoivent des primes de départ à six chiffres. 
     Sam, les BS devraient être les derniers à être coupés. 
     Avant de couper chez les plus pauvres, fais donc le ménage dans toutes les subventions aux entreprises méga-lucratives qui servent à dorloter les plus riches. Va faire le ménage dans les comptes de dépenses de tes ministres. Va faire le ménage dans la corruption. 
     Quand tu parles en mon nom, tu peux dire : «Les contribuables québécois veulent que la corruption cesse, que les grosses entreprises paient leur impôt comme eux, que les primes de départ cinq fois plus grosses que le salaire annuel moyen cessent.» 
     Quand tu parles en mon nom, tu peux dire : «Les contribuables souhaitent mettre fin aux paradis fiscaux où des millions s'envolent en impôts impayés. Les contribuables québécois moyens en ont plein le cul de payer et que les plus riches s'en sauvent.» 
     Quand tu parles en mon nom, tu peux dire : «Les contribuables québécois veulent des programmes pour aider les plus pauvres. Les Québécois veulent que les riches paient leurs impôts pour réinvestir en santé et en éducation. Les contribuables sont écœurés de voir leurs services coupés quand on gaspille les fonds publics avec de la corruption et des contrats faramineux.»

Ça mon Sam, c'est parler en mon nom. Rappelle-toi en.

http://quebec.huffingtonpost.ca/?country=CA&region=CA-QB

-------

(1) Série Naufragés des villes diffusée sur tou.tv.
http://ici.tou.tv/naufrages-des-villes/S01E01?lectureauto=1

Au Canada, aujourd'hui, que signifie au juste «être pauvre»?

Deux volontaires – un homme et une femme gagnant très bien leur vie – laissent tout leur passé derrière eux... Pendant les deux mois que durera l'expérience, ils n'auront aucune ressource financière, outre les 19$ par jour qu'on leur versera – soit l'équivalent de la prestation d'aide sociale pour une personne vivant seule. Sous l'oeil analytique d'experts et d'intervenants sociaux triés sur le volet, leur périple est le fil conducteur d'une série de dix épisodes qui documente leurs efforts pour se loger, se nourrir, se soigner, se vêtir, trouver un emploi… et se heurter aux préjugés.
   À travers leur expérience et leurs rencontres, on réalise que la pauvreté n’est pas une tare héréditaire. Elle est souvent la conséquence de simples mauvais coups du sort – maladie, séparation, dépression, perte d’emploi – qui peuvent, du jour au lendemain, aspirer quiconque dans une spirale infernale.

1. Pauvreté 101 – Les deux volontaires s’apprêtent à tout quitter pendant deux mois pour vivre l’expérience de la pauvreté. Sans rien d’autre qu’un sac à dos et un chèque d’aide sociale de 592,08 $ en poche, ils appréhendent un avenir incertain en milieu inconnu. Pierre Côté, 53 ans, un consultant en marketing de Québec, et Emmanuelle Chapados, 27 ans, une diplômée en communications de Moncton, doivent s’organiser rapidement alors qu’ils sont parachutés à Montréal, coupés de leur passé.

2. L’itinérance – Emmanuelle est toujours itinérante. Elle se résout à dormir dans un refuge pour femmes. Pierre, lui, apprécie ses nouveaux colocataires, même si l’appartement n’est pas très propre. Avec l’un d’eux, il visite une banque alimentaire. Chaque dollar compte. Partout autour d’eux, l’itinérance saute aux yeux. Le phénomène ne touche pas que les hommes. Il rejoint autant les femmes que les jeunes. Certains arrivent à s’en sortir. Mais c’est rare, surtout quand la toxicomanie, l’alcoolisme ou les problèmes de santé mentale s’en mêlent.

3. Le logement – Le désordre et le mode de vie marginal de ses colocs ne sont pas de tout repos pour un quinquagénaire comme Pierre. Il lui faut rapidement trouver du travail. De son côté, Emmanuelle déniche enfin un appartement. Après avoir payé le loyer, il lui reste moins de 100 dollars pour survivre jusqu’à la fin du mois. Le logement est un besoin de base. Pourtant, au Canada, beaucoup de gens vivent, soit dans la rue, soit dans des logements insalubres, ou encore ils payent beaucoup trop cher et doivent amputer leur budget consacré aux autres besoins essentiels.

4. Les travailleurs pauvres – Avec seulement 50 $ en poche, Emmanuelle est stressée; elle multiplie les démarches pour trouver un emploi. Une agence de placement lui trouvera finalement du travail dans une usine. Pierre décroche une entrevue chez McDonald’s. Il se soumet au psychotest de l’employeur, mais demeure sans nouvelles par la suite. À 10 $ de l’heure en dessous de la table, Pierre, a gagné un salaire de 325 $. Il affiche le sourire d’un gars soulagé, qui a enfin trouvé le moyen de s’en sortir. Mais, ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il ne pourra bénéficier de cet argent-là (pour les besoins de l’expérience, la production a retenu sur son nouveau chèque l’excédent des revenus gagnés au noir).

5. Les mythes du «BS» – Emmanuelle se résout à s’adresser à la Saint-Vincent de Paul afin d’obtenir un bon d’achat pour se procurer de la nourriture. De son côté, Pierre est ragaillardi à l’idée de toucher sa prestation d’aide sociale. Le choc est brutal lorsqu’il reçoit un chèque amputé de l’excédent de ses revenus obtenus au noir. 

6. Se nourrir – Pierre emménage dans une chambre spartiate dont le frigo est désespérément vide. Il jongle avec un budget de misère et doit faire preuve d’ingéniosité pour s’alimenter. Mettant sa fierté en veilleuse il se rend à une soupe populaire. Comme tous les bénéficiaires d’aide sociale, il ne peut gagner plus de 200 $ supplémentaires par mois. «On joue la game, et le travail au noir, on peut pas passer à côté de ça!», tranche-t-il. Emmanuelle joint un groupe de cuisine collective. Pour l’instant, les deux volontaires sont à l’abri de la faim. Mais, qui aurait dit que le simple besoin de manger pouvait être synonyme de tant de stress?

7. Grandir pauvre – Afin d'augmenter ses revenus, Pierre continue de faire des petits boulots : sondages téléphoniques, entretien de pelouses, plonge... Les naufragés apprivoisent peu à peu leur nouvelle réalité. Reconnaissants du soutien qu’ils ont trouvé dans la communauté, Emmanuelle et Pierre s’engagent à leur tour en faisant du bénévolat. La pauvreté n’a pas d’âge. On peut la croiser très tôt, lorsqu’on est enfant, parce que nos parents sont pauvres. Mais, il y a aussi les aînés pauvres, sans aucune chance de se refaire. Et, enfin, il y a les immigrants pauvres. La pauvreté n’a donc ni âge ni frontières...

8. Exister économiquement – Après avoir déménagé, Pierre comprend que son ancien propriétaire ne lui remboursera pas les 100 $ d’acompte. Fauché, il doit visiter un prêteur sur gages. Emmanuelle a trouvé un petit boulot. Avec ses quelques dollars en poche, lasse des privations et se sentant vaguement coupable, elle s’offre un concert... et se trouve sans le sou à nouveau!  Pas évident de se priver quand on a connu le confort.

9. Se soigner – Souffrant d’une sinusite aiguë, Emmanuelle mesure les conséquences de ses actes : ayant dépensé pour assister à un spectacle la veille, elle n’a plus les moyens d’acheter des médicaments. Pierre, lui, doit se rendre d’urgence au chevet de sa fille, hospitalisée à Québec. Ces frais de transport imprévus ont des conséquences majeures sur son budget. Quand on est pauvre, la santé devient secondaire. Sans assurances, adieu dentistes, opticiens et psychologues! Il faut d’abord manger, se loger et se vêtir. Survivre est la première considération; si la santé vient avec, tant mieux...

10. S’engager (émission bilan) – Quelques mois après la fin de l'expérience, on retrouve Emmanuelle et Pierre pour dresser le bilan de leur aventure. Cette incursion dans la pauvreté les a-t-elle changés? Le retour des naufragés en sol montréalais ravive les souvenirs. Ceux-ci sont remplis d’images vives de petits bonheurs, de grandes détresses, de paniques intérieures et de tous les autres sentiments de survie liés à leur situation précaire. Tout comme les naufragés, notre perception de la pauvreté aura peut-être changé. Certains préjugés seront peut-être tombés en voyageant au cœur d’une réalité qui frappe plus de 3 millions de personnes au Canada.

Année de production : 2011; Production : Blimp Télé Inc. - Marc St-Onge et Isabelle Vaillancourt; Pays : Canada

-------
En passant, il semble que la Ville de Montréal gaspillera 35,9 millions de dollars pour illuminer le pont Jacques-Cartier à l’occasion de son 375e anniversaire en 2017 et pour les 10 années suivantes. L'illumination de pont la plus chère du monde.
     «Je crois que les gens vont être fiers, et ça va créer de l'emploi», affirme Gilbert Rozon. Oui, ça prend quatre personnes pour changer une ampoule! Un coup parti, pourquoi ne pas rebaptiser le collier de p'tites lumières «Pont Marie-Antoinette»?

Blague à part, c’est scandaleux.
Combien de pauvres pourraient être secourus avec pareille somme?! 


Lorsque les pauvres habitent dans des taudis mal chauffés, ils augmentent leur risque de tomber malades et de se retrouver dans les hôpitaux. De même, les personnes très pauvres font face à un risque élevé d'enfreindre la loi et d'aller en prison, ou d'être elles-mêmes victimes d'un crime.