Fascinant le Fado. 
Destin, fatalité? 
Lawton McCowl disait : «Le Fado c’est la vie». 
La vie dans le passé et la doléance de ce qu’on croit perdu à jamais. 
Pourtant… 
Quoiqu’il en soit, ce chant traditionnel poétique me fait penser au haïku de par son extrême simplicité. En réalité, c’est ce qui lui donne sa richesse et sa profondeur. 
Le nostalgique Fado Menor s’interroge, entre autres, sur l’âme et la nature éphémère de nos désirs toujours exposés à la destruction (par des forces hors de notre contrôle). Le mélodrame passionnel y tient une place d’importance, de même que certaines grandes vérités. 
À titre d’exemple, quelques strophes de Fado Menor (menor pour mode mineur, associé en musique à la tristesse, au chagrin, etc.)  
Le vent souffle si fort 
Que je ne trouve pas de paix 
Quelque chose dans mon esprit 
Est prêt à s’arrêter 
Peut-être que ce qu’on appelle l’âme 
Croit que la vie est réelle 
Peut-être que c’est ce calme 
Qui fait vivre mon âme 
Il souffle un vent trop violent 
J’ai peur de mes pensées 
Mon mystère s’approfondit 
Si je me perds dans mes pensées 
Le vent qui passe et oublie 
La poussière qui monte et retombe 
Ah que j’aimerais 
Savoir ce qui s’agite en moi 
*** 
Reviens vie que j’ai vécue 
Que je puisse revoir 
Cette vie perdue 
Que je n’ai pas su vivre 
J’aimerais tant 
Revenir en arrière 
Ô ce temps 
Il me manque tant 
Le printemps revient toujours 
Mais la jeunesse ne revient jamais 
Le temps passe 
Nous refusons de le voir 
On rit, on pleure 
Mon Dieu, comme le temps passe 
Disons-nous parfois 
Mais en réalité 
Le temps est immobile 
Et nous ne faisons que passer 
[Commentaire : frappant comme les trois dernières lignes résument la «réalité du temps» en très peu de mots] 
Crédit de traduction française des strophes : 
Josiane Bardon  
Film Fados de Carlos Saura 
Je suis une inconditionnelle de ce réalisateur. 
De la beauté, de la beauté et encore de la beauté… 
La perfection de l’imperfection humaine. 
*** 
Autre stance - non extraite de ce film : 
Fado d’amour 
Mon corps n’est qu’un bateau sans port 
Quand tu n’es pas là 
Ton corps n’est qu’un désert 
Quand je ne le rencontre pas 
Tes yeux sont mémoire de désirs 
Que je ne vois plus 
Mes yeux sont les larmes du Tage 
Que je revois toujours

 
Superbement simple et touchant!
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