6 janvier 2011

Voltaire et Émélie – 3

Source – site du Château de Cirey, Résidence de Voltaire :


Gabrielle Émilie le Tonnelier de Breteuil du Châtelet
Née le 17 décembre 1706, décédée le 10 septembre 1749  

Émilie est née en 1706 à Paris dans une famille aisée. Son père, le Baron de Breteuil, était l’Introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV. Cette situation le plaçait au cœur des activités de la cour et donna à Émilie une importante stature sociale quand, adulte, elle fit son entrée dans la société.

Enfance et éducation

Émilie n'était pas d'une beauté extraordinaire, mais avait de grands yeux très expressifs. Enfant, elle apprit à monter à cheval et pratiqua la gymnastique. Il s'avéra très vite qu'elle était douée d'une très vive intelligence. Elle ne dormait que trois ou quatre heures et montrait une vitalité hors du commun.

Elle reçut une éducation sans défaut de la part de précepteurs qui venaient dans la demeure familiale. C'est son père qui lui enseignait également en latin.

Émilie se montra vite très douée pour les langues, les mathématiques et les sciences. À douze ans, elle lisait, écrivait et parlait couramment l'allemand, le latin et le grec. Elle passait la majeure partie de son temps dans sa chambre pour étudier. Elle aimait également la danse, se débrouillait convenablement au clavecin, chantait de l'opéra, faisait du théâtre en amateur et avait un talent artistique sensiblement au-dessus de la moyenne.

Son introduction à la Cour
Le père d'Émilie la présenta à la cour à Versailles quand elle eut seize ans. Émilie fut émerveillée par les splendeurs et les extravagances de la vie de cour et les trouva très à son goût. Elle commença à se constituer une importante garde robe et collectionna les tenues et les chaussures. Elle adorait les bijoux et particulièrement les diamants.

Quelques années plus tard, Voltaire écrira : "Les goûts d'Émilie sont impeccables... Elle désire tout ce qu'elle voit et son coup d'œil est particulièrement vif."

Un génie
Émilie était d'une intelligence si grande que les autres femmes et la plupart des hommes l'évitaient. Elle ne portait aucun intérêt aux ragots et aux conversations futiles. Elle manifestait un très grand intérêt pour les choses de l'esprit et n'acceptait de fréquenter que ses égaux qui ne consistaient qu'en un petit nombre d'hommes.

Mariage
A dix-neuf ans, Émilie épousa le Marquis du Châtelet. Comme souvent à cette époque et dans cette société, c'était un mariage arrangé et les époux n'avaient pas grand chose en commun. Elle appréciait la société des salons parisiens et la vie de cour; il était militaire, passionné par la chasse. Après avoir eu trois enfants, elle considéra que son devoir conjugal était rempli et ils tombèrent d'accord pour vivre des vies séparées.

Dans la grande société, il était parfaitement admis que maris et femmes pouvaient avoir maîtresses et amants. Les hommes pouvaient avoir autant de maîtresses qu'ils le souhaitaient mais il était convenable, pour les femmes, de n'avoir qu'un seul amant à la fois.

Les histoires d'amour avant Voltaire
Émilie eut trois amants avant sa rencontre avec Voltaire. À 24 ans, elle eut pour amant le Duc de Richelieu pendant une année et demie. Le Duc s'intéressait à la littérature et à la philosophie et Émilie était l'une des rares personnes qu'il jugeait à son niveau et avec laquelle il pouvait s'entretenir. Émilie lisait tous les livres importants, allait régulièrement au théâtre et appréciait les débats culturels. Elle montra en particulier un grand intérêt pour le travail d'Isaac Newton et Richelieu l'encouragea à prendre des leçons en Mathématiques afin de mieux comprendre ses théories.

Moreau de Maupertuis, membre de l'Académie des Sciences, enseigna la géométrie à Émilie. Il était mathématicien, astronome et physicien. Il était en outre un ardent défenseur des théories de Newton, qui étaient l'objet de grands débats à l'Académie.

Émilie devient une habituée de chez Gradot
Émilie désirait assister aux réunions régulières du mercredi à l'Académie de Sciences, au Louvre. Malheureusement, les femmes n'étaient pas admises à ces réunions dans lesquelles les dernières avancées scientifiques étaient débattues.

Émilie était dans les meilleurs termes avec les amis de Maupertuis qui se réunissaient chez Gradot, un café fréquenté par les scientifiques, les philosophes et les mathématiciens. Mais les femmes n'étaient pas non plus admises dans les cafés.

Quand elle se vit refuser l'entrée chez Gradot, Émilie se fit faire un ensemble de vêtements d'homme, réussit ainsi à entrer dans le café et se joignit à la table de Maupertuis. Maupertuis et ses amis l'acclamèrent et commandèrent une tasse de café pour elle. Les propriétaires feignirent de ne pas remarquer qu'ils servaient une femme. Ils ne voulaient pas perdre leur illustre clientèle. C'est ainsi qu'Émilie devint une habituée de chez Gradot. Elle arrivait toujours remarquablement habillée... en homme.

Les femmes n'ont pas accès aux études supérieures
Au 18e siècle, les femmes n'avaient pas accès à l'enseignement supérieur. Pour contourner ce problème, Émilie louait les services de professeurs qui venaient lui enseigner la géométrie, l'algèbre, le calcul et la physique. Par ailleurs, elle étudiait seule une grande partie de la journée. Elle passait entre 8 et 12 heures chaque jour dans son bureau à lire et à écrire.

Au cours de sa vie, les disciplines qu'elle affectionnait le plus étaient la physique, les sciences, les mathématiques, la philosophie et la métaphysique.

Émilie rencontre Voltaire
Voltaire et Émilie se sont rencontrés au printemps 1733. Tous deux furent rapidement convaincus d'avoir trouvé l'âme sœur.


Traduction de cette page par Michèle Beauxis / ROUEN, France

Aucun commentaire:

Publier un commentaire